L’ASSE fait désormais dans la realpolitik. Làoù les malheureux ( ?) dirigeants toulousains, niçois ou lillois sont contraints de tartiner leur site officiel de démentis àbase d'« intransférable », « définitif », « dossier clos » et autre « feuilleton terminé » qui nous rappellent le bouletissime « ferme et irrévocable » de jadis, nous àSainté on fait dans le pragmatique.
C’est quoi le pragmatique ? C’est simple. C’est éviter les déclarations à l’emporte-pièce (billets plutôt, vu les montants en jeu). Aveu de faiblesse diront certains qui regrettent qu’on ne sache pas dire haut et fort que Matuidi est et restera stéphanois.
Peut-être. Mais notre fabuleuse Ligue 1 regorge de joueurs intransférables un jour et faisant leur valise Vuitton le lendemain (ndlr : j’en profite pour dire que dans la panoplie du footeux de base, le baisenville Vuitton est sans doute ce qui se fait de plus vulgaire, Pierre-André si tu nous lis…).
Alors plutôt que de braquer le joueur en lui expliquant qu’on est prêts à l’envoyer en CFA…2 (Notre Gigi, j’comprends qu’il fasse la tronche, mine de rien il a été relégué !) et passer ensuite pour des branques au moment de lâcher prise face à une proposition qu’on ne sait refuser, nos dirigeants ont eu l’heureuse idée de faire dans le pragmatique.
Au concept trop souvent malmené de joueur intransférable ils préfèrent celui du joueur transférable.
Matuidi est transférable comme … Sauget, Hautcoeur ou Gigliotti ! Oui je sais ça fait un choc. Mais il convient d’apporter une pincée de nuance à cette recette bien simple en apparence. Y a transférable et transférable.
Y a le joueur transférable mais pas trop et le transférablissime. Y a Blaise et Bafé d’un côté, David et Jonathan de l’autre. Y a ceux à qui on explique qu’ils ont le niveau pour le Barça et Manchester dans un an et qu’il serait bête d’aller se perdre là tout de suite dans un vulgaire club de seconde zone (on y joue aussi la ligue des champions, mais chut, faut pas le dire). Et y a ceux pour qui on demande à leurs agents d’expliquer aux clubs de quatrième zone (vous aurez donc saisi que la nôtre de zone, ça serait plutôt la troisième) qu’il faut laisser sa chance au produit. Pour un David acheté on vous fait le deuxième moitié prix, allez hop, La Sauge et Gigi, au revoir et merci pour tout.
Donc, au risque de me répéter, on est pragmatique, et pour une fois qu’on peut louanger un peu nos dirigeants-foutre, ne nous en privons pas. Mais (y a toujours un mais, c’est l’ASSE quand même), qui dit pragmatique dit aussi flou artistique.
Car à quelques encablures de faire leur fête aux niçois, avec notre pragmatisme à nous qu’on a, on est sûr de rien. Qui sera du banquet dans le Chaudron le 8 Août ? Et de quoi on aura l’air si, prenant exemple sur notre exceptionnel pilier (pas que de bar) Féfé, nos piliers se barrent au milieu du gueuleton ? Ca laisserait pas comme un vide de se retrouver sans Blaise ou Bafé en plein mois d’Août ? En fait de gueuleton ce type de départ non anticipé c’est la recette parfaite d’une inévitable soupe à la grimace.
Nous voila donc et c’est ballot entre deux eaux. A la fois à deux doigts de nous emballer sur la foi d’une campagne de matchs amicaux bien ficelée et d’un recrutement, qui sans atteindre la brillance et l’efficacité de celui d’il y a deux ans semble moins hasardeux que celui de l’an dernier. Et à la fois inquiets de voir ce fragile édifice s’effondrer au moindre fax d’Arsenal, voire, pire d’un vulgaire Portsmouth.
Qu’est-ce qu’il nous restera alors ? Nos yeux pour pleurer et quelque millions à réinvestir en 48 heures, sans se tromper bien entendu. Ah, oui ! J’oubliais, il nous restera Sauget, qui, au grand étonnement de ses partenaires, confirme, c’est ferme et irrévocable, qu’il n’est pas à Grenoble.