Ancien défenseur des Verts et du Stade Rennais, Sylvain Armand s'est longuement confié à Poteaux Carrés avant le match au sommet qui opposera les deux clubs ce samedi dans le Chaudron. Dans cette première partie de l'entretien, le vainqueur de la Coupe Gambardella 1998 revient sur sa carrière de joueur.


Né à Sainté, es-tu tombé dans le Chaudron quand tu étais petit ?

Oui ! Je suis un pur stéphanois, mes parents sont de là-bas, ils y vivent encore comme ma sœur d’ailleurs. Mon père allait au match, il a connu la fameuse épopée des Verts. Il l’avait en cassette, je l’ai regardée plusieurs fois. J’ai pu voir ces fameux poteaux carrés, auxquels je ne croyais pas trop quand j’étais jeune parce que les poteaux étaient déjà ronds à mon époque. J’ai vu plein de matches à Geoffroy avec mon père. Mes parents me disaient « si ça se passe mal à l’école, tu n’iras ni jouer au foot, ni voir les Verts ce week-end ! ». Je prenais cette menace très au sérieux car c’était très important pour moi d’aller au stade.

J’ai été longtemps ramasseur de balle pour les Verts. Mes meilleurs souvenirs de jeune supporter, c’est l’époque de Moravcik. Je me rappelle l’ancien mur du stade, il y avait un terrain derrière le Chaudron. À l’époque où il était pressenti pour aller à l’OM, c’était marqué « Lubo, on t’aime, on t’adore, ne pars pas, tu es magique ! » Cette phrase m’est restée en tête. Je trouvais ça beau que les supporters demandent au joueur de rester. Ado, je suis allé voir quelques matches dans les kops mais la plupart du temps j’étais en tribune Henri Point car c’est là qu’on avait des invitations avec les jeunes du club.

L’ASSE reste le club dont tu auras défendu le plus longtemps les couleurs !

Effectivement, enfant et adolescent je n’ai connu que l’ASSE. J’ai rejoint le club en pré-débutant, j’avais cinq ans. C’était une facilité car on n’habitait pas trop loin, à côté du Casino rue de la Montat. C’était le club le plus proche donc le plus pratique pour mes parents. J’ai fait toutes mes classes à l’ASSE, j’ai quitté le club à 17 ans juste après avoir gagné la Gambardella. Je ne garde que de bons souvenirs de mes vertes années. J’ai vécu beaucoup de choses à Sainté, la seule déception est de ne pas être passé pro dans mon club formateur. J’aurais beaucoup aimé porter le maillot vert aussi en pro, malheureusement certaines personnes en ont décidé autrement.

C’est le foot, je n’oublie pas tous les moments joyeux que j’ai connus chez les Verts. Les plateaux, les tournois qu’on faisait quand j’étais petit, c’était super ! Le tournoi de Montaigu, les fameux tournois de l’ASSE qui se déroulaient à Geoffroy-Guichard. C’étaient encore les petits buts, les buts de handball. Je me souviens qu'une fois j’avais gagné le tournoi, j’ai encore les vidéos chez moi. Je me souviens aussi des fameux stands de tirs, il fallait frapper dans les lucarnes, dans les casiers. J’ai de très bons souvenirs également des tournois de Noël à la Plaine Achille. J’y allais tout le temps, même à vélo, même quand je ne jouais pas.

J’ai connu à cette époque des formateurs que j’ai beaucoup appréciés, qui m’ont vraiment marqué : Bertrand Perrière, Joël Guitay avec son père qu’on appelait Rinet… J’ai beaucoup aimé Gilles Rodriguez. Ils m’ont fait confiance et c’était sympa. À l’époque le football n’était que du plaisir. Quand ensuite tu évolues dans le monde professionnel, il faut beaucoup batailler. Quand j’étais petit, les formateurs apportaient un peu d’exigence mais ils savaient faire la part des choses, c’est le plaisir du jeu qui l’emportait et c’était bien.

La Gambardella remportée en 1998, ça reste le moment le plus fort de tes 12 années en vert ?



Oui. C’est le premier vrai titre, dans un premier vrai grand stade, avec des joueurs qui savent vraiment jouer au foot, avec des équipes adverses de très bon niveau. En demi-finale, on bat le FC Sochaux des Pedretti, Frau, Daf, Diouf, ils exerçaient déjà en professionnel. Nous on avait Julien Sablé qui commençait aussi à s’entraîner un peu avec les pros. On touche quand même à un niveau plus élevé. On joue cette finale contre le PSG au Stade de France, avant la finale de Coupe de France entre Paris et Lens. C’était l’année de la Coupe du Monde. C’était une grande expérience, un merveilleux souvenir. Gérard Fernandez m’a rarement titularisé mais j’ai joué tout le match contre Sochaux. En finale je suis rentré à la fin, pour la séance de tirs au but ! (rire) J'ai réussi mon tir d'ailleurs.

Une finale de Gambardella, ça reste un moment fort, vraiment à part. Partir la veille à l’hôtel, s’entraîner au Stade de France. En plus c’était un grand stade que tout le monde attendait. C’est la première fois que tout le monde invitait les parents, les familles, les amis. Tout le monde suivait ! On vivait pour la première fois quelque chose « comme des professionnels ». C’était un évènement important pour nous. On nous avait dit : « Profitez, pour ceux d’entre vous qui seront dans le monde pro, vous jouerez dans des stades comme ça ». Mine de rien on ressentait une petite pression.

Pour quelles raisons n’es-tu pas passé pro à l'ASSE ?

J’ai pâti d’un «projet », d’une façon de faire à Saint-Etienne où le club allait chercher beaucoup de gens dans la région parisienne, même à l’extérieur. Ces joueurs étaient clairement privilégiés par rapport à des Stéphanois comme Olivier Sorlin ou moi. Il y en a plein d’autres qui n’ont pas réussi à signer pro l’ASSE car on ne nous donnait pas notre chance. À l’époque, c’était leur façon de faire. On préférait faire jouer les garçons qui venaient de l’extérieur. Je trouvais ça dommage, j’estimais ne pas avoir vraiment eu ma chance pour pouvoir jouer régulièrement et pouvoir montrer ce que je valais. Mais peut-être que je ne serais pas passé pro, va savoir...

Finalement, Christian Larièpe m’a dit que j’avais l’opportunité d’aller en National à Clermont-Ferrand, entraîné par René Le Lamer. Je suis allé tenter l’aventure là-bas. Sachant qu’auparavant je m’entraînais - avec l’autorisation de Saint-Etienne – et que j’allais à l’école comme des joueurs normaux du centre de formation. Mais le week-end je jouais à L’Etrat avec le club de Jean-Louis Desjoyaux. J’y ai passé de supers moments d’ailleurs, je remercie Jean-Louis car je me suis éclaté dans ce club, j’étais enfin titulaire tous les dimanches ! (rires)

Avec quels anciens coéquipiers stéphanois es-tu encore en contacts aujourd’hui ?

Je suis resté très proche de Baptiste Lafleuriel, qui s’est installé dans la région nantaise depuis pas mal d’années. Il entraîne actuellement Carquefou. C’est le parrain de ma fille. J’ai gardé des contacts avec Julien Sablé, qui est revenu dans le monde professionnel à Sainté. On garde des liens, on continue à se voir. Pour le reste, je n’ai hélas plus trop de contacts. J’ai de temps en temps des nouvelles de Sylvain Meslien par le biais de Baptiste. Mais j’aurais vraiment plaisir à revoir tous ces gens de cette époque-là. J’ai des contacts avec Alexandre Chaux, qui a joué avec la réserve de l’ASSE. Je m’entends très bien avec lui. Il bosse depuis pas mal d’années comme commercial à l’ASSE. On se voit assez souvent. Et Jean-Louis Desjoyaux m’invite dans ses loges quand j’ai la chance de revenir à Saint-Etienne. J’ai énormément aimé cette personne. C’est quelqu’un de dur mais aussi adorable et super gentil. J’ai trouvé ça très sympathique qu’il m’accepte dans son club.

Pour rappel, l’équipe de l’ASSE qui a gagné la finale de Gambardella en 1998 contre le PSG est la suivante : Dominique Férès - Jonathan Mauro (Sylvain Armand,87e), Michaël Pontal, Sylvain Meslien, David Grondin - Julien Sablé, Alassane N'Dour, Baptiste Lafleuriel, Jérôme Tagherset - Pape Thiaw, Frédéric Mendy. Tu es celui qui a accompli la carrière professionnelle la plus aboutie. Au nombre de matches joués en D1/L1 (506), tu es le 15e joueur de toute l’histoire du championnat de France, le 10e de joueur de champ. Pas mal pour un joueur qui n’a pas signé pro dans son club formateur… T’en es fier Sylvain ?

Je ne m’attache pas beaucoup aux statistiques mais c’est une fierté personnelle d’avoir connu le haut niveau pendant 18 ans. Mais je n’ai pas de fierté ou de rancœur liée au fait que je ne sois pas passé pro à Sainté. Les gens qui étaient au pouvoir, les décisionnaires de l’époque Gérard Soler et Alain Bompard, n’ont pas voulu me garder. Ils avaient leurs raisons, on ne peut pas le discuter, ça fait partie du football. J’ai dû quitter Saint-Etienne et j’ai été sacré champion de France avec Nantes contre les Verts à la Beaujoire. Ce n’est pas que tout est écrit mais tout se paye un jour.



Tu as été sacré champion de France face à tes anciens coéquipiers du centre de formation relégués en L2. Ça a dû te faire bizarre !

C’est vrai qu’en face lors de ce match j’ai retrouvé Julien Sablé, Mickaël Pontal, Sylvain Meslien, Jérôme Tagherset, etc. Mais même si c’étaient mes potes à l’extérieur, quand t’es sur le terrain, surtout pour aller chercher un titre, t’oublies les potes ! T’oublies que c’est Saint-Etienne. Quand tu vois à la fin Messieurs Soler et Bompard te féliciter malgré tout, tu te dis : « tant pis pour vous, tant mieux pour moi ! ». Peut-être que ça a fait malgré tout mon bonheur de ne pas avoir signé pro à Saint-Etienne.

Mais je n’ai pas de rancœur du tout. La vie est ainsi faite que tu ne réussis pas dans un club, tu réussis dans un autre. J’adore revenir à Saint-Etienne, j’ai toujours des attaches là-bas. Les résultats que je suis, c’est Paris et Saint-Etienne. Je suis toujours les Verts, je regarde souvent leurs matches. J’ai joué beaucoup de matches à Geoffroy-Guichard avec Nantes, le PSG et Rennes mais malheureusement jamais avec le maillot vert.

Peux-tu nous rappeler le contexte de ton arrivée à Nantes ?

Je sortais d’une très bonne saison en National avec Clermont. Beaucoup de clubs m’ont contacté, je n’avais pas d’agent à ce moment-là. Je commençais à découvrir le monde professionnel, les sollicitations, les appels, ma messagerie était bloquée quand je quittais l’entraînement. Un agent est venu me voir, Monsieur Pape Diouf. Je lui dois énormément. C’est lui qui m’a guidé, qui m’a accompagné, qui m’a éclairé. Avec tout son réseau et son caractère, il m’a aidé à faire le bon choix de carrière. On a choisi le FC Nantes car c’était un club familial et qui me voulait, qui m’avait supervisé plusieurs fois à Clermont. L’ASSE a essayé de me récupérer, voulait me faire signer un contrat pro de deux ans, mais voulait me prêter dans la foulée. J’ai dit non.

Tu as été sacré champion de France dès ta première saison de D1 !

J’ai joué dès le quatrième match à Auxerre, on avait fait 2-2. T’arrives, tu découvres le monde professionnel, tu es sélectionné en équipe de France espoirs et à la fin t’es champion de France. Je pouvais difficilement rêver mieux pour ma première saison en pro ! Tu te dis que le football, c’est facile en fait. A 20 ans, t’es champion de France. Tout le monde te dit : « Tu sais, Sylvain, ce qu’il t’arrive, ce n’est pas donné à tout le monde, y’en a, ça fait dix ou quinze ans qu’ils jouent dans l’élite et ils n’ont jamais été champions et ne le seront jamais. » Après le limogeage de Raynald Denoueix, c’est devenu plus difficile et je me suis rendu compte que le foot n’était pas si rose que ça.

Tu as marqué avec Nantes le plus beau but de ta carrière, à Rome, contre la Lazio, en Ligue des Champions. Un pion salué comme il se doit par Jean-Michel Larqué.



C’est clairement le plus beau but de ma carrière. Marquer un but venu un peu d’ailleurs en Ligue des Champions contre la Lazio. J’étais insouciant, j’ai vécu un moment magique. Ça m’arrive de le revoir de temps en temps. Pas mal cette frappe du droit pour un gaucher, non ? (rires) En face il y avait une grosse équipe : Peruzzi, Nesta, Stam, Mendieta, Stankovic, Crespo, Inzaghi… C’était d’autant plus flatteur ! Mon but nous avait permis de reprendre l’avantage et Stéphane Ziani avait marqué en fin de match.

Au-delà de ce titre et de ce but, quel bilan fais-tu de tes quatre ans à Nantes ?

Le bilan est concluant. Ma dernière saison là-bas j’ai eu l’occasion de retourner au Stade de France pour la finale de la Coupe de la Ligue. Cette fois-ci j’étais titulaire et j’ai encore réussi mon tir au but. Mais cette fois la séance a souri à l’adversaire, le FC Sochaux. On a fait globalement de bonnes saisons sauf une qui l’était un peu moins. Je n’oublierai pas que c’est grâce à Nantes que je suis devenu professionnel. C’est ce club qui m’a fait confiance, en particulier Raynald Denoueix.

Tu as quitté les Canaris pour Paris en 2004…

C’était le bon moment pour moi de rejoindre le PSG. J’aurais déjà pu y aller l’année d’avant mais à l’époque j’avais refusé car je ne me sentais pas prêt mentalement. Je pense aussi que j’avais peut-être fait le tour à Nantes, toute une génération commençait à partir, à aller voir ailleurs. C’est rare que le train passe deux fois. On a hésité avec Pape Diouf, il partait pour l’OM en tant que président, il voulait me ramener à Marseille. Finalement j’ai choisi Paris parce que j’étais fan du PSG à l’époque des Kombouaré, Guérin et Ginola. J’avais même encore la cassette de leurs matches contre le Real et le Barça. Aller au PSG, c’était quand même pour moi un petit rêve qui s’accomplissait, j’étais content d’y aller.

Que retiens-tu de tes neuf ans à Paris ?

Au-delà des titres que j’ai gagné là-bas – le championnat en 2013, la Coupe de France en 2006 et 2010, la Coupe de la Ligue en 2008 – je retiens que cette expérience m’a fait grandir et tomber amoureux du PSG. Je n’ai pas vécu que des moments faciles. Les six ou huit premiers mois, j’ai eu du mal à retrouver mon niveau de Nantes car je n’étais pas du tout dans un club familial mais dans un club plus huppé. Je me suis accroché, j’ai grandi et j’ai malgré tout réussi à jouer avec la plupart des entraîneurs. J’ai toujours tout donné, je n’ai jamais triché, j’ai fait le maximum. J’ai été un minimum récompensé. Avec l’arrivée des Qataris, j’ai eu la chance de jouer avec des joueurs de classe mondiale comme Beckham, Thiago Silva, Ibrahimovic, Pastore, Maxwell… J’ai passé des années fabuleuses et j’ai connu surtout un très grand entraîneur, Carlo Ancelotti. Il m’a fait voir ce qu’était le très haut niveau, sur le terrain comme en dehors.

Depuis que tu as quitté Paris en 2013, le bilan des Verts contre Paris n’est pas fameux. Mais à ton époque, Sainté a obtenu de bons résultats contre le PSG. C’est face à toi que Frédéric Piquionne a marqué au Parc en août 2004 ses deux premiers buts sous le maillot vert.



Oui, je m’en souviens…

C’est contre toi que Damien Perquis et Ilan ont permis aux Verts de l’emporter 2-0 au Parc en février 2007...



Ilan met un très beau but. Bon, son pied est très haut et ne passe pas très loin de ma tête quand même ! (rires) C’était à l’appréciation de l’arbitre. Il aurait pu le refuser mais il n’y a pas mort d’homme, et je dois reconnaître que c’est un superbe but. J’ai le souvenir que les PSG-Sainté au Parc étaient à l'époque des matches ouverts. Depuis les Qataris c’est plus difficile. Mais personnellement je me rappelle plus les matches à Geoffroy-Guichard. C’était toujours particulier pour moi car je revenais à Sainté, je retournais dans ma famille, j’invitais du monde et j’étais fan des chants de Geoffroy-Guichard, dès l’échauffement. L’ambiance du Chaudron, c’est quelque chose !

A l'aller, Sainté avait gagné 1-0 et Ilan n'était pas hors jeu Sylvain !



T'es sûr ?

Certain. Tu étais aussi sur le terrain quand Mouhamadou Dabo a marqué en septembre 2008 dans le Chaudron un but victorieux resté dans les mémoires.



Exact. Il avait mis une sacrée frappe !

Revenons sur le match nul entre les deux équipes quelques mois plus tôt au Parc des Princes. Les buts avaient en effet été inscrits par des garçons que tu apprécies beaucoup ! Loïc Perrin avait ouvert le score et Jérémy Clément avait égalisé, tu étais d’ailleurs impliqué sur cette action.



Effectivement, je les apprécie énormément. Loïc, c’est LE joueur du club, exemplaire, irréprochable, qui donne tout pour ses couleurs. Au-delà du personnage en lui-même, c’est quelqu’un que je connais à l’extérieur. Je l’ai encore eu avant-hier au téléphone. Il est d’une simplicité et d’une gentillesse qui sont rares dans le football d’aujourd’hui. Saint-Étienne a énormément de chances de l’avoir eu et surtout – je l’espère – de l’avoir encore dans un nouveau rôle. Loïc, c’est quelqu’un en or, beaucoup de joueurs devraient prendre exemple sur lui. C’est quelqu’un qui n’a jamais eu un mot plus haut que l’autre, qui a toujours fait ses matches. Sa sortie m’a beaucoup peiné. J’étais au stade de France pour la finale de Coupe de France. Il ne méritait pas de finir là-dessus. Tu sais, les fins de carrière sont particulières pour certains. Moi aussi j’aurais aimé que ma carrière se finisse autrement....

Quant à Jérémy, j’ai tout de suite sympathisé avec lui à Paris. Dans le vestiaire, j’avais mis « Tes états d’âme » de Luna Parker. C’était sa chanson préférée.



Il me dit : « T’aimes bien ça ? » Je lui répondu : « Ben oui, si je l’ai mis, c’est que j’aime bien ! » (rires). Jérémy m’a dit : « on va bien s’entendre alors ! » On s’est très bien entendu et on est devenu très proches. Comme Loïc, c’est quelqu’un de simple. Bon, c’est vrai que Jérémy a son caractère, il peut être parfois boudeur. On s’appelle pas mal et on se voit souvent. Je suis le parrain de son dernier fils. On est parti en vacances ensemble, je vais le voir en Isère. Je suis allé le voir cet été à Bourgoin, j’ai assisté à ses entraînements, j’ai vu un match amical, j’ai discuté avec ses dirigeants, j’ai fait un soccer avec lui. Jérémy est quelqu’un d’extraordinaire, hélas je pense que sa blessure contre Nice l’a bien handicapé sur sa fin de carrière.

Loïc et Jérémy étaient titulaires lors du dernier match que tu as joué contre les Verts avec le maillot parisien. Tu t’en souviens ?

Bien sûr ! C’était en quart de finale de la Coupe de la Ligue, dans le Chaudron. Trois semaines avant je n’avais pas joué le match que les Verts avaient gagné au Parc grâce à Aubame. Mais cette fois j’étais titulaire. On avait perdu aux tirs au but après un match nul et vierge.

Saint-Etienne s’est encore qualifié aux tirs au but contre Lille en demi avant de battre le Stade Rennais. Tu as rejoint ce club quelques semaines plus tard…

Exactement. Je venais d’être champion avec Paris, j’avais tout gagné là-bas. J’allais sur mes 33 ans et je voulais avoir du temps de jeu. Le PSG souhaitait me prolonger d’une année ou deux mais j’ai préféré quitter le club. Olivier Létang et Leonardo ont été compréhensifs, ils m’ont libéré. Ils ont fait montre tous les deux d’une très grande classe.

Quel bilan fais-tu de tes quatre saisons à Rennes, les dernières de ta longue carrière de joueur ?

Un très bon bilan. J’ai fait ce que j’ai voulu faire, c’est-à-dire ne pas arriver en pré-retraite. J’étais venu pour jouer et pour me faire plaisir, c’est ce que j’ai réussi à faire. J’ai fait des saisons correctes, globalement satisfaisantes, tant d’un point de vue collectif que d’un point de vue individuel. Le seul regret que j’ai, c’est de ne pas avoir pu faire un dernier match contre Monaco. J’avais invité beaucoup de monde au stade pour ce qui aurait dû être mon dernier match. Je pensais que ça allait être une belle fête pour moi, j’avais l’occasion de jouer un 507e et dernier match.

Il n’y avait plus rien à jouer pour le Stade Rennais, je m’attendais à entrer en jeu. Christian Gourcuff en a décidé autrement. Je l’ai en travers de la gorge, je n’ai pas trouvé ça très humain de sa part. Je pense que quand t’as fait 506 matches de L1, 642 matches toutes compétitions confondues, t’es quand même capable de jouer au moins quelques minutes et de faire trois passes correctes. J’étais en manque de temps de jeu mais j’étais bien entraîné, j’étais encore en forme. J’aurais aimé être titulaire et sortir sous les applaudissements, ou à défaut entrer en fin de match. C’était la moindre des choses, j’aurais été capable de jouer dix minutes.

 

Dans le second volet de l'entretien, Sylvain évoquera sa reconversion et le choc qui opposera samedi Sainté et Rennes.