Encore un match qui laisse un goût âcre : une victoire gâchée dans les arrêts de jeu, malgré une très bonne prestation.
Paris est rayonnant ces temps-ci, et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Laurent Blanc aligne en effet son équipe-type, sans aucune exception. En face, Galette reste fidèle au 4-2-3-1. Clément est préféré à Diomandé dans l’entrejeu, et Mollo à Tabanou pour l’animation des ailes. Hamouma est comme prévu de retour. Quant à Geoffroy Guichard, il se prépare à donner une démonstration de sa puissance et sa ferveur. On espère que l’opération Kärcher des autorités s’arrêtera avant que l’émail du Chaudron ne soit irrémédiablement endommagé…
Dès le coup d’envoi, les deux équipes pressent haut. C’est pourtant Paris qui va s’assurer de la maîtrise du ballon : on prend le temps de construire et d’exploiter la largeur du terrain, avant de chercher le décalage. On notera notamment les déplacements des 3 de devant : Ibrahimovic n’occupe absolument pas le même rôle que Brandao. Véritable électron libre, il laisse très régulièrement Cavani et Lavezzi plonger dans l’axe derrière lui ; à charge pour les latéraux d’occuper les ailes. Grâce à un repli sans faille de Mollo et Hamouma, l’ASSE va neutraliser ce plan de jeu, et même exploiter à fond sa faille : la fragilité des côtés. Les ailiers parisiens étant en réalité de faux ailiers, leur travail défensif est quasi inexistant ; c’est aux milieux de venir compenser. Or Sainté va rendre cette organisation défensive difficile à mettre en place grâce à son application à ne pas rendre le ballon trop vite en multipliant les passes courtes et verticales.
A la 10’, le décalage est trouvé sur la gauche en appliquant à la lettre ces principes : remontée de balle Perrin/Clément, combinaison entre Ghoulam et Hamouma, centre en retrait - mais Brandao tire au-dessus. En parallèle, Corgnet, qui gêne le système défensif parisien par ses déplacements excellents, n’hésite pas à harceler les premiers relanceurs qataris : il se créé lui-même une occasion à la suite d’un duel gagné au milieu, mais ne cadre pas (15’).
Ces deux avertissements étaient sans frais ; la troisième occasion sera la punition. Paris est décidément friable sur les ailes : les milieux doivent déserter l’axe pour empêcher Clerc, Lemoine et Hamouma de réussir leur triangle à droite. Mais Marquinhos rate son intervention et rend le ballon à Hamouma : l’ancien caennais fixe, et sert Corgnet esseulé qui frappe comme un sourd (1-0, 18’). Paris essaye de réagir immédiatement (sur un corner mal dégagé, Matuidi frappe juste à côté) ; les Verts répondent avec de l’engagement et de l’abnégation. La lutte au milieu s’intensifie. Après un temps fort parisien stérile d’une dizaine de minutes, l’ASSE prend la mesure de son adversaire : Brandao gagne de plus en plus de duels ; les corners se multiplient. Les Verts vont se créer trois occasions franches : un nouveau triangle, côté gauche, cette fois, qui aboutit à un centre en retrait pour un Brandao pas assez précis (encore ! – 29’) ; un coup de canon de 30m de Lemoine qui s’échoue sur la barre (30’) ; une tête de Perrin sur corner qui serait allée au fond si Cap’tain Loïc avait eu un meilleur timing (40’). En face, l’armada qatarie n’a qu’un coup franc direct non cadré d’Ibrahimovic à se mettre sous la dent (35’).
Rouge sang, carton rouge, verts de rage
En deuxième mi-temps, l’ASSE repart avec les mêmes intentions. Et ça paye d’entrée : malgré un nouveau coup franc dangereux mais à côté du suédois du PSG (49'), Hamouma double la mise sur un but casquette (51’). On notera qu’à l’origine, Clerc était absolument libre d’ajuster son ouverture sans aucun pressing parisien - qui s’explique encore par ce manque de travail défensif sur les ailes. Saint-Etienne a définitivement le match en main ; le PSG accuse le coup et se dirige vers sa première défaite de la saison. A un détail près : l’expulsion de Fabien Lemoine (58’). Si le premier avertissement du milieu Vert est on ne peut plus justifié, le second étonne beaucoup. Le motif officiel de l’avertissement n'est pas connu ; mais si l’on considère que Lemoine a commis 4 fautes en tout et pour tout, et que celle qui provoque l’exclusion est pour le moins anodine, la sévérité de M. Buquet semble exagérée. Le front en sang, Lemoine doit malgré sa rage laisser ses coéquipiers à 10.
On peut à juste titre parler de tournant du match. Laurent Blanc décide de tenter le tout pour le tout : Menez et Moura remplacent Alex et Lavezzi (62’), ce qui a pour conséquence d’ajouter un joueur offensif à la place d’un milieu, de stabiliser Cavani dans l’axe et de libérer définitivement Ibrahimovic, qui va alors couvrir une surface de terrain impressionnante. En face, Galette sort Corgnet pour Diomandé afin de maintenir l’efficacité défensive de son milieu (62’) ; il choisira aussi de remplacer ses cartouches sur les ailes, afin de boucher le maximum de trous (entrées de Gradel pour Mollo à la 67’ et de Tabanou pour Brandao à la 78’, Hamouma prenant la pointe). Ainsi, la solidité du premier rideau de 4 est préférée à la conservation d’un point d’appui offensif, ce qui empêche Sainté de conserver le ballon plus de quelques secondes.
Cette dernière demi-heure est une attaque-défense dans les plus pures règles de l’art. Malgré une maîtrise technique impressionnante, le PSG ne se créera pourtant pas beaucoup d’occasions. A la 68’, Cavani réduit le score grâce à une superbe combinaison sur corner ; Lucas Moura oblige Ruffier à la parade à la 70’. Les Verts résistent et rêvent du contre assassin. A la 85’, Sirigu rate sa prise de balle sur un coup franc de Ghoulam ; Gradel a suivi, mais manque sa reprise. A ce moment-là, le PSG commençait de s’énerver et de ne plus rien réussir. Mais, après trois minutes d’arrêt de jeu, sur une énième ouverture de Matuidi au petit bonheur la chance dans la surface, le ballon rentre dans les filets sans que personne n’ose le toucher. L’égalisation est cruelle.