Quand l'adversaire est nettement supérieur, c'est grâce au mental ou à une approche tactique pertinente qu'on peut obtenir un résultat. Et ce sont exactement les ingrédients qui ont manqué aux Verts contre Paris. Contre Monaco ces ingrédients étaient présents, mais pas assez pour combler la différence de niveau.
La gifle contre Paris
Il est impossible de parler de schéma tactique ou plan de jeu contre Paris, tellement les Verts n'y étaient pas. C'était un match de gala, un match de fête, un match d'adieu... mais ça n'a pas été visible dans le comportement des joueurs sur le terrain. A un tel point, que ça a été très difficile de deviner le système de jeu stéphanois. Les Verts des dernières semaines défendaient en 4-1-4-1 avec Selnaes entre les lignes, avec Saivet (ou Pajot) à côté de Veretout dans la ligne des milieux et avec Beric seul devant. Contre Paris, le choix a été de faire un marquage individuel sur les trois milieux axiaux adverses. On ne peut donc pas parler de défense en 4-1-4-1 ou 4-4-2 : tout simplement on ne défendait pas en bloc, on faisait un pressing haut (en suivant ces axiaux).
Si on regarde un exemple à la 13ème minute, les Parisiens essayent de passer à gauche, ils n'y arrivent pas, alors le milieu central revient en arrière :
Si on regarde un exemple à la 13ème minute, les Parisiens essayent de passer à gauche, ils n'y arrivent pas, alors le milieu central revient en arrière :
Le ballon est envoyé d'un milieu à un autre et les nôtres commencent à les serrer. Le jeu adverse est basé sur un grand nombre de passes entre les milieux, éventuellement incluant un défenseur ou un attaquant dans les combinaisons :
Veretout, Saivet et Selnaes sont chacun à côté d'un milieu adverse. Et quand un d'entre eux se retourne pour chercher des solutions, il est suivi de près par notre milieu :
Nos milieux interchangent parfois, mais la règle est toujours maintenue : chaque milieu axial adverse doit avoir un des nôtres sur le dos :
Cette manière de défendre, en marquage individuel sur les milieux axiaux, peut marcher à une seule condition : que les un-contre-un ne soient pas gagnés trop facilement par les Parisiens. Malheureusement ça n'a pas été le cas, le milieu adverse, bien aidé par les défenseurs quand il fallait se sortir de leur propre moitié, a largement pris le dessus sur le nôtre. Nos axiaux ont beaucoup couru, mais dans le vide et à chaque fois qu'ils étaient dépassés, un décalage se créait.
En phase de possession, les Verts des dernières semaines recentraient les ailiers pour laisser les couloirs aux latéraux. C'est difficile de dire si ça a été le cas contre Paris, on n'a rien pu construire, étant complètement privés de ballon - avec seulement 21% de possession en 1MT, le seul jeu qu'on a pu pratiquer a été celui de contre - et même celui-là sans réussite.
En phase de possession, les Verts des dernières semaines recentraient les ailiers pour laisser les couloirs aux latéraux. C'est difficile de dire si ça a été le cas contre Paris, on n'a rien pu construire, étant complètement privés de ballon - avec seulement 21% de possession en 1MT, le seul jeu qu'on a pu pratiquer a été celui de contre - et même celui-là sans réussite.
En 2MT, pour mieux contrer le jeu parisien (basé lui aussi sur des ailiers axiaux et latéraux offensifs), le choix du staff stéphanois a été de passer dans un 3-5-2, ou plus précisément un 3-4-1-2 avec Corgnet en soutien de Hamouma et Beric. Trois centraux pour les trois attaquants adverses, des joueurs de couloirs en 1-contre-1, une réponse tactique tout à fait appropriée, presque la même utilisée au match aller. Par contre, pour que ce système marche, il faut bien le travailler et il faut avoir des joueurs qui en ont envie de jouer.
Les milieux adverses combinent - un d'entre eux s'était projeté dans le dos de Malcuit, mais suivi par son adversaire direct, Veretout, alors il revient pour recevoir le ballon. Corgnet et Veretout se retrouvent en 2-contre-2 contre deux milieux adverses :
Malcuit tient son couloir, où le latéral gauche adverse propose une solution et c'est la même chose de l'autre côté où KMP attend un éventuel appel de son latéral. Sur cette image on voit bien les trois attaquants adverses, très axiaux et donc l'intérêt d'avoir trois centraux. Les axiaux adverses combinent et font des appels...
... sans être suivis par Veretout et Corgnet. Un d'entre eux reçoit le ballon entre les lignes, l'autre l'accompagne, nos milieux trottinent derrière et le décalage est créé. KTC doit sortir pour couvrir, laissant ses compères en sous-nombre dans l'axe. Le jeu continue entre les mêmes deux milieux :
Et même si le centre est repris par l'avant-centre situé entre Perrin et Pogba, il y avait deux autres adversaires au deuxième poteau, libres. Sur cette image on voit Veretout qui avait lâché l'affaire, mais Corgnet n'est même plus visible...
Défendre en 3-5-2 contre Paris peut avoir du sens... mais ça crée des duels en un-contre-un, largement gagnés par l'adversaire. Pire, il semble que cette tactique n'a pas été préparée et a été probablement décidée à l'arrache pendant la pause. Cette précipitation visible dans le manque d'alignement entre les défenseurs, responsable des deux derniers buts et d'autres occasions concédées. Par exemple, le 4ème but :
Défendre en 3-5-2 contre Paris peut avoir du sens... mais ça crée des duels en un-contre-un, largement gagnés par l'adversaire. Pire, il semble que cette tactique n'a pas été préparée et a été probablement décidée à l'arrache pendant la pause. Cette précipitation visible dans le manque d'alignement entre les défenseurs, responsable des deux derniers buts et d'autres occasions concédées. Par exemple, le 4ème but :
On voit bien le 3-4-1-2 stéphanois, mais aussi le positionnement d'un ailier adverse, qui n'est pas dans l'axe, mais dans le dos de Malcuit. Qui devait le prendre, KTC - laissant chaque central en duel direct avec un adversaire - ou Malcuit - comme dans une défense à 4 ? Peu importe, aucun des deux l'a fait et la qualité de la passe, pile dans l'appel, ne nous a laissé aucune chance.
Bref, les joueurs n'y étaient pas, le match n'a pas été préparé, la différence de niveau n'a pas été comblée, même pas partiellement, et la fête a été gâchée.
Le béton contre Monaco
Trois jours après un 5-0 à la maison, en jouant chez une équipe au moins aussi forte, prête à fêter son titre, on peut comprendre que le staff stéphanois ait préféré éviter un autre score fleuve. Alors le choix tactique a été assez simple : bétonner au maximum avec un bloc ultra-défensif placé en 5-4-1 :
Le choix n'a pas été seulement de mettre beaucoup de monde dans l'axe, mais aussi d'utiliser un certain profil de joueurs : après la sortie sur blessure de Maiga, les 4 au milieu étaient tous des axiaux, aucun joueur de couloir parmi eux. La raison est simple, le jeu monégasque est très axial, comme on peut le voir sur l'image ci-dessous, avec un 4-4-2 où les deux excentrés jouent dans l'axe :
Cette tactique de bétonnage a été plutôt efficace, les adversaires se créant moins des situations franches qu'à leur habitude.
Quand on abandonne (ou on n'arrive pas avoir) la possession - seulement 33% en 1MT, les contres sont le seul espoir pour se créer des occasions. Malheureusement, on ne peut pas dire qu'on ait été très bons dans cet exercice, les joueurs de Monaco étant quand-même exceptionnels dans leur défense après une perte de balle. Un exemple parmi tant d'autres, à la 25ème :
Aidé par Clément, KTC récupère le ballon dans notre surface. Il combine avec Lemoine, qui l'envoie vite vers l'avant, via Clément jusqu'à Saivet. On ne balance pas loin devant, on essaye de s'en sortir proprement et même de se projeter vite. Sur l'image précédente on voit 7 Monégasques autour de notre surface, mais sur la suivante on voit qu'il y avait 9 dans nos 30m :
Avec autant de joueurs montés, c'est clair qu'il y avait un coup à jouer en contre. Malheureusement, tous nos joueurs étaient dans nos 30m aussi. Saivet n'a pas d'options en profondeur, alors il écarte sur le côté, dans la course de Nordin. Le tout est bien fait, le jeune attaquant (latéral dans ce match) essaye de monter avec le ballon :
Mais si une partie des adversaires a reculé, les autres sont restés haut et ils enferment Nordin sur son côté, en lui bloquant toute possibilité de passe. Il revient donc et donne le ballon à Lemoine, qui lui le redonne :
L'étau adverse continue à serrer et à enfermer le porteur de balle dans un coin - la solution passe par KTC et Ruffier, mais le contre a été éteint avant qu'on sort de notre moitié...
Et finalement ce sont nos adversaires qui nous ont donné des leçons de contre - presque paradoxalement vu leur appétit pour la possession du ballon. Plusieurs actions dans les deux matchs, Paris et Monaco, ont suivi le même schéma et ont amené la moitié des 7 buts encaissés : ballon perdu par les Verts dans la moitié adverse et projection très rapide vers notre but, avec des passes en profondeur pour la vitesse de leurs attaquants :
De son couloir, Nordin joue vers l'axe, via Lemoine jusqu'à Veretout. Les adversaires sont en place, même si la ligne des 4 milieux contient des défenseurs (on n'avait pas des attaquants de couloir, leurs milieux n'étaient pas nécessaires sur les côtés). Le bloc adverse se resserre autour du porteur de balle, Veretout :
Il essaye de passer balle au pied entre les deux axiaux adverses, mais il est dépossédé et 2 secondes plus tard l'attaquant adverse se retrouve en face-à-face contre Ruffier pour l'ouverture du score.
La différence de niveau entre l'ASSE et ces deux équipes est incontestable. Contre Monaco, un plan de jeu assez bien préparé nous a permis de les contenir. Mais ils ont bien profité de nos erreurs, tout en ne nous laissant aucune chance de profiter de leurs. Contre Paris, ni le plan de jeu initial, ni celui vite préparé à la pause, n'ont marché, tout simplement parce qu'ils demandaient que nos joueurs se donnent à fond - ce qu'ils n'avaient apparemment pas trop envie de faire. Et donc le score a été logiquement plus lourd. Ces équipes se nourrissent du manque de maîtrise de leurs adversaires. Et comme on peut difficilement associer le mot maîtrise avec les Verts de cette fin de saison, prendre autant de buts devient une normalité.
Ça sera différent pour le dernier match de la saison, à Nancy, équipe obligée de gagner, mais sans être habituée à produire du jeu offensif. Pour finir ce triste mois de mai, les Verts n'auront qu'à prendre exemple de ce qu'ils ont subi pendant ces deux matchs : profiter au maximum du manque de maîtrise adverse et punir l'adversaire dès qu'il commet une erreur. En partant bien sûr de l'hypothèse que les joueurs voudront finir la saison avec un peu de fierté...
La différence de niveau entre l'ASSE et ces deux équipes est incontestable. Contre Monaco, un plan de jeu assez bien préparé nous a permis de les contenir. Mais ils ont bien profité de nos erreurs, tout en ne nous laissant aucune chance de profiter de leurs. Contre Paris, ni le plan de jeu initial, ni celui vite préparé à la pause, n'ont marché, tout simplement parce qu'ils demandaient que nos joueurs se donnent à fond - ce qu'ils n'avaient apparemment pas trop envie de faire. Et donc le score a été logiquement plus lourd. Ces équipes se nourrissent du manque de maîtrise de leurs adversaires. Et comme on peut difficilement associer le mot maîtrise avec les Verts de cette fin de saison, prendre autant de buts devient une normalité.
Ça sera différent pour le dernier match de la saison, à Nancy, équipe obligée de gagner, mais sans être habituée à produire du jeu offensif. Pour finir ce triste mois de mai, les Verts n'auront qu'à prendre exemple de ce qu'ils ont subi pendant ces deux matchs : profiter au maximum du manque de maîtrise adverse et punir l'adversaire dès qu'il commet une erreur. En partant bien sûr de l'hypothèse que les joueurs voudront finir la saison avec un peu de fierté...
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