La troisième défaite à domicile en championnat a mis fin aux rêves de podium pour les Verts et vient conclure toute une série de mauvais résultats contre les gros.
Le derby perdu à la dernière seconde n'a été que le début d'un enchaînement difficile en 2019 : l'ASSE a ensuite perdu tous les matchs contre les gros (Paris, Marseille et maintenant Lille - et on peut même rajouter Rennes, un candidat déclaré à l'Europe). La bonne nouvelle pour les Stéphanois est qu'à partir de maintenant ils rencontreront des équipes moins fortes sur le papier. La mauvaise, elle vient de la qualité du jeu produit.
Si à Marseille l'investissement a été clairement pointé du doigt, contre Lille c'est plutôt la maîtrise. Comme le dit Jean-Louis Gasset en conférence de presse après le match, "on a essayé, maladroitement, surtout techniquement où c’était très moyen". Ce manque de maîtrise technique peut ne pas être rédhibitoire lors de certains matchs, mais il le devient contre une bonne équipe. Surtout quand l'approche tactique se base dessus : "On savait que Lille était une équipe très forte, très rapide en contres avec quatre joueurs. Il fallait avoir une maîtrise technique dans la sortie de la balle, surtout au milieu pour arriver à les faire défendre". Et pire encore, quand c'est un mal récurrent depuis plusieurs matchs ("depuis début janvier, on joue beaucoup moins bien. Le jeu n’est pas fluide, on ne fait pas courir l’adversaire").
Si à Marseille l'investissement a été clairement pointé du doigt, contre Lille c'est plutôt la maîtrise. Comme le dit Jean-Louis Gasset en conférence de presse après le match, "on a essayé, maladroitement, surtout techniquement où c’était très moyen". Ce manque de maîtrise technique peut ne pas être rédhibitoire lors de certains matchs, mais il le devient contre une bonne équipe. Surtout quand l'approche tactique se base dessus : "On savait que Lille était une équipe très forte, très rapide en contres avec quatre joueurs. Il fallait avoir une maîtrise technique dans la sortie de la balle, surtout au milieu pour arriver à les faire défendre". Et pire encore, quand c'est un mal récurrent depuis plusieurs matchs ("depuis début janvier, on joue beaucoup moins bien. Le jeu n’est pas fluide, on ne fait pas courir l’adversaire").
Bref, le match s'est joué (et a été perdu) au milieu du terrain, par manque de maîtrise technique, mais aussi par des choix tactiques trop risqués. Avant de regarder quelques exemples, les systèmes tactiques en place :
Les absences de KMP, Silva et Perrin ont forcé les Verts à abandonner leur défense à 3 centraux : c'est de nouveau un bloc en 4-4-2 qui est proposé. La (légère) surprise vient du positionnement de Cabella en ailier, laissant Khazri rester dans l'axe, en soutien de Beric. Quant aux Lillois, ils sont aussi dans un 4-2-3-1, avec un milieu offensif très près de l'avant-centre.
Leur bloc défensif, par contre, est conçu pour enfermer les milieux axiaux adverses, comme dans cet exemple à la 3e minute :
On aperçoit très bien un trio Hamouma-Khazri-Beric dans la défense à 4, avec Cabella bien plus excentré à gauche. Le ballon circule dans la défense stéphanoise, pendant que les deux milieux axiaux M'Vila - Aït Bennasser sont entourés de 6 Lillois. Le ballon circule dans l'autre sens, tout le monde coulisse vers la gauche :
Les milieux axiaux ne peuvent pas être trouvés, alors Kolo balance un long ballon en profondeur, qui ne trouve personne.
Pour pouvoir toucher le ballon et organiser le jeu, M'Vila doit sortir de cette zone au milieu, comme dans cet exemple à la 10e minute :
En soit, ce mouvement n'a rien d'extraordinaire pour des Verts évoluant avec une défense à 4 : M'Vila descend à gauche de la charnière centrale et le meneur de jeu descend à sa place. Sur l'image précédente on voit bien le trio Hamouma - Khazri - Cabella sur la même ligne, mais ce n'est pas Khazri qui décroche pour remplacer M'Vila, c'est Cabella, comme à son habitude :
Il reçoit le ballon et combine avec Aït Bennasser...
... mais combiner dans cet espace entre les deux premières lignes du bloc lillois est risqué : l'ailier droit intercepte la passe vers M'Vila. Cette récupération haute est très dangereuse, la défense n'est pas en place :
Heureusement, l'ailier ne combine pas avec son avant-centre, se laissant excentrer par le positionnement de Subotic et son tir dans un angle fermé est repoussé par Ruffier.
A la 17e minute, on aperçoit de nouveau le même mouvement de M'Vila pour pouvoir construire une attaque proprement :
Le ballon circule entre Debuchy, Saliba et Subotic - plusieurs joueurs sont surveillés de près par les Lillois, alors M'Vila descend...
... à la place de Kolo, qui monte dans le couloir gauche, d'où Cabella avait décroché pour prendre la place de M'Vila. Le reste est un positionnement standard, un bloc 4-4-2 pour le LOSC et un 3-4-3 pour les Stéphanois. Malheureusement les 3 offensifs ne proposent aucune solution, et comme la paire dans l'axe n'est pas facile à trouver, Subotic essaye un long ballon...
... à destination de Debuchy, mais trop long. Sur cette image on voit que ce genre d'ouverture était une bonne solution dans ce contexte (chercher les pistons dans un 3-4-3), mais qu'en même temps les offensifs ne coordonnent pas leurs appels, Hamouma et Khazri se marchant sur les pieds...
Comme les deux équipes évoluent dans des systèmes similaires, il n'est pas surprenant de voir que les milieux axiaux lillois étaient aussi enfermés par 6 stéphanois quand ils essayaient de construire, comme par exemple à la 22e :
Mais il y a une différence importante entre les deux blocs défensifs - dans l'exemple à la 10e minute, les Verts avaient 3 joueurs offensifs surveillés par 4 défenseurs. Dans ce cas, il y a 6 joueurs de chaque équipe autour de la ligne médiane, ce qui signifie que les défenseurs stéphanois se retrouvent en 1-contre-1 avec leur adversaire respectif. Un risque très important, surtout que les attaquants lillois sont à la fois très techniques et très rapides :
C'est l'ailier gauche qui est recherché par une passe en profondeur et Kolo doit se débrouiller seul, aucun autre défenseur ne peut l'aider sans laisser libre un autre attaquant. Heureusement, la passe n'est pas bien dosée...
Quand l'étau dans l'axe n'était pas en place côté Lillois, les Verts ont pu construire plus tranquillement. A la 34e, Ruffier joue avec Kolo à gauche :
Le bloc du LOSC est dans un vrai (4-)2-3-1, avec le latéral droit qui monte sur Cabella, descendu combiner dans le couloir. Il échange des passes avec Kolo, qui joue avec M'Vila, libre de marquage. Mais pas pour longtemps...
... car le milieu offensif adverse le cherche et sous sa pression, M'Vila recule de plus en plus et finit par perdre le ballon ! Initialement à côté de l'avant-centre, Subotic n'a pas suivi...
... mais Saliba revient en extremis et empêche l'attaquant lillois de frapper - Ruffier peut s'emparer du ballon. Il relance assez rapidement et Aït Bennasser porte le ballon :
Khazri avait changé de place avec Cabella, qui retrouve une position plus axiale. Le premier reçoit le ballon en position excentrée, le latéral droit monte sur lui, tout en laissant 3 coéquipiers surveiller Hamouma et Beric dans l'axe... mais Debuchy est seul de l'autre côté, où il est parfaitement trouvé par la transversale de Khazri. La défense est obligée de coulisser et le bloc lillois est éclaté :
Cabella est complètement libre en position de "10" et il demande le ballon. Il le reçoit et, face au jeu, il peut servir Beric...
... qui se joue d'un défenseur central et tire. La première (et seule !) frappe cadrée stéphanoise est repoussée par la jambe du gardien dans les pieds de Khazri, seul au 2e poteau. Malheureusement, il a du mal à contrôler le ballon, n'arrive pas à tirer, et finalement la plus grosse occasion stéphanoise du match n'est pas convertie...
Comme le bloc adverse était vraiment axial, changer de côté avec des longues transversales était une option pertinente et les Stéphanois ont continué à l'utiliser. Les changements effectués en 2MT ont été tous du poste pour poste, le système 4-2-3-1 a été maintenu, même si de plus en plus souvent Khazri se retrouvait ailier et Cabella en "10". Ce système est bien visible à la 86e, quand Saliba intercepte une passe :
Le ballon arrive dans les pieds de M'Vila, qui joue avec Khazri, ailier droit, qui change de côté vers Nordin, entré en ailier à la place de Hamouma. On peut donc voir le 4-2-3(-1) des Verts, avec 9 joueurs de champ dans leur moitié, contre seulement 6 Lillois, ce qui veut dire que Gueye, l'avant-centre entré à la place de Beric, se trouve seul contre 4 défenseurs dans la moitié adverse. Dans le couloir gauche...
... Nordin combine avec Kolo, qui avait dédoublé et qui joue dans l'axe avec Vada, entré en milieu axial à la place d'Aït Bennasser. Une nouvelle transversale est utilisée...
... pour retrouver Khazri à droite. Les deux lignes de 4 du LOSC se sont reformées et les Verts attaquent en nombre, à 7, laissant seulement Subotic, Saliba et M'Vila derrière. Debuchy dédouble à droite et Khazri en profite pour porter le ballon vers l'axe. Il ne combine pas avec ses coéquipiers dans l'axe...
... mais fait une passe vers personne à gauche. Il est très risqué d'attaquer avec les deux latéraux en même temps, donc Kolo avait décidé de revenir. Mais c'était trop tard, le Lillois envoye le ballon en profondeur dès qu'il le reçoit, et il a raison de le faire :
Kolo et M'Vila étaient trop avancés, Subotic et Saliba défendaient contre deux attaquants sur la ligne médiane. Quand on connaît la vitesse et la technique des adversaires, défendre en égalité numérique est risqué (comme le 4-contre-4 dans un exemple précédent). Mais le faire si haut, à ce moment du match, c'est tout simplement suicidaire. Et ce qui devait arriver arriva, les Lillois ont converti leur 8e tir cadré du match...
Conclusions
Ce qui a fait la force de l'ASSE en 2018 a plutôt disparu cette année : la forte maîtrise du ballon qui fait courir l'adversaire, les sorties propres, des attaques construites patiemment. Les changements de système et les blessures (les deux étant liés) y sont pour quelque chose, bien entendu. Et parfois la qualité de l'adversaire, qui dans ce cas a parfaitement joué sur ses points forts, et fait la différence. Cette série de défaites contre les gros fait mal à la tête, mais surtout à l'orgueil - elle fait comprendre aux Verts quelle est leur place. Mais tout n'est pas perdu, loin de là : l'objectif déclaré du club est de finir européens, et cela reste tout à fait réalisable, à condition que l'envie et la maîtrise soient de retour. Et le match suivant, chez une des plus faibles équipes du championnat, sera révélateur. Une victoire et la confiance sera retrouvée, avec une trêve internationale à disposition ensuite pour reconstruire des automatismes et une qualité de jeu. Un mauvais résultat, et le risque de voir une fin de saison en roue libre, avec un sprint final raté, devient réel.