Grâce à son doublé victorieux contre Bordeaux, Rachid Mekhloufi a permis à l'ASSE de remporter sa deuxième Coupe de France en 1968. A neuf jours de la septième (on y croit !), il nous a livré ses impressions.


Rachid, quels souvenirs gardes-tu de cette finale de Coupe de France du 12 mai 1968 ?

Cela a été un grand jour pour le club et pour moi. Une finale, ça se gagne et on l’a gagnée alors que c’est Bordeaux qui avait ouvert le score. Ça me tenait vraiment à cœur de jouer ce match, d’autant plus que je n’avais pas joué le quart de finale et la demi-finale. J’ai demandé à l’entraîneur Albert Batteux de me mettre dans le onze de départ pour cette finale. J’ai marqué les deux buts de la victoire. Le premier sur une reprise de volée, le second sur un penalty que j’ai dû retirer. L’arbitre m’a dit qu’il n’avait pas encore sifflé quand j’ai mis le premier péno.

Ce doublé t’a permis de terminer en apothéose ta formidable carrière à l’ASSE !

Après cette finale j’ai rejoué quelques matches pour boucler le championnat mais c’est vrai que c’est à Colombes que j’ai mis mes derniers buts sous le maillot vert. J’ai vécu un moment fort, ce n’est pas rien que d’aider ton club à soulever la Coupe de France ! Cette compétition fait vivre de grandes émotions. Je suis fier de l'avoir remportée.

Roby était ton capitaine lors de cette finale.

Ah, Roby… C’est lui qui m’a fait le centre sur l’ouverture du score et c’est lui qui m’a demandé de tirer le penalty. Roby était un grand joueur, très athlétique. Il courait beaucoup, il sautait beaucoup. Il avait une très bonne technique. Roby avait des poumons de gladiateur. J’ai eu du plaisir à le rencontrer, à le voir, à jouer à ses côtés.

A l’issue de cette finale, tu n’as pas participé aux festivités et tu as fui les sollicitations médiatiques. Pourquoi ?

(Rires) On va dire que c’était lié à mon caractère, qui n’est pas très festif. Je sais que les copains ont dû s’amuser, rigoler, boire, etc. Je respecte ça bien sûr mais moi ça ne me disait rien, c’est tout.

Ceux qui ont eu la chance de te voir jouer considèrent que Salif Keita et toi êtes les deux meilleurs joueurs de l’histoire du club. Ça te touche ?

Oui bien sûr ! Salif était une individualité brillante. Il avait des qualités techniques et physiques extraordinaires. Il s’est intégré à l’ASSE d’une façon rapide, efficace et remarquable. Cela me fait plaisir d’avoir été sacré comme l’un des meilleurs joueurs du club. J’étais heureux à Saint-Etienne et je suis heureux qu’on me témoigne encore aujourd’hui de la considération.

Le 24 juillet, on va gagner, ça c’est juré ?

Cela fait un bon moment que je ne les ai pas vus au stade ou à la télé, mais j’espère bien que les Verts vont gagner. On peut battre le Paris Saint-Germain. Sur un match, ça peut se jouer sur un coup de dés, sur un penalty.

Si on obtient un péno, tu seras au Stade de France pour le tirer et le retirer le cas échéant ?

Non, je crois qu’il va falloir trouver quelqu’un d’autre ! (rires) Si ça se trouve on n’aura pas besoin de penalty et l’ASSE va gagner facilement. Paris est favori mais Saint-Etienne peut créer l’exploit et même étonner le monde ! Le football est quelque chose de singulier et parfois surprenant, il y a des équipes qui brillent le jour J, d’autres une semaine avant ou après. J’espère bien que les Verts seront au sommet le jour de la finale !

 

Merci à Rachid pour sa disponibilité