Une victoire qui ne restera pas dans les annales, mais qui rapporte quand même trois points. Faut dire que quand une équipe joue le béton renforcé, ça ne donne jamais grand chose de spectaculaire.
Galette nous a réservé une surprise : Tabanou absent, et malgré la présence dans le groupe de Nicolita et Sissoko, c'est Corgnet qui est titularisé ailier droit, alors qu'Hamouma prend le côté gauche. Clément est reconduit en 6, Guilavogui débute sur le banc.
Quant à Gourvennec, il se place dans la lignée de Milsami et d'Ajaccio : on modifie le schéma habituel pour s'adapter à l'ASSE. Le 4-4-2 habituel se transforme en un 4-1-4-1 très dense : la même tactique que les stéphanois, avec Mathis en pendant de Clément. Il s'agit très clairement d'une option défensive. Les bretons font la tortue : quadrillage intensif du terrain avec 9 joueurs qui campent dans les trente derniers mètres, et notamment dans l'axe où Brandao ne marchera jamais seul, et même plutôt accompagné de deux bretons que d'un seul. Il n'y a qu'en football où la nymphe Chélone se réconcilie avec le dieu qui l'a maudite en inspirant des défenses hermétiques.
A défaut d'être déjà un mythe, l'ASSE 13/14 s'appuie sur ses certitudes dans le jeu pour travailler cette équipe guingampaise ; la maîtrise technique et collective est bien là, même si le navire penche très clairement du côté d'Hamouma. Néanmoins, il n'y a pas d'occasion véritable à se mettre sous la dent dans le premier quart d'heure. Sainté aura ensuite besoin de souffler pendant cinq minutes, ce qui donnera l'occasion aux hommes de Gourvennec de franchir la ligne médiane ; mais les Verts reprendront vite leur domination stérile. Dans les dix dernières minutes avant la pause, une série de trois bourdes défensives donneront des débuts d'opportunités à Guingamp, mais l'incendie ne prend pas.
Voilà pour le mouvement d'ensemble. Pour préciser, dans le jeu, Sainté n'aura eu que deux opportunités : à la 25' (un contre rapide sur une des rares sorties bretonnes mené par Corgnet et Hamouma, mais Brandao est derrière son défenseur à la réception du centre) et à la 38' (un rush de Perrin permet de créer un décalage qui conduit in fine à une frappe de Cohade non cadrée). La muraille guingampaise est solide ; et malheureusement, Sainté est toujours victime de sa difficulté à obtenir des coups de pieds arrêtés qui doivent alors se compter sur les doigts d'une seule main malgré 66% de possession de balle.
Cinq minutes de folie
Le seul changement au repos est la permutation entre Corgnet et Hamouma : l'ancien caennais récupère le côté droit, quand l'ancien lorientais va tenter de se mettre un peu plus en évidence à gauche.
Ce début de seconde période est très haché. Sainté semble avoir changé d'approche : le jeu offensif est dorénavant très direct, comme pour obliger Guingamp à avoir plus le ballon. Espère-t-on inciter les bretons à dégarnir leur forteresse ? C'est en tout cas ce qui se passe à la 52', quand Sainté ouvre le score sur un contre conclu avec un maximum de réussite. Guingamp a alors la tête sous l'eau ; les Verts vont passer cinq bonnes minutes à gérer tranquillement.
Arrive alors l'heure de jeu, et son fol enchaînement.
A la 58', Clerc (déjà averti) s'essuie la semelle sur Sankharé et passe tout près de l'expulsion. Les costarmoricains sont énervés ; on en vient presque aux mains. Dans la foulée, Corgnet sèche un adversaire plein axe : l'arbitre se trompe et biscotte Brison (heureusement, comme on le verra). Beauvue tire le coup-franc, dont Ruffier ne peut se saisir proprement ; le gardien, frustré d'avoir raté son intervention, envoie le ballon en tribune de colère et est également averti. Le corner qui suit est mal renvoyé ; la balle traîne aux abords de la surface jusqu'à ce que Beauvue se prenne pour Doubaï en tentant une bicyclette de 20 mètres sous la barre - cette fois, la Ruff' est parfait. Malgré un nouveau corner, les Verts arrivent à récupérer la balle et partir en contre : pendant la remontée de balle, Corgnet fait un contrôle trop long et tacle en retard : jaune logique - qui aurait dû être le 2è en moins de cinq minutes si l'arbitre ne s'était pas trompé la première fois. Pas fou, Galette remplace immédiatement le néo-Vert par Guilavogui.
Le match va alors prendre sa physionomie finale. Guingamp possède la balle de façon stérile, ne trouvant d'embryon de piste de solution éventuelle qu'en cas d'erreur ligérienne. Gourvennec revient bien à son 4-4-2 habituel dans le dernier quart d'heure avec l'entrée de Mandanne pour Diallo, mais c'est peine perdue. Les Verts, eux, gâchent systématiquement les nombreuses opportunités de contre qui auraient dû permettre de corser l'addition. Nicolita et Diomandé d'un côté, Giresse et Alioui de l'autre fouleront la pelouse sans y changer quoi que ce soit. Même verdict que contre Ajaccio : victoire sur la plus petite des marges malgré une maîtrise globale, mais qui aurait pu être plus large en s'appliquant.
Le but
1-0 Lemoine, 52'
Le premier but à Geoffroy Guichard de Fabien Lemoine est plein de réussite : cette frappe lobée, à la suite d'un une-deux avec Brandao au milieu de 4 ou 5 adversaires, finit dans les nuages 9 fois sur 10. Mais samedi elle est rentrée, profitant d'une des rares fois où Guingamp s'était aventuré à plus de 3 joueurs en dehors de son camp depuis le début du match. Avoir avant ce but les deux-tiers de la possession de balle et marquer sur un contre : chéloniens de toutes écailles, tremblez sous vos carapaces.