Traduit par le potonaute Gusztáv, le journaliste sportif argentin Eduardo Alberto Martins nous présente Gonzalo Bergessio.


Ce qui arrive à Gonzalo Bergessio est inhabituel. Dans ce monde frénétique où peu de joueurs s’identifient au maillot qu’ils portent, il est aimé et respecté dans tous les clubs par lesquels il passe. Sa modestie et son dévouement font que les supporters le chérissent chaque fois en un temps record. "Toujours, dans toutes les équipes, j'ai eu une très bonne relation avec mes collègues et avec les gens. C'est le plus important. Après les choses se passent plus ou moins bien, mais je crois que le dévouement est très important".

Né et révélé dans les divisions inférieures argentines, Bergessio a montré ses qualités lors des tournois les plus durs du football local. Il a débuté dans la rude division de Première B (D 2) avec Platense, avant de passé à l'Instituto en Première division. De là au Racing puis, après un faux pas par le Benfica au Portugal (où il n'a pas beaucoup pu jouer mais a appris et accumulé de l’expérience), il est arrivé à San Lorenzo. Au-delà du bon souvenir laissé à l'Académia [surnom du Racing de Avellaneda], l'insistance de Ramón Díaz pour le recruter se comprenait pour une équipe dont le grand challenge de la saison était la Coupe Libertadores.

Un effort économique était nécessaire mais, après beaucoup d'allers et retours, Bergessio enfila le maillot azulgrana. A ce moment-là, "Lavandina" [surnom de Gonzalo] avait une très grosse offre financière pour jouer en Russie. Un autre joueur n'aurait pas hésité longtemps avant de l'accepter, il était très difficile de ne pas se tâter. Mais Bergessio a senti que revenir en Argentine n'était ni une perte d'argent ni un recul sportif, bien au contraire : c’était l’opportunité de donner un élan à sa carrière en pouvant de nouveau montrer qu'il est un grand joueur.

Son pari était sportif. Et à vrai dire, très risqué. Bien que le temps lui ait donné raison. "Je l'ai dit quand je suis arrivé et, advienne que pourra, je continue de le soutenir : je veux une revanche en Europe mais je ne regrette pas du tout d'être venu à San Lorenzo. Bien qu'au Portugal je n'ai pas eu beaucoup d'occasion de jouer, à peine 300 minutes, San-Lorenzo a eu confiance en moi. Depuis que je suis arrivé, ils m'ont traité de manière formidable, et pour cela je remercierais toujours toutes ces personnes."

Mais qu'est-ce qui rend Bergessio si attirant ? "Il est un joueur qui transmet tout ce que ses collègues sentent. J'ai toujours voulu l'avoir, depuis l'époque où je dirigeais Estudiantes de la Plata". L'auteur de la phrase est Diego Simeone, l'actuel entraîneur de San-Lorenzo d'Almagro. Le Cholo ne tarit pas d'éloges pour l'attanquant. "Il a le niveau internantional et peut jouer dans n'importe quelle équipe au monde. Il est différent."

Mais il n'est pas le seul entraîneur à le considérer comme un joueur hors pair et capable d’évoluer dans les grands clubs. Quand Ramón Díaz est arrivé à San-Lorenzo, il a été le premier joueur que l’entraîneur voulait pour armer une équipe visant la gagne en Coupe Libertadores. Et bien que cet objectif n'ait pas été rempli, Bergessio a été le joueur fondamental pour avoir de sérieuses aspirations. D'abord parce qu'il a apporté à l'équipe son compte de buts, mais aussi par son dévouement et son enthousiasme.

Ce qui impressionne tant Diego Simeone est resté gravé pour la postérité lors de cette glorieuse nuit qui a enchantée les supporters de San-Lorenzo, le 8 mai 2008. Il fut le héros des huitièmes de finale de la Coupe Libertadores devant le River Plate, rien de moins. Le Cyclone perdait 2 à 0 avec deux joueurs de moins. Mais ses deux buts ont permis d’emporter le match et la qualification en quarts de finale de la Coupe pour San-Lorenzo. Après ce match, lors des quarts de finale, il a inscrit le but de la mise en ballottage sur le terrain de l’Universitaria de Quito (Équateur), bien que son équipe était réduite à dix. Cette égalité sur les deux matchs permis à San-Lorenzo d'arriver aux penalties.

Ainsi, tout autant par l'importance de ses buts que par son tempérament, il est devenu un joueur de référence pour l'entraîneur de la sélection argentine : "J'ai besoin d'un tank devant. Et Bergessio l'est", a affirmé Diego Armando Maradona qui voit en lui une puissance et une force que l'équipe albiceleste n'a plus dans son attaque depuis la retraite de Gabriel Omar Batistuta. Des qualités fondamentales pour un joueur de la Sélection aux yeux de Maradona. En conséquence, il est devenu un des candidats offensifs à la liste des 22 joueurs qui iront à la Coupe du Monde.

Bergessio avait été convoqué pour la première fois en Sélection par Alfio Basile, à l’occasion des matchs contre l'Uruguay et le Chili pour les éliminatoires pour l'Afrique du Sud 2010. "Il est un joueur puissant, il va au front. Dans mes équipes je veux toujours des attaquants pareils", dit El Coco [Alfio Basile]. D’ailleurs l'entraîneur flambant neuf de Boca se serait déjà renseigné pour le recruter. D'autres entraîneurs importants se sont également montrés intéressés. Comme Miguel Lotina, qui a tenté l'année passée de le recruter à La Corogne, ou l'ex-buteur du Real Madrid, Hugo Sánchez qui a cherché à le ramener à Almería.

Mario Alberto Kempes, le buteur de la sélection argentine championne du monde en 1978 et peut-être l'un des plus puissants qu'a donné ce pays, le loue aussi : "Bergessio est un avant incisif et gênant pour les défenseurs. Un buteur qui ne considère jamais une balle comme perdue. Cela le transforme de plus comme la première barrière défensive de l'équipe". Concernant l’aspect tactique, Kempes assure qu'il peut jouer sur tout le front de l'attaque. "Il se sent à l’aise à droite, à gauche et au centre et sa vertu principale c'est la puissance", explique-t-il. 


Ce texte est issu de deux articles publiés en juin 2008 et en juillet 2009 dans la revue Fox News et mis en ligne  sur le blog de son auteur : http://eduardomartins.blogspot.com/. Merci à lui pour son aimable autorisation et au potonaute Gusztáv pour la traduction.