C'est la trêve, déjà neuf journées en championnat : le moment de faire un petit bilan autour de quelques statistiques sur le jeu offensif stéphanois.


Influence venue d'outre-Atlantique ? Le recours aux statistiques explose dès lors qu'on parle de foot, sans qu'on sache très bien estimer jusqu'à quel point les analyses qu'on en fait sont recevables. On peut même de bonne foi penser qu'elles ne servent à rien, puisqu'elles ne démontrent que des choses qu'on peut voir en regardant les matches.

 

Or, s'il y a un débat que le visionnage des matches ne tranche pas, c'est celui de savoir si l'ASSE est réellement une équipe particulièrement prudente et peu audacieuse. Poteaux Carrés va donc tester ce terrain, sans présumer de ce qu'il va trouver, à partir de quelques données disponibles sur FourFourTwo - on se restreindra aux matches disputés en Ligue 1.


1/ Les Verts dans la moyenne


Voilà à quoi ressemble en chiffres un match moyen de l'ASSE cette saison :
* 55% de possession de balle
* plus de 75% de passes réussies (342/444)
* un petit tiers de passes réalisées dans les trente derniers mètres (139) – qu’on appellera passes offensives par commodité
* moins de 13 tirs
* un ratio d’environ 38 passes pour déclencher une frappe

Le tableau récapitulatif pour les Verts :
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Si bien sûr les adversaires ont des indicateurs plus faibles en valeur absolue (moins de possession, moins de passes, moins de tirs), les proportions sont comparables pour ce qui concerne les ratios : 72,5 % de passes réussies, 30% de passes offensives, 34 passes nécessaires pour déclencher une frappe.

Les performances adverses :
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2/ L'exception normande

La défaite à Caen sort vraiment du lot statistique : hormis Lorient et Bastia (en infériorité numérique immédiate), les Normands ont subi comme aucun autre la domination verte. Même pas 39% de possession de balle, un nombre de passes ridicule (moins de 300 ; Lorient fait mieux !), un déchet énorme (40% de déchet – tous les autres naviguent entre 22 et 32%), et un pourcentage de passes offensives à peine passable.

Les Verts ont à l’inverse présenté une prestation apparemment parmi leurs meilleures, hormis sur le ratio tir/passes assez catastrophique – de 45,2 contre 20,7 pour Caen, ce qui est au passage un résultat remarquable. Bref, Caen a joué le contre à merveille.

Attardons-nous sur ce ratio tirs-passe, car il est presque directement corrélé aux victoires des stéphanois. Il faut donc en moyenne 38 passes pour voir un stéphanois tirer : l’ASSE a remporté 4 des 5 matches où elle a réussi à faire moins que cette moyenne, l’exception étant la défaite contre Nice. A l’inverse, quand cette moyenne est dépassée, les résultats sont mauvais : défaites contre Toulouse et Caen, nul contre Bordeaux et victoire laborieuse contre Lorient.

Il est en revanche difficile de vérifier cette corrélation du côté des adversaires.


3/ Ne soyons pas trop hâtifs

Pas de hâte donc, dans les conclusions. Neuf matches ne font pas une série suffisante pour conforter des certitudes. Pour le moment, les chiffres confirment sans surprise que l'ASSE est une équipe qui préfère avoir le ballon. Ils tendent en revanche à montrer que Sainté n'a pas en moyenne un jeu plus prudent ou moins offensif que ses adversaires - en tout cas dans les confrontations directes. Pour tester jusqu'au bout cette affirmation, il serait nécessaire de calculer les ratios pour chacun des clubs de L1 sur l'ensemble de leurs matches : tâche réellement chronophage, les volontaires éventuels peuvent se signaler sur le forum !


De l'observation des deux ratios d'attaque (pourcentage de passes offensives, et nombre de passes nécessaires pour déclencher une frappe) semble se dégager un phasage en deux étapes séparées par la première trêve internationale. D'abord, un démarrage prudent (Toulouse, Bordeaux, Lorient) conclu par un sursaut d'orgueil contre Bastia. La deuxième phase, si elle se conclut par une inoffensivité spectaculaire à Caen, est cependant assez homogène.

Peut-on faire le pari que cette mise en évidence de séries par phases se rééditera ? On n'aura probablement jamais terminé d'insister sur la notion de dynamique : les matches ne se prennent en réalité jamais les uns après les autres...