Avant le match ASSE-Metz, entretien avec Guirane N'Daw, ancien vert devenu grenat. Il revient sur son passage à Sainté, ses expériences à l'étranger (Espagne, Angleterre, Grèce) et son style de jeu, toujours rugueux !
A l’époque de ta signature à l’ASSE, tu avais le choix, paraît-il, avec Monaco et quelques clubs anglais. Qu’est-ce qui t’a décidé à venir à Saint-Etienne ? Le club, à l’époque, n’étais pas au mieux…
Alain Perrin était alors entraîneur. Je l’avais eu à Sochaux, donc je le connaissais bien. Il m’a appelé et m’a dit qu’il me voulait. Même lorsqu’il était à Lyon, il me voulait ! Du coup, je ne me suis pas posé de question : j’ai laissé tomber toutes les autres sollicitations dont je faisais l’objet pour rejoindre l’ASSE. Signer chez les Verts était, aussi, une bonne opportunité pour moi.
Alain Perrin t’avait-il dit à quel poste il comptait te faire jouer ? Dans mes souvenirs, il voulait former une charnière centrale avec Bayal et toi et ainsi en faire la plus physique du championnat.
Avec lui, à Sochaux, ça se passait bien. Il savait que mon poste était au milieu de terrain mais quand il a fait appel à moi pour d’autres postes, je ne rechignais pas à y jouer. Je faisais le boulot, que ce soit en défense centrale ou en défenseur gauche. Mais c’était vraiment du dépannage. Je n’ai, en revanche, jamais eu de garantie sur mon temps de jeu de sa part. Tous les jours, à l’entraînement, je bossais dur pour gagner ma place.
La saison ne s’est pas très bien déroulée, Christophe Galtier a pris les rênes de l’équipe. Ton rôle a-t-il changé à ce moment-là ?
Non, il n’a jamais changé. Mon comportement n’a pas évolué dans un sens ou dans l’autre. C’est vrai qu’avec Christophe Galtier, ça s’est moins bien passé, mais c’est comme ça dans le football ! J’ai tourné la page, depuis. C’est vrai que j’ai vu des choses au club que je n’ai pas appréciées, mais je ne veux pas en parler davantage. De toute manière, je n’ai aucune rancune et je n’en veux à personne. Cela dit, c’est le seul entraîneur avec qui j’ai eu un problème ! Avec tous les autres, ça s’est toujours bien passé. Je n’ai pas d’explications à donner, je ne comprends toujours pas. Mais bon, c’est comme ça !
T’imaginais-tu, malgré tout, qu’il deviendrait un tel entraîneur ?
Je l’ai connu, comme Alain Perrin à Sochaux. C’est un bon mec. Quand il était adjoint, il calmait déjà les problèmes quand il y en avait. Il a bien travaillé et mérite ce qu’il lui arrive.
A l’époque, un joueur t’avait impressionné en particulier ?
Blaise Matuidi ! Tout le monde sait qu’il est très bon, qu’il travaille beaucoup et qu’il progresse de match en match. Chapeau à lui, il réalise une superbe carrière. Je suis très content pour lui. A l’époque, il m’avait marqué, il courait beaucoup, avait une énorme envie. Il ne faisait aucun doute que Blaise allait devenir un grand !
Tu as, ensuite, découvert les championnats espagnols, anglais et grecs. Lequel t’as le plus marqué ?
Le championnat anglais, j’ai vraiment apprécié. La première fois à Birmingham, c’était un peu compliqué au début. En Angleterre, c’est différent, surtout quand t’es étranger. Après, j’ai persévéré et j’ai saisi ma chance. Ils ont d’ailleurs prolongé d’un an mon contrat ! A Ipswich, aussi, c’était vraiment chouette. Et puis, en Angleterre, pour d’autres choses, c’est vraiment une autre mentalité. Un truc tout bête, les mises au vert, par exemple, eux, quelle que soit l’heure, ils mangent des pâtes, même à 9 heures du matin ! Quand nous en France, c’est plutôt céréales. Plus sérieusement, je me suis régalé là-bas. Le jeu est physique, direct, il faut se bagarrer puisque le pressing est tout-terrain. Je n’ai vraiment pas regretté cette expérience. Après, en Grèce, je m’y suis plu aussi. D’ailleurs, l’équipe dans laquelle j’évoluais, participe à l’Europa league, c’est sympa de les voir jouer contre Tottenham aujourd’hui. J’aurai pu y rester, d’ailleurs. Le club m’avait proposé un contrat de trois ans. Mais j’ai choisi de rentrer en France. Ma famille n’était pas avec moi et je ne voulais plus multiplier les allers-retours. Quant à l’Espagne, je n’y suis pas resté assez longtemps pour vraiment apprécier. En plus, j’étais arrivé au club (Saragosse) au mois de décembre.
T'as bien une bonne anecdote de ces expériences ?
En souvenir marquant, j’ai en mémoire un coup que je m’étais pris à l’arcade en première mi-temps dans un match en Angleterre. Un gros choc, qui m’a valu six points de suture à la pause. Je voulais à tout prix jouer la seconde période, contre l’avis du staff ! Rien à faire, je suis retourné sur la pelouse… et j’ai marqué ! Du pied par contre.
Nous avons tous en mémoire ton but contre Bordeaux en coupe, qui a été un grand moment d’émotion. Peux-tu revenir dessus ?
J’étais resté six mois sans jouer. C’était une période difficile à vivre. Et puis, pour ce match, il y avait beaucoup d’absents, des joueurs étaient soit blessés, soit suspendus. Du coup, j’ai donné tout ce que j’avais. Comme d’habitude !
Tu étais régulièrement convoqué en sélection nationale du Sénégal. Que s'est-il passé ?
Ça fait longtemps que je n’ai pas été appelé en sélection. Depuis la CAN, en fait. Je n’ai pas vraiment eu de discussions avec Alain Giresse. Mais bon, il n’y a pas de problème. Je me concentre sur Metz de toute manière.
Es-tu surpris que Bayal ne soit jamais appelé ?
Je ne peux pas vraiment en parler, je suis encore joueur ! L’entraîneur fait ses choix, c’est comme ça. On n’a pas à le critiquer pour ça. Après, pour Bayal, de toute manière je ne sais pas. Je ne suis pas resté en contact avec des joueurs de l’ASSE.
Le début de saison de Metz est plutôt réussi. Comment expliques-tu vos bons résultats ?
Je pense que c’est surtout en raison du travail qu’on accomplit. Cela paye toujours ! C’est, en plus, l’esprit de tout le groupe, de beaucoup bosser. C’est la principale explication.
Qu’est-ce qui t’a fait signer à Metz d’ailleurs ?
Cela faisait un moment que je voulais retrouver ce championnat de L1. J’avais d’autres opportunités aussi, mais le club m’a appelé et ça s'est fait. Et je ne regrette pas !
L’arrivée des milliardaires a-t-elle changé ce championnat ? D’un point de vu de la qualité sur le terrain ?
De grands joueurs sont là. Tout le monde a envie de jouer contre Paris, Marseille ou Monaco ! Ces confrontations donnent encore un peu plus de motivation ! Et puis, affronter un Zlatan, c’est toujours sympa à vivre ! Il est vraiment impressionnant. Après, je ne coche jamais de date, je suis plutôt au jour le jour. Je ne m'en fais pas un objectif en particulier, des ces matchs.
Une stat parue le week-end dernier indiquait que tu étais le joueur qui commettait le plus de fautes dans le championnat, juste devant un autre ancien vert, Gelson Fernandes !
Mon jeu, c’est beaucoup de tacles ! Je ne changerai pas pour des stats. C’est mon boulot, j’assume !
Comment ton jeu a évolué depuis ton passage à Sainté ? Tu sembles t’être fixé en milieu défensif, était-ce depuis le début ton poste de prédilection ?
Je me suis fixé à ce poste, qui est celui où je me sens le mieux. Je pense avoir progressé surtout dans la relance et dans le jeu de passe. Mais, comme toujours, le plus important c’est de bosser pour l’équipe. C’est ce qu’il faut entretenir avant tout.
Peux-tu, avant le prochain match, blesser, en plus de Kévin Lejeune, un autre de tes partenaires ?
Rires. C’était un duel aérien face à un joueur qui ne lâche rien. C'est vraiment un battant, Kévin. On a sauté, on ne s’est pas vu et voilà, un peu de dégâts. J’ai pas mal morflé aussi hein !
Comment juges-tu l’évolution de l’ASSE ? As-tu continué de suivre les résultats des Verts ?
Quand j’étais en Grèce, non. On ne peut pas trop voir les matchs. Mais, cela se sait, ils progressent de saison en saison. Le club joue vraiment bien maintenant. En plus, avec la Coupe d’Europe, ça donne une autre soupe aux joueurs et aux supporters. Je garde, de toute manière, un excellent souvenir de mon passage au club. Quand on entre sur la pelouse de Geoffroy-Guichard, on sait qu’on est obligé de tout donner. Pourquoi ? Parce que tu as des tas de gens qui te poussent à le faire ! Y a que Sainté pour ça !
De quel(s) joueur(s) de l’ASSE te méfies-tu pour le prochain match ?
Je ne me méfie jamais de mes adversaires. Je fonctionne vraiment au jour le jour. On verra pendant le match. Mon souci, c’est ce que je peux apporter à l’équipe. Pas mon adversaire avant la rencontre. C’est pour ça, d’ailleurs, que je n’aime pas les séances vidéos ! On me l’a souvent reproché, mais c’est pas mon truc. Après, je suis bien obligé de les subir. Elles ont pris une telle place dans les clubs ; tout le monde analyse l’adversaire, ses forces et ses faiblesses. Mais, dans le fond, il est indéniable que cet appui technologique est vraiment très utile.
A l’inverse, hormis toi, de quels autres joueurs devrait-on se méfier ?
Oh, tu sais, je ne sais même pas si je vais jouer ! Pour le reste, de toute l’équipe !
Un prono pour le match ?
Ah, non, je n’aime pas en faire… C’est le jour J qui compte, pas avant ou après. Mais que le meilleur gagne !
Merci à Guirane pour sa grande courtoisie et sa disponibilité.