Faisant depuis trois ans et demi le bonheur des gardiens du centre de formation de Guingamp (quatre d'entre eux sont internationaux et ont reçu cette semaine la visite de l'entraîneur des gardiens de l'équipe de France A Franck Raviot), l'ex-coach des jeunes gardiens stéphanois Mickaël Dumas se réjouit de voir jouer Etienne Green au plus haut niveau.
Que t’inspire la prolongation du contrat d’Etienne Green ?
Je suis très content pour Etienne. C’est un secret pour personne qu’au club il n’y avait pas grand monde qui croyait en lui il y a encore deux ou trois ans. Comme je vous l’avais dit en juin dernier quand il avait signé son premier contrat pro, il y a des gardiens qui arrivent avec des profils notamment athlétiques un petit peu plus tardifs. C’était le cas d’Etienne. J’ai des gens de Maclas, Pélussin qui m’ont appelé parce qu’il avait été élu meilleur gardien du tournoi la saison où il avait un peu joué. Ils m’avaient interrogé à son sujet. Je leur avais dit que je croyais beaucoup en ce garçon et qu’il fallait lui laisser le temps. Etienne a toujours travaillé sans état d’âme. Etienne ne se prend pas pour quelqu’un d’autre. Il est là quand on fait appel à lui, il répond présent.
Etienne est un très bon garçon, un très bon coéquipier. Il incarne toutes les valeurs auxquelles je suis très attaché. Les très bons garçons, de très bonne famille, bien éduqués et qui en plus de cela bien sûr ont du talent, tu les retrouves toujours quelques part. Là où c’est beau, et il ne le doit qu’à lui, c’est qu’il a fait deux premières prestations en Ligue 1 plus qu’intéressantes. Il a su provoquer la chance. Parfois, t’as des gardiens qui te disent « j’ai fait une première mais je n’ai pas eu la chance que ça se passe bien. » Mais Etienne, la chance, il l’a provoquée.
Il t’a épaté et surpris lors de ses matches contre Nîmes et Bordeaux par rapport à ce qu’il t’avait montré quand t’étais encore à Sainté ?
Non. Il avait déjà cette qualité forte d’être présent dans les airs, de rayonner et de s’imposer dans le domaine aérien. Etienne a toujours eu un jeu au pied juste, après il manquait de puissance mais tu savais que dans les deux, trois ou quatre ans qui lui restaient il allait l’acquérir. Etienne a un jeu au pied qui est très pur. Il a toujours eu aussi cette capacité à faire des arrêts. Là où il est sinon étonnant, en tout cas remarquable, c’est dans cette capacité à jouer sous pression.
On sait tous que l’ASSE vit une saison compliquée, les deux matches qu’il a faits n’étaient pas des matches faciles. Etienne ne m’a pas surpris ou épaté lors de ses premiers matches en pro, mais c’est très agréable de le voir à ce niveau-là, dans des matches de Ligue 1 d’une équipe qui se retrouve à devoir lutter pour le maintien. Ce n’est jamais très facile. Que ce soit à Nîmes ou contre Bordeaux, il a montré au plus haut qu’il était serein, flegmatique, calme et posé. J’ai toujours apprécié ses qualités chez lui, c’est sa nature.
C’est un garçon qui a fait toute sa formation sans être forcément dans la lumière. Il a appris à gérer tout ça, à encaisser. Il y a encore deux ans, il avait de quoi se poser beaucoup de questions. Il n’a pas pris part aux campagnes de Gambardella, c’était le troisième gardien de sa catégorie d’âge. Il jouait peu en championnat. Au club, il n’y a personne qui lui parlait trop. S’il n’y a pas Fabrice Grange qui croit vraiment en lui, avec moi peut-être... C’est surtout Fabrice Grange à l’époque, qui le lance comme numéro 4 chez les pros.
Au final Etienne a réussi à faire son trou et il récolte les fruits du travail qu’il a effectué dans l’ombre pendant de nombreuses années. Toutes ces étapes qu’il a franchies alors qu’il n’était pas forcément considéré en interne comme le plus prometteur de sa génération font qu’il a gardé en lui ce flegme et ce calme-là. Il savoure posément et avec humilité ce qui lui arrive aujourd’hui, sans s’enflammer. Etienne a la tête sur les épaules. C'est un bosseur. C'est à la fois beau et mérité tout ce qui lui arrive aujourd'hui !
Parmi les jeunes gardiens formés au club et censés incarner la relève de Stéphane Ruffier, c’est plutôt Anthony Maisonnial et Stefan Bajic qui étaient mis en avant. Aujourd’hui le premier est sur le banc de Bourg-Péronnas en National et le second sans se trouer ne s’est pas mis en évidence lors des trois matches – tous perdus - qu’il a disputés avec les pros. C’est le gardien qu’on attendait le moins qui est en train de tirer son épingle du jeu.
La route est encore longue, c’est dans la durée qu’on peut juger les gardiens. Antho avait fait une très bonne entrée à Lorient suite à l’expulsion de Jessy malgré la défaite au Moustoir. Quelques jours plus tard il avait été très bon contre Nancy à Geoffroy-Guichard en faisant une clean-sheet. Je l’avais aussi trouvé convaincant en Coupe de France sur un terrain très difficile dans le Nord contre Croix pour son troisième et dernier match. Etienne aujourd’hui montre plein de bonnes choses, la route est encore très, très longue.
Penses-tu que le coach va le laisser dans les cages jusqu’à la fin de saison ?
Tant qu’il rapporte des points à l’équipe, je vois mal le coach le sortir. Le foot, ça reste assez simple. Les entraîneurs ne se privent jamais des joueurs qui font gagner des points, des gardiens qui se montrent décisifs. C’est sûr que le troisième match d’Etienne programmé ce dimanche à 13h00 risque d’être très dur, il y aura du lourd en face. Mais si l’équipe arrive à enchaîner quand même et à prendre des points quand il joue… Je pense quand même qu’il ne faut pas oublier Jess. Son retour sera important car c’est une personne et un joueur importants dans le vestiaire stéphanois. On verra bien !
Merci à Mickaël pour sa disponibilité