Directeur du centre de formation du Nîmes Olympique, Christophe Chaintreuil nous présente le jeune néo-pro Mathys Saban, qu'il a entraîné 18 mois en U17 à l'ASSE.


Tu connais bien Mathys pour l’avoir eu sous tes ordres encore plus longtemps que Lucas Gourna-Douath.
Effectivement. Quand je suis arrivé à l’ASSE en début d’année 2018, j’ai entraîné Mathys pendant six mois en U17 régionaux. Et la saison suivante, je l’ai eu en U17 nationaux.

Mathys est un jeune fauve doté d’une belle palette.
C’est un joueur offensif moderne qui a pas mal d’atouts dans son jeu. Mathys a beaucoup de vitesse et techniquement il est très fort. C’est un garçon capable de casser les lignes. Sur ses prises de balle et individuellement avec le ballon, il a des changements de rythme hyper intéressants. Je le faisais jouer dans un 4-3-3, soit ailier, le plus souvent à gauche, soit dans l’entrejeu dans les deux milieux offensifs. Il est capable à l’intérieur du jeu de se sortir de situations compliquées dans la densité. Mathys est capable de prendre les ballons, de gagner vingt mètres et de créer des décalages. C’est un joueur que j’appréciais beaucoup, il marquait des buts, il délivrait pas mal de passes décisives. Avec lui ça percute dans tous les sens du terme. Il a compris qu’il fallait aussi défendre même si c'est un joueur naturellement porté vers l’offensive. Pour avoir toujours des contacts avec les entraîneurs stéphanois, je sais qu’il a encore franchi un palier cette année. La signature de son premier contrat professionnel vient valider une progression assez fulgurante.

Quel est son poste de prédilection ?
Côté gauche, il était très à l’aise et capable de rentrer à l’instar de Maxence Rivera, de frapper pied droit. Mathys sait aussi faire le piston, les allers-retours sur le côté. Je le trouvais aussi intéressant et convaincant lorsqu’il évoluait à l’intérieur du jeu. Dès qu’on le trouvait, il pouvait éliminer les adversaires sur ses touches de balle, il pouvait enchaîner en s’orientant, faire des différences balles au pied et créer des brèches dans l’entrejeu. Mathys a une palette intéressante car je le trouve aussi bon dans ces deux positions. On verra comment les coaches stéphanois l’utiliseront, ils le connaissent maintenant mieux que moi. En tout il a une capacité d’accélération voire de double accélération hyper intéressante. Mathys est très fort en un contre un, il a un profil recherché.

Il avait claqué 9 pions avec toi la saison passée, il a remis ça cette saison sous la houlette de Jean-Luc Dogon en finissant meilleur buteur stéphanois en U19 nationaux.
Mathys est adroit devant le but et il sait délivrer des passes décisives. Il a su améliorer ses stats et gagner en efficacité. Ce n’est pas de la poudre aux yeux. Eliminer deux joueurs ça ne sert pas à grand chose si derrière il n’y a rien. Mais Mathys arrive régulièrement à marquer et à faire marquer. Il est plus intoverti, plus réservé qu’un Lucas Gourna mais il est lui aussi déterminé et très attachant. Il peut paraître parfois boudeur, mais il était agréable à entraîner car c’est un compétiteur, il a toujours envie de travailler et de progresser.

Quel est son principal axe de progression ?
Au début je me souviens que Mathys était très perfectible dans son jeu avec les autres mais il avait déjà progressé dans ce domaine et je sais qu’il a poursuivi ses efforts cette saison. Parfois, quand tu as des gars qui sont capables de faire de grosses différences individuellement, ils ne font pas toujours le bon choix et privilégient la solution individuelle à la solution collective. J’étais le premier à lui dire « si tu peux en éliminer deux ou trois, n’hésite pas à le faire.» Mais lorsqu’il était dans des situations où il était plus pertinent de demander un petit une-deux ou de faire la passe, je lui demandais de chercher ça aussi. Je lui ai dit qu’il avait tout intérêt à trouver la bonne balance entre jouer les coups pour lui et les jouer pour les autres. Mathis est un garçon intelligent, il a gagné en clairvoyance. S’il a soigné pro, c’est qu’il a déjà compris certaines choses. Il n’a que 18 ans, il va encore se développer et progresser. C’est normal à son âge qu’il ne soit pas encore arrivé à maturité.

Tu citais tout à l’heure Maxence, le premier de tes anciens joueurs à avoir signé pro. Mathys et Maxence ont-ils des similitudes dans leur jeu ?
Leurs styles sont quand même un peu différents. Max, dans les petits périmètres, avec ses appuis, il est capable de rendre fou n’importe quel défenseur. Par contre je pense que Mathis a une capacité de percussion, avec sa vitesse, beaucoup plus importante. Mathys va pouvoir partir de plus loin, et enchaîner des dribbles, faire des différences balle au pied plus que dans ses appels. En tout cas je ne suis pas surpris de les voir signer pro, avec Lucas bien sûr ils faisaient partie des trois ou quatre garçons que je voyais franchir cette marche. On fondait aussi beaucoup d’espoirs sur Yanis Lhery qui avait marqué beaucoup de buts la saison dernière mais visiblement il a été moins performant cette saison. Mais ça peut arriver dans le parcours d’un jeune attaquant, je lui souhaite de réussir sa prochaine saison.

Claude Puel mise manifestement sur les plus gros talents du centre de formation pour bâtir le Saint-Etienne de demain.
Claude Puel n’hésite pas à faire appel aux jeunes et à les lancer, sans leur brûler les ailes. On voit qu’il y a de très bons jeunes au centre de formation de l’ASSE, la relève est là et va faire du bien à tout le club dans les saisons à venir. C’est une bonne opportunité pour ces jeunes joueurs d’évoluer sous les ordres d’un tel entraîneur. Les jeunes sont au cœur de son projet, il les suit avec attention, les jauge à l’entraînement avant de les lancer dans le grand bain. Claude Puel connaît la manière de manager les jeunes joueurs, il sait en tirer le maximum. A ces jeunes pros d’en profiter, de rentrer dans les clous par rapport à ce que demande le coach. S’ils répondent à ses attentes, ils sont sûrs d’avoir des opportunités de jouer.

 

Merci à Christophe pour sa disponibilité