Dimanche, jour de derby, Lilian Compan fêtera ses 29 ans. A quelques jours de ce choc, le dernier buteur des Verts à Gerland s'est confié à Poteaux-Carrés.

L'occasion de reparler de ses vertes années, du derby et de son trip à Caen.


L’été 2002, tu as rejoint l’ASSE à quelques jours de la reprise du championnat de Ligue 2. Pour quelles raisons as-tu choisi de signer à Saint-Etienne ?

A l’intersaison, j’ai été sollicité par plusieurs clubs car Châteauroux n’a pas pu lever l’option d’achat me concernant, la DNCG ayant bloqué tous les transferts. Comme j’étais en fin de contrat à Auxerre, Saint-Etienne et Nice m’ont contacté. A vrai dire j’ai hésité car Nice venait de monter en Ligue 1, alors que Saint-Etienne sortait d’une saison très moyenne en Ligue 2. De plus, ma femme est méditerranéenne comme moi : je suis de Fréjus, elle est cannoise. En signant à Nice, nous serions retournés dans notre région d’origine. Mais j’ai préféré rejoindre l’ASSE, les Verts me faisaient plus envie et je savais que les recruteurs stéphanois me supervisaient depuis plusieurs mois. J’étais attiré par l’identité très forte de ce club, la passion qu’il génère dans le monde du foot.

Enfant et adolescent, étais-tu un supporter des Verts ?

Pour être franc, j’étais plutôt pour l’OM à l’époque car c’est LE grand club du Sud. Mais j’ai toujours aimé Saint-Etienne. Quand je jouais à Hyères, j’ai eu Pierre Repellini comme entraîneur. Poussin, j’ai disputé des matches à Saint-Etienne, sur le petit terrain en synthétique. Même si j’étais très jeune, j’avais conscience que cette ville respire le football. Comme j’étais fan de Laurent Blanc, j’ai suivi avec attention les résultats de Saint-Etienne lorsqu’il a porté le maillot vert.

Te souviens-tu de ton premier match sous le maillot vert ?

Bien sûr ! C’était à Grenoble, lors du premier match du championnat. J’ai remplacé N’Dour en deuxième mi-temps. Sur mon premier ballon, j’ai été descendu dans la surface de réparation mais le gardien grenoblois a arrêté le pénalty d’Alex et on a perdu 1-0.

Alex, parlons-en. Ce joueur de grande classe a fait vivre des moments inoubliables aux fans des Verts quand il jouait en ligue 1, mais de nombreux supporters lui ont reproché un certain manque de motivation en ligue 2. Qu’en penses-tu ?

Alex était un joueur très doué, doté d’un talent énorme. Avec lui, les ballons arrivaient dans les pieds et il m’a offert quelques caviars. C’est très intéressant de jouer avec un gars aussi fort techniquement. Mais bon, c’était aussi un super fêtard. Il n’était pas sûr de rester à Sainté. Manifestement, ça ne l’enchantait pas de jouer en deuxième division et je ne l’ai pas senti impliqué à 100 %. Evidemment, ça restait un joueur précieux car sur un coup de patte, il pouvait faire basculer le sort d’un match. Mais il n’était pas toujours au top physiquement et avait tendance à prendre un peu de poids.

Après tes débuts à Grenoble, tu as disputé ton premier match à Geoffroy Guichard sous les couleurs stéphanoises. Un grand moment pour toi j’imagine !

Ah ça oui ! Quel souvenir énorme … Jouer pour la première fois devant un tel public, ça donne des frissons ! J’avais une telle envie de réussir mes débuts dans le chaudron que je m’étais un peu mis la pression et du coup j’ai été victime d’une petite contracture à la cuisse en fin de match. J’ai dû céder ma place à quelques minutes du coup de sifflet final mais ça reste un super souvenir car on a battu Istres 3-0 pour ce premier match à domicile.

Peux-tu nous décrire ton premier but en vert ?

Heu, non ! (rires). Sérieusement, ça va te paraître bizarre mais j’ai complètement oublié le premier but que j’ai marqué pour Saint-Etienne.

Bon, je te rafraîchis la mémoire. Mercredi 4 septembre 2002, 6ème journée du championnat. L’ASSE reçoit Lorient. Sur un long corner d’Anthony Garcia, David Hellebuyck décoche une frappe violente. Le gardien des Merlus relâche le ballon, et tu surgis en renard des surfaces pour ouvrir le score.

Ah oui ça y’est ça me revient, merci !

De rien ! Lilian, tu as marqué 30 buts sous le maillot vert toutes compétitions confondues. Quel est le plus beau selon toi ?

Mon dernier but sous le maillot vert, celui que j’ai marqué l’an dernier à Gerland. Ma première saison à Sainté, je me souviens aussi que j’en avais mis un pas mal contre Wasquehal : sur un coup franc de David Hellebuyck, j’avais réussi un bel enchaînement contrôle/reprise de volée. Cette année là, j’avais aussi marqué un but sympa contre Laval : excentré, j’avais fait semblant de centrer avant de tirer dans un angle fermé. Un autre but me tient à cœur : celui que j’ai mis l’année de la montée contre Sochaux en demi-finale de la coupe de la Ligue.

As-tu disputé ce soir là ton match le plus intense sous le maillot vert ?

Sans doute. Ce match a été magnifique. Avec le match du titre contre Châteauroux, c’est la rencontre qui m’a procuré le plus d’émotions. L’ambiance était un peu similaire du reste : le public était extraordinaire, j’en avais des frissons. Le match contre Sochaux a été d’une rare intensité. Bien sûr, on a été très déçu de passer si près de la finale, mais on a tout donné et on a pris notre pied. Contre Châteauroux, le dénouement a été plus heureux et on a vécu des moments grandioses. On était porté par le public, et on s’est dépouillé pour arracher la victoire. Quelle fin de match de folie ! Je me souviens qu’on faisait un pressing de malades, jusque dans la surface de réparation. Et ce but de Damien, quelle apothéose !

Avant de vivre ce moment de bonheur intense, tu as connu des moments pénibles à Sainté. La première saison, les soirs de défaite contre Aurillac ou Gueugnon, t’es-tu écrié : « que diable suis-je allé faire dans cette galère ? »

C’est vrai qu’on a galéré une bonne partie de la saison 2002-2003, mais même lorsqu’on était dernier de D2, je n’ai jamais regretté d’avoir rejoint les Verts. On a vécu une année très moyenne, mais on a su redresser la tête après avoir touché le fond contre Aurillac et Gueugnon. C’est pour cette raison que je garde de bons souvenirs de ma première année stéphanoise. Malgré les mauvais résultats, le groupe s’est accroché, est resté solidaire. Evidemment, ça n’a pas été facile, on a été un peu chahuté par notre public. Quelque part, c’était normal, il faut reconnaître que sur certains matches on offrait un bien triste spectacle à nos supporters. Si on avait eu un groupe de cons, l’équipe aurait explosé et le club serait descendu en national. Heureusement, on s’est entraidé dans les moments difficiles et grâce à notre belle fin de saison, on a fini le championnat dans la première moitié de tableau.

Avec quels coéquipiers avais-tu le plus d’affinités sur le terrain et en dehors du terrain ?

J’ai rapidement sympathisé avec Anthony Garcia, et nous sommes restés proches. Je l’ai d’ailleurs revu début avril dernier après le match Montpellier-Caen. Anthony joue maintenant dans l’équipe corpo de Loulou Nicollin. J’ai également des affinités avec Julien Sablé, d’ailleurs nous partons ensemble en vacances l’été prochain. J’ai aussi sympathisé avec Vincent Hognon et Stéphane Hernandez, on se donne des nouvelles régulièrement. Je suis également resté en contact avec Allan Olesen,

Voilà, j’ai cité les joueurs avec qui j’avais le plus d’affinités. Mais je m’entendais bien avec mes autres coéquipiers. Quand j’étais à Sainté, j’ai toujours évolué dans une bonne ambiance. Particulièrement l’année de la montée, car on bouffait souvent tous ensemble. Je pense que c’était un de nos atouts, cette super entente qu’il y avait entre nous. On a partagé des moments difficiles ensemble, on a vécu de grandes choses ensemble. Forcément, ça ne s’oublie pas. Si demain je croise Jérémie par exemple, ça me fera super plaisir de le retrouver pour évoquer cette période et prendre de ses nouvelles.

La saison 2003-2004, tu as été l’un des principaux artisans de la montée en inscrivant 11 buts en championnat. Tu as également contribué activement au superbe parcours des Verts en coupe de la Ligue, en marquant contre Rouen, Lillle, Nice et Sochaux. Ta deuxième saison stéphanoise est-elle la meilleure de ta carrière ?

Oui, je le pense. Ma deuxième saison à Châteauroux était bonne, mais le contexte était un peu différent. C’est lors de ma deuxième saison stéphanoise que j’ai le plus progressé dans ma carrière, et je le dois en grande partie à Frédéric Antonetti.

Dans quels domaines as-tu progressé grâce à lui ?

Frédéric Antonetti m’a permis de progresser mentalement. Il mettait l’accent sur le mental et voulait qu’on fasse preuve d’abnégation, de persévérance. Sous sa direction, l’équipe ne lâchait rien. C’était un peu sa marque de fabrique. On était solides, solidaires et notre détermination a fini par payer. Dans ses causeries d’avant-match, il insistait souvent sur l’importance des premiers duels. Il me citait fréquemment quand il s’adressait au groupe, j’en étais même un peu gêné. Antonetti disait : « si Lilian réussit son premier ballon, on va tous réussir un bon match ». Ses propos me mettaient un peu la pression, je n’avais pas intérêt à louper mon entame de match (rires).

J’ai également progressé dans le jeu grâce à Frédéric Antonetti. J’ai amélioré mon positionnement sur le terrain et j’ai sensiblement progressé dans les replis défensifs. J’ai également étoffé mon registre d’attaquant. Jusqu’alors, j’étais plutôt habitué au 4-4-2, et j’ai dû m’adapter au schéma de Frédéric Antonetti, qui prônait le 4-3-3. J’ai une légère préférence pour le 4-4-2, mais j’ai apprécié le 4-3-3 d’Antonetti. J’étais souvent seul en attaque, mais ça ne me dérangeait pas car je bénéficiais des centres de Frédéric Mendy et Nicolas Marin, des ailiers vifs et percutants.

Comment as-tu réagi en apprenant le départ de Frédéric Antonetti ?

Au début, j’ai été surpris de voir que les dirigeants tardaient à le reconduire. Le temps passait et les discussions s’éternisaient. Ce n’était pas bon signe, et pendant cette période j’appelais souvent Julien Sablé, qui en tant que capitaine avait une relation privilégiée avec Frédéric Antonetti. Lorsque l’annonce du départ d’Antonetti a été officialisée, j’ai été déçu, forcément. Sous sa direction, on a vécu une belle aventure sportivement et humainement. Le voir quitter le club alors qu’on venait de monter en ligue 1, c’était bizarre et un peu incompréhensible. Avec Guy Lacombe, c’est l’entraîneur qui a le plus compté pour moi depuis le début de ma carrière. J’avais peur que son départ casse la belle dynamique qu’il y avait au sein du club.

Lors de ta troisième et dernière saison sous le maillot vert, tu as perdu ta place de titulaire. Comment as-tu vécu cette situation ?

A l’intersaison, plusieurs joueurs offensifs ont été transférés à Saint-Etienne : Frédéric Piquionne, Anthony le Tallec, Pascal Feindouno. Titulaire les deux saisons précédentes, je me suis retrouvé sur le banc. Forcément, j’étais déçu mais c’était le choix d’Elie Baup.

Entretenais-tu de bonnes relations avec Piquionne ?

La relation que j’entretenais avec Fred était très saine, très correcte. Il était titulaire, j’étais remplaçant, c’est la loi de la concurrence. Personnellement, j’aurais aimé jouer en attaque avec lui. Elie Baup pensait sans doute que nous n’étions pas complémentaires et il a préféré lui associer d’autres joueurs. Je respecte ce choix, mais je reste persuadé que mon association avec Piquionne aurait pu être efficace. Je me souviens que Fred était l’auteur du centre sur le but que j’ai marqué en fin de match contre Rennes, en début de saison.

Quid de tes relations avec Elie Baup ?

Elles étaient également excellentes. Vraiment ! Il a été très clair avec moi en début de saison. Evidemment, j’aurais aimé qu’il me fasse jouer davantage. A défaut de me titulariser, il m’a fait confiance dans le rôle de joker. J’ai tout de même joué une vingtaine de matches avant ma blessure. Elie Baup me faisait souvent entrer en fin de match pour que j’apporte mon expérience sur le terrain.

Penses-tu que ton léger manque de vitesse constitue un handicap pour t’imposer pleinement en Ligue 1 ?

Non. C’est vrai, je manque un peu de vitesse mais je pense avoir d’autres qualités. Le milieu du foot m’a collé depuis plusieurs années une étiquette de buteur de D2. Je n’arrive pas à m’en défaire. Actuellement, dans le foot, le stéréotype de l’attaquant moderne est Thierry Henry. Le discours dominant aujourd’hui, c’est qu’un attaquant doit impérativement avoir des qualités de vitesse pour s’imposer au plus haut niveau. Je ne partage pas cet avis. La rapidité peut être un atout, mais à mon sens un attaquant doit disposer d’autres qualités : l’adresse devant le but, la percussion, le sens du placement, de l’anticipation. Je ne prétends pas avoir leur niveau mais prends des joueurs comme Trezeguet ou Pauleta : ils ne sont pas rapides mais ils sont extrêmement adroits devant le but.

En ce qui me concerne, je t’avoue que j’avais une petite appréhension la saison dernière quand j’ai retrouvé la première division. J’avais peur de prendre une claque, de donner raison à ceux qui considèrent que je ne suis qu’un petit joueur de D2. Avec le recul, et même si j’ai relativement peu joué, j’estime que j’ai le niveau de la Ligue 1.

Malgré un temps de jeu en effet limité (l’équivalent de 7 matches entiers), tu as trouvé quatre fois le chemin des filets la saison dernière : un coup de tête rageur contre Rennes, un jaillissement au second poteau contre Caen, un péno contre Auxerre histoire de faire bisquer Guy Roux et ce tragique dernier but contre Lyon … Quel souvenir gardes-tu de ce match à Gerland ?

Je me souviens qu’on avait fait une bonne première période, mais le but de Wiltord juste avant la pause nous avait fait très mal. Ensuite, il y a eu cette entame catastrophique en seconde période. A 3-0 on était vraiment mal ! Heureusement, on su réagir. Pour moi, c’était inconcevable que les Verts se fassent ridiculiser à Gerland. Je suis fier d’avoir réussi à monter de quoi on était capable en revenant dans le match au courage. Evidemment, la principale image que je retiens de ce derby, c’est quand je me blesse en marquant notre deuxième but. J’ai tout de suite ressenti une douleur très vive, anormale, et je savais que c’était sérieux. J’ai été opéré trois jours plus tard. Cette double fracture du tibia m’a rendu indisponible jusqu’à la fin de la saison. C’est vraiment dommage, car sans cette blessure, j’aurais pu participer à la belle fin de saison des Stéphanois.

Ta blessure a touché les supporters stéphanois. Lors du match suivant (le neigeux Saint-Etienne-Marseille), ont pouvait lire des banderoles en ton hommage : «Compan, tous avec toi », côté Green Angels. « Courage Lilian » du côté des Magic.

Oui, j’ai été très sensible à ces marques de sympathie. Au cours de ma convalescence, de nombreux supporters m’ont adressé des messages de prompt rétablissement. Mes coéquipiers et mes dirigeants m’ont également encouragé.

Sous contrat jusqu’en 2006, les dirigeants semblaient compter sur toi : fin mai 2005, tu as prolongé ton contrat avec l’ASSE jusqu’en 2007. Un mois plus tard, tu étais transféré à Caen !Comment as-tu vécu ce départ de Saint-Etienne ?

Très mal ! J’ai vécu de grandes choses à Saint-Etienne, j’étais attaché à ce club. J’ai été dernier de D2 avec ce club, j’ai progressé avec lui, je ne comptais pas m’arrêter là ! J’avais envie de poursuivre l’aventure, de participer à la coupe Intertoto, etc. Bref, je ne voulais pas partir car je me sentais bien à Saint-Etienne…Mais à mon retour de vacances, tout s’est précipité…

Comment ça s’est passé ? A ton retour, on t’a dit « Lilian fais tes valises ! » ?

Oui, c’est quasiment ça…

Ton départ était-il lié à l’arrivée de Sébastien Mazure ?

Oui, on ne m’a pas trop laissé choix.

Baup voulait-il te garder ? As-tu fait le point avec lui en fin de saison ?

Je ne sais pas s’il souhaitait me garder, je n’ai pas pu discuter avec lui. Je n’ai pas réussi à l’avoir au téléphone.

Si tu étais resté, aurais-tu accepté d’avoir aussi peu de temps de jeu que l’an dernier ?

Oui. J’avais dit que si je repartais sur les mêmes bases que l’an dernier, c’est-à-dire remplaçant de Fred en début de saison, ça m’irait. Ensuite, j’aurais essayé de gagner ma place, et quoi qu’il en soit, j’aurais respecté le choix de l’entraîneur, comme je l’ai toujours fait. Mais le club voulait Sébastien Mazure, on m’a fortement incité à partir.

Quand tu dis « le club voulait Mazure », tu parles d’Elie Baup ou de Bernard Caiazzo ?

Je parle de Bernard Caiazzo. Je peux me tromper, mais il me semble que c’est lui et pas Baup qui tenait à ce que Mazure vienne à Saint-Etienne.

A défaut d’avoir pu discuter avec Elie Baup de ton avenir en vert, as-tu rencontré Bernard Caiazzo avant de partir à Caen ?

Oui. Il m’a dit clairement qu’il souhaitait que je parte, compte tenu de l’arrivée de Sébastien Mazure. Il a pris soin de rajouter « mais tu peux rester si tu veux ». Mais bon, j’ai compris le message, je n’avais pas vraiment le choix et j’ai signé à Caen.

A trois journées de la fin du championnat de ligue 2, quel bilan tires-tu de ta saison caennaise ?

On va dire que le bilan est pas mal. J’ai repris un peu en retard avec ma nouvelle équipe, le temps de me rétablir complètement. Ensuite, je me suis senti super bien. Même si l’équipe ne tournait pas trop bien, j’ai marqué plusieurs fois et j’étais content de retrouver un bon niveau après une telle blessure. Mais en octobre dernier, je me suis pris un tacle en coupe de la Ligue contre Strabourg. La douleur s’est réveillée et j’ai eu une inflammation à la jambe. J’ai été indisponible pendant plusieurs semaines.

Décidément, cette équipe de Strasbourg ne te réussit pas en coupe de la Ligue ! En parlant de cette compétition, as-tu quelques regrets d’être passé si près d’une finale au Stade de France avec Saint-Etienne ?

Oui. Samedi dernier, j’étais dans les Tribunes du Stade de France pour voir la finale Nancy-Nice. Il y a avait Frédéric Antonetti sur la pelouse. Forcément, j’ai repensé alors à ces 2 demi-finales perdues contre Sochaux et Strasbourg. Ah, on est passé si près de cette finale.. Contre Sochaux, on menait quand même 2-0, mais on avait fait un super match. La demi-finale contre Strasbourg, on est passé à travers, pourtant cette équipe était prenable. Mais bon, c’est le passé. J’espère que les Stéphanois découvriront un jour au Stade de France, les supporters mettraient alors une ambiance énorme !

Juste après la trêve, tu as marqué contre Amiens ton septième but de la saison. Ensuite, tu es resté très longtemps sans marquer. Pourquoi ?

Je ne sais pas trop en fait. Parfois, un attaquant traverse des périodes difficiles. Au début, tu te dis, « c’est bon, ça va venir ». T’essaies de positiver, et souvent à défaut de marquer tu fais marquer les autres donc ce n’est pas trop grave. Mais quand tu restes un long moment sans marquer, ça devient vraiment pénible pour un buteur. C’est pour ça que j’étais si content de marquer à Montpellier.

Tu as remis ça à Bastia, mais le match a été arrêté à dix minutes de la fin suite à l’envahissement de la pelouse par certains supporters bastiais. T’avais déjà vécu un incident comme ça dans ta carrière ?

En amateur, oui, ça m’était arrivé. Dans le sud, c’est le genre de truc qui arrive parfois ! Mais c’est la première fois que je vois ça en pro !

Es-tu prêt à raser les cheveux de ton coéquipier Samson ? En lui faisant perdre ses pouvoirs de buteur, tu le coifferais sur le poteau au classement des meilleurs buteurs caennais !

(Rires) Non, je suis prêt à lui laisser la place de meilleur buteur, si au final Caen accède à la première division.

Caen n’a plus que 2 points de retard sur Lorient à 3 journées de la fin. C'est jouable ?

Oui, et on croit en nos chances de monter en Ligue 1. Ce sera dur mais c’est possible, on revient fort. On n’a pas le droit à l’erreur, tout ne dépend pas de nous mais c’est jouable.

Seras-tu encore à Caen l’an prochain ?

Je pense que oui, surtout si on parvient à monter en ligue 1 dès cette année.

Si tel n’est pas le cas ?

Tout dépendra alors de ce que voudra faire le club, des ambitions qu’il aura. J’ai encore deux ans de contrat à Caen mais peut-être que je recevrai des propositions d’autres clubs ? On verra bien.

Penses-tu déjà à ta reconversion ?

Dimanche, j’aurai 29 ans. Physiquement je me sens bien, beaucoup mieux qu’il y a quelques années. Je pense avoir encore de belles années de joueur devant moi. Mais c’est vrai qu’il m’arrive de penser à me reconversion. J’ai commencé à passer mes diplômes d’entraîneur, ça peut toujours servir. Je n’ai pas encore de projet clairement défini mais je pense que je resterai dans le milieu du foot. Je ne suis pas sûr de vouloir devenir entraîneur, mais je sais que certains joueurs ont dit ça avant d’entamer une longue carrière d’entraîneur…

Que penses-tu du parcours des Verts cette saison ?

Je ne peux pas trop me prononcer. Après mon départ je n’ai pas pu les regarder jouer car j’avais beaucoup de peine. En fait ça fait peu de temps que je les regarde à nouveau.

Es-tu retourné à Saint-Etienne depuis ton départ à Caen ?

Non, mais j’y retournerai dans trois semaines pour me faire retirer le clou qu’on avait mis sur mon tibia. J'en profiterai pour voir des amis.

Quels souvenirs gardes-tu de la région stéphanoise ?

De très bons souvenirs. J’habitais à Bouthéon et avec ma famille on a particulièrement apprécié la région. Même si on est originaire du sud, on a gardé des amis, des attaches là-bas et j’espère que j’aurai l’occasion de revenir dans cette région.

Tu veux dire après ta carrière de joueur ?

Pas forcément après.

Ah ah !Si demain on t’appelle pour revenir jouer en Vert, tu dis quoi ?

Je dis oui !

Lilian, je te propose de répondre au questionnaire de Proust revu et corrigé par poteaux-carrés.

Ton équipe préférée ?

Saint-Etienne

L'équipe que tu détestes ?
Mmm. Non, ce serait méchant.

Allez Lilian, lâche-toi, t’allais dire quelque chose !
Heu, ouais, en fait j’allais dire Lyon (rires)

Ton geste technique favori ?
Le contrôle orienté.

Le son, le bruit du stade que tu aimes ?
L’ambiance de Geoffroy Guichard.

Le son, le bruit du stade que tu détestes?
L’ambiance de Duvauchelle.

Ton juron, ton gros mot ou blasphème favori lors d'un match ?
« La con de tes morts ! »

Lacombe t’es mort ? Fouilla, le derby va être chaud !
(Rires) Non, "la con de tes morts", c’est une expression du sud !

Un footballeur pour illustrer un nouveau billet de banque ?
Je ne vais pas être très original : Zidane.

Le métier du foot que tu n'aurais pas aimé faire ?
Entraîneur-adjoint.

Le joueur, l'entraîneur ou l'arbitre dans lequel tu aimerais être réincarné?
Le joueur : Christian Vieiri. L’entraîneur ? J’hésite entre Guy Lacombe et Frédéric Antonetti. L’arbitre ? Heu, non merci, j’aime pas les arbitres (rires).

Si le Dieu du foot existe (on aurait entraperçu sa main lors d'un Angleterre-Argentine resté célèbre), qu'aimerais-tu après ta mort, l'entendre te dire ?
J’aimerais qu’il me dise : « Lilian, tu peux m'faire un autographe s’teu plaît » (rires).