L’équipe

Trois changements par rapport à l’équipe qui a battu Lorient : Ghoulam reprend sa place de latéral gauche, Guilavogui remplace poste pour poste Lemoine sans doute fatigué, et Gradel prend la place de Batlles.
Ce dernier choix, pour le coup, change l’équilibre de l’équipe : les Verts vont se présenter dans un 4-4-2 tout ce qu’il y a de plus classique, avec deux pointes et des meneurs de jeu excentrés. Plus étonnant, Gradel va très peu décrocher : c’est Aubameyang qui va –du moins en 1ère MT – aller chercher des balles derrière, ce qui est un rôle très différent de celui qu’il pouvait endosser depuis quelques matches.

Dans la continuité de ce qui se fait depuis deux matches, les ailiers vont régulièrement permuter au cours de la partie : Sako et Nicolita d’abord, puis Sako et Gradel ; l’entrée de Batlles pour Nicolita à la 63’ va en effet écarter l’ivoirien sur les ailes. Cette entrée de Papy Lolo ne changera pas grand-chose cependant à l’animation offensive des Verts.

Le déroulement


Auxerre a un plan de jeu bien défini et s’y tiendra du début à la fin : on défend à 9 dans notre camp, et Oliech seul à l’autorisation parfois de passer la ligne médiane pour presser. Pour dire : à la demi-heure de jeu, Mignot arrivera même balle au pied dans les 30 derniers mètres, sans être attaqué.
Le bloc défensif auxerrois s’organise autour de deux lignes de 4 joueurs très resserrées. Au cas où cependant, Mandjeck se place entre ces deux lignes, histoire de supprimer le peu d’espaces qui pourraient éventuellement apparaître. Dès la récupération, NDinga a pour mission de se porter le plus vite possible vers l’avant ; on jouera en relances longues pour lui ou pour Oliech, en espérant que l’heureux élu puisse faire la différence tout seul ou garder le ballon suffisamment longtemps pour que du soutien arrive. Je crois que ce sera difficile de faire plus subtil dans l’analyse du kick’n’rush.

Le déroulement de la 1ère mi-temps est le suivant : Sainté essaie de porter vers l’avant, perd le ballon, grande balle devant d’Auxerre et Oliech fait la misère aux défenseurs centraux parce qu’il est taillé pour le sprint bien qu’il soit plus carré d’épaules que Mignot et Marchal. D’ailleurs ses pieds aussi sont carrés, et heureusement pour nous. Toutes les occasions d’Auxerre (même le CF de la 20’) se calqueront sur ce modèle, avec éventuellement la variante NDinga déjà évoquée. Ruffier sortira le grand jeu, et on ne peut que l’en remercier. Le plan de jeu d’Auxerre va tellement déstabiliser les Verts qu’à la fin de la période, l’équipe va littéralement se couper en deux, les défenseurs + Clément ne voyant plus que de loin le reste de l’équipe.

Pourquoi Sainté n’y arrive pas ? Le 4-4-2 a ceci de paradoxal que c’est un système de jeu basé sur des couples (avant-centres, milieux-centres, latéral/ailier…), mais qui doivent combiner entre eux en triangles. Or il y a si peu d’espaces qu’il est quasiment impossible de les créer, ces triangles. Je crois qu’il n’y en a qu’un seul qui s’est formé en 1ère mi-temps, à la 34’ : ouverture d’Ebondo, contrôle et remise de Gradel pour Nicolita qui centre, avec un corner à l’arrivée.
L’autre arme du 4-4-2, c’est la contre-attaque : pas facile d’en développer face à une équipe si retranchée. A cela ajoutez une absence quasi-totale de prise de risque individuelle et des coups de pied arrêtés médiocrement tirés, et vous avez là un superbe cocktail soporifique.

Allez, on va quand même commenter une action. A la 15è, Oliech fait mine de presser Guila qui pense donc pouvoir remettre tranquille de la tête derrière ; manque de pot le sprinteur a anticipé et prend tout le monde de vitesse pour tirer sur Ruffier. Sur la relance, Sainté profite d’une de ses seules occasions de contre-attaques pour se mettre en position de centre mais sans danger pour Auxerre. Il faut dire que même à la fin d’un contre rapidement mené (comme cela arrivera aussi en 2è MT, à la 61‘), il y a toujours au moins 6 icaunais dans leur surface.

En deuxième mi-temps, les dix premières minutes sortent un peu de la morosité, notamment grâce à l’activité de Gradel qui aspire les ballons et tente (enfin !) des dribbles. Mais très vite on comprend que Galtier a demandé en priorité à ses joueurs d’empêcher Auxerre d’avoir des situations de contre : à partir de la 55’, Clément et Guilavogui vont jouer quasiment au niveau de leurs défenseurs centraux Mignot et Zouma - Marchal étant sorti blessé à la mi-temps. On alternera entre passe à 10 et longues balles sans espoir. On espère qu’Auxerre va sortir et se découvrir. Peine perdue : entre la 45’ et 80’, l’AJA ne gardera la balle plus de 20 secondes que sur 2 phases de jeu.
Comme un symbole : à la 68’, les Verts font tourner la balle entre défenseurs et Clément pendant plus d’une minute. La première passe vers l’avant est interceptée, l’auxerrois tape un coup devant pour Oliech qui contrôle et se fait prendre la balle. Et on recommence.

L’entrée de Batlles ne changera rien : s’il a jamais eu la consigne ou le souhait de mener le jeu, il n’y pourra pas du fait principalement du placement de Mandjeck. Il essaiera bien de dézoner un peu ; mais pour toucher le ballon, il devra soit revenir au niveau de Clément, soit s’exiler le long de la ligne de touche. Totalement neutralisés dans l’axe, les Verts se crééront quelques situations de centre, mais jamais dangereuses, plus de la moitié de l’équipe icaunaise restant dans sa surface dans ce genre de situations.

Les dix dernières minutes tournent à la mascarade. A la 82è, les stéphanois commencent une nouvelle passe à 10. Dix secondes plus tard, Oliech sort de son camp et presse mollement. Le toro mené par Zouma, Mignot et Clément dure environ une minute ; c’est alors que NDinga franchit lui aussi la ligne médiane pour faire semblant de presser. Il faudra encore une minute pleine de possession stéphanoise pour que le reste des auxerrois se décide enfin à essayer de conquérir la balle. La seule animation de cette fin de match restera cette scène surréaliste où l’arbitre demande à Galtier de « dire à ses gars de jouer » ! Un triste 0-0.

 

Olaf