30 ans avant Robert Beric, Thierry Gros a connu le bonheur suprême de marquer l'unique but victorieux d'un derby dans le Chaudron. Entretien.
Thierry, te souviens-tu de ton premier derby ?
Je m'en souviens très bien, lors de la saison 1985-1986. C’était ma première saison en pro, j’avais 19 ans. Moi qui suis marseillais d’origine, j’avais beaucoup entendu parler de ce derby. La saison précédente, à l’époque où j’étais au centre de formation de l’ASSE, j’avais assisté dans les tribunes de Gerland à notre victoire 5-1. On avait fait un match extraordinaire ! Jean-Luc Ribar notamment avait été énorme, il avait mis un doublé. Jean-François Daniel aussi avait été excellent, il avait également marqué. Franchement, je m'étais régalé. Robert Herbin, nettement moins, car à l'époque bizarrement il entraînait l’OL !
Le premier derby que j’ai joué, c’était la saison d'après, à Geoffroy-Guichard. Je n’avais fait qu’une douzaine d’apparitions en pro auparavant, c’était mon premier très gros match. C’était énorme pour moi de jouer titulaire ce match que tout le monde attendait, j’avais des frissons de jouer le derby dans une telle ambiance. J’étais opposé à Olivier Rouyer, qui était en fin de carrière et qui avait été titularisé par Robert Nouzaret.
Moi je débutais la mienne, c’était une période extraordinaire pour moi. C’est Henryk Kasperczak qui était notre entraîneur à l’époque. Je lui dois beaucoup, c’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier pour que je puisse jouer d’abord en deuxième division, puis après en première division car on est monté en 1986. C’est lui qui m’a fait confiance et après j’ai saisi ma chance.
C’étaient mes jeunes années. Quand je suis arrivé au centre de formation en 1983, mon objectif était bien sûr de jouer en équipe première. Je garde des souvenirs magnifiques de cette première saison en équipe fanion, d’autant plus qu’elle a été ponctuée d’une montée. On avait une équipe enthousiaste avec pas mal de jeunes joueurs un peu plus vieux que moi comme Jean-Luc Ribar et Jean-François Daniel.
Il y avait aussi Jean Castaneda, avec qui j’aurai joué de nombreuses saisons mais aussi un joueur extraordinaire, Roger Milla. Il était capable de nous faire gagner des matches à lui tout seul, il était au-dessus. Mais il était absent lors de ce premier derby de ma carrière de joueur. Je me souviens qu’on avait gagné 1-0 grâce à une tête de Tony Kurbos sur un centre d’Eric Bellus
Ton deuxième derby s’est achevé sur le même score et dans le même stade. Tu en as été le héros !
Ah, un très grand souvenir, certainement le meilleur de ma carrière ! J’avais marqué à vingt minutes de la fin d’une demi-volée du gauche sur une remise de la tête de Rob Witschge. J’ai revu ce but, ma fille m’a envoyé la vidéo. Au-delà de ce but, j’ai l’impression d’avoir fait le match parfait ce jour-là. Robert Herbin, qui n’était pas quelqu’un qui faisait beaucoup de compliments (rires), me l’avait dit le lendemain à la causerie.
C’est rigolo, c’était mon premier but en pro et je n’en ai pas mis beaucoup d’autres par la suite [trois, contre Mulhouse en 1990 et contre Metz et Nîmes en 1991]. À l’époque le club avait engagé un psychologue pour nous développer des images positives afin qu’on soit plus performant. Il me disait toujours : « Thierry, tes matches sont bons mais pour qu’on parle plus de toi, il va falloir que tu marques un but. »
Pour me chercher des excuses, pour essayer de me dérober, je lui avais dit : « Moi je marquerai un but le jour où il y aura 40 000 spectateurs au stade. » Je lui ai répété ça pendant six mois. Et comme par hasard, j’ai marqué le 9 septembre 1989 le jour où il y avait 40 000 spectateurs au stade, à l’occasion de ce fameux derby ! (rires)
En plus de ce but, j’ai gardé l’image de Bruno Genesio. J’étais opposé à lui sur ce match et je me souviens qu’il avait passé un mauvais moment ! (rires) Il m’est arrivé de passer moi-aussi des moments délicats dans ma carrière, pas contre lui mais contre d’autres. Mais ce match-là je me souviens que Genesio en avait bavé, il était assez énervé ! (rires)
Raymond Domenech était sur le banc des vilains visiteurs et Robert Herbin sur celui des Verts…
Roby avait retrouvé le bon côté, sa maison verte. C’était un entraîneur qui était capable de nous remonter le moral quand ça n’allait pas, et de nous dire de ne pas nous enflammer quand on gagnait. Parfois on perdait un match et il avait toujours le mot qui faisait qu’on était capable de repartir derrière et d’être plus performant. Et il arrivait qu’on soit performant et qu’il nous mette en garde. C’était sa qualité.
Mais pour avoir passé par la suite mes diplômes d’entraîneur une fois la trentaine passée, c’est sûr que c’était une autre époque. Je me suis aperçu que l’entraînement n’était pas ce que j’avais vécu quand j’étais jeune joueur. Quand je suis arrivé dans le football, on était pour moi des amateurs. Quand j’ai passé mes diplômes et que je me suis retrouvé dans le milieu amateur, j’avais l’impression qu’on était chez les professionnels ! (rires)
Ce derby remporté grâce à ton but avait été âpre, Thierry Courault s’était fait expulser à dix minutes de la fin.
Les derbys étaient bien plus âpres qu’ils ne le sont devenus. Quand je vois les matches maintenant, je trouve qu’il y a de l’engagement physique, mais à notre époque en plus de ça il y avait des attentats ! (rires) Aujourd’hui quand tu commets un attentat il y a carton rouge, et si d’aventure l’arbitre ne le sort pas de suite il y la VAR qui peut le conduire à le faire.
Dans les années 80-90, le premier attentat te valait juste un avertissement verbal. T’avais encore le droit d’en faire un ou deux ! (rires) Bon, je reconnais que c’était un peu abusé… Je trouve que le football a énormément évolué et honnêtement, je ne suis pas du style à dire : «c’était mieux avant. » Je pense que maintenant c’est beaucoup mieux, les joueurs sont mieux protégés et ils sont au top tactiquement, physiquement.
On ressent quoi quand on marque le but victorieux d’un derby ?
On ressent un bonheur intense, une grande fierté. Je suis fier d’avoir marqué ce but contre Lyon. Donner la victoire à ton équipe dans un derby, il n’y a rien de plus beau ! Un soir de derby, tu te rends compte à quel point le Chaudron est un chaudron. Et tu ressens à que point le public est heureux quand tu gagnes ! Vois-tu, bien que je sois d’origine marseillaise, j’ai toujours adoré les Stéphanois. J’ai toujours trouvé que ce sont des gens très agréables, j’ai toujours été très bien accueilli à Sainté, j’ai passé dix ans extraordinaires là-bas.
Ce but victorieux reste donc évidemment un souvenir magnifique. En plus, c’était la veille de mes 23 ans. Je peux te dire qu’on a sacrément fêté ça après le match ! (rires) Tout était réuni pour vivre un moment inoubliable. On a fini bien fatigué ! (rires) J’avais des potes qui avaient réservé la patinoire. C’était près de la fin de l’été, ils enlevaient la glace et il y avait des animations sur la patinoire « déglacée ». Je connaissais très bien le patron car son épouse est la marraine de mon fils On a passé une super soirée !
Te remémores-tu d’autres derbys auxquels tu as participé ?
Si j’ai gagné mes deux premiers derbys, par la suite j’ai le souvenir d’avoir fait plusieurs matches nuls, que ce soit chez eux ou chez nous. Je me rappelle un 1-1 à Gerland. Christian Sarramagna était notre entraîneur à l’époque. On avait ouvert le score grâce à Lubomir Moravcik mais Rémi Garde avait égalisé d’une frappe tendue sus la barre. La rencontre avait été rugueuse, j’ai le souvenir de quelques tacles dangereux pour rester poli ! (rires)
Lubo est-il le meilleur coéquipier que tu aies connu dans ta carrière à Sainté ?
Je ne dirais pas que c’est le meilleur mais c’est quelqu’un que j’ai beaucoup apprécié, il avait des valeurs humaines très intéressantes, moi j’aimais beaucoup sa façon de voir les choses. Lubo était un joueur qui avait beaucoup de qualités mais pour moi ce n’est pas un joueur qui avait énormément de talent comparé à d’autres joueurs que j’ai connu à Sainté. Roger Milla était un joueur très doué. Gérald Passi était un joueur très doué. Mustapha El Haddaoui était un joueur très doué. Lubo avait du talent mais il y avait beaucoup de travail aussi. Ce n’est pas le même style de joueur mais il aura fait une bonne carrière qu’il mérite mille fois !
Tu as perdu un seul derby…
… contre le cours du jeu, à Geoffroy-Guichard. On avait dominé ce match, en tout cas je me souviens qu’on avait eu les meilleures occasions. Eux, je ne sais même pas s’ils ont eu une seule occase mais ils ont fait un hold-up. Comme je revenais de blessure, j’avais cédé ma place au bout d’une heure. On avait vraiment manqué de réussite car c’est Sylvain Kastendeuch qui avait marqué contre son camp l’unique but de ce derby à dix minutes de la fin du match sur un centre d’Ali Bouafia si je me souviens bien.
Suis-tu toujours l’actualité du foot en général et celle des Verts en particulier ?
Écoute, dans l’ensemble on va dire que j’ai décroché mais si je reviens sur le football, je reviens sur Saint-Etienne, sur l’ASSE. Je ne m’intéresse pas au championnat de France en particulier mais les Verts, ça reste les Verts ! Je me tiens informé, j’essaie de me renseigner, de voir si ça va ou pas. Mon épouse est Stéphanoise, j’ai eu mes enfants à Sainté et ils habitent tous les deux là-bas, ils travaillent là-bas. Donc forcément, j’ai encore un lien avec cette ville et un intérêt pour ce club. Maintenant, je regarde rarement les matches des Verts car j’ai un boulot qui me prend énormément de temps.
T’as quoi comme boulot Thierry ?
Je suis conducteur de travaux pour une entreprise. Je gère les travaux en menuiserie extérieure et en serrurerie. J’ai une équipe avec moi, il y du relationnel avec des architectes, des bureaux d’études. J’habite à Digne, la préfecture des Alpes de Haute-Provence. C’est un bled perdu, on est à peine plus de 15 000 habitants. J’ai beaucoup de chantiers qui sont sur Marseille, ma ville natale. J’ai aussi une relation avec le Centre d’Études Atomiques de Cadarache, au confluent de la Durance et du Verdon. On a un contrat-cadre donc une gestion de 500 à 600 bâtiments, je gère tout ça.
Ce n’est pas compliqué, je me lève le matin à 4h30 et je rentre le soir à 19h00. Mon épouse à une boutique à Digne, en fait on se voit deux heures par jour. C’est à celui ou celle qui s’endort le dernier sur le canapé après le repas ! (rires) A 21h00 ou 21h15, je suis au lit. Je ne suis pas à plaindre, on a beaucoup de boulot. On répond à des marchés publics. Par exemple je suis en train de faire un bâtiment au centre hospitalier Édouard Toulouse, qui est un établissement psychiatrique basé à Marseille. Il y a la gestion de tout ce qui est serrurerie menuiserie à traiter avec tous les corps d’état, les relations avec les architectes qui mènent le projet, les OPC qui gèrent le planning…
Comment en es-tu venu à cette reconversion très éloignée du ballon rond ?
J’ai eu une blessure assez grave à la cheville quand j’étais à Saint-Etienne. Je suis parti de Sainté pour Valence, où j’ai joué deux saisons en seconde division. Mais je souffrais beaucoup de la cheville donc j’ai décidé d’arrêter. J’ai fait alors un stage à l’UNFP non pas pour trouver un club mais pour chercher une reconversion. Sur ce fait j’ai été contacté par le club de Saintes, en Charente-Maritime, qui m’a proposé une reconversion sur trois ans. J’ai donc utilisé cette période pour me reconvertir, passer mes diplômes d’entraîneur et rentrer dans la vie active « classique ».
Comme je suis quelqu’un d’assez prudent, six mois avant la fin de ce contrat de trois, je me suis adressé à mes dirigeants pour savoir comment ils voyaient mon avenir. Le club avait des difficultés, ils m’ont dit : « Écoute, pour le moment on est content de toi mais pour le moment on n’a rien à te proposer. » J’ai eu alors l’opportunité de rentrer dans le Sud de la France, à Manosque. J’ai rejoint une entreprise de négoce de matériaux de construction. C’est de cette manière-là que je suis rentré dans le monde du bâtiment. C’était en 1998, l’année où la France a gagné la Coupe du Monde.
À Manosque, j’ai d’abord été joueur mais j’ai eu un grave accident à la tête lors d’un entraînement. Sur un centre, j’ai pris le ballon mais un joueur est arrivé lancé. Il a cru que je n’allais pas prendre la balle. J’ai pris un coup de tête. J’ai eu de multiples fractures au crane, l’orbite broyée, quatre fractures du maxillaire, des fractures du rocher, une micro-fracture à la mâchoire et une diplopie à l’œil. J’ai fait deux comas, j’ai passé trois semaines à l’hôpital. Ils m’ont refait la tête, j’ai eu de la chirurgie esthétique, ça a pris quatre heures et demie sur la table d’opération.
J’étais dans le service neurologique, j’ai changé de caractère. Je n’étais plus le même. Mon épouse m’a dit : « j’ai eu un mari pendant dix ans, on m’en a donné un autre. » Comme je suis quelqu’un de réservé, je n’ai pas consulté. Ce n’est pas compliqué, j’avais un an d’arrêt de travail mais au bout de deux mois je suis retourné au boulot. J’ai dit à mon patron : « On va être clair, si je ne fais plus rien, je vais me suicider. » (rires) Donc il m’a dit : « tu reprends quand tu veux ! »
Après ce choc que j’ai eu en 1999, j’ai mis sept ans à retrouver un équilibre. Je suis resté vingt ans dans la même entreprise. À Manosque, j’ai entraîné en CFA, en CFA2, j’ai même entraîné les jeunes. J’ai fait plein de choses. J’ai été débauché par mon employeur actuel, la SARL Michel. C'est une petite entreprise, on est quinze personnes. On est basé juste à côté de Digne, dans une petite commune qui s'appelle Le Chaffaut-Saint-Jurson.
Tu as passé des diplômes pour exercer dans le BTP ou t’as appris sur le tas ?
J’ai appris sur le tas. Quand je suis arrivé dans mon entreprise précédente en 1998, j’ai eu la chance d’avoir une personne très compétente qui m’a formé. Je suis quelqu’un qui par nature a toujours envie d’apprendre. J’ai appris, j’ai passé vingt ans à apprendre. Au niveau technique, il y a des choses que je connais et maîtrise. Le fait d’avoir rénové ma maison m’a permis de connaître les autres corps de métier. Il y a des travaux que j’ai réalisés moi-même, d’autres que j’ai fait réaliser. J’ai mis la main à la pâte et ça m’a beaucoup plu. Tout ça m’a permis ensuite d’évoluer sur le plan professionnel.
Donc tu le vois, j’ai depuis longtemps un métier qui n’a plus rien à voir avec mon premier métier de footballeur professionnel. À ce propos, j’ai toujours dit que le football était un métier, mais c’est avant tout une passion. On vit actuellement une époque où on parle plus de l’argent qu’il y a dans le foot que du jeu. Moi je n’ai jamais pensé à l’argent quand j’ai embrassé cette carrière de footballeur, c’était le plaisir de jouer au football. J’ai toujours adoré le ballon rond. J’ai maintenant 54 ans mais si tu me donnes un ballon, je me régale ! (rires)
De quoi envisager ton come-back dès dimanche dans le onze stéphanois pour venir filer un coup de main à un effectif stéphanois décimé actuellement ?
Je crois que ça ne va pas être possible ! (rires)
Régale-nous alors en nous donnant ton avis sur la saison actuelle des Verts !
(Rires) Écoute, depuis dix ans, je ne suis allé que deux fois voir des matches. Le match des Verts contre Brest il y a deux ans et un match de Ligue des Champions de l’OM car je ne suis pas très loin de Marseille. Je devais retourner à Geoffroy-Guichard en avril dernier pour voir les Verts contre Angers mais le Covid-19 a tout mis à la poubelle. J’ai bon espoir d’avoir une nouvelle occasion de retourner dans le Chaudron.
Dans la région où je vis, il y a beaucoup de supporters stéphanois. Je pense qu’il y en a partout en France. On est quatre ou cinq à vouloir remonter à Sainté pour aller voir les Verts. La grosse difficulté, ce sera de trouver une date qui convienne à tout le monde vu nos emplois du temps. On espère y arriver car on a tous envie de s’offrir un petit week-end à Saint-Etienne.
À défaut de pouvoir aller au stade et de voir tous les matches des Verts, je continue de les suivre et je regarde parfois les résumés. Je constate que Saint-Etienne a des petits moyens, le club s’est séparé de certains joueurs qu’on aurait gardés si on avait eu les moyens financiers de le faire. Quand t’as de soucis financiers, tu prends ce qu’il reste. C’est malheureux de le dire mais il faut le dire !
L’ASSE a des joueurs peut-être talentueux mais qui sont trop jeunes. Il n’y a pas grand monde pour les encadrer sur le terrain. Il y bien deux ou trois joueurs d’expérience mais à mon sens ce n’est pas suffisant, d’autant qu’il arrive parfois qu’ils soient absents ou peu performants. À l’époque de Christophe Galtier et Jean-Louis Gasset, ça a bien fonctionné car il y avait une ossature de joueurs d’expérience. Là, je ne la vois pas.
Le club a changé de politique depuis l’arrivée de Claude Puel.
L’ASSE est dans une situation sportive délicate, c’est la deuxième saison d’affilée qu’il se retrouve contre toute attente à jouer le maintien. Ce n’est pas facile à vivre pour tous ces jeunes mais je trouve qu’ils ont quand même du talent. Ce talent, il faut sans doute le canaliser, le maitriser, l’accompagner avec des joueurs d’expérience en plus. Mais pour le reste, je pense que Claude Puel est dans le vrai. Son expérience plaide pour lui, Il a toujours eu des résultats en lançant des joueurs issus du centre de formation.
Pour que ce projet réussisse, il faut qu’il y ait de la qualité au centre de formation. Cela semble être le cas, Claude Puel peut s’appuyer sur le travail fait depuis des années du côté de l’Etrat. Depuis quelques saisons, le centre arrive à sortir des garçons de très bon niveau. Il y a manifestement de belles générations de jeunes joueurs chez les Verts, notamment celle qui a gagné la Coupe Gambardella en 2019. Mais le truc, c’est qu’il ne faut pas descendre cette année.
Il faut absolument se maintenir et ensuite on aura de bonnes chances de vivre de bien meilleures saisons. Je pense que Claude Puel a le talent pour faire murir ces jeunes et arriver à quelque chose de performant. On n’est encore qu’au début de son projet donc il faut se montrer patient. Mais tu sais comme moi que dans le football, patience c’est pas dans le dictionnaire ! (rires) La difficulté, elle est là. En tout cas je pense que Claude Puel est capable de faire quelque chose de bien si on lui laisse le temps de mener à bien son projet.
Tu connais un peu l’un de ses collaborateurs, qui dirige actuellement la cellule de recrutement de l’ASSE.
Effectivement, j’ai joué en équipe de France Espoirs avec Jean-Luc Buisine. Je garde le souvenir d’un bon joueur et d’un bon mec. On a fait partie de cette génération qui a remporté l’Euro Espoirs en 1988. Je n’ai pas pris part à la finale contre la Grèce mais j’étais sélectionné jusqu’en demi-finale, où on a éliminé en avril l’Angleterre. C’est le seul championnat d’Europe qui s’est joué sur deux saisons.
Le 3-0 contre les Grecs, ça s’est joué au mois d’octobre 1988. Or cette saison 1988-1989 on était dans le dur à Saint-Étienne. Tu te souviens, on a dû attendre la 14e journée pour remporter le premier match de la saison, à domicile contre Toulon. Alors qu’on avait fini à la 4e place la saison précédente, on a connu un premier tiers de championnat très poussif. On avait beaucoup de blessés et on perdait sur des matches minables, il faut le dire ! (rires)
Dans cette équipe de France espoirs qui a été sacrée en 1988, j’ai évolué avec d’autres joueurs qui ont évolué plus tard à l’ASSE. Il y avait Pascal Despeyroux, avec qui j’ai joué ma dernière saison chez les Verts. Laurent Blanc, qui a rejoint le club la saison d’après. Il y avait aussi Bertrand Reuzeau, qui est arrivé quelques années plus tard pour s’occuper du centre de formation, mais aussi Jean-Luc Dogon, qui entraîne actuellement les U19 stéphanois.
Et bien évidemment il y avait quelqu’un que je connais depuis l’enfance et qui a été plus tard en concurrence avec moi au poste de latéral gauche chez les Bleuets : Christophe Galtier. Galette c’est un pote, on était dans la même classe, dans la même école. On partait en vacances ensemble quand j’étais pro. Je l’ai un peu perdu de vue mais je trouve qu’il faut du super boulot.
Galette est resté presque neuf ans à l’ASSE, il a été le numéro un plus de sept ans chez les Verts. C’est énorme quand tu vois la durée du vie moyenne d’un coach dans un club ! Il a été performant à Sainté et il prouve à Lille qu’il est capable de faire à un niveau supérieur ce qu’il a réussi à l’ASSE. C’est remarquable ! Moi qui l’est pas mal côtoyé quand on était jeunes, je ne le voyais pas autant réfléchi que maintenant. Il est épatant, Christophe !
Comment vois-tu le derby de ce dimanche soir ?
J’ai vu qu’il y aura encore pas mal d’absents côté stéphanois à cause de ce fichu Covid ! Ce derby s’annonce très difficile. Malgré sa récente défaite contre Metz, Lyon est sur une très bonne dynamique et carbure fort cette saison. Ça fait longtemps qu’on ne les avait pas vu aussi bien ! Un signe ne trompe pas : ça doit faire au moins trois ou quatre mois qu’Aulas ne se plaint pas ! (rires)
Nous, on ne peut pas dire qu’on soit sur une très bonne dynamique. Tout n’est pas à jeter bien sûr dans le contenu de nos derniers matches. J’ai vu des résumés avec des actions intéressantes mais aussi des phases très laborieuses et des manquements. Saint-Étienne est touché par le Covid, pas mal de joueurs risquent de manquer à l’appel. La deuxième difficulté, c’est que l’ASSE sera encore privée de son 12e homme.
Je m’attends donc à un match compliqué mais on sait qu’un derby est toujours un match particulier, il arrive que le résultat infirme la dynamique du moment. Il ne faut jamais partir vaincus. Je n’ai aucun doute là-dessus. À l‘image de leur entraîneur, les joueurs stéphanois vont aborder la rencontre en étant déterminés à déjouer les pronostics. J’espère que les Verts vont se surpasser, certains d’entre eux joueront sans doute leur premier derby.
Quel que soit le résultat de dimanche soir, j’espère surtout que les Verts vont rester en première division. C’est fondamental. Je pense que dans les années futures, ils peuvent faire quelque chose de bien sous la houlette de Claude Puel. Une victoire contre l’OL donnerait beaucoup de confiance et de force à nos Verts dans l’optique du maintien. Je vois bien un petit hold-up, une victoire 1-0 pour Saint-Etienne avec un but à la 89e minute.
Robert Beric n’est plus là et a priori tu n’as pas prévu de rechausser les crampons. Qui va marquer du coup ?
Vu les incertitudes actuelles, je ne sais même pas qui sera dans le groupe stéphanois donc j’aurais bien du mal à te citer un nom ! Je verrai bien un défenseur central marquer sur corner.
Merci à Thierry pour sa disponibilité