Retour sur une saison qui aura vu les Verts, entre Coupe Intertoto et désillusion dans le Derby, se maintenir parmi l'élite.


La Coupe Intertoto

Pour son retour en L1, l’AS Saint-Etienne avait réussi un brillant parcours, décrochant finalement une place en Coupe Intertoto. Une compétition estivale qui allait sérieusement amputer la phase de préparation (avec un premier match dès le 2 juillet), mais Elie Baup avait la chance de pouvoir s’appuyer sur le même groupe, avec notamment Piquionne et Feindouno, auteurs de 29 buts en 2004-2005 et transférés définitivement dans le Forez (même système pour Yahia), tandis que Zokora, fortement courtisé, s’engageait à rester une saison supplémentaire.

 

     En fait, les mouvements d’inter-saison touchaient essentiellement le banc : Compan, Marin, Hernandez et Carteron, artisans de la remontée en 2004, quittaient le club avec les honneurs (direction Caen, Sedan, Amiens et Cannes). Le Crom se voyait offrir une place de titulaire à Troyes, et Garrido n’était pas conservé.

 

    Côté arrivées, outre Gomis, de retour de prêt de Troyes, l’ASSE enregistrait les signatures du gardien Jody Viviani (Montpellier), du défenseur Damien Perquis (Troyes) et de l’attaquant Sebastien Mazure, auteur de 13 buts avec Caen la saison précédente.

 

     Avec une petite semaine d’entrainement dans les jambes, les Verts disputaient leur premier match officiel européen en 23 ans, face au club suisse de Neuchatel Xamax, et devant 32 000 spectateurs. Baup alignait l’équipe-type de la saison précédente, sans Ilunga et Zokora, rentrés tard de leurs sélections nationales, et remplacés par Yahia et Perrin.

 

     Au terme d’un match qu’ils auront copieusement dominé, les Stéphanois ne pouvaient que regretter le score final (1-1, but de Sablé), d’autant que Feindouno avait manqué un penalty. Mais au retour (à Genève), dans un Stade de La Praille rempli par 10 000 supproters foreziens (et seulement quelques centaines de Suisses !), Saint-Etienne obtenait une qualification logique (2-1), grâce à un but de Feindouno et à la première réalisation de la recrue Mazure.

 

     Le tour suivant s’annonçait abordable, face aux rugueux Roumains de Cluj, d’autant que dans le guet-apens de Gruia, les Stéphanois ramenaient un bon résultat (1-1), avec un but de Piquionne et un penalty stoppé par Janot. Mais au retour, rapidement réduits à dix avec l’expulsion d’Ilunga, ils craquaient physiquement et concédaient un 2-2 éliminatoire (buts de Sablé et de jeune espoir Dabo).

Sur le podium !

Saint-Etienne n’avait fait qu’entre-ouvrir la porte européenne, et, sans trop de regrets, replongeait fin juillet dans la routine du Championnat. Fidèle au 4-3-3 de la saison précédente pendant l’Intertoto, Baup adoptait soudain un 4-4-2 presque inédit, associant Piquionne et Mazure en pointe, pour la réception d’Ajaccio. Les Verts peinaient, manquant terriblement de percussion, et concédaient un 0-0 quelconque dans le Chaudron. Résultat, Mazure payait les frais de l’opération, et de nouveau en 4-3-3, ses coéquipiers ramenaient un nul (0-0) de chez le promu Troyes.

 

     Elie Baup maintenait finalement sa confiance envers les onze même joueurs que l’an passé, et les faits lui donnaient raison : Piquionne réussissait un doublé face à Metz (2-0) et Janot n’encaissait son premier but de la compétition qu’au bout de quatre journées, à Toulouse…Mais Hellebuyck maintenait la série d’invincibilité de son équipe (1-1). Sochaux ramenait un point de Geoffroy-Guichard (0-0), mais les Verts, quelques jours après avoir fait chuter le FC Barcelone en amical (2-1), s’imposaient à Nice (1-0, Piquionne), désormais coaché par un certain Fredéric Antonetti.

 

    Solide défensivement, l’ASSE allait trouver enfin le réalisme offensif face au Paris Saint-Germain. Faciles vainqueurs (3-0, buts des trois attaquants Mendy, Piquionne et Feindouno), les Verts se retrouvaient en ce 18 septembre à la 3ème place du classement de L1, le meilleur rang occupé par le club depuis…1991.   

Fins de série

Quatre jours plus tard, alors que l’Ivoirien Tiéné, dernière recrue du mercato, fêtait sa première titularisation, les Verts passaient complètement à côté de la réception de Nancy (0-2), et le but de Cédric Lécluse mettait fin à 1534 minutes d’invincibilté à domicile en L1 pour Jérémie Janot. Un record. Peu adepte du turn-over, Baup modifiait soudain ses plans pour le troisième match de la semaine, alignant à Lille une des équipes les plus inhabituelles de la saison (Yahia, Perquis, Perrin et Sakho étant ainsi titularisés), qui devait hélas baisser pavillon (0-2) après une prestation d’ensemble rassurante.

 

     Juste avant une trêve internationale de quinze jours, Loic Perrin inscrivait son premier but en Ligue 1, pour une victoire au score plutôt flatteur face au Mans (3-0, buts de Perrin donc, et d’Hognon et Hellebuyck). Saint-Etienne était 4ème, et le mois d’octobre n’allait pas faner les fous espoirs qui commençaient à fleurir autour de Geoffroy-Guichard. Car sans jouer de façon brillante, les Verts ne perdaient plus, chose plutôt rare dans le Forez ces dernières années. Un match nul à Nantes (1-1, but de Savinaud csc), une victoire à Strasbourg (1-0, but du jeune Gomis), entrecoupées d’un succès de prestige face à Marseille (2-1, Feindouno et Hellebuyck dans les dernières minutes) avaient remis les Verts sur le podium de la L1, et on parlait de plus en plus de cette formation pour devenir une des prétendantes à l’Europe en fin de saison.

 

     C’était oublier un peu vite un non-match face à Lille en Coupe de la Ligue (0-2), et surtout qu’après un calendrier plutôt favorable, l’ASSE allait devoir désormais affronter pratiquement toutes les grosses écuries d’ici Noel. Face à Auxerre, et privé de deux éléments importants (Hellebuyck et Piquionne), les Stéphanois ouvraient encore le score (par l’intermédiaire d’Hognon) avant de reculer et de concéder un match nul (1-1) regrettable. Sur le Rocher, ils s’inclinaient pendant la Fête Nationale monégasque (0-1), avant de concéder à nouveau un nul face à Bordeaux (1-1, Ilunga) et de s’incliner à Lens (1-2), après avoir pourtant une nouvelle fois ouvert le score, grâce à Perrin. 

La chute

En un mois, les Verts sont retombés au milieu du classement, mais avec les retours des blessés, ils vont finir l’année 2005 en beauté, avec un morceau de bravoure face à l’ogre lyonnais (0-0) et une belle victoire à Rennes (1-0, but de Feindouno). Le début 2006 n’en sera que plus pénible. Saint-Etienne concède un nouveau match nul à Geoffroy-Guichard, face au modeste Troyes (1-1, but d’Hognon) avant de s’incliner encore une fois face à Lille, en Coupe de France (0-1). Une défaite concédée au fin fond de la prolongation qui va faire mal moralement, d’autant que les Africains commencent à rejoindre leurs sélections respectives pour participer à la CAN, et que l’international portugais Helder Postiga est la seule recrue venue compenser cet exil pourtant prévisible.

 

     Avec une équipe très jeune (Kamara, Perrin, Dabo, Houri, Gomis), Saint-Etienne s’impose chez un Metz à la dérive (1-0, Postiga), mais ensuite c’est le désert, d’autant que Sablé et Piquionne sont blessés, et que les terrains de la région deviennent difficilement praticables (la rencontre face à Toulouse est ainsi reportée).

 

     A Sochaux, l’ASSE sombre après l’expulsion de Yahia (0-4), puis est balayée à domicile par Toulouse en match en retard (1-3, Diawara sauvant l’honneur). Juste avant la fin du mercato, les Verts enrôlent le défenseur Bruno Basto, et ramènent un bon match nul du Parc des Princes (2-2, Piquionne et Postiga étant les buteurs), où ils perdent hélas sur blessure Vincent Hognon.

 

     Cette absence va se révéler préjudiciable à Nancy (0-2), puis face à Nice (0-1), où Camara est même suspendu (Baup alignant donc contraint et forcé une charnière Perquis-Yahia !). La descente aux enfers continue avec une nouvelle défaite face à Lille (0-2), la quatrième de la saison !

La stabilité stéphanoise

Les Stéphanois n’ont pris qu’un point sur les six derniers matches, et sont tombés à la 15ème place du classement au 18 février. Heureusement, ils allaient réagir pratiquement au moment où on ne les attendait plus, en gagnant au Mans grâce au troisième et dernier but en vert de Postiga (1-0).

 

    Avec le retour des internationaux africains, l’ASSE semble retrouver un semblant de fonds de jeu. Au terme de 90 minutes d’excellent football face à Nantes, l’équipe s’impose dans les arrêts de jeu grâce au remplaçant Mazure (1-0), et atteint la barre des 40 points quasiment synonyme de maintien.

 

     Car le maintien est désormais le seul objectif d’une équipe battue à Marseille, avec l’épisode tragi-comique du maillot de Fousseni Diawara (0-2), puis ridiculisée par Strasbourg à Geoffroy-Guichard (0-2).  

 

     Soucieux de trouver une solution à un manque cruel d’efficacité offensive, Baup décide de revoir son système d’attaquants, en excentrant Piquionne à droite. Le résultat est peu probant, mais les Verts retrouvent un peu d’équilibre, et décrochent des matches nuls face à Auxerre (0-0), Monaco (1-1, Gomis) et Bordeaux (0-0), avant d’empocher leur 11ème et dernière victoire de la saison, face à Lens (2-0, buts de Sablé et Piquionne).

 

     Car les rumeurs, bientôt confirmées, de départ de Baup achèvent de briser un groupe fatigué, qui semble payer les longs mois de compétition, et l’absence de vacances pendant l’été 2005. Les Verts sont laminés à Gerland (0-4), avant d’obtenir un nul heureux face à Rennes (0-0) et de chuter à Ajaccio (1-3, Sablé).

 

     Les Verts, brillants jusqu’en novembre, puis dépassés par les évènements (CAN, terrains gelés, blessures, fatigue accumulée depuis juillet, départ de Baup), bouclent leur seconde saison en L1 à la 13ème place. L’essentiel est bien sûr acquis, et l’ASSE va vivre, pour la première fois depuis 1995, une troisième saison consécutive parmi l’élite. Mais pour faire mieux, il faudra analyser les erreurs commises, et faire les bons choix. L’intersaison sera capitale.

Le classement des buteurs (toutes compétitions confondues) :

1.Piquionne…………………………………...…..7 buts

2.Feindouno et Sablé………………………………4 buts

4.Hellebuyck, Hognon et Postiga………………….3 buts

7.Perrin, Mazure et Gomis…………………………2 buts

10.Dabo, Mendy, Ilunga et Diawara……………….1 but

 

     Auteurs de 29 buts l’an passé, le duo Piquionne-Feindouno n’a pas su récidiver sa performance, terminant avec le maigre total de 11 réalisations, témoin des carences offensives de l’équipe. Sablé et Hellebuyck, qui avaient réussi 5 buts chacun en 2004-2005, ont également fait moins bien (respectivement 4 et 3 buts), même si ce déficit est bien entendu moins grave.

     Postiga, arrivé pendant l’hiver, tire plutôt son épingle du jeu avec 3 buts, devançant Mazure, la grosse déception de la saison, et Gomis, qui sont restés scotchés à 2 réalisations.

     Vincent Hognon a comme d’habitude été le défenseur le plus prolifique, mais Ilunga et Diawara ont été d’improbables buteurs.

     Mendy a inscrit son dernier but en Vert face à Paris…son seul fait d’arme de la saison.

     Enfin, il ne faudra pas oublier que cette saison aura vu Perrin et Dabo, les gros espoirs du club, inscrire leurs premiers buts à ce niveau.

Le temps de jeu (toutes compétitions confondues) :

1.Janot………………….3900 minutes (43 matches, 43 titularisations)

2.Sablé………………….3655 (41, 41)

3.Hellebuyck……………3557 (41, 41)

4.Camara………………..3401 (39, 39)

5.Diawara……………….3304 (40, 36)

6.Piquionne……………..3268 (40, 39)

7.Zokora………………...3216 (36, 35)

8.Hognon………………..3165 (35, 35)

9.Ilunga…………….……2911 (34, 33)

10.Feindouno……………2856 (33, 31)

11.Perrin……....…………1897 (30, 21)

12.Postiga………………..1283 (17, 15)

13.Mendy………………...1108 (20, 14)

14.Perquis………………..1029 (19, 10)

15.Dabo………...….………949 (22, 9)

16.Mazure………….………929 (25, 7)

17.Gomis…………...……...903 (26, 8)

18.Yahia………………...…867 (15, 11)

19.Basto………….………..579 (8, 7)

20.Sakho……….…………..322 (11, 3)

21.Kamara…………………264 (4, 3)

22.Tiéné……………………180 (6, 2)

23.Viviani………...…………90 (1, 1)

24.Houri……………………..33 (3, 0)

25.Piatti………………….……8 (1, 0)

 

 

     Si personne n’a disputé l’intégralité des 44 matches de la saison (38 de Championnat, 4 de Coupe Intertoto, 1 de Coupe de la Ligue, 1 de Coupe de France), pas de surprise : les dix joueurs les plus utilisés par Baup ont été les mêmes qu’en 2004-2005. Le trio de tête est même identique, et dans l’ordre (Janot, Sablé, Hellebuyck). On trouve ensuite ceux qui ne sont pas partis à la CAN (Camara, Diawara, Piquionne), qui devancent donc les “Africains” (Zokora, Ilunga, Feindouno) et Hognon, longtemps blessé.

     Pour compléter le onze-type, Perrin remplace logiquement Mendy. Le Stéphanois pur souche est d’ailleurs le seul des jeunes issus du Centre de Formation a avoir vraiment convaincu le coach, puisqu’avec ses 21 titularisations il devance largement Dabo, Gomis, et bien sûr Kamara et Houri.

     Mis a part Postiga, recruté au mercato d’hiver (12ème avec 1283 minutes), aucune des recrues n’a réussi à percer (Perquis, Basto, Tiéné). Mazure est même la grosse déception de la saison, avec ses 7 maigres titularisations. Yahia et Viviani, avec leur statut de remplaçant, ont un classement attendu. Sakho (322 minutes de jeu, 366 l’an passé) n’a toujours pas convaincu.

     A noter enfin que Baup aura effectué cette saison 2,4 changements par rencontre (2,3 en 2004-2005).

Deadken vous propose de revoir tous les buts marqués par les Verts en championnat lors de la saison 2005-2006 :

http://www.poteaux-carres.com/videos/L1ASSE20052006.wmv