Face à un adversaire à la fois simple et piégeux, les Verts pourtant à 11 contre 10, ont trébuché. Pas de quoi ruiner les espoirs de Coupe d'Europe bien-sûr, mais tout de même de quoi se montrer plus méfiants à l'avenir vis-à-vis d'un calendrier paraissant plutôt favorable. Nouvel exemple dès ce week end, d'une équipe qui présente à la fois toutes les caractéristiques de la victime expiatoire et toutes celles du piège dans lequel on tombe à chaque fois.
1- Le parcours
Une victoire en trompe l’œil. Si l'on ne sait pas si la victoire contre Marseille est annonciatrice d'une série à venir, si l'on se penche sur la tendance récente, c'est l'expression qui convient le mieux. Car avant cela, les Girondins ne l'avaient emporté qu'à une seule reprise en 10 rencontres, à domicile dans le ''derby'' de la Garonne. A part cela ce sont surtout 5 défaites et 4 nuls qui sont à dénombrer.
La tendance est particulièrement marquée à l'extérieur. Ainsi, Bordeaux est seulement 17ème en déplacement cette saison en L1 avec en tout et pour tout 2 victoires. Et l'on ne peut pas dire que la situation se soit particulièrement arrangée dernièrement. S'ils sont parvenus à ramener un point (plus ou moins miraculeusement) de chez les prétendants au maintien, certes en forme, que sont Amiens et Monaco lors de leurs deux dernières sorties, ils restent en effet sur une série de 6 matchs sans victoire. Dont 4 défaites consécutives avant ces 2 points.
Le secret de la victoire tiendra sûrement principalement dans le fait de réussir à faire sauter le verrou défensif. En effet, si les temps ne sont pas riants en Gironde, la défense tient pourtant plutôt bien le coup. Ainsi lors des 6 derniers déplacements, aux résultats donc décevants, ce ne sont pour autant que 5 buts qui ont été concédés, 9 sur les 11 dernières rencontres, quelque soit le stade. Le tout en encaissant seulement une fois plus d'un but. Toutefois, pour afficher un si piètre bilan, il faut bien un revers à cette médaille et c'est la faiblesse de l'attaque. Non seulement les Bordelais n'ont marqué que 7 buts en 11 matchs mais en plus, ils sont restés muets à 6 reprises durant cette période. Et ce tout particulièrement en déplacement avec 1 seul but inscrit lors des 6 dernières rencontres à l'extérieur.
2- L’effectif
L'arrivée d'un nouvel entraîneur, si ce ne sont pas forcément des résultats qui changent, c'est au moins des joueurs à qui l'on redonne leur chance. Dans les circonstances actuelles c'est aussi l'occasion de tenter des choses comme un nouveau système.
Ô surprise, le poste de gardien lui, non seulement n'a pas changé de titulaire mais pas non plus de système de jeu. Costil ne se voit donc pas adjoindre Poussin, que son coach couve toujours sur le banc. Par contre dès la défense, on remarque la différence. En effet, Sousa s'est décidé à tenter un système à trois axiaux. Une bénédiction pour Jovanovic. S'il était déjà revenu dans la course, ne plus être en concurrence avec Pablo et Koundé mais aligné à leurs côtés lui a simplifié la tâche. Sur les côtés on peut supposer que cela va continuer à asseoir de plus en plus souvent Palencia sur le banc. Le retour de Sabaly aux affaires n'a pas attendu ce mouvement sur le banc franc mais ce genre de système convient, qui plus est, parfaitement à ses qualités. Éternel décrié, Poundjé tient pour autant toujours sa place de l'autre côté du terrain. Plus aligné depuis décembre, Lewczuk a continué à être présent régulièrement dans le groupe... jusqu'en février.
Au milieu, sans surprise, Otavio est toujours bien présent. Départs hivernaux et blessures ont par contre propulsé Basic, jamais titularisé en 2018, au rang de titulaire, qu'il ne cesse pas d'être avec l'arrivée de Sousa et un passage à 2 au milieu. Sankharé, blessé au cours du poilant épisode des implants de barbe, se retrouve plutôt perdant, même s'il était titulaire avec les 2 larrons dans une composition étrange à Amiens. Quant à Tchouaméni qui retrouvait un peu de temps de jeu après avoir largement cédé sa place, il a trouvé la bonne idée de se blesser au moment du changement d’entraîneurs. Plasil et ses 37 ans, pas mal sollicités en première partie de saison, file tout doucement vers la fin, en rendant, mine de rien encore régulièrement des services. Récemment ce sont les jeunes Adli et Lottin - oui, oui, comme un certain Kylian Mbappé (mais visiblement sans lien de famille) qui était il y a à peine quelques mois encore le coéquipier un poil plus célèbre du premier – qui ont fait leurs débuts avec les Girondins. Pour quelques minutes en fin de match, pour le moment.
Devant, autant Briand continue, en pointe, à ne pas être particulièrement discuté (et ce n'est pas la récente blessure de Cornelius, sa doublure plutôt convaincante dans le rôle de sub, qui va aider à faire pencher la balance), autant, la surprise vient du retour en grâce, et ce avant même l'arrivée de Sousa, de De Préville. Il faut dire que Kalu a été embêté par les blessures et que Kamano est largement moins performant. Une bonne raison pour que ces deux-là, ainsi que Karamoh, se partagent la majeure partie du temps de jeu restant, avec un léger avantage au Guinéen. Youssouf a quant à lui profité du changement de coach pour revenir dans les débats. Plus aligné depuis décembre, il vient d’enchaîner deux apparitions dont une titularisation à Amiens, sans que l'on puisse réellement savoir s'il était alors ailier ou piston. Enfin le jeune avant-centre anglais Maja recruté cet hiver n'a pas eu pour le moment trop l'occasion de faire parler la poudre. Mais l'absence de Cornelius va faire de lui le premier remplaçant de Briand. C'est en tout cas plus probable que cela lui revienne plutôt qu'au jeune Trichard, aligné pour la seule fois de la saison en février dernier.
La compo probable : Les absences vont être légion. Dans le secteur défensif d'abord, avec les suspensions de Pablo et Jovanovic dans l'axe, mais également devant puisque De Préville est aussi suspendu et que Cornelius et probablement Kalu sont forfaits. Palencia devrait, lui, être de retour. La question réside ainsi surtout dans le maintien ou non d'un système à 5 défenseurs.
Costil – Sabaly, Koundé, Lewczuk, Poundjé – Otavio, Basic, Sankharé – Karamoh, Briand, Kamano
3– Souviens-toi la dernière fois
Et souviens-t'en surtout la prochaine fois que Turpin sera au sifflet. Ou Abed ou Bré dans le car de la VAR. On avait alors assisté à une parodie de football, parce qu'à une parodie d'arbitre. Perdre dans les toutes dernières minutes de jeu relevait presque du miracle vu les circonstances contraires. D'autant qu'avant même l'arbitrage, la malchance avait déjà frappé quand Ruffier et Subotic se percutait, laissant le second sur le flanc, offrant un but tout fait à Briand qui ratait finalement complètement sa frappe... ce qui prenait finalement à contre pied Kolodziejczak revenu sur sa ligne. Le tout avant de perdre ensuite Debuchy. Bref, la définition des Enfers. Avec un supporter lyonnais dans le rôle de Satan avec un sifflet autour du cou.
Toutefois, même sans cela, le bilan récent contre Bordeaux n'est pas très bon. On se souviendra notamment de la mauvaise blague faite par les Girondins avec un happening de Cabella au milieu de leur sketch. C'était à GG, pour l'Europe, mené à quelques minutes de la fin, un penalty (qui nous aurait probablement offert l'Europe) est sifflé, et là, c'est le drame, c'est manqué et c'est Bordeaux qui gonfle le score. Paradoxalement, si la dernière victoire contre Bordeaux, il y a 6 matchs, était dans leur jardin, les réceptions des Girondins ne sont pas si mauvaises. On ne compte en effet qu'une seule défaite (celle narrée ci-dessus) lors des 6 derniers affrontements. Pour une seule victoire, toutefois.
4- Le joueur à suivre
Ce n'est pas forcément le joueur le plus talentueux de l'équipe, pas non plus le plus décisif. Ce n'est pas un grand espoir, ni à l'inverse le point faible. Il est vieillissant mais titulaire, le tout sans vraiment sortir du lot. Alors pourquoi le suivre, me direz-vous ? Parce que c'est Jimmy Briand.
Si nous ne l'apprécions pas pour des raisons évidentes (en plus d'avoir eu la mauvaise idée de jouer à Lyon, il a toujours eu un goût prononcé pour le chambrage), c'est aussi pour ce qu'il est sur le terrain que nous n'avons que peu de raisons de le faire. S'il n'est pas toujours brillant, ce qui marque c'est qu'il marque. A 6 reprises contre nous depuis son passage à Lyon. Et à Bordeaux, s'il n'est pas le sauveur, il fait le travail attendu avec beaucoup de sérieux. Car c'est là sa principale qualité : c'est un besogneux qui ne lâche rien. Souvent au pressing, toujours à roder et ne lâchant jamais, cela reste malgré tout un danger permanent, même quand son équipe n'est pas dans le coup (il suffit de revoir le but du match aller).
Une petite statistique devrait pourtant nous rassurer, s'il a marqué lors de 6 des 8 dernières saisons contre les Verts, il ne l'a jamais fait plus d'une fois par saison. Alors quota atteint ?