Venant de réaliser une grosse saison ponctuée par un titre champion de France de National 1 avec le Pau FC, le gardien stéphanois Alexis Guendouz attend maintenant d'être fixé sur son avenir.


Des 48 joueurs professionnels actuellement sous contrat avec l’ASSE, tu es le seul à avoir joué tous les matches de championnat et à avoir été sacré champion. Ça t’inspire quoi ?
Ça fait plaisir ! C’est la deuxième saison consécutive que j’étais prêté à Pau, ça avait pour but que je puisse confirmer au niveau National. On a pu faire une grosse saison, toute la saison on a été dans les deux ou trois premiers. On a pu montrer qu’on avait les capacités pour jouer le haut du tableau en championnat, et au final on termine à la première place.

La montée du Pau FC a été officialisée seulement ce jeudi. Comment as-tu fêté ce titre dans ce contexte sanitaire particulier ?
On s’est vu le soir pour faire un barbecue. Mais vu le contexte il n’y avait pas tout le monde. Certains étaient déjà rentrés dans leur famille. C’est sûr que ce n’était pas la meilleure façon de fêter ce titre, on aurait aimé faire ça avec tout le groupe et partager cette joie au stade avec nos supporters. Mais c’était quand même sympa de marquer le coup avec les joueurs qui étaient restés à Pau. Je suis resté là-bas pendant le confinement, d’ailleurs j’y suis toujours. Comme on ne savait pas si le championnat allait reprendre ou pas, j’ai préféré rester sur place et m’entretenir physiquement.

L’arrêt définitif de la saison de National 1 est une sage décision à tes yeux ?
Je me garderai bien de juger si la décision était bonne ou pas pour la Ligue 2 et la Ligue 1, mais pour le National 1 c’est vraiment une sage décision. Ça aurait été impossible d’enchaîner les matches vu les conditions de déplacement et les problèmes de récupération. De surcroit, les effectifs en N1 sont moins gros qu’en L1 voire en L2. Ça aurait été très compliqué d’enchaîner des matches tous les trois jours, sachant qu’on fait surtout de longs déplacements en car. C’est rare qu’on prenne l’avion et on n’a pas de jet. Quand tu te manges des déplacements de huit ou neuf heures sur la route pour traverser la France, c’est injouable de remettre ça deux jours plus tard. Et si on était resté sur le rythme normal et raisonnable d’un match par semaine, on aurait dû finir en août, ce qui aurait posé d’autres problèmes.

Quel bilan fais-tu de ta saison, collectivement et individuellement ?
Je suis très content, on finit champions avec la meilleure attaque et la deuxième défense. Collectivement, c’est bien sûr satisfaisant, on a vraiment joué en équipe toute la saison, on a été à la fois entreprenants et solidaires. Je pense que notre montée est vraiment méritée. D’un point de vue personnel, je suis également content car j’ai joué tous les matches de championnat et aussi deux matches de Coupe de France. En National 1, j’ai fait 14 clean sheets sur 25 matches, je crois que c'est le record.

En L1, Stéphane Ruffier n’en a fait que 3 sur 22, Jessy Moulin 2 sur 5 et Stefan Bajic 0 sur 1. Dans quel domaine penses-tu avoir progressé cette saison ?
Je pense que j’ai progressé dans le fait d’être décisif sur peu de ballons touchés. La saison passée, on jouait le maintien, on subissait davantage, les adversaires tiraient beaucoup, j’avais pas mal d’arrêts à faire. C’est saison j’ai été moins sollicité mais j’ai dû faire le bon arrêt au bon moment, la bonne sortie. J’avais parfois une chose à faire à un moment clé du match et je savais que devais m’employer pour éviter de faire basculer le match. Je pense avoir aussi progressé sur tout ce qui est technique, on peut toujours progresser. Mais c’est surtout sur la capacité à être décisif en étant peu mis à contribution que j’ai progressé. Quand tu n’as rien à faire pendant 40 minutes et que d’un coup t’as un arrêt important à faire, c’est différent à gérer mentalement et en terme de concentration que dans les situations où t’as une intervention à faire toutes cinq minutes.

Cette saison, face au QSG, tu as pris trois fois moins de buts que Jessy Moulin et deux fois moins que Stéphane Ruffier. Revendiques-tu la place de gardien numéro un à l'ASSE du coup ?
Avec des statistiques pareilles, y’a pas photo ! (rires) Non, mais franchement c’était une bonne expérience contre Paris. On a vu alors ce qu’était le très haut niveau. Le tour d’avant, on avait éliminé Bordeaux. Le PSG, c’est vraiment autre chose au niveau de la conservation du ballon, des duels, etc. Franchement, on n’a pas vraiment pu exister. C’est très fort. Quand on les a joués il n’y avait pas Neymar et Mbappé est resté sur le banc. Mais c’était quand même une sacrée équipe. Icardi, Sarabia, Draxler, Parades… Quand tu joues en National 1 et que t’affrontes des internationaux comme ça, c’est pas évident ! Mais ce match restera un beau souvenir pour les supporters, il y avait près de 17 000 spectateurs au Stade du Hameau ce soir-là. C’était une belle expérience.

Tu viens d’enchaîner deux saisons en prêt très concluantes au Pau FC. Comment vois-tu ton avenir ? Souhaites-tu rester là-bas ou revenir à l’ASSE, sachant que tu es actuellement sous contrat avec les Verts jusqu’en 2021 ?
Je suis un peu dans le flou. Le coach à Pau n’a pas prolongé. Un nouveau coach va arriver, on ne sait pas ce qu’il va faire. Est-ce qu’il est content de nous, est-ce qu’il veut changer certaines choses, est-ce qu’il va ramener des joueurs à certains postes ? On n’en sait rien. On attend que le nouveau coach signe et on va rencontrer la direction la semaine prochaine. On a appris via les médias que les dirigeants palois étaient en contacts avec Didier Tholot mais on n’en sait pas plus. Il est venu nous voir jouer plusieurs fois cette année mais il vient toutes les années. Du côté de Saint-Etienne aussi, je vais bientôt avoir un rendez-vous pour discuter, pour savoir ce qu’ils veulent faire de moi. On va discuter pour voir comment on se projette la saison prochaine. Que ce soit du côté de Sainté ou de Pau, je suis un peu dans l’incertitude actuellement. Mais bon, il est encore tôt, on n’est qu’à la mi-mai. Il reste du temps pour que les incertitudes soient levées, je pense que tout doucement ça va commencer à bouger.

Cette saison, as-tu eu des échanges avec Claude Puel ou ses adjoints ?
Je n’ai pas eu de contact direct avec Claude Puel mais tout au fil de la saison, j’ai été en contact avec le coach des gardiens Fabrice Grange. C’est lui qui faisait le relais entre moi et le coach. Je sais qu’ils ont regardé mes matches, je sais qu’ils m’ont suivi. J’attends de m’entretenir avec eux directement pour savoir ce que eux aimeraient faire, pour savoir s’ils comptent ou pas sur moi pour la saison prochaine. Il n’y a pas encore de rendez-vous de calé avec Claude Puel, j’attends déjà de voir un peu ici comment ça se passe et ensuite on verra avec tout le monde ce qu’il en est.

Quel est ton souhait ? Rester au Pau FC avec de bonnes chances de jouer en Ligue 2 ou revenir à Sainté tout en sachant que tu ne seras pas numéro 1 là-bas ?
Franchement, jouer en Ligue 2, ce serait monter d’un échelon, jouer en professionnel donc c’est très intéressant. Maintenant, être numéro 2 à Saint-Etienne, c’est très intéressant aussi. Comme on a très bien pu le voir, numéro 2 c’est une place d’avance par rapport à avant, et ça permet aussi de gagner du crédit au sein du club. Ce n’est qu’une hypothèse dont je ne me suis pas encore entretenu avec eux. Mais c’est évidemment quelque chose à réfléchir. Etre numéro 2 à Saint-Etienne, dans un grand club de Ligue 1, ce serait quelque chose !

Et si l’ASSE te propose seulement une place de numéro 3 dans la hiérarchie des gardiens ?
Ce serait être parti deux ans et revenir à la même place, sans progresser. On n’en pas discuté mais moi je ne vois pas mon avenir comme ça.

Claude Puel a promu Jessy Moulin gardien numéro 1 et signifié à Stéphane Ruffier qu’il en serait de même la saison prochaine. Que t’inspire cette décision forte, qui fait débat chez les supporters stéphanois ?
Franchement, ce sont deux gardiens que j’aime beaucoup. Chacun a sa personnalité, je m’entends bien avec les deux. J’ai suivi ça de loin. Limite on me l’a appris. Je ne sais même pas trop ce qui s’est passé. On sait que le foot est compliqué et qu’un coach est amené à faire des choix. Honnêtement, je ne sais pas trop quoi en penser. Je pense que le coach a voulu faire bouger les choses. Comme ça ne se passait pas trop bien, on sait que c’est souvent au poste de gardien que des changements sont effectués. C’est un choix d’entraîneur, je ne peux pas trop juger ça. Ça arrive dans beaucoup de clubs, et pas qu’au poste de gardien. Il faut parfois faire bouger les choses pour insuffler une nouvelle dynamique.

Supposons que Stéphane Ruffier quitte l’ASSE cette saison. Penses-tu mériter dans ce cas la place de numéro deux ? Comprendrais-tu que le club choisisse plutôt Stefan Bajic comme doublure de Jessy Moulin ?
Je comprendrais totalement. Si demain le club me dit clairement « t’as fait des bonnes saisons à Pau mais on mise plus sur Stefan », je dirai : « écoutez, merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, cela fait plus de dix ans que je suis là, merci pour tout, on se sépare en adultes responsables et intelligents. » S’ils me disent qu’ils préfèrent Stefan Bajic, c’est le foot ! C’est quelque chose que je pourrais comprendre, c’est un bon jeune. Je le connais, il est gentil en plus. C’est un bon gardien. Les clubs, des choix comme ça, ils en ont à faire tout le temps. On sait comment marche le football. On ne peut pas garder tout le monde tout le temps. Certains, leur avenir est fait pour être à l’extérieur. Si ça ne sera pas ici, ce sera ailleurs. Comme cette année. Je viens d’avoir 24 ans. Le foot continuera. En tout cas on a tout fait cette saison pour que si ça ne soit pas ici, ce soit ailleurs à un niveau pro.

Si l’ASSE te garantit une place de numéro 2 et que le Pau FC ou un autre club de L2 te propose une place de numéro 1, ce sera un choix cornélien ?
Dans cette hypothèse, il y aura bien sûr un choix important à faire. Il faudra peser le pour et le contre. Il est clair qu’être numéro deux à Sainté, c’est très important. Avoir ce statut dans un club comme ça à 24 ans, ce n’est pas n’importe quoi. Maintenant, être numéro 1 en L2 ce n’est pas n’importe quoi non plus ! On en discutera et on trouvera la bonne solution.

As-tu suivi à distance la saison de l’ASSE ? Qu’en as-tu pensé ?
J’ai suivi ça un peu comme un supporter, sachant que j'ai aussi des contacts réguliers avec Loïs Diony et Arnaud Nordin. On est amis donc on ne parle pas tout le temps de notre club, on parle de plein d'autres choses. On ne va pas se mentir, ça a été une saison difficile pour Sainté. Je suis dégoûté pour les mecs, pour la plupart je les ai côtoyés. On a de bons joueurs mais force est de constater que ça n’a pas fonctionné. Je pense que c’est une saison à oublier, en championnat comme en Europa League. Heureusement il y a cette belle épopée en coupe de France. C’est quand même une belle aventure dans cette compétition, c’est important pour le club. Il faut repartir la saison prochaine en se vidant l’esprit des mauvaises choses et en repartant sur de bonnes ondes. Si ça a marché les autres années avec ces joueurs-là, ça marchera la saison prochaine avec ces mêmes joueurs et avec d’autres. On vient de vivre une saison « sans » mais je ne me fais pas trop de soucis pour Saint-Etienne. Si on gagne la finale de la Coupe de France, on regardera d’une toute autre façon la saison. Gagner ce titre, ce serait remarquable.

Tu penses qu’on a nos chances face à une équipe qui nous a mis dix pions en deux matches cette saison ?
Une finale, c’est un match à part, ça n’a rien à voir avec le championnat ou un huitième de finale de Coupe de la Ligue. Et sur un match tout est possible, surtout dans le contexte assez inédit de cette saison. Si la finale se joue, on ne sait pas dans quelle forme seront les deux équipes. Cette équipe de Saint-Etienne a monté en Coupe qu’elle avait des ressources, elle a su faire respecter la hiérarchie face à des clubs inférieurs et les Verts ont réussi à s’imposer à Monaco et à battre une belle équipe rennaise, ce n’est pas anodin. Pour moi ce sera du 50-50. Paris a une belle équipe, le PSG c’est fort mais pas imbattable. Rennes a su battre les Parisiens en finale la saison passée, pourquoi on n’y arriverait pas cette saison ?

Cette rencontre risque fort de se jouer début août donc à huis clos. Qu’en penses-tu ?
Pour moi le plus important c’est que cette finale se joue. Après, c’est sûr que c’est mieux de jouer avec des supporters. Mais en cette période de crise sanitaire, il s’est passé des choses graves, des personnes sont décédées. Il s’est passé des choses importantes, le foot reste quelque chose de second par rapport à la santé des citoyens. Tout le monde aimerait bien sûr que cette finale se joue dans un stade plein. Mais s’il faut jouer à huis clos pour des raisons sanitaires, il faudra accepter de jouer à huis clos. Tout le monde se pliera aux règles. Un boycott n’aurait pas de sens, ce match ne peut être que bénéfique pour l’ASSE. En cas de victoire, il y a la Coupe d’Europe au bout.

En cas de défaite, la saison des Verts aura été ratée ?
Elle n’aura pas été réussie, c’est vrai. Maintenant, tout le monde a le droit à l’erreur une saison. D’emblée, ça s’est mal goupillé. On sait que le sort d’un entraîneur dépend souvent des résultats de l’équipe, Ghislain Printant a fait les frais des mauvais résultats du début de saison. Comme on ne peut pas changer toute l’équipe, c’est souvent l’entraîneur qui trinque. Claude Puel lui a succédé, on sait qu’il a prouvé tout au long de sa carrière qu’il arrive à faire de très bonnes chances dans les clubs. Il est là pour du long terme, pour un projet. Je pense que ça va le faire.

Dans le cadre de ce projet, aurais-tu des joueurs de National 1 à recommander à Claude Puel ?
Je pense que Claude Puel n’a pas besoin de mes recommandations. Je crois qu’il a un peu l’œil partout. Il a d’ailleurs recruté au mercato hivernal Yvann Maçon. Je ne connais pas ce joueur personnellement mais je l’avais trouvé très bon quand on l’avait affronté à Dunkerque en septembre dernier. C’est un des très rares mauvais moments qu’on a connus cette saison car on avait perdu 4-1 alors qu’on avait ouvert le score et qu’on avait eu une balle de break. Yvann Maçon est un très bon joueur et des échos que j’ai eus, il a aussi un bon comportement et un bon caractère. On ne m’a dit que des bonnes choses sur lui. C’est un latéral droit très intéressant, il est jeune et va encore progresser. Au niveau du National 1, Yvann Maçon dominait ce poste. Dans ce championnat, il y a pas mal de bons joueurs qui attendent l’opportunité de pouvoir montrer leurs qualités chez les pros. Au Pau FC par exemple, on a des jeunes joueurs offensifs sénégalais avec du potentiel qui se sont illustrés cette saison : Cheikh Sabaly (21 ans, 10 pions) et Lamine Gueye (24 ans, 14 buts). Ils ont clairement le niveau pour jouer au-dessus et je sais qu’ils ont des sollicitations.

 

Merci à Alexis pour sa disponibilité