Dans ce quatrième et dernier volet du long entretien qu'il a accordé aux potonautes, Thierry Laurey donne son avis sur Christophe Galtier avant de se projeter sur le match qui opposera le Gazelec à l'ASSE ce samedi soir à Mezzavia. 


Comment juges-tu Christophe Galtier en tant que coach ? (Sempre Sainté)

 

Christophe, c'est un meneur. Il gère très bien son groupe. Il protège ses joueurs et il sait les piquer quand ça s'avère nécessaire. Il fait en sorte que tous les joueurs soient concernés, qu'ils adhèrent à son projet. Et ça marche ! Christophe c'est aussi un gros bosseur. Il a réussi à faire progresser le club, à l'installer dans le top 5 depuis plusieurs années. Ses résultats parlent pour lui ! Christophe est également un entraîneur qui sait se remettre en question, tenter quelques petits coups tactiques. Christophe est endurant, il a une longévité qui est quand même extraordinaire au niveau de la Ligue 1 ! Le CFC a rappelé récemment que c'est l'entraîneur de l'élite qui est en poste depuis le plus longtemps. Cela fait plus de six ans maintenant. Il devance Gourvennec, sachant que Jocelyn avait pris l'équipe de Guingamp en National. Quand tu montes une équipe en Ligue 2 puis en Ligue 1, ça te redonne de la longévité. Mais rester six ans de suite en Ligue 1 avec la pression, dans un gros club comme Saint-Etienne, c'est très fort !

 

Aimé Jacquet avait déclaré à France Football quand il était à Bordeaux : "un entraîneur ne doit pas rester plus de 6 ou 7 ans dans le même club pour rester crédible, percutant, pour se renouveler, se remettre en cause." Vois-tu Galette rester à l'ASSE la saison prochaine ? (Sempre Sainté)

 

Je ne sais absolument pas si Christophe restera à l'ASSE la saison prochaine. Je sais juste qu'il avait prolongé son contrat en juin dernier jusqu'en 2018. Je souhaite pour Saint-Etienne qu'il reste, même si je pense que c'est un garçon qui est capable d'aller manager un gros club à l'étranger ou en France, peu importe. Si Saint-Etienne veut et met les moyens pour devenir ce grand club, il restera peut-être. Si Saint-Etienne n'a pas cette capacité, il ira ailleurs. Sincèrement, je ne me prononce pas. Je te réponds avec des arguments un peu bateau, parce que je n'ai pas tous les éléments. Quand on a déjà fait 6 ans, c'est difficile. Je pense qu'il a amené le club a un niveau qui est plus qu'intéressant.

 

Est-ce que le club va avoir la possibilité  de lui proposer un nouveau challenge ? La possibilité c'est de devenir le deuxième club français parce que Paris c'est quand même largement au-dessus pour l'instant. Est-ce qu'ils vont donner les moyens à Christophe de pouvoir concurrencer Monaco et Lyon ?  Quand je dis concurrencer, c'est régulièrement, sur la durée de plusieurs championnats. Sur un match Sainté peut déjà concurrencer bien sûr toutes les équipes. Ce sera sûrement dans sa réflexion. Tout ce que je peux noter, c'est que certes il n'est pas tout seul - il a un staff, des dirigeants, il a les joueurs, le public aussi, les partenaires. Il y a toute une histoire - mais les résultats, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Il y a beaucoup de travail derrière tout ça. Je suis admiratif du travail que Christophe a fait à Saint-Etienne. J'ai eu la chance en plus de le voir travailler.

 

Quels sont tes futurs projets personnels en tant que coach ? (GuiPlatini) Rêverais-tu d'entraîner Sainté ? (Poteau gauche)

 

Qui ne rêverait pas d'entraîner un club comme Saint-Etienne ? Mon ambition aujourd'hui c'est de maintenir le club en Ligue 1 et ce ne sera pas un moindre exploit  parce qu'on part de très loin. Si on arrive à se maintenir, ce sera quasiment du jamais vu car notre budget ne dépasse pas 14 M€. Il y a des clubs de Ligue 2 qui ont un budget supérieur au nôtre. C'est quand même assez compliqué. Je n'ai aucune volonté personnelle de partir cette année. Si j'ai une offre, je l'étudierai. On se mettra autour d'une table, on verra si c'est envisageable ou pas. Si ça ne se fait pas, je resterai à Ajaccio si les dirigeants veulent bien encore de moi.

 

J'ai passé 21 mois au chômage, avant d'aller à Saint-Etienne, et je dirais que ça m'a apporté un certain recul. Aujourd'hui je suis content de ce qu'il m'arrive. C'est ce que j'ai toujours voulu vivre. Mais je n'en suis pas à me gratter le nombril tous les matins devant la glace. Le football c'est très aléatoire. Ce n'est pas parce que vous n'avez pas les résultats ou que vous êtes viré d'un club que vous êtes un peintre. Il y a des conjonctures, des choses qui s'additionnent et qui fonctionnent, et quelques fois, avec plus de moyens, plus de capacités, on n'arrive pas à faire fonctionner la chose… Parfois une année ça marche, et l'autre pas. Parfois une même méthode fonctionne dans un club et pas dans un autre. Il y a beaucoup de choses qui entrent en lice, on travaille beaucoup sur l'humain mais malheureusement la nature humaine n'est pas toujours régulière.

 

Que penses-tu de l'ASSE cette saison ? (GuiPlatini, Sempre Sainté)

 

L'ASSE fait une bonne voire une très bonne saison. Quand on cumule le championnat qu'ils sont en train de faire, les matchs de coupe de France - ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient faire, malheureusement ils sont encore tombés sur Paris - et en plus les matchs d'Europa Ligue, je trouve que c'est plus que convenable ! Franchement, c'est très bien ! Après, c'est une nouvelle chose pour eux que de jouer tous ces matchs, il faut enchaîner, il y a un turnover à mettre en place. Quand on tourne, on ne sait jamais trop comment va se comporter l'équipe. Au-delà de l'état d'esprit, il y a quand même des relations entre les joueurs quelques fois. Si on veut ajouter de la fraîcheur, c'est parfois au détriment de l'équipe et de l'unité du jeu. Ce sont des choses qu'ils ont dû appréhender cette année. Le championnat n'est pas terminé et il reste sept matchs. Il y a encore beaucoup de points à prendre. Ils sont capables de grimper plus haut dans le classement.

 

Comment vois-tu la fin de saison de l'ASSE ? (Sempre Sainté)

 

Je pense que les Verts peuvent finir dans les 4 ou les 5 premiers, bien sûr. La deuxième place, ça va être chaud ! La troisième place aussi, ça risque d'être compliqué d'aller la chercher car les Verts sont actuellement à 5 points du podium. Mais ce n'est pas inenvisageable pour les Stéphanois, qui misent certainement sur les deux prochains matches pour combler une bonne partie de ce retard. Ils viennent chez nous, ils reçoivent Troyes, des matchs qui pour eux sont peut-être plus abordables que d'autres. Le championnat est encore long, il reste encore 7 matches. Il y a suffisamment de points en jeu pour pouvoir s'en sortir. Je leur souhaite de garder cette dynamique. Finir dans les 5 premiers quand on a joué l'Europa Ligue de manière très performante, et qu'on a joué aussi la Coupe de France avec un niveau plutôt intéressant, ce ne serait pas rien ! Ce serait une très belle performance pour les Verts. En tout cas ils font le nécessaire pour bien figurer sur tous les tableaux. Après, forcément, il y a une certaine fatigue qui s'installe quand tu joues 7 ou 8 matchs tous les 3-4 jours, il y a quelques blessés, quelques suspendus, forcément c'est un peu plus compliqué

 

Je pense que samedi c'est un match charnière, un tournant pour les deux équipes. Thierry, Laurey grave, non ?  (Alcom, Moufles, Italiaspana, Briko, José)

 

Oui, c'est un tournant pour les deux équipes, forcément ! C'est vrai que si on l'emporte ça nous donne la possibilité de sortir la tête de l'eau. Si les Verts l'emportent, ça renforce leur position dans la course à l'Europe. Quand tu vas chez le 18ème et qu'ensuite tu reçois le 20ème, tu es en droit de penser qu'il faut faire 6 points. Ce n'est pas aussi facile que de regarder le classement quand ça se passe sur le terrain. Mais je comprends fort bien que Saint-Etienne prenne ces deux matches comme un tournant parce que ça peut leur permettre, en tenant compte du fait que certaines équipes puissent lâcher quelques points devant, de recoller au classement. Après ça, il leur restera 5 matchs, un mois de compétition. C'est la dernière ligne droite, le sprint final, à eux de faire le travail ! Mais ce qui est sûr c'est qu'on ne va rien leur donner ! C'est une évidence parce que pour nous ce match est également très d'important. On a 7 matchs à jouer. Si on veut avoir une chance de s'en sortir, il faut qu'on en gagne au moins 2 voire 3. On a 4 matchs à la maison : Saint-Etienne, Bastia, Lille, et Paris, c'est du lourd à chaque fois. Il faut qu'on gagne le maximum, tout simplement.

 

Disposeras-tu de tout ton effectif pour cette rencontre ? Certains joueurs sont-ils suspendus, forfaits ou incertains ? (Poteau gauche)

 

On a un joueur suspendu, c'est Lemoigne. Du côté de Saint-Etienne, je sais que Sall est suspendu lui aussi. Je ferai le point dès leur retour avec mes quatre joueurs africains qui viennent de disputer des matches dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2017 : Mohamed Larbi (Tunisie), Khalid Boutaïb (Maroc), Jacques Zoua (Cameroun) et Issiaga Sylla (Guinée). Amos Youga doit rentrer normalement donc on va retrouver un effectif un peu plus consistant.

 

Quels sont les points faibles du Gaz, là où il faut appuyer pour que Sainté gagne samedi soir match ? (Riquet le Vert)

 

(Rires) Tout dépendra de l'équipe de Saint-Etienne. Tu sais, chaque match est différent, chaque match à son histoire. Le tout c'est de savoir bien l'écrire. Si on fait des fautes, forcément on paye. Et inversement, si l'adversaire fait des fautes, ça peut nous permettre de passer devant, tous simplement ! On est capable de perdre contre Troyes chez nous comme on est capable de battre Caen ou Lyon chez nous. On a manqué de régularité, c'est aussi ce qui fait que aujourd'hui on est dans une situation délicate.

 

On a mal géré certains matchs à la maison contre des concurrents directs. On fait match nul à Toulouse en prenant un but à la 92ème, on a fait match nul chez nous contre Guingamp 0 à 0 alors qu'ils étaient à 10 au bout de 10 minutes, on n'a pas été capable de marquer le petit but qui aurait fait la différence. On a perdu chez nous contre Troyes, ils font 3 tirs cadrés, ils marquent 3 buts. Il y a pas mal de points qui se sont envolés sur ces rencontres avec des concurrents directs. C'est ce que je disais tout à l'heure, on n'a pas bien vécu l'histoire du match. On a manqué d'efficacité.

 

Sur un match de football, que ce soit Troyes ou Sainté en face,  la réalité c'est la même. Si tu as des occases il faut les mettre, et il faut en concéder le minimum pour que l'adversaire ne puisse pas marquer, tout simplement ! C'est vrai qu'on a manqué d'efficacité en janvier-février. Ça avait déjà commencé par un match nul contre Monaco. Et sur le match de Reims à la maison, ça a commencé à être un peu plus difficile même si on aurait dû l'emporter. Résultat des courses, on s'est retrouvé en difficulté  dernièrement avec 4 points de retard sur le premier non relégable, on a réussi à revenir, et on est à égalité aujourd'hui. Ça prouve que le mental est là. On a des garçons qui ne lâchent rien. A la maison, il y a le public qui nous pousse, c'est une force pour nous ! On espère qu'il viendra nombreux, et pas seulement pour le match contre le PSG… On espère que notre public nous poussera parce que sur les 4 matchs à la maison qu'il reste, il faudra prendre un maximum de points.

 

La défaite à Sainté au match aller fut la dernière avant le début d'une excellente série pour ton équipe. S'est-il passé quelque chose ce soir-là à Geoffroy-Guichard qui a pu créer un déclic pour ton  groupe ? (my-color-is-green)

 

Il s'est passé quelque chose non pas ce soir-là mais dans la semaine qui a suivi. Quand j'ai regardé le match, j'ai trouvé que c'était un match sérieux, parce qu'on avait cherché à respecter le plan de jeu, mais on avait été inoffensif. On s'est dit qu'il fallait qu'on trouve autre chose. C'est à partir de là qu'on est passé en losange et qu'on a essayé de trouver des solutions. On s'est dit que si on voulait prendre des points, il fallait gagner, et pour gagner des matchs, il fallait marquer des buts. On a rien inventé  mais c'est ce qui a fait le déclic. Contre Nice ça c'est bien passé. Par la suite, on a réussi à prendre des points. Ce match aller à Geoffroy-Guichard, ça avait été presque un non match, on avait pris un but sur un coup de pied arrêté qui  ne ressemblait à rien. On ne peut pas dire que St Etienne s'était créé des tonnes d'occasions mais on avait été trop gentil !

 

On te propose de remettre ça samedi à Mezzavia du coup : tu nous laisses gagner et ensuite t'enquilles une série qui sauve le Gaz, OK ? (José)

 

Je crois qu'on n'a pas le même programme après Saint-Etienne que lors du match aller. Ça reste un peu plus compliqué. Si je peux être sûr de prendre les 3 points contre Saint-Etienne d'abord, je me dis qu'il y en aura moins à prendre après. On a quand même des gros matchs sur la fin de saison : on va devoir aller à Angers, à Lyon. On reçoit Paris, Lille, Bastia aussi. Ce derby va être chaud car on avait gagné chez eux, ils vont vouloir prendre leur revanche. Il va falloir qu'on prenne des points rapidement. Sur la dernière séquence de jeu, on a perdu à Nice mais auparavant on avait fait des résultats plutôt intéressants.

 

Merci encore à Thierry pour sa disponibilité et à la potonaute valie pour la retranscription de cette dernière partie de l'interview.