Avec ses belles analyses tactiques, il a fait une entrée remarquée sur Poteaux Carrés. Ce jeune supporter possède d’autres passions, qu’il décrit lui-même parfaitement bien et avec ses propres mots.


"Mon autre grande passion, c’est le théâtre : comédien, metteur en scène, « directeur de troupe », 100% amateur, avec comme seules ressources la billetterie et les (très petites) cotisations des membres. Je fais un peu de basse électrique tout seul chez moi, sans prendre de cours, pour me détendre. Et je lis beaucoup de bouquins d’histoire, avec une préférence pour la période 10è-15è siècle en France (et dans les Etats de Bourgogne bien sûr !). J’ai d’ailleurs dû vivre à cette époque sous une autre forme, parce que la sculpture et l’architecture de l’époque m’émeuvent comme ce n’est pas permis, alors que ce qui vient d’avant et d’après me laisse de marbre."

 

Pseudo : Olaf

 

Localisation : A côté de chez Jean Tiberi – pour le moment.

 

Premier match à Geoffroy - Guichard ? C’était à l’automne 1996. Du haut de mes 10 ans, j’avais découvert un Geoffroy-Guichard en travaux pour la réception de Gueugnon. Victoire 2-1, le buteur de l’époque s’appelait Samba N’Diaye, et il m’a d’autant plus marqué que c’est peut-être la première personne de couleur noire que j’ai vue en vrai un peu plus tôt dans la saison à Troyes (oui, je viens de la campagne profonde). Mon père –dont c’était aussi la 1ère à GG malgré à l’époque déjà 20 bonnes années de fidélité- avait réussi à faire passer un ballon Onze Mondial dans le vestiaire avec un stylo, et je l’avais récupéré signé par toutes les stars de cette équipe, dont un certain Willy Sagnol. Manquait par contre celle de mon idole d’alors, Grégory Coupet – et le stylo, perdu à jamais dans les entrailles de Geoffroy-Guichard. Snif.

 

Premier souvenir de supporter ? J’ai découvert le foot en 94 avec la World Cup, et je me suis inscrit en club dans la foulée. J’ai commencé gardien. Premier achat, évident : le maillot de gardien « Casino », arboré fièrement en entraînement et même en match (en poussins, ils ne sont pas chiants sur les tenues). Et tout de suite les regards de mes coéquipiers : c’est quoi ce maillot ? Pire : c’est quoi ce club ? Faut dire qu’on n’était pas au top du hip hop à l’époque, et au fin fond du nord Côte d’Or, y avait en gros que les papas ou les papys pour connaître Sainté. Pourtant de temps en temps, au détour d’un déplacement, on tombait sur un allumé avec une veste de survet’ ASSE ; forcément on allait lui parler et on sympathisait. L’écusson étoilé était une sorte de code de reconnaissance. Et très vite la sensation que l’idée de « Peuple Vert » n’était pas qu’un mot heureux de journaliste. Bref…chroniques d’un supporter à distance, assez classiques je pense.

 

Qui t'a fait découvrir ce club ? Mon père évidemment, et aussi la cassette de « l’épopée des Verts » qui je crois a définitivement entériné ma conversion.

 

Joueurs Verts préférés (toutes époques confondues) ? J’ai envie de mettre toute l’équipe de la période 98-99, qui a été la première équipe verte à me donner de la fierté sur le terrain, dans le désordre comme ils me viennent : Alonzo, Kvarme, Pédron, Alex Aloisio, Guel,  Revelles, Subiat, Sablé, Sarr, Boudarène, Potillon, Mettomo, Lefèvre, Wallemme, Guillou …J’en oublie j’en suis sûr. Un peu à l’image de l’équipe actuelle, je trouve que c’est leur implication collective qui faisait la différence, d’où la difficulté d’en tirer un ou deux noms en particulier. Et puis ça correspond à l’époque où je les mettais en poster dans la chambre. Depuis j’ai grandi, et je ne ressens plus « d’adoration » pour les joueurs comme à l’époque. Je préfère les prestations d’équipe maintenant !

 

Autres clubs ou joueurs favoris ? J’ai toujours eu un p’tit faible pour Liverpool et j’ai toujours choisi le Barça contre le Real, même à l’époque des Galactiques. Après, ma vision très négative sur le foot business fait que globalement, en dehors de Sainté et des sélections nationales, je ne suis plus les résultats. Allez, un peu de chauvinisme : j'espère que le DFCO va se maintenir et s'installer en L1 [ndp2 : interview réalisée avant la relégation de Dijon en L2] 

 

Ton plus grand souvenir avec l'ASSE ? ASSE-Châteauroux 2004. A l’époque j’allais en moyenne une fois par an à GG. C’était indescriptible. J’ai encore la chair de poule en revoyant la vidéo du but de Bridonneau. On est resté jusqu’à 4h du mat à faire la fête à Sainté, avant de reprendre la route. Y a aussi l’ASSE-Ajaccio de 99 où on avait assuré la montée et envahi le terrain.

 

Ton match des Verts le plus marquant ? ASSE-Châteauroux ! Non, pour dire autre chose : ASSE-Valence en UEFA. J’avais offert sa place à mon père pour Noël, qui a pu enfin voir les Verts en Europe. Et en plus c’était un beau match. Sinon, j’ai deux matches en parcage qui m’ont marqué : à Grenoble l’année du coup de feu où j’ai rien vu du match tellement y avait de fumigènes, et une fois à Marseille pour le dispositif de sécurité hallucinant. Et puis un Balma-ASSE réserve à se geler les couilles comme c’est pas permis, mais c’était drôle. A quatre cinglés, on n’était aussi nombreux que les locaux, une fois enlevés les dirigeants !

 

Enfiles-tu un maillot de Saint-Etienne quand tu vas au stade ou quand tu regardes le match à la télé ? Si oui, quel maillot ? Je ne le fais plus, parce que je ne suis plus allé au stade depuis 3 ans (honte sur moi, mais ça correspond à la stabilisation de ma vie amoureuse…) et que je n’ai plus la télé…J’ai beaucoup porté le maillot Asics floqué Aloisio de la saison 1999-2000, le maillot Game One floqué Mendy (avec le N à l’envers, à la russe) de l’année d’après, et le maillot Duarig de la 1ère saison après la remontée, sans flocage mais avec l’autographe de Dabo, devenu Vilain depuis. C’est celui-là que je ressors à l’occasion. Par contre, je mets toujours régulièrement en pyjama le short n°12 qui accompagnait le maillot Aloisio.
Je n’achète plus de maillot parce que je trouve les prix scandaleux pour un bout de tissu, aussi vert soit-il. J'ai connu une période dans ma vie où je n'avais même pas 70€ par mois pour manger. Payer aussi cher pour faire l’homme sandwich ne m’amuse plus.

 

Connais-tu par cœur les paroles de la chanson mythique ? Bien sûr ! Comment faire autrement ?

 

Carte blanche (quelque chose qui te tient à cœur ? une anecdote ? un coup de gueule ?....). J’espère que jamais, ô grand jamais, l’ASSE ne sera le jouet d’un quelconque milliardaire ou fonds de pension, quelle que soit sa nationalité. Je souhaite de tout cœur que la bulle du foot business explose. Je ne rêve pas d’un passé mythique sans fric ; je constate juste que de nos jours les moyens budgétaires sont tellement plus déterminants qu’un projet sportif cohérent qu’à la limite, il n’y a même pas besoin d’en avoir un si ses concurrents n’ont pas les mêmes possibilités financières – cf PSG. Sans compter qu’on observe partout que accroissement des budgets = accroissement des inégalités entre clubs = concentration de tout le pouvoir médiatique, sportif et économique au sein d’une mini élite = mise en place d’un système conservateur qui redistribue les ressources à ceux qui en ont déjà le plus = mort de l’incertitude sportive.
Quand on parlait sérieusement de l’arrivée d’un fonds de pension à l’ASSE, j’avais pris une décision : je boycotte le club si ça arrive. Heureusement, ça ne s’est pas fait ! C’aurait été un vrai déchirement ; Sainté fait partie de mon identité, mon attachement aux Verts a été l’un de mes principaux repères à l’adolescence. Mais à un moment il y a des choses qui vont vraiment à l’encontre de mes valeurs, et il faut savoir dire non.