Ca vous picote au creux du ventre ? Vous sentez comme des premiers frémissements ? Vous savez ceux qu’on ressent quand d’un œil gourmand on regarde vers le haut du classement, et d’un autre fier on zieute quelques gros dans le rétro.

Des frémissements qu’on apprécie d’autant plus qu’ils sont arrivés sans prévenir…


Labeur dans les épinards

 

 

L’an dernier l’ASSE finissait son parcours aller en décrochant à Lille un point qui sentait bon la hargne et la sueur. Un match comme un symbole du style Galette. De combat, de la solidarité, une ambition mesurée, mais claire et assumée. Pas de quoi remuer nos foules sentimentales abreuvées de classicos (le vrai, pas sa pâle copie hexagonale) et scotchées devant la piste aux étoiles qu’on nous sert le mercredi soir. Et alors ?? N’est-ce pas cette même foule, qui, bavant d’envie devant le jeu du Barça, daubant à l’envie sur notre foot d’en bas, n’en est pas moins prompte, à la moindre baisse de forme, à huer les rares artistes entrevus ces dernières années à Geoffroy (Féfé si tu me lis…). Alors quoi ?? Ce sacro-saint mouillage de maillot n’était il pas réclamé à cors et à cris ? Nous voilà bien servis. Délesté de Payet et Matuidi, l’ASSE ne paye plus de mine, mais va plus que jamais au charbon. La tendance hiver 2011-2012 est au laborieux, au brouillon, à la passe mal ajustée, au contrôle approximatif et à la frappe dévissée. Mais même mal gaulée et pas affriolante pour un sou, notre équipe nous donne du plaisir, car elle avance et présente avec 4 défaites en 16 journées et 24 points au compteur, un bilan qui nous autorise (presque) tous les fantasmes pour la suite, n’en déplaise aux grincheux éternels.

 

 

 

Pari gagné ?

 

 

Nos Verts n’ont donc pas réussi à se faire se pâmer les esthètes de cochon qui ne jurent que par les joueurs sur vitaminés montés sur jarrets surdimensionnés de la Liga ou de la Premier League. C’est un moindre mal.

Car au soir du 31 Août, notre mercato présentait tous les ingrédients annonciateurs d’une saison en enfer : départ des leaders techniques, empilage de joueurs estampillés second ou troisième choix, le tout saupoudré de genoux en vrille, de lofteurs qui ne veulent pas partir et de recrues qui ne veulent pas rester. Ajoutez à cela un stade éventré, pas de doute, il fallait un une foi inébranlable pour espérer traverser cette saison le sourire aux lèvres.

Le discours de Galette, en juillet, nous promettant la force du collectif à défaut des éclairs de talents individuels, avait à nos oreilles des accents churchilliens. Le sang et les larmes escorteraient notre saison.

Son pari du collectif nous semblait à l’époque bien hasardeux à première vue. Et pourtant, trois mois plus tard, il est en passe de le remporter.

Car, les Verts de Galette réussissent là où on s’est tant agacé de voir leurs prédécesseurs échouer. Ils nous font oublier nos éternelles lacunes : en claquant sur corner (trois fois en seize journées), en marquant de la tête (deuxième équipe en L1 dans ce domaine) et en faisant preuve de caractère (samedi, pour la quatrième fois de la saison, les Verts ont chopé un point après avoir été menés au score).

 

 

 

 

Galette, de plus en plus savoureux !

 

 

 

Notre équipe affiche un tempérament qui colle bien à celui de son entraîneur (parfois jusqu’au mimétisme lorsque Mignot prend Ninkov pour Gallardo…) et l’état d’esprit qui ressort des rafraîchissantes scènes de vestiaire semble positif et harmonieux. Le collectif, à défaut de briller, est donc solide. Quant aux individualités, au-delà de la certitude d’avoir fait le bon choix en renouvelant Aubame, Galette peut se féliciter de voir poindre quelques promesses avec Sinama-Pongolle, Ruffier, Nicolita, Gradel ou Mignot.

Christophe Galtier est un jeune entraîneur, dont les diplômes ne sont pas encore imprimés, mais il a incontestablement, par la pratique en quatre-vingt-douze matches de L1 à la tête du club, démontré ses qualités de meneur d’hommes : il sait fédérer un groupe et lui transmettre l’envie.

 

Sa courbe de progression plaide également pour lui : de 1,19 lors de sa première demi-saison à 1,29 la saison dernière, sa moyenne de points obtenus par match est montée à 1,5 cette saison.

 

Rien de transcendant certes puisque il affiche trente victoires, trente nuls et trente-deux défaites au total. Mais il a eu le grand mérite depuis deux ans de nous épargner les habituelles sueurs froides du printemps, et semble en voie d’ancrer le club dans le haut du ventre mou, ce qu’il faut savourer, compte tenu de notre passé mouvementé.

 

 

 

Emballons nous …. sereinement

 

 

Tout n’est pas parfait loin de là : inexplicablement privée de l’un de ses joyaux (Sall) notre défense reste trop souvent malmenée,  et notre orgueil l’a été doublement (ah la sale semaine d’octobre…). Il faut également admettre que si on a l’ivresse (du classement), le flacon (du jeu) laisse encore à désirer, au point que certains (que je qualifierais volontiers d’irrésponsables) remettent en cause les compétences tactiques de Galette.

 

 

N’empêche…Sans réellement nous en rendre compte, sans y croire vraiment, alors qu’on pensait fin août que la saison de transition pouvait largement se métamorphoser en saison de la peur, on en est à caresser l’espoir qu’elle soit celle de tous les plaisirs. Il faudrait pour cela lâcher parfois ce frein à mains : celui que la peur et une certaine culture de la défaite ont serré trop fort. Ce frein qui à onze contre dix nous a empêché d’oser aller chercher la victoire à Gerbeland. Celui qui parfois semble ralentir l’ambition de l’équipe. Celui qui pourrait (on a connu ça l’an dernier) nous maintenir dans le confort d’une place honorable alors qu’il y aurait mieux à aller chercher.

Il reste trois matches avant la trève pour montrer que sur ce plan aussi, on a appris. Et alors, rassurés par les garanties qu’offre ce groupe, il sera grand temps « d’oxymorer Â» en s’emballant sereinement !