13 juin 1981 : Pas assez Maures de faim !


En Coupe de France, comme en championnat, elle est riche notre histoire. Elle est belle, elle est grande, elle est mouvementée. Pour meubler la longue et incertaine attente qui nous sépare de notre 11ème finale de Coupe de France, P² vous propose de revenir sur les 10 qui l’ont précédée :
1941, 1960, 1962, 1968, 1970, 1974, 1975, 1977, 1981, 1982.
Dix finales dont les dates, si on y regarde de près, disent tout de notre domination sur le football français pendant deux décennies.
En 23 éditions, entre 1960 et 1982, les Verts sont en effet montés 9 fois à Paris. Sur cette même période ils devancent … les Vilains (6 finales), et Monaco et Nantes (4 finales chacun).

 

13 juin 1981 : ASSE 1-2 Bastia

On revient de loin en cette saison 1981.  De trois saisons sans rien gagner pour être précis, ce qui à l’échelle des décennies 60 et 70 est une anomalie. Pour être précis, ne rien gagner durant trois saisons est arrivé une fois entre les brillantes saisons 1970 et 1974, deux millésimes divins conclus par deux doublés.
En 1981, les Verts peuvent d’ailleurs aller en chercher un 5ème de doublé, mais au-delà de cette ressemblance, tout le reste est si différent…
L’équipe qui emporte tout sur son passage en 1974 est issue de la brillante promotion titrée en Gambardella.

Celle qui arrive au Parc pour défier Bastia n’a pas du tout le même profil. Le président Rocher a souhaité changer de stratégie, en enrôlant des stars venues d’ailleurs. Le moins qu’on puisse écrire est que ça a mis du temps avant de fonctionner. 5è en 1977, 7è en 1978, 3è en 1979 et 3è en 1980, l’ASSE ne domine plus le foot français et est également rentrée dans le rang sur le front européen.
Mais ce soir de juin, c’est un Sainté enfin auréolé de son 10ème titre qui monte à Paname. Ce titre, remporté onze jours plus tôt lors de l’ultime journée grâce à un doublé de Platoche et une victoire 2-1 contre Bordeaux dans un Chaudron en liesse fut décroché de haute lutte face à Nantes, devancé de 2 points. Il est néanmoins mérité au regard d’une saison où les hommes d’Herbin, avec la meilleure défense du championnat (26 buts encaissés) n’ont connu que quatre fois la défaite.

Cette saison marque en réalité un vrai retour à nos standards d’antan avec, au-delà du championnat, ce joli parcours en Coupe et la très correcte campagne européenne : si elle s’arrête brutalement avec le spectaculaire écroulement en quart de finale de la Coupe de l’UEFA face à Ipswich, futur vainqueur, le reste fut très correct, avec trois tours passés et un exploit ENORME à Hambourg (0-5).
Les trois compétitions en attestent nettement, cette équipe est très talentueuse et au-delà de la solidité de ses bases, elle peut compter sur Platoche (29 buts), Rep (19 buts) et Roussey (15 buts) pour forcer les verrous adverses.
En Coupe de France comme en championnat, renouer avec un beau parcours est appréciable, car depuis la victoire contre Reims (1977), seul un quart de finale en 1980 (perdu contre Montpellier) est à signaler.

Sur le pré ce treize juin, le changement d’ère est palpable. Seuls subsistent quelques restes, quelques traces, un zeste de gloire d’antan incarné par Janvion, Lopez et Santini.
Autour d’eux, en revanche, y a du nouveau, beaucoup de nouveau, et du clinquant, du très clinquant : Platoche bien sûr, mais aussi Johnny Rep en provenance respective de Nancy et Bastia. Zimako est arrivé quatre ans auparavant, également en provenance de Bastia, Elie est lui venu une saison plus tard de Lens. Gardon  et Battiston enfin viennent tout juste de poser leurs valises monégasques et messines.
Six joueurs non formés au club au coup d’envoi, c’est une petite révolution. Outre les trois glorieux tauliers, Castaneda (24 ans) et Roussey (19 ans) complètent le contingent de joueurs issus du centre de formation. Sur le banc au coup d’envoi, Primard et Paganelli rentreront en jeu, nous donnant l’illusion que la nouvelle génération verte qui pointe est aussi prometteuse que la précédente.
En face, méfiance, s’ils sont rentrés dans le rang depuis leur épopée européenne de 1978 et n’ont fini la saison qu’à la 12ème place, les Bastiais des anciens Verts Cazes et Lacuesta font partie des quatre clubs à nous avoir fait mordre la poussière en championnat (1-2 à Furiani), et avec le futur Vert Roger Milla devant, les Corses ont des arguments à faire valoir autour des tauliers Orlanducci et Marchioni.

Les Verts sont-ils fatigués ? N’ont-ils plus faim ? Clairement ils passent à côté de leur finale. La première mi-temps est dominée par les Corses avec en particulier une frappe de Cazes sur le poteau de Casta, même si Platoche a aussi l’occase d’ouvrir le score d’une tête lobée qui passe au dessus de la transversale de Hiard. Assez logiquement, les Verts encaissent deux pions coup sur coup dans le premier quart d’heure de la seconde mi-temps. Puis, après avoir failli encaisser le 3ème se mettent enfin à jouer et se donnent les moyens d’y croire à la 72ème grâce à un pénal obtenu par Zimako et transformé par Santini. Dans la foulée, les Verts accentuent leur pression, mais Elie rate malgré une superbe ouverture de Santini un face à face qui aurait permis de décrocher une prolongation pas vraiment méritée, et Roussey l’imitera quelques minutes plus tard en gâchant une offrande de Platoche. Dans les arrêts de jeu c’est de nouveau son poteau qui sauvera Casta sur un contre Corse. Bastia remporte finalement sa première et seule Coupe de France, et les Verts voient leur magnifique série de finales victorieuses (6) interrompue.


Auparavant...

Saint Dié (division 2) au premier tour (2-0) puis Valence (division 4) en 1/16èmes (1-0 et 5-0) sont une formalité pour les Verts.
Le 8ème de finale est nettement moins simple, avec la défaite à Nancy à l’aller (1-2 à Picot). Le très bon premier quart d’heure au retour permet à Sainté de passer malgré tout assez sereinement (3-1). En quarts de finale, l’ASSE s’offre une revanche, non sans trembler face à Montpellier : 2-1 à l’aller dans le Chaudron et 1-1 là-bas.
Enfin, c’est face à Strasbourg avec le même score qu’en quarts (2-1 à GG, 1-1 au retour) que nous passons en finale, par un trou de souris. Menés 1-0 à la 77è, les Verts sont en effet éliminés jusqu’à la 88è et l’égalisation de … Firmin Perez, libéro espagnol de 20 ans, abonné à l’équipe réserve (seulement 16 matchs en Pro en trois ans !).