L’introduction en bourse des clubs sportifs n’est donc pas possible en tant que telle sur notre territoire. Nous avons balayé, hier, la situation dans son ensemble, notamment au travers de la vision qu’en avait la commission européenne en charge du dossier depuis une plainte déposée par la tendance libérale de notre football. Pour autant, et malgré les déboires des clubs jusqu’alors cotés, une solution alternative pourrait arriver de là où l’on ne l’attend pas.

La bourse ou la vie, une solution intermédiaire (2) ?

Le salut pourrait, en effet, venir de Turquie, ce qui parait assez surprenant compte tenu du contexte politique du moment. Les clubs turcs ont choisi un mode de cotation original et surtout porteur.
L’entité cotée n’est pas le club lui-même mais celle qui gère les droits d’image et les produits dérivés du club. Ainsi, les éléments financiers les plus volatiles (coût des transferts, montant des salaires), ceux dont l’inflation est encore plus forte que la flambée des prix du baril de pétrole, ne pèsent pas sur ces entités et permettent d’avoir une vision plus saine de ces affaires. En clair, les risques financiers restent supportés par les clubs de
foot. Dans un pays où le football est une véritable institution, ce mode d’introduction s’avère rentable pour le souscripteur. Ainsi, les dernières introductions de clubs sur le continent sont turques : Fenerbahçe en 2004 et Trabzonspor (Mais si, rappelle-toi Jean Michel)
cette année. Plus fort encore, la hausse de 30% de l’indice des clubs de football européens (indicateur donné par Bloomberg et reprenant les Ã©volutions de cotation des clubs cotés) est due pour moitié aux seuls clubs turcs, Galatasaray et Besiktas en tête.
Pourtant, depuis la fin des années 90, le nombre de clubs cotés en Europe est passé de 40 à 29, avec des volumes d’échanges sur ces titres le plus souvent confidentiels. Les cours n’ont cessé de chuter sur la période. L’argent levé a été, dans la plupart des cas, dilapidé pour payer salaires et transferts mirobolants, et a ainsi été noyé dans la masse des dettes contractées. Des systèmes de gestion dignes de ce nom ont rarement pu accompagner ces introductions en bourse,
engageant les clubs à une course à l’armement effrénée.  Le résultat a alors été des clubs au bord du chaos (Dortmund) ou des interventions forcées des banques (Lazio). Des opérations de rachats avec retrait de la cote, à caractère peu rentable pour le souscripteur, ont également été menées (Abramovitch en 2003 avec Chelsea). L’actionnaire, modeste supporteur aveuglé par sa passion (un peu caricatural, je l’accorde), a été le grand perdant de ces opérations. Seul Manchester United, qui a su allier rentabilité et succès sportifs, a été une réelle réussite en la matière, avec un cours multiplié par 30 (!) en quinze ans.
Au final, cette proie alléchante a attiré les convoitises d’un richissime intervenant, Malcolm Glazer, qui a pu retiré le club de la cote pour la modique somme de... ... ... 1,2 milliard d’euros (!!), à la grande joie des fans du club...

A ce jour, peu d’éléments concrets donnent donc raison aux tenanciers libéraux du système, et même pas les éléments sportifs. Ainsi, sur les cinq derniers vainqueurs de la ligue des champions, une seule équipe, le FC Porto, est cotée en bourse. Toutes les vérités sont bonnes à dire et à préciser en la matière.