A l’issue du mythique centième derby, Blach’ et Galette avaient échangé un baiser viril. Dimanche soir, en souvenir d’un triste chant entonné en mai dernier sur le bal-très-con de l’Hôtel de ville de Lyon, il serait délicieux de récidiver.
Dans l’histoire récente du derby, si on met entre parenthèses l’arbitrage, deux raisons majeures expliquent nos résultats qu’on qualifiera pudiquement de très moyens : un déficit objectif de talent mais également, une attitude parfois timorée, qu’on résuma jadis en manque d’esprit gattuso.
Le déficit de talent, sans rentrer dans le détail, fut incontestable en particulier au milieu des années 2000. Mais il n’explique pas tout, l’ASSE ayant su à cette époque parfois renverser quelques autres grosses cylindrées bien équipées en tripoteurs de ballons. On notera sur ce point simplement que l’écart, déjà réduit l’an dernier, n’est aujourd’hui en matière de talent plus net du tout. Privés de quelques cadres et alignant au coup d’envoi de nombreux jeunes, ces Vilains là ne portent plus si beau, et ligne par ligne, comparer nos deux onze de départ ne doit plus générer quelque complexe que ce soit.
Complexe. Complexe d’infériorité. Le mot est lâché. Il faut l’admettre, au-delà du talent et de la motivation d’en face, on a trop souvent souffert dans le derby d’un pénible complexe d’infériorité inhibant le comportement des joueurs. La « meilleure », -la pire en fait- preuve fut donnée lors du derby aller à Gerbeland l’an dernier quand, à onze contre dix, l’équipe s’est inexplicablement liquéfiée face à dix vilains survoltés. Quelle terrible frustration de constater qu’au moment où les forces en présence tendent à s’équilibrer, nos verts palissent, ne semblent tout simplement pas être persuadés qu’ils peuvent rivaliser, et se montrent incapables de saisir leur chance. C’est pourtant bien de cela qu’il s’agit, saisir notre chance, oser en étant convaincus qu’on peut s’imposer.
Pour cela, on ne saurait trop, au moment de la séquence vidéo, conseiller à Galette de resservir d'abord la gerbable séquence de l’hôtel de ville, afin de rappeler au groupe qu’un duel est une question d’honneur à laver. Et puisqu’un derby se joue à la fierté, on n’ose imaginer que celle des Verts ne soit pas transcendée par cet épisode, comme le fut par exemple celle des Bleus trop prestement envoyés à la retraite par les Espagnols avant un 1/8ème de finale de la Coupe du monde 2006.
La fierté seule étant insuffisante, si elle n’est pas secondée par la conviction qu’on peut le faire, on suggérera par ailleurs à Galette de ne pas rester sur la nauséeuse vidéo, et d’enchaîner en punaisant sur la porte des vestiaires cette tellement plus classe maxime de René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur, et va vers ton risque, à te regarder ils s’habitueront ». René Char, qui s’y connaissait en matière de résistance, doit conduire nos troupes à oublier le chant des mécréants au profit du chant des partisans. Les partisans d’un football passion, d’une ferveur aussi vintage que moderne.
Les partisans aussi, surtout d’une réparation (même si le mot vengeance, quoique plus belliqueux serait au fond plus juste). Réparer, laver l’affront de ces chants insupportables et aussi scandaleux que le fut la (non) réaction de la Ligue. Aussi ignobles que le furent le mépris et la morgue toute lyonnaise affichés par Aulas quelques jours plus tard quand il lui fut demandé de réagir à ces chants.
Dimanche soir, ils seront un certain nombre sur le terrain au coup d’envoi à s’être livré à ce triste et coupable dérapage en particulier les guignols Umtiti, Grenier, Lacazette et Gonalons. Alors on compte sur nos Verts, sur les purs stéphanois comme sur les transfuges pour trouver cet esprit « Gattuso » qui doit nous conduire à la victoire.
En mai dernier, Faouzi Ghoulam avait accusé le coup et pris rendez-vous : "Ces chants sont un manque de respect envers mon club, mes coéquipiers et les supporters des Verts. Personnellement, ça m'a énormément touché et je ne suis pas le seul. Je peux vous assurer qu'on a hâte de retrouver Lyon la saison prochaine. On va préparer les deux derbys de manière encore plus spéciale que d'habitude".
Faouzi, l’heure a sonné...
Parasar