Après Clément et après Clerc, Mathieu Bodmer est le troisième ex-Vilain àvenir expier ses pêchés du côté de Sainté.
Dans un clin d’œil involontaire àune banderole qui avait défrisé le moustache comedy club, nos dirigeants semblent obéir àune ligne stratégique simple : la chasse est ouverte recrutez les tous ! Au-delàde la (vernon-sulli)vanne, on parierait volontiers qu’on n’aura pas às’en plaindre.
Sainté, roi du Bodmer-cato !
Le recrutement de Bodmer le dernier jour du mercato a tout de la bonne surprise. Surprise parce que nos dirigeants s’étaient répandus fin janvier sur le thème plus rien ne bougera pour nous (« Il y a de grandes chances pour que personne ne signe » déclarait Romeyer au Progrès le 30 janvier). Bonne parce que son expérience, son parcours et ses qualités techniques font de Bodmer –sous réserve de remise à niveau physique- un joueur à valeur ajoutée pour un groupe du niveau du nôtre.
On parle en effet d’un joueur qui, sauf blessure ou arrivée de joueurs à 40 millions, a su s’imposer comme un titulaire à part entière dans trois grosses cylindrées françaises, à chaque fois avec un apport offensif non négligeable : Lille (135 matchs - 18 buts), Lyon (68 matchs – 7 buts) et le PSG (63 matchs – 6 buts).
Comme pour Mollo, Sainté a su avec Bodmer faire preuve d’opportunisme dans le respect de la fameuse et sacro-sainte gestion de bon père de famille chère à Roro en récupérant un joueur en prêt, sans frais mais certainement pas sans intérêt si on prend pour argent comptant ce qu’en disait Ancelotti en février 2012 : « la force de Bodmer est de pouvoir jouer à tous les postes du milieu de terrain. Je pense que c’est un joueur fantastique car il a beaucoup de qualités techniques et il est très professionnel. Bodmer peut être Pirlo ou Seedorf. Pour une équipe, avoir un joueur comme lui, c’est bien. » Cette polyvalence louée par l’entraîneur parisien, lui a outre A47 joué quelques tours lorsque Puel s’était mis en tête de le faire jouer libéro, lui qui à Paris expliquera plus tard : « Je ne vais pas cacher que je suis très heureux d’évoluer un peu plus haut et d’avoir la chance de marquer des buts. Je pense que ce poste me convient mieux. C’est plus facile de courir vers l’avant pour finir une action que derrière un joueur adverse. »
Au milieu, c’est vrai qu’ça craint un peu
A première vue néanmoins, au-delà du talent du joueur, le besoin de renforcer un secteur de jeu –le milieu de terrain- considéré à l’automne comme un de nos atouts majeurs et composé de quatre joueurs de qualité (rarement blessés ou suspendus) pour trois postes ne sautait pas aux yeux.
A première vue seulement. Car derrière l’argument (réel mais un peu court Zouma) expliquant notre coup de mou de décembre par la seule absence de Brandao, Galette a (sciemment ?) oublié d’évoquer la baisse de forme de nos tauliers du milieu, en particulier de Clément. La force de harcèlement de nos sentinelles, qui a sauté aux yeux de la France du foot et de Zlatan lors de cet extatique PSG-Sainté avait, au cœur de l’automne, contribué à rendre notre défense la plus imperméable de France. Leur faculté à se projeter rapidement vers l’avant avait quant à elle contribué aux fulgurances de nos attaquants. Mais quand la bise fut venue, Lorient et Toulouse pour le volet défensif, Marseille, Lyon ou Bordeaux pour le volet offensif ont profité de leur essoufflement. Et même si on peut espérer voir Diomandé étoffer le secteur, la présence d’un cadre supplémentaire, capable de marquer et de participer au roulement des milieux axiaux, au moment de l’emballage final à partir d’avril ne sera pas du luxe.
Il est chouette l’esprit du Bodmer
Vanté par de nombreux observateurs pour ses qualités de tripoteur de ballon bien au dessus de la moyenne, Bodmer a tout du joueur posé, réfléchi et présente un profil global assez rafraîchissant. Fan de la première heure du PSG (il en faut … enfin en tout cas il y en a aurait ajouté Coluche), il fréquentait le Camp des Loges dans sa jeunesse avec son paternel, avant de vibrer pour les « épopées en Coupe d’Europe » (ah bon c’était pas marque déposée ?), époque Weah, Ginola and co. Sa signature au PSG pour 3,5M€ en juin 2010 aura constitué l’une des nombreuses et hilarantes moins values de nos voisins lyonnais qui avaient acheté le pack complet Bodmer+Keita pour 22,5M€ aux heureux Lillois. En venant à Paname, Bodmer faisait coup double en signant dans son club de cœur et en se rapprochant de ses racines. Né et formé à Evreux (avant de démarrer en pro à Caen) il en est devenu co-président avec Bernard Mendy. Bénévole, il y investit 10% de son salaire. Son action a été en avril dernier couronnée du prix Engagement social et citoyen du joueur professionnel décerné par la Fondation du Football.
Lui qui depuis sa passe décisive à Alonso au Parc n’a connu les joies d’une titularisation qu’en coupe à Arras en janvier a largement eu le temps de se consacrer à une fonction qu’il décrit ainsi : « Nous décidons de la politique du club. Nous mettons en place nos idées et notre vision d'un club de foot afin d'aider l'EFC27 et ses jeunes joueurs. Nous avons deux objectifs principaux qui sont d'éduquer les joueurs dans la vie de tous les jours et ensuite d'aider les meilleurs à trouver des club pros en 3 ans. Il y a déjà eu une douzaine de joueurs partis en club pros et cette saison s'annonce encore meilleure que les précédentes pour nos jeunes. D'où le prix de la fondation du football pour notre action. »
Si on en croit ses premières déclarations en Vert, il aura également profité de cette période pour bien s’entraîner et consolider une forme physique qui lui aura valu l’image d’homme de verre chez les Vilains. S’il ne justifie pas cette réputation, on pourrait bien retrouver les coups d’œil et de patte ayant déserté le chaudron depuis le départ de Feindouno. Car Bodmer sait y faire. Vous n’êtes pas convaincus ? Jetez un œil aux extraits du Lyon-PSG de l’an dernier. Et faites vous un chouette film de Bodmer, choin choin choin…