AR83/ ASSE 1 0 Montpellier
Une victoire moche, mais on ne peut plus décisive dans la course à l'Europe.
Au commencement, l'hommage rendu à Cyprien - ou Skyman, pour les potonautes. Moment d'émotion. L'un des plus marquants de la soirée.
Le film du match
La partie commence avec force : les deux équipes veulent jouer haut, direct, et mettre de l'impact dans les duels. Petit à petit, Montpellier semble prendre l’ascendant : le jeu est plus fluide, plus précis, plus rapide. A la 9’, Barrios face au but tire heureusement à côté. Les Verts souffrent, mais ne craquent pas : à la 20’, lors d’une de leurs premières incursions dans le camp héraultais, Gradel marque d’une maîtresse frappe le seul but de la rencontre.
L’ouverture du score galvanise l’ASSE qui prend le jeu à son compte – on notera l’activité de Corgnet, très intéressante. Problème, et de taille : les offensifs stéphanois semblent des solistes à la qualité incertaine qui jouent chacun de leur côté dans la cacophonie. Pourtant en difficulté, Montpellier s’offre coup sur coup deux opportunités énormes (26’ et 27’) d’égaliser en contre, mais Barrios est décidément dans un mauvais soir. Tant mieux.
Autour de la 35’, le match se ralentit. Gradel est à la limite du malaise. La fatigue touche les deux équipes. Les erreurs techniques se multiplient. Les visiteurs reprennent un ascendant certain sans grosse occasion, laissant à l’attaque stéphanoise le soin de gâcher une superbe opportunité de contre consécutif à un bon pressing de Corgnet (42’).
Après la pause, la rencontre va vite trouver son apparence définitive : des montpelliérains supérieurs dans le jeu quoiqu’inefficaces, butant sur un bloc stéphanois solide mais presque incapable de construire quoi que ce soit. Seul éclair, à la 56’ : sur une belle action collective, Hamouma réussit un enchaînement amorti poitrine/retourné acrobatique sur l’équerre de toute beauté.
Si le passage en 4141 (57’, avec notamment l’entrée de N’Guémo pour Corgnet) ouvre une parenthèse mieux maîtrisée de dix minutes, la fraîcheur et la mobilité apportée par Souleymane Camara à la place de Jonas Martin dans la zone de la sentinelle Clément suffira à rendre l’ascendant aux Poubelle Boyz. Les autres changements (Mollo et Ricky d’un côté poste pour poste ; Congré et Bérigaud de l’autre, avec repositionnement de Lasne dans l’axe) n’ont pas d’influence sur le résultat final.
Le dernier quart d’heure est quant à lui carrément pénible.
De deux versions du 4231
Si, en début de saison, l’ASSE gagnait de peu en jouant plutôt pas mal, elle a dimanche gagné de peu en jouant franchement mal. Le bloc défensif est, heureusement, efficace ; mais l’utilisation de la balle fait peine à voir. L’entrejeu montpelliérain, mené par un Saihi en grande forme, a pris un ascendant incontestable. L’usure physique, criante, suffit-elle à expliquer cette difficulté à construire pour les Verts ?
Quant aux attaquants verts, ils ont semblé particulièrement empruntés malgré une défense adverse fébrile et auteure de cadeaux qui auraient dû faire but (42’ et 77’ notamment). Si Corgnet a réalisé une prestation correcte, les autres n’ont guère brillé. Sans prétendre y voir une solution, la comparaison avec la ligne offensive de Montpellier est loin d’être inintéressante.
Au premier coup d’œil, les deux équipes se sont présentées dans la même organisation : un avant-centre soutenu par trois joueurs offensifs. Le quatuor stéphanois, on le connait : des ailiers volontiers dribbleurs (Gradel et Hamouma), un avant-centre pivot et très haut sur la pelouse (Erding) et un électron libre (Corgnet). Ce dernier défend assez peu, tandis que les trois autres sont censés consacrer beaucoup d’énergie aux tâches défensives.
A Montpellier, l’animation est tout autre. Les trois joueurs de soutien (Mounier, Martin, Lasne) sont très libres dans leurs déplacements et n’hésitent pas à apporter le surnombre. L’avant-centre (Barrios) joue volontiers le « false nine », du moins en début de rencontre, avant de s’étioler. De ces quatre flèches, une seule défend beaucoup : Martin, dans l’axe, chargé d’empêcher la balle d’arriver jusqu’à Clément, responsable attitré des premières relances. Plus risquée du point de vue défensif, elle permet en revanche aux offensifs de s’exprimer mieux.
La première est une version prudente du 4231 ; la seconde, une plus audacieuse. Dimanche, la prudence l'a emporté.