Les Verts rencontreront probablement d'autres équipes qui proposent un bloc défensif bien bas, compact, sans aucune intention offensive, espérant simplement garder un résultat (et éventuellement marquer sur un CPA, un malentendu ou un contre). Il faudra savoir défaire leur système défensif et apporter le déséquilibre nécessaire pour se créer des occasions. Retour sur le contre-exemple du dernier match, contre Dijon.


La trêve internationale nous a fait du bien et plusieurs retours dans le groupe nous permettaient d'être optimistes. On sait que c'est difficile d'emballer un match avec des joueurs en manque de rythme (et des titulaires au repos), mais l'effectif de l'ASSE est assez riche en quantité et en qualité pour être confiant avant d'accueillir un promu, certes valeureux, mais qui n'avait pris aucun point à l'extérieur auparavant. Malheureusement, cette confiance a été mise à rude épreuve lors de ce match contre Dijon, durant lequel on a pu observer certaines carences dans le jeu de notre équipe.

Le début du match


Pour commencer avec le début, tout le monde s'attendait à voir les Verts attaquer à fond dès le coup d'envoi, mais ce plan a été contrecarré par une équipe de Dijon qui jouait bien, haut, et qui gardait le ballon. On a pu donc assister à 15 premières minutes équilibrées dans la possession (51% pour l'ASSE), mais pas dans la dangerosité : 4 tirs pour Dijon, 0 pour l'ASSE. Et après l'ouverture du score (sur corner à la 22ème), nos adversaires ont fait un pas en arrière et nous ont laissé le contrôle du ballon, ils avaient obtenu ce qu'ils voulaient. 

La fin du match


La dernière demi-heure est en général le moment où plusieurs changements sont effectués pour espérer trouver la solution dans un match. Pour Galtier, ça a passé par un changement de système, passant du 4-1-4-1 avec une sentinelle (Clément) à un 4-4-2 avec deux avant-centres, Roux entrant en soutien de Söderlund. Le deuxième changement tactique n'a pas visé le système, mais le profil des joueurs. Pajot n'étant pas à l'aise contre ce bloc défensif, Saivet devait entrer à sa place : on change un milieu qui se spécialise dans les courses entre la ligne médiane et la surface adverse avec un autre, doté d'une meilleure qualité de passe. Les crampes de KMP ont contrarié un peu ce plan, Saivet a du le remplacer en attendant que Nordin finisse son échauffement.

Finalement, ce n'est pas ce changement de système, ni de tactique au milieu, qui ont eu raison de la défense dijonnaise. Ça s'est de nouveau joué au mental (infaillible côté Vert cette saison) et avec un peu de chance. Parce que voir un arbitre siffler un penalty après une poussette, toute légère, à la dernière minute, quand il n'en a pas sifflé d'autres beaucoup plus évidents pendant le match, c'est un peu chanceux...

15 minutes dans la deuxième période


Mais si les Verts ont attendu un penalty à la dernière minute pour égaliser, c'est parce qu'ils n'ont pas trouvé la faille dans le bloc dijonnais. Analysons ainsi comment les Verts s'y sont mis à défaire ce bloc après le retour des vestiaires (donc en bénéficiant des conseils tactiques du staff) et avant la 61ème minute et le changement de système et de joueurs. Une période de 15 minute marquée par une domination sans appel des Verts, au moins dans la possession du ballon, 75% pour l'ASSE. Un jeu de passes (121 pour nous, 43 seulement pour Dijon) et une grande maîtrise technique, 88% des passes réussies dont 100% pour Tannane et Veretout, 95% pour Clément, etc. Une domination stérile, par contre, 1 seul tir (de M'Bengue, dans un angle très fermé) et aucune occasion franche.

Même après deux visionnages de ces 15 minutes, ça n'a pas été facile de trouver une action stéphanoise bien construite, malgré le nombre incroyable des ballons joués... Le meilleur exemple reste une longue possession stéphanoise qui commence avec Pajot qui a le ballon au milieu du terrain. Il fait une passe en profondeur pour l'appel de Malcuit, le ballon sort en touche, mais c'est pas l'action qui est intéressante, c'est le positionnement des deux équipes :


On voit ainsi que nos deux ailiers sont très différents : KMP colle à la ligne, tirant avec lui le latéral adverse, mais bloquant aussi le couloir pour une montée de MBengue. Tannane, non seulement il n'occupe pas du tout son couloir (le laissant libre pour Malcuit), mais il ne se place même pas dans la défense, mais entre les lignes adverses, comme un véritable 10. Enfin, il faut noter que nos deux milieux relayeurs, Veretout et Pajot, fonctionnent dans un double piston, quand un descend chercher le ballon, l'autre monte dans le bloc.

Enfin, la touche dijonnaise est jouée, le ballon perdu immédiatement, on envoie le jeu sur la gauche, où on obtient une touche qui est jouée vite pour renvoyer le ballon à Perrin :

 


Il manque deux Stéphanois dans l'image, Tannane et Malcuit - ils se trouvent sur le côté droit, accompagnés de seulement deux adversaires, tous les autres serrant vers notre gauche. KTC a le champ libre et il finit par recevoir le ballon, mais pas directement de Perrin, qui joue avec Clément, ni de celui-ci, qui ne regarde pas à sa gauche, mais de Veretout. Des secondes précieuses sont perdues, mais le ballon est enfin joué là où il faut et KTC peut monter avec :


Le bloc dijonnais a coulissé, mais on a quand même un début de déséquilibre : Pajot est monté jusqu'à la défense, sans être suivi par un milieu : on place donc 5 joueurs (avec Malcuit) sur la ligne adverse, composée elle aussi de 5 joueurs - la défense dijonnaise est en déséquilibre. A noter que KTC est un peu seul : Clément, Veretout, MBengue et Perrin sont tous sur la ligne médiane pour surveiller seulement deux adversaires. Le très bon placement du milieu dijonnais, empêche KTC de trouver un angle de passe vers Tannane ou Pajot, il hésite et finalement il repasse par le rond central et Perrin :


En bon capitaine, Perrin monte avec le ballon et ses coéquipiers commencent à faire les appels tant nécessaires pour casser le bloc : MBengue monte dans son couloir, Pajot et Veretout se placent dans le premier rideau, Tannane décroche aussi dans l'entre jeu. Un jeu de passes court Perrin-Pajot-Tannane et le décalage est trouvé sur la droite :


A première vue, on dirait une belle action collective, sauf que nos joueurs n'ont pas voulu l'amener jusqu'au bout. Si on compte bien les joueurs dans l'image, tous les Dijonnais sont présents, dans un bloc 6-4-0... sauf que pas moins de trois de nos joueurs sont restés dans le rond central (Veretout, Clément et KTC). Malgré le décalage trouvé, l'action ne donne rien, le centre de Malcuit ne trouve pas preneur, vu qu'on avait que deux joueurs dans la surface, pour 6 adversaires...

Conclusions


Un peu plus de rythme pour certains joueurs et le retour des titulaires comme Selnaes ou Beric sont des raisons d'espérer mieux lors des prochains matchs. Mais il faudra apprendre à trouver des solutions dans ces situations, contre des adversaires venus pour défendre, et il faudra le faire vite, on laisse trop des points en route, que ça soit en championnat ou dans les poules de la Ligue Europa. La solution ne passe pas par un système de jeu plus qu'un autre, trouver et créer des failles dans une défense passe par une animation offensive digne de ce nom, avec des appels sans ballon pour créer des décalages mais aussi avec un jeu de passe rapide et précis pour faire parvenir le ballon là où il faut. On a clairement le début de quelque chose, avec des schémas classiques, comme des milieux relayeurs qui se projettent dans la défense, des ailiers qui entrent vers le centre du terrain et libèrent ainsi le couloir ou qui se placent entre les lignes et même des défenseurs qui n'hésitent pas à monter pour apporter un surnombre. Il manque une certaine fluidité et rapidité dans les transmissions du ballon et un désir de se livrer un peu plus et d'être moins timides. Ça va venir, espérons même à partir de ce jeudi...

 

 

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