C’était presque trop facile.
Les équipes
Très peu de changement en ce qui concerne le 11 de Galette, et pas de surprise : Sall suspendu est remplacé par Zouma ; au milieu, Clément étant blessé, Corgnet retrouve le 11 de départ - et Sainté le 4-2-3-1. En face, idem : le 11-type des dernières semaines ne varie que sur deux joueurs, cette fois remplacés poste pour poste : Da Silva remplace Doumbia malade (ce qui, vu la prestation du jeune nordiste, n’a pas été pour nous déplaire), et Melikson est préféré à Dossevi en deuxième attaquant. En résumé : les deux équipes se présentent dans la même configuration.
Ecrits d'avance
Il y a quelque chose de jouissif à regarder ce match après avoir vu les buts en résumé : après trente minutes, tout ou presque semblait écrit. Et il ne s’agit pas seulement de la théorie de coups de pieds arrêtés et de frappes de loin qui rythmèrent la rencontre ! Cafouillages dans la surface nordiste (premier but), récupérations hautes avec espace dans l’axe (second but), contres assassins (troisième but) : les Verts se sont payés le luxe de répéter les actions sans résultat avant de les rendre décisives. Pour les deux premières réalisations, cela confine même à la mécanique : à la 30’, le corner de Tabanou détourné au premier poteau pour un Cohade à l’affût mais trop court est clairement un brouillon de l’ouverture du score. La situation qui amène la frappe de Corgnet de la 9’ est l’exacte réplique de celle qui amène son magnifique but de la 55’.
Ils ont le look, Co-Co !
Autant le dire : Saint-Etienne a su se rendre le match facile, par son pressing haut et efficace, sa vitesse, sa justesse dans le jeu collectif. Deux joueurs sont à particulièrement mettre à l’honneur : Renaud Cohade et Benjamin Corgnet. Alors qu’une analyse rapide de l’effectif stéphanois tendrait à les mettre en concurrence, leur complémentarité (déjà entrevue par le passé, par exemple dans le derby aller) a samedi éclaboussé le Chaudron par son intensité.
Corgnet, tout le monde l’a vu : buteur, toujours dans les bons coups, il a été le dynamiteur en chef de la défense valenciennoise, se procurant des occasions et en créant pour ses partenaires. Auteur d’un de ses matches les plus aboutis en Vert, l’ancien dijonnais a également brillé dans un secteur où il est habituellement plus déficient : la qualité de son pressing a nettement facilité le travail de récupération de ses collègues du milieu. Tant mieux : en 4-2-3-1, quand Corgnet souffre, l’équipe boîte – encore vérifié samedi où les rares bons moments valenciennois coïncident avec un effacement de Ben Stiller.
Quant à Cohade, il a assumé, en plus de sa fonction de récupérateur partagée avec un Lemoine toujours aussi régulier, le rôle de distributeur principal du jeu avec une grande maîtrise, s’offrant par moment quelques incursions vers l’avant – et, enfin, son premier but cette année. Tout laisse à penser que ses performances en demi-teinte de début de saison sont derrière lui.
Flux et reflux
Valenciennes, en tout cas, aura fait le mauvais pari. En choisissant la tactique de la tortue (huit joueurs de champ plutôt défensifs, bloc équipe bas, jeu offensif plus ou moins réduit aux dribbles de Waris et Melikson trouvés par des passes directes, et aux CPA ainsi obtenus), Ariël Jacobs ambitionnait sans doute de nous (h)ennuyer en nous faisant un coup à la cannoise.
Malheureusement pour lui, le niveau de jeu des Verts a enfin atteint un étiage digne d’un candidat déclaré au podium. L’addition aurait en effet pu être bien plus salée : que ce soit dans les temps forts (en caricaturant : les 25 premières minutes de chaque période) ou dans les temps plus faibles, les stéphanois ont su gérer leur performance, et se créer des occasions. En plus des buts (et des deux répétitions) déjà évoqués, on peut relever la reprise acrobatique de Corgnet (17’), la frappe un peu molle de Brandao après un contre (28’), la frappe de Cohade de 30 mètres à la suite d’une belle action collective (39’), la tête de Brandao qui rase le montant droit de Penneteau (44’), la tête de Corgnet sur un coup franc de Hamouma sortie par le portier valenciennois (59’), le drop de Brandao seul à six mètres avec un gardien au sol (63’)… et la myriade de situations gâchées par un mauvais choix dans la zone de vérité.
Pourtant, s’il faut absolument que le bât blesse, ce n’est pas la lucidité offensive qu’il faut mettre d’abord en accusation. Dans les vingt dernières minutes, sans doute sous l’effet de la fatigue, la rigueur en a pris un coup – et VA a sorti la tête de sa carapace. Le duo Melikson/Waris (69’) et le vétéran Ducourtioux (79’) ont fait planer un instant le spectre d’un scénario à la Bastia. Même si au final, Mollo a mis un terme définitif au suspens d’un superbe poteau rentrant (87’) juste avant le passage en 5-4-1 avec Pogba en troisième défenseur central, les Verts n’ont pas été loin de se brûler les doigts en fin de rencontre - encore une fois.
Bonus track : l’action qui amène l’ouverture du score
Ceux qui n'ont pu voir que les buts du match ont raté ce qu'il y a de plus intéressant dans l'ouverture du score : l'action qui a mené au corner décisif. Séance de rattrapage.
44'20''. Sainté est un peu moins fringant en fin de période ; VA sort un peu, sans pourtant se montrer très dangereux. On n'est pas loin du poteau de corner gauche. Brison effectue la remise en jeu pour Loïc Perrin qui lui rend le ballon en une touche. Le pressing valenciennois s’organise. Pour une fois, Cohade ne décroche pas pour faciliter la relance et fait signe de passer loin devant. Message reçu : Paprika allonge, parallèlement à la ligne de touche. C’est Corgnet qui va au duel aérien, et qui le gagne face à Enza-Yamissi. Brandao, dans un rôle qu’il affectionne, est plus rapide que les défenseurs pour gratter la gonfle, et s’appuie sans contrôle sur Lemoine qui n'est pas marqué.
44’30’’: fin de la phase de relance : voilà les Verts à la possession, dans l’axe, face au jeu, en train de franchir la ligne médiane.
Lemoine effectue trois touches de balle : une pour contrôler, une pour éviter le retour de Melikson, une pour renverser le jeu sur François Clerc. Il y a de l’espace : le latéral droit accélère. Combinaison classique : il passe à Romain Hamouma, qui repique légèrement pour fixer la défense et libérer le couloir que Clerc s’empresse d’occuper à grandes enjambées. Dans le bon timing, Hamouma décale Clerc, qui, quasiment dans le coin délimité par la surface de réparation et la ligne de but adverse, centre en première intention.
44’40’’ : le décalage a été créé, occasion de but à venir.
La suite sera moins limpide : Tabanou est devancé à la retombée du centre ; le ballon traîne, dévié un peu au hasard par Corgnet ; Tabanou récupère, va s’enfermer, pour finalement obtenir le corner décisif. Mais les 20 secondes qui vont de la touche de Brison au centre de Clerc sont à se repasser en boucle.