Il y a deux versions d’analyser l’impressionnante mainmise de Lyon sur le foot de l’hexa-gone.
- La classique, façon médias officiels, regorge de superlatifs, et nous sert du plus-que-parfait au rythme effréné des victoires lyonnaises. Ainsi, L’Equipe, façon Pravda, nous explique sans nuance que Lyon est un club qui sait désormais, fait unique en France, conjuguer dans la durée élan populaire, excellents résultats sportifs et gestion irréprochable. On retrouve là l’art consommé du quotidien sportif de voler au secours de la victoire comme il sait par ailleurs souffler sur les braises dès qu’une étincelle apparaît dans un club comme, au hasard, l’OM ou le PSG.
- L’autre, plus critique pourrait presque paraître rebelle si il ne s’agissait au fond que d’une affaire aussi futile que le football. Si on observe la vie de l’Olympique Lyonnais au-delà de ses seuls résultats sportifs que décèle-t-on ? Un système qui, insidieusement et implacablement vise à maintenir et même à accentuer l’avance de Lyon sur la concurrence. Comment ?
o Par un arbitrage complaisant : depuis quelques saisons, on constate que régulièrement les décisions litigieuses des hommes en noir tournent en faveur de Lyon. Prises une par une ces décisions n’ont rien de scandaleux, rarement la faute de l’arbitre est grossière, ce qui garantit le minimum d’écho à ces fautes. Mais si l’on suit minutieusement tous les matchs de Lyon, on s’aperçoit que la balance penche systématiquement de leur côté, phénomène qu’enfin, certains comme Frédéric Antonetti ont récemment stigmatisé, sans, hélas que le débat s’ouvre réellement. Par ailleurs, la meilleure défense étant l’attaque, sur certains matchs comme le Bordeaux-Lyon de l’an dernier, alors que le vol est flagrant, Aulas et sa troupe oseront déclarer dès la fin du match que l’arbitre leur a été défavorable.
o Par des règlements arrangeants : La Coupe de la Ligue en est le plus parfait exemple. Lyon et son effectif pléthorique ne peuvent décemment pas jouer les « tours préliminaires », alors on institue un système de têtes de série sans précédent dans le foot français et seul Lille, le cocu de l’histoire, semble s’en émouvoir. Le pompon est de constater que par un tirage au sort doublement arrangé il est décidé dès maintenant que Lyon jouera son 1/8è et son éventuel quart de finale à domicile. Question : Et si on leur donnait tout de suite cette magnifique coupe de la ligue qu’on rebaptiserait coupe d’Aulas, tant il est évident que le président lyonnais préside en sous mains aux destinées de notre belle et digne Ligue du football professionnel.
o Par un partage des recettes de la Ligue chaque saison plus orienté : Selon que vous serez puissant ou misérable dit-on…L’argent va à l’argent dit-on encore. On pourrait multiplier les poncifs pour illustrer la formidable inégalité de la répartition des droits TV. Rappelons que la moitié des droits TV est répartie de façon égalitaire entre les 20 clubs de L1, le reste en fonction du classement final (30%) et des diffusions TV (20%). Ainsi l’an dernier, Lyon a récupéré plus de 42,5 M€, soit 10 millions de plus que son dauphin Bordeaux et trois fois plus que le dernier de la classe, Metz. Comme si cela ne suffisait pas, le nouvellement créé challenge de l’offensive représente une manne supplémentaire de 16,7 M€. Pour mémoire Lyon a fini meilleure attaque en 2004, 2005 et 2006… A titre de comparaison, l’autre classement gadget inventé par la ligue, le championnat des tribunes, dont l’issue risque d’être nettement moins favorable aux Lyonnais, ne rapportera au total que 100000 euros, soit 167 fois moins que le challenge de l’offensive.
On peut reconnaître la qualité sportive du club lyonnais, être impressionné par la force qu’il dégage tant en championnat qu’en coupe d’Europe.
On a aussi le droit de trouver que tout cela est trop bien planifié, que l’incertitude, celle qui faisait jadis la gloire du sport a été trop bien effacée. Et le scandale dans cette affaire tient autant à l’accumulation des événements et décisions favorables à Lyon qu’au silence assourdissant des médias sur cette planification du succès.
Et que les Tartuffe de la ligue arrêtent de se plaindre d’assister à un championnat trop prévisible alors qu’ils ont eux-mêmes créé les conditions de ce triste spectacle.