Du foot, du poivre et un peu de sel : c'est Epicure au pays des Verts

Le Janot Lapin à la moutarde

Jérémie n'est pas devenu Parasar l'idole de tout un peuple. De son sauvetage in extremis face à l'andouillette de Troyes dans l'Aube lors d'une dernière journée synonyme de maintien des deux toques, il a conservé la main ferme de ses premières années de clapier. Désormais bien introduit sur le Jacques pré Vert, il s'autorise même parfois quelques fantaisies digne du meilleur Higuita du début des années 90. Les pieds bien campés sur sa ligne de but, l'oeil à la fois vif et espiègle, sa relative petite taille ne l'empêche plus désormais de s'aventurer en dehors de son terrain de chasse favori, autrement appelée surface de (p)réparation, pour déguster avec trois autres de ses comparses triés sur le volet quelques cuisses et râble de ce lapin chasseur qu'il aura préalablement découpés en morceaux présentables.

Mais tout d'abord, il lui aura fallu mélanger 80 grammes de cette moutarde forte d'un club évoluant en division inférieure où sévirait un certain sergent Garcia avec 80 grammes de moutarde en grains dite "à l'ancienne" - sans casquette en supplément- et une pincée de sel et trois de poivre. Jérémie, il aime aussi bien le poivre que le sel. Il badigeonnera alors les morceaux de lapin avec ce mélange de Chopin(e) impromptu puis mettra au four à 180°C pendant 15 minutes, soit le temps de tenir enfin le score face à nos meilleurs ennemis d'outre A47. Son devoir accompli et la victoire en poche, il ajoutera les 12 cl de Chablis que Guy Roux lui aura offert lors de son dernier match sur ce banc du Nord qu'il aime tant et laissera cuire de nouveau 20 minutes, le temps de rentrer dans les vestiaires pour savourer la victoire.

Il pourra alors se remémorer ses plus beaux arrêts-réflexes de cette énième soirée de légende et bondir vers une petite sauteuse dans laquelle il fera confire dans les pieds et à couvert, bien entendu, 8 magnifiques gousses Blazy d'ail non pelées dans 10 cl d'huile. Il préfèrera, gourmand qu'il est, une huile de la Courtade sur l'île de Porquerolles, qui convient parfaitement pour la cuisson de l'ail en chemise et autre maillot barriolé.

Douché, peigné et rhabillé, il songera déjà à dresser les gousses ultérieurement sur son plat de service, lui qui chaque semaine nous en rend tant et tant que ça en deviendrait presque inconvenant. Il ajoutera 10 cl de crème double à son Janot lapin au four, à feu doux pendant cinq minutes, mais ne laissera surtout pas bouillir de façon qu'il n'y ait qu'un simple frémissement et non pas une de ces enflammades qui pourrait porter préjudice à ce plat mythique : un mal pour un bien, en quelque sorte.

Enfin, après bien des péripéties, Jérémie dressera le lapin sur un plat creux réchauffé et décorera avec les gousses d'ail. Un gratin de pomme de terre à la crème et aux feuilles de lauriers sera du meilleur accompagnement.

Pour le vin, il préfèrera un Chablis Vieilles Vignes du Domaine Defaix - Au Vieux Château. Ces vignes, âgées de 42 ans, donnent une puissance idéale à ce vin pour supporter une préparation si relevée...

Bonne cuisson et belle saison gastronomique !