Mardi, Blaise Matuidi saura s’il fait partie des 23 Euro-élus choisis par Laurent Blanc pour aller tripoter le ballon en Ukraine et Pologne. Stéphane Ruffier, hélas, sait déja qu’il n’en sera pas. Selon une légende urbaine savamment entretenue, le pédigrée des Verts l’empêcherait de re-goûter aux Bleus…
Avant ses dommageables errements contre Nancy et Bordeaux, Ruffier nous avait gratifié d’une saison (oh hisse) immaculée. Propre, nette et sans bavure, au point qu’ont germé au printemps ici ou là de nombreux articles élogieux à son endroit.
Qu’y lisait on ? A juste titre que la bonne santé de l’ASSE devait beaucoup à son dernier rempart, mais également que l’ambition n°1 du joueur était de regoûter à l’équipe de France. Et, dans une harmonie touchante que ne renieraient pas les fanfares nord-coréennes, tous les journalistes ne manquaient pas de préciser, déclarations d’éminents spécialistes à l’appui (Baup dans la Pravda Mag…), que cette ambition passait nécessairement par un exil dans un club européen.
L’idée est si communément admise que personne ne la remet en cause. Elle résiste pourtant mal à l’analyse, par exemple, du parcours des derniers Verts appelés en Bleu.
Ainsi, depuis 2008, alors qu’ils portaient brillamment ce maillot étoilé que toute la France nous envie, Bafé Gomis, Mouhamadou Dabo, Blaise Matuidi et Dimitri Payet ont été appelés dans le groupe France pour la première fois.
Depuis, seul Blaise est régulièrement appelé par Laurent Blanc.
Les trois autres, pourtant partis dans des clubs jouant (ou ayant joué … rien que de l’écrire me fait frissonner l’échine) la Ligue des Champions vivent les matchs de l’EDF depuis leur canapé, Dabo et Payet n’ayant même jamais remis un orteil à Clairefontaine…
Alors quoi ? On nous aurait menti ?
Bien entendu. Les exemples sont nombreux et ne concernent pas que les Verts. Ainsi Gignac, appelé au cœur de sa période Toulousaine et condamné depuis son transfert sur la Canebière à voir ses petits (voire tout petits…) copains partir sans lui aux rassemblements bleus.
Encore plus symptomatiques sont les cas de M’Vila et Martin : chacun de ces joueurs est devenu un membre permanent du groupe France tout en ne jouant pas (ou si peu/mal…) l’Europe pour l’un, voire en se battant pour le maintien pour l’autre.
Et Giroud ? Considéré aujourd’hui comme l’atout offensif n°2 des Bleus et convoqué pour l’Euro sans que personne n’y trouve à redire, quelle expérience européenne peut-il faire valoir à ce jour ? Aucune.
Qu’en déduire alors ?
Que par méconnaissance du football, par paresse intellectuelle (une idée reçue, il est tellement pratique de la re-servir à l’envi sans se donner la peine de la triturer pour vérifier qu’elle est fondée), par habitude voire par intérêt (l’agent de Ruffier, qui a dû confondre les mots carrière et salaire, nous a ainsi très récemment expliqué que, pour son poulain « il est très important pour son évolution de carrière qu’ils joue le plus vite possible la Coupe d’Europe »), on en vient à convaincre un joueur pourtant épanoui dans un club en progression qu’il doit vite se faire la malle.
Car enfin, Stéphane, si tu nous lis, reprends les noms évoqués plus haut et ne doute plus une seconde qu’un sélectionneur choisit ses joueurs d’abord en fonction de leurs performances du moment (Giroud, Gignac et Gomis jadis … Gourcuff … nan j’déconne) mais aussi dans l’idée de la continuité d’un groupe (Martin, M’Vila), de l’allégeance à ses idées (Diarra, Gourcuff), ou de leur contribution à la vie commune au dela de leur intérêt propre (en particulier pour le 3ème gardien condamné à jouer les animateurs pendant la durée de la compétition).
Moralité : si on considère que le niveau du joueur est le facteur premier de sa « séléctionnabilité », et si on admet que c’est dans un environnement stable et sain qu’un joueur peut aligner les perfs de haut vol, alors, il est clair que c’est en vert que Ruffier aura une seconde chance en bleu, car c’est bien connu, le facteur sonne toujours deux fois.
Parasar
Parasar