L’auteur :
« À la fin de l’entretien, je demandai à ceux qui étaient venus témoigner ce que signifiait la couleur verte pour eux. Le vert, c’est l’espérance, répondirent-ils tous. Pourquoi ? Personne ne le savait. Je cherchai dans les bibliothèques. Je trouvai dans le journal l’Équipe des statistiques montrant qu’aucun club portant un maillot vert n’a jamais gagné de Coupe d’Europe. Au théâtre, le vert porte malheur. Des livres d’histoire m’apprirent que depuis toujours, les teinturiers se méfient du vert car ses pigments sont instables. Les mémoires de Casanova me révélèrent que les tables de jeu sont recouvertes d’un tapis vert, car cette couleur symbolise dans la Kabbale l’incertitude, le hasard, donc le jeu.
En 1898, Geoffroy Guichard installa sa première épicerie à Saint-Étienne, dans les locaux d’un ancien Casino. Il garda le nom du lieu et la couleur verte de sa devanture. Lorsque quelques années plus tard fut fondée l’Association Sportive du Casino, les joueurs revêtirent la couleur verte de la maison mère. Et depuis, les joueurs de l’Association Sportive de Saint-Étienne portent la couleur de l’incertitude, d’un possible renversement de situation, donc de l’espérance.
Je me souvenais de l’hiver 1976. Allongé dans mon lit, il me semblait impossible que je puisse jamais comme Lazare, à nouveau me lever et marcher. J’écoutais le commentaire du match retour contre Kiev, en direct de Geoffroy-Guichard. Au match aller, à Simféropol, les Verts encaissèrent deux buts. Les soviétiques étaient plus forts. Tout le monde s’accordait à dire que jamais les Stéphanois ne pourraient remonter ce handicap. Et pourtant, à la 112° minute, Dominique Rocheteau marquait le troisième but et qualifiait son équipe.
Tout était donc possible. Cette nuit-là , je m’endormis en souriant. Quelques jours plus tard, c’était le printemps. »
Toute l'équipe de poteaux-carrés tient à remercier chaleureusement Corine Miret et Stéphane Olry pour leur aimable autorisation.