Mon dieu que j'aime ce port du bout du monde
Que le soleil inonde de ses reflets dorés
Mon dieu que j'aime sous leurs bonnets oranges
Tous les visages d'anges des enfants du Pirée

 


Visages d'anges, visages d'anges... j'ai beau écouter en boucle ce doux titre de Dominique A, sans savoir qu'il fut écrit par un certain Manos Hadjidakis en 1960 (et interprété par Dalida !) j'ai du mal à les imaginer avec des visages d'anges les joueurs de l'Olympiakos.

En fait d’anges, ils émergent à la catégorie exterminateurs. En 1960, z’avaient déjà gagné 15 fois leur championnat, les gars du port, pendant que nous on venait à peine d’inaugurer notre palmarès ! Depuis l’Olympiakos, club des marins et des ouvriers d’Athènes (Le Pana étant celui des aristos et l’AEK celui des Grecs venus d’Istambul) a continué sur le même tempo et cumule aujourd’hui 36 titres dont 11 des 12 derniers championnats. Une série incroyabilas, stupéfiantidis (à vous faire baver d’envis un jean-michel aulas) qui dit tout de l’écrasante supériorité du club surnommé Thrylos, la légende, en grec.

La légende, tiens tiens. Elle veut que l’ambiance dans les stades d’Athènes atteigne des sommets, que les héllenes y chantent à perdre haleine, que selon Tintin Triantafilos (104 buts en 3 saisons à l’Olympiakos avant la vie en Vert et la fête du Split) interviewé il y a quelques années par So Foot, « recevoir des pièces de monnaie là bas c’est la tradition, ça fait un peu mal mais ça fait partie du jeu Â», et que selon Darko Kovacevic témoin de la même passion près de 40 ans plus tard au point d’en avoir le cÅ“ur tout retourné « je n’y ai joué que 1 an et demi mais je n’ai jamais vu un public comme ça Â».

Alors quand un mythe croise une légende, ça peut sentir la tragédie (grecque évidemment) pour nos petits Verts. Surtout si on délaisse un instant leur épais palmarès pour reluquer leurs performances du moment.

17 victoires en 21 matchs de championnat, une place de leader incontesté avec 12pts d’avance sur le Panathinaïkos, 14pts sur le PAOK Salonique et 19pts sur l’AEK Athènes ça fout la trouillos et les chocottidis non ? Et c’est pas finitas : seulement 8 buts encaissés en 21 journées dont 2 seulement à l’extérieur en 10 matchs, et enfin 11 victoires en 11 matchs à domicilis dans l’antre de Karaiskaki.

Au sein d’un effectif très couleur locale et dont la défense fournit grandement l’équipe nationale (le gardien georgeclooneysque Nikopolidis, les défenseurs Patsatzoglou, Antzas et Torosidis faisaient partie des 23 lors du dernier Euro) l’ international argentin Luciano Galletti apporte à 28 ans et depuis deux saisons son talent de buteur après 5 années passées en Espagne (Real Saragosse et Atletico Madrid). Auteur l’an dernier de 3 buts en Ligue des Champions, il a claqué deux fois en Coupe de l’UEFA cette année. Il est le meilleur buteur du championnat avec 11 buts. Son coéquipier Belluschi (5 buts) et le brésilien Diogo (5 buts, et 5 autres en Coupe d’Europe) sont les autres fers de lance du club.

Avant d’avoir l’honneur de nous croiser, les champions de Grèce ont fini 3èmes de leur poule avec deux courtes défaites 0-1 à Kharkov et Galatasaray mais deux beaux cartons à (didier) domi-cile contre le Benfica (5-1) et le Hertha Berlin (4-0). Au tour préliminaire ils avaient sévèrement fessé les danois du FC Nordsjälland 2-0 et 5-0. Lueur d’espoir cependant, en tant que champions de Grèce ils auraient dû jouer la C1, mais ils ont été victimes du tube de l’automne, l’Anorthosis Famagouste chez qui ils ont bu le bouillon 0-3. Sachant qu’ils nous prennent de haut sans doute comme ils ont pris de haut les Chypriotes il n’est pas interdit de croire qu’ils ne vont pas jouer longtemps, les enfants du Pirée.

La Coupe d’europe est là, devant nous. On est en 2009 et L’ASSE va jouer un 1/16ème de finale de Coupe de l’UEFA. Relisez cette phrase, repensez à Gueugnon, à Wasquehal, à Beauvais.

En face l’Olympiakos, éliminé l’an dernier en 1/8ème de la Ligue des champions par Chelsea après avoir sorti la Lazio et le Werder en poule avec au bout peut-être, la perspective de retrouver le Milan AC.  Relisez cette phrase et souvenez vous de Cuca et Kuzba.

L’affiche est rare, l’affiche est belle. Pour définitivement mordre dans ce match avec l’euphorie qu’il mérite, n’oublions pas que Bruges et Valence dominaient leur championnat avant de croiser notre route. N’oublions pas également que tout ogre qu’il est l’Olympiakos n’en est pas moins grec et son bilan européen affiche un ratio victoires/défaites déficitaire (68/82) contrairement au nôtre (34/25).

N’oubliez pas, enfin que l’Europe est inscrite dans les gènes de ce club, et s’il y a gêne, il doit y avoir plaisir.