Entraîneur de Dijon, Patrice Carteron est impatient de retouver les Verts en match amical à Montceau-les-Mines, ce vendredi à 19h00 (match à suivre en direct sur notre forum).


Le 11 avril dernier, quelques jours après une cuisante défaite des Verts à domicile contre l’OM, tu avais lancé ici même un appel à la mobilisation générale. "Si Sainté se maintient à la fin de la saison, je ferai une grosse fête, je serai ivre de bonheur" nous avais-tu confié à l’époque. Alors, heureux ?

Ouais, carrément ! Mon appel a été payant, il a été entendu. Après Poteaux Carrés, j’en avais remis une couche dans Le Progrès. J’ai vraiment été soulagé et heureux le soir du maintien. J’ai regardé ça à la télévision, j’avais mis le champagne au frais. J’étais confiant mais tu ne sais jamais ce qui peut se passer. On a su faire la différence assez rapidement contre Valenciennes, j’ai d’ailleurs bu une première coupe à la mi-temps. Le coach a fait ce qu’il fallait, les joueurs aussi. Ils étaient à bloc, ils ont quand même claqué quatre buts ! J’étais super content de voir les Verts repartir pour une nouvelle saison en Ligue 1 après tous les problèmes qu’ils ont connus…

On imagine que ta joie de supporter stéphanois contrastait avec la fin de ton aventure cannoise.

C’est vrai. Quand je vois que cette année l’AS Cannes dispose d’un million d’euros supplémentaires en masse salariale… Moi j’ai dû composer avec un effectif renouvelé à 100%, j’avais une équipe de gamins mais on a fait une super saison. La saison passée, on a le record d’invincibilité des trois premières divisions (19 matches sans défaite). On a réussi à ne pas prendre de buts pendant 9 matches d’affilée. On a fait un boulot incroyable mais c’est vrai que malgré ça on finit à la quatrième place. On n’est pas montés mais une chose est sûre, je ne serrerai pas la main aux dirigeants d’Arles-Avignon si je suis amené à les croiser vu ce qui s’est passé dans les derniers matches de la saison dernière. Je n’ai pas envie de m’étendre là-dessus mais quoi qu’il en soit, je suis parti de Cannes la tête haute. J’ai joué deux fois les pompiers de service quand le club était au plus mal. Je me suis douté que je n’allais pas être conservé par la nouvelle équipe dirigeante du club. A la tête du club, il y a un gamin dont le père est à la vice-présidence du conseil de surveillance de l’OM. Son meilleur ami est Albert Emon, qui cherchait un club à entraîner... Comme Cannes est la succursale de Marseille, je savais que mon sort était scellé depuis un bon moment. Ils n’ont pas eu l’honnêteté de me dire les choses en face. Quelque part ça les embêtait un peu qu’on ait de bons résultats et qu’on se soit remis en course pour la montée en L2. Je dois dire que leur attitude m’a beaucoup amusé. Mais bon, je n’ai pas tardé à rebondir ailleurs, c’est un juste retour des choses.

Effectivement, tu n’es pas resté longtemps au chômage car Dijon n’a pas tardé à te nommer entraîneur…

J’ai été contacté par deux clubs de L2 et j’ai en effet signé à Dijon. J’ai connu un contexte cannois pas évident, j’ai dû affronter la mentalité de sudistes pas toujours très honnêtes, j’ai côtoyé des gens qui n’avaient pas de paroles. Malgré cet environnement assez trouble, je pense avoir obtenu des résultats. J’ai acquis une certaine crédibilité en tant qu’entraîneur. Comme je ne suis pas débile, je n’ai pas attendu que les dirigeants cannois me fassent savoir tardivement et officiellement que je n’étais pas conservé pour prêter attention aux contacts que j’avais en Ligue 2. Je suis heureux d’avoir rejoint le DFCO.

Comment se passe tes débuts d’entraîneur de L2 ?

Pas trop mal. Je dispose d’un bon effectif. L’équipe est un peu dans la continuité de la saison dernière. Elle est assez performante et plutôt séduisante à domicile, mais elle montre un visage beaucoup plus délicat à l’extérieur. Il va falloir améliorer ça. Je crois qu’on va y arriver car les garçons sont attentifs et ambitieux. On est actuellement en milieu de tableau [ndlr : 14ème, le DFCO compte cinq poins après cinq journées], il n’y a rien d'inquiétant à mes yeux. Contre Sedan, on a pris une dérouillée (défaite 6-1) car on a payé au prix fort une défaillance athlétique. Il ne faut pas s’alarmer, pas mal d’équipes connaissent ça à cette période de l’année.

Es-tu l’un des initiateurs de la rencontre amicale qui oppose ce vendredi ton équipe à celle de Saint-Etienne ?

Non mais je suis vraiment ravi, c’est une idée fantastique. A Montceau-les-Mines, ça va être une fête extraordinaire dans le stade. Dans cette région, comme dans beaucoup d’autres d’ailleurs, les gens adorent Sainté. Ils aiment également le DFCO. A titre personnel, mes retrouvailles avec l’ASSE seront un moment de pur bonheur. Je vais savourer ces instants, même si je n’oublie pas que ce match est avant tout une préparation en vue de notre prochain match contre Bastia.

Comment sens-tu les Verts cette saison ?

Je les sens bien. Je suis impatient de les voir à l’œuvre contre nous à Montceau. Je pense que Saint-Etienne peut compter sur des renforts intéressants. J’adore Sanogo, j’ai hâte de voir les recrues argentines sur le terrain. Damien Comolli est un directeur sportif compétent, Alain Perrin est un bon entraîneur. L’équipe semble avoir des joueurs à-même de supporter la pression à Geoffroy-Guichard. De toutes façons, j’ai du mal à avoir des idées négatives quand je parle de Sainté. Ce qui s’est passé lors du mercato ne m’a pas inquiété, ce n’est pas évident de concrétiser rapidement les contacts avec les bons joueurs. L’ASSE a recruté certains joueurs tardivement, alors que le championnat avait déjà démarré. Mais ce n’est pas un cas isolé, beaucoup de clubs sont logés à la même enseigne. Les Verts ont connu un début de saison difficile car le groupe n’était pas encore au complet. Mais je ne suis pas inquiet, je pense que maintenant les Stéphanois vont remonter la pente. J’étais plus préoccupé l’an dernier, quand j’ai vu le sort réservé à Bafé. Je pense qu’il y avait vraiment matière à le défendre beaucoup plus pour aider le club à se maintenir. S’il avait été davantage soutenu au sein du club, on n’aurait peut-être pas connu une fin de saison aussi stressante. J’ai connu les sifflets à une époque à Sainté, mais j’avais pu boire un coup avec les Magic Fans et les Greens Angels, j’avais pu discuter. Bafé, lui, n’a pas été assez protégé. Certains auraient pu monter au créneau, ils ne l'ont pas fait. J’ai trouvé ça indécent qu’on le siffle à domicile alors que c’est quelqu’un de bien, il a beaucoup apporté au club. Ce n’est pas devenu un super joueur à Lyon, c’était déjà un super joueur à Sainté. C’est quand même désolant de ne pas être assez reconnu et défendu dans sa propre maison !