Les trois points obtenus par les Verts à Angers leur feront beaucoup de bien dans la lutte pour le maintien, même s'ils ont été obtenus après un match assez fade.
Ce ne fut pas le match le plus emballant de la saison et le coach angevin ne mâche pas ses mots : "Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas évolué à un niveau si bas sur le plan technique (...) c’est un match raté dans les grandes largeurs de notre part". Sans être mis en danger par leurs adversaires, les Stéphanois avaient deux missions : rester concentrés pour ne pas faire des cadeaux bêtes (comme ça leur est déjà arrivé par le passé) et réussir à trouver quelques failles dans la défense angevine. Objectifs remplis, comme le remarque Claude Puel, qui souligne la différence dans le jeu de ses protégés entre les deux périodes : "j'ai trouvé mon équipe très concentrée. Elle a montré beaucoup de solidarité jusqu'à la fin (...) En première période, on était bien dans l'engagement mais en dedans sur le plan technique (...) Mes joueurs étaient crispés mais solides (...) Je nous ai trouvés mieux en seconde période, plus libérés, avec de belles sorties de balles". Voici quelques exemples.
Pas facile de faire le jeu...
En absence du capitaine Debuchy suspendu, c'est Mahdi Camara qui a pris le brassard de capitaine, associé au milieu à Youssouf devant une défense à 3 Sow-Cissé-Kolo :
Bouanga et Trauco ont été les pistons de ce 3-4-1-2 qui a vu Aouchiche placé en "10", derrière un duo d'attaquants (Abi - Khazri) qui a bougé sur toute la largeur du terrain.
C'est donc Aouchiche qui a eu les clés du jeu, mais comme tout système avec une défense à 3/5, le rôle des pistons est très important aussi. Par exemple, à la 21e minute :
Les Verts ont la possession et le ballon circule dans la défense de la droite vers la gauche. Le trio offensif est d'un côté et coulisse ainsi pour suivre le ballon. Aouchiche est trouvé dans le bloc adverse par une passe verticale...
... et il décale Trauco dans son couloir. Le piston gauche ne déborde pas, ne centre pas, ne combine pas avec Aouchiche ou Abi, mais joue en arrière avec Kolo. Les défenseurs ont de nouveau le ballon...
... et Aouchiche décroche pour offrir une solution, avant de lancer de nouveau Trauco dans son couloir et se projeter pour lui proposer une solution :
Il n'en a pas réellement, les 3 offensifs stéphanois sont à côté (et aucun milieu axial), mais accompagnés par plein d'Angevins. Il joue donc de nouveau en arrière avec Kolo. Le ballon circule latéralement dans la défense vers Sow...
... qui balance un long ballon devant, où Khazri est signalé hors-jeu. Si le circuit des passes a été tout à fait classique pour une 3-4-1-2, le jeu a été lent, sans prise de risque, et n'a donc pas du tout déséquilibré le bloc adverse.
Une animation plus intéressante a pu apparaître grâce aux mouvements des deux milieux axiaux. Dans cet exemple 8 minutes plus tard...
... après un échange de passes avec Youssouf, Sow donne le ballon à Aouchiche, qui avait de nouveau décroché. Il se trouve à la même hauteur que Camara, Youssouf et Bouanga, mais bénéficie des courses verticales de ses partenaires :
Khazri décroche pour proposer une solution entre les lignes, Youssouf et Bouanga se projettent, c'est le dernier qui est trouvé par la transversale d'Aouchiche...
... avant de donner au premier, encore plus haut dans le couloir. La combinaison marche bien et Bouanga est lancé entre les défenseurs. Il n'arrive malheureusement pas à contrôler le ballon. Néanmoins, c'était une animation plus intéressante que celle d'avant : même rôle pour Aouchiche, orienter le jeu vers un piston, mais plus de solutions et de volonté de jouer vers l'avant pour Bouanga que pour Trauco.
... mais plus simple en transition
L'ASSE affichait 62% de possession après une demi-heure de jeu, mais aucune vraie occasion de mettre en danger le goal adverse. La physionomie du match a changé dans le dernier quart d'heure de la 1MT, la possession est devenue angevine (59%) et les Stéphanois se sont enfin montré dangereux, sur les récupérations de balle :
A la 36e minute, après une touche du SCO dans la moitié stéphanoise, Aouchiche gagne un duel et récupère le ballon dans les pieds d'un adversaire. Il se projette immédiatement vers l'avant...
... avec les deux autres offensifs comme solutions devant lui, Abi collé à la ligne de touche droite, Khazri dans l'axe. C'est le premier qui est lancé dans le couloir, où il avance...
... avant de repiquer vers l'axe et de servir Khazri dans la surface. Malheureusement, un défenseur surgit et récupère le ballon, qu'il sort et donne à un coéquipier plus haut :
Les Angevins essayent de sortir balle au pied, mais Bouanga surgit et les Verts ont une nouvelle phase de transition à bonifier grâce à cette récupération haute. Tout le monde courrait vers le but stéphanois, les joueurs sont pris à contre-sens, le piston droit avance dans le couloir...
... et trouve avec son centre la tête de Khazri - le goal adverse ne peut que dévier le ballon, qui atterit sur la transversale, pour la plus grande occasion de la 1MT. Qui est venue d'une double phase de transition pour les Stéphanois, plus à l'aise dans cet exercice que dans les attaques construites.
Et cette préférence pour un jeu direct s'est confirmée en 2MT, avec une attaque du SCO à la 52e minute, contre un bloc stéphanois en 5-2-3 bien en place :
On remarque sur cette image comment Camara et Youssouf, ainsi qu'Aouchiche un peu plus haut, empêchent complètement les milieux adverses de recevoir le ballon. Le défenseur angevin n'a pas d'autres solutions que d'essayer un long ballon au dessus du bloc, un jeu que Cissé préfère. Le défenseur stéphanois gagne le duel aérien et Sow est sur le deuxième ballon...
... qu'il donne plus haut à Camara - une phase de transition pour les Verts qui ont de l'espace devant eux. Sur ce début d'action on observe que les trois offensifs stéphanois (Aouchiche, Khazri, Abi) sont tous pris par un adversaire pendant que les deux centraux du SCO sont en couverture. Les Stéphanois sont en sous-nombre, surtout que Camara et Bouanga ont aussi un adversaire à côté d'eux... mais ils sont passés devant, et ça change tout. Le premier avance avec le ballon, sert le deuxième à droite, qui passe plus haut dans le même couloir à Abi, qui s'était excentré :
La plupart des Angevins est attirée vers ce côté, surtout qu'Abi temporise et Bouanga fait un appel en profondeur. L'attaquant stéphanois pique de nouveau vers l'axe, où l'appel d'Aouchiche resserre le défenseur central restant et celui qui était au marquage de Khazri. Qui a donc le temps d'ajuster sa frappe, pour l'ouverture du score.
Ayant fait le plus dur, les Verts ont levé le pied et ont laissé encore plus la possession à leurs adversaires - seulement 32% à partir du but jusqu'à la fin du match. Une possession stérile pour un SCO en manque d'idées et du jeu de transition pour les Stéphanois, même s'ils n'ont pas su concrétiser les autres phases de transition qu'ils ont eu. Les changements ont préservé le système :
Boudebouz a remplacé Aouchiche poste-pour-poste, en 3e offensif en soutient (ici même devant) le duo offensif, qui a été composé de Khazri et Bouanga - KMP était entré en piston droit et Abi avait sorti. Plus tard, avec les entrées de Nordin et Moueffeck pour Khazri et Zaydou, le système stéphanois est même devenu 5-4-1 :
Un système défensif pour préserver le score, ce qui a bien fonctionné, le SCO n'étant pas dangereux, pendant que l'ASSE s'est créé d'autres belles situations dans les dernières minutes.
Conclusions
Une victoire méritée pour les Verts, avec trois points très importants pour s'approcher encore plus du maintien. Ce n'était pas un match très intéressant pour un observateur neutre, Angers n'ayant absolument rien proposé (seulement 4 tirs tentés dans un match à domicile...). Les protégés de Claude Puel ont beaucoup peiné à provoquer une faille dans le bloc adverse sur des attaques construites, mais se sont montrés bien plus dangereux sur les phases de transition. Ça peut se comprendre, cette équipe ne bénéficie pas d'une supériorité évidente sur ses adversaires, ni individuellement, ni collectivement, et a donc du mal à prendre le dessus sur une équipe bien en place. Mais si l'équipe en face se découvre, il y a de la place. Les points du maintien seront probablement obtenus ainsi, en affichant une belle solidité et cohésion défensive et en profitant des espaces laissés par leurs opposants.