Rien ne sert de courir, il faut partir àpoint dit la fable...
- Mais papa je suis pas aussi fort que la maîtresse en polésie !
- Mais si Bernard, pour faire de la belle polésie tu prends deux rimes. Par exemple défaite et démission « aite » et « on ». Tu colles nimporte quoi devant et tu as une très jolie polésie. Je sais pas moi euh…
Encore une défaite, Samedi dans le chaudron
Ils vont demander ma tête , Direction démission
- C’est malin…
- En fait Bernard tu as raison, tu n’es pas fort en polésie, tu as tout oublié. Tu te mélanges les stylos mont blanc, tu vois des lièvres flatter des corbeaux, des tortues courir plus vite que des agneaux et des loups bouffer les renards. En polésie comme en mathématiques rien n’est pourtant plus important que les bases. Pour les maths, je ne suis pas inquiet, tu peux t’appuyer sur ton ami Vincent qui sait si bien que 6,5+4 < 15. Bon le souci est qu’il compte en euros, oubliant qu’en football c’est plutôt en buts qu’on compte. Et de ce point de vue, quand il s’apercevra que l’addition des buts d’un Bergessio, d’un Sanogo et d’un Fernandez est inférieure au total d’un Gomis, il ne lui restera plus qu’à prendre la tangente avant que les sups ne veuille lui faire la tête au carré.
Mais ne dérangeons pas plus Vincent qui a suffisamment à faire avec l’équation insoluble des départs gratos d’Ilan, Dabo ou Benalouane à la fin de saison et revenons à la polésie, si tu veux bien Bernard. Pourtant les lettres, ça te connaît toi, qui, chaque fin de saison, acceptes la publication de ton journal intime dans la bible du football ? - C’est pas de la polésie, c’est de la prose !
- Ok. Bon tu sais en polésie, les bases, c’est La Fontaine. - … ?
- Mais si Bernard, souviens toi, à l’époque d’autres que Roland tentaient de te faire rire quand tu montais, tendu comme une veille de derby sur l’estrade réciter ta polésie. - M’en parle pas, j’en avais les pieds moites dans mes sandales..
- Bon ben tu dois bien te souvenir, Le lièvre et la tortue ? Mais si, la tortue qui se hâte avec lenteur, pendant que le lièvre broute, se repose, s’amuse à toute autre chose et part trop tard ! - Un peu comme un club de foot qui déciderait de démarrer sa saison vers mi septembre, pensant qu’avec les talents dont regorge son effectif il aura largement le temps de se refaire la cerise ?
- Ah, ça y est tu saisis… Depuis fin août le peuple vert, jusqu’ici agacé et stressé par la lenteur du remplacement de Gomis, était soulagé par la victoire contre Grenoble et se prenait à rêver d’un remake à la sauce gaucho du miracle Alex-Aloisio. Las, Rennes nous a marché dessus pendant 45 minutes rappelant au passage qu’une équipe qui, outres ses défauts récurrents (fragilité physique hallucinante, absence de leader moral, de dépositaire du jeu, d’esprit de révolte), aligne un quatuor offensif dont trois joueurs (Sanogo, Bergessio, Fernandez) sont nouveaux au club, n’ont pas fait la préparation et n’ont jamais joué ensemble, et dont le quatrième, du haut de ses 19 ans, est baladé de poste en poste, ne peut décemment prétendre prendre des points chez une pointure du championnat.
Les amours perdues ne se retrouvent plus chantait Gainsbourg, que notre Janot de nouveau condamné aux miracles à répétition, aurait pu citer quand il évoquait après le match le mois d’aout que le club n’a pas fini de trainer comme un boulet.
Les Verts ne sont pas prêts, c’est à la fois incontestable et logique compte tenu de la date d’arrivée de son armada offensive. On peut se rassurer en considérant que le temps fera son œuvre, à la réserve près que l’adaptation d’un joueur venu de loin reste un pari.
Qui pourra croire que ce pari puisse être gagné si d’aventure Auxerre venait nous infliger une cinquième défaite en six journées (dont quatre à GG) samedi ? Aussi recevables soient-elles, les explications et justifications à base de « c’était notre premier choix » de nos dirigeants quant au planning de notre intersaison ne les exonèrent pas de leur responsabilité dans le recrutement le plus tardif de l’hexagone.
Ils ont fait le choix de sacrifier le début de saison, affichant une confiance gonflée dans la capacité du groupe à se relever. Confiance illustrée par le discours étonnant (qui a dit lénifiant ?) de Perrin sur le niveau de son équipe et la qualité de ses prestations.
Les supporters ont vécu la fin de saison dernière comme une délivrance, la fin d’un long calvaire. Par sa gestion « façon lièvre » de l’intersaison, l’ASSE prolonge leur torture. Espérons qu’ils ne soient pas encore les dindons de la fable.