Aujourd'hui, exclusivité mondiale sur poteaux carrés : La légende urbaine en personne vient se confier à nous et nous offre le privilège de sa toute première interview. Car oui, Mesdames et Messieurs, la légende urbaine existe bel et bien, je l'ai rencontré. Mister X, Stéphanois de 29 ans, exilé à BLL accepte enfin de se révèler, enfin presque...

Pseudo : Idaho

 

Localisation : Lyon

 

 

Premier match à Geoffroy-Guichard :

 

Ah! je ne risque pas d'oublier, c'était un ASSE-Lille, le score était de 4-3, et j'avais 10 ans. C'était l'année du trio offensif Tibeuf-Garande-El Haddaoui (saison 87-88) et l'asse avait fini 4e du championnat. A l'époque, on n'accrochait même pas l'UEFA avec cette place... C'est là que tu réalises ce que signifiait la coupe d'Europe et plus encore la C1.

Pour la petite histoire, c'est El Haddaoui lui même qui nous a offert 2 places, pour mon père et moi. A l'époque le pavillon du voisin était loué à l'ASSE qui y casait les nouveaux venus le temps qu'ils s'installent. D'ailleurs on a aussi vu passer Pignol, Bernard Mendy et rien moins que Lubomir Moravcik!

Du match lui même, je garde peu de souvenirs précis, juste beaucoup de plaisir à voir un très beau match, avec beaucoup de buts et du suspense et surtout qu'El Haddaoui avait marqué.

 

Premier souvenir de supporter :

 

C'est pas vraiment le premier, mais comme auparavant j'étais plus spectateur intéressé que véritable supporter : en 1998 l'année de la remontée, je me souviens de cette semaine hallucinante qui nous a fait recevoir 2 fois Gueugnon (coupe et championnat) et une fois Valence en une semaine, et les 3 matchs ont reçu plus de 30000 spectateurs chacun. Il faisait beau, les Verts brillaient, il régnait alors une atmosphère irréelle, comme à beaucoup de matchs cette saison là. Il y avait cette insouciance, cette joie de se trouver là après la chute, et ce fol espoir de tout recommencer.

Je ne me souviens pas avoir revu ce genre d'ambiance, même à la précédente montée, qui était certes plus laborieuse, plus tendue. Parfois je me dis que les gens ont pris trop de baffes, et que même quand ça va bien, il serrent quand même un peu les dents, juste au cas où, ou bien pour ne pas provoquer le destin.

 

 

Qui t'a fait découvrir ce club ?

Au sens strict de la « découverte Â», comme pour la plupart des stéphanois, il est bien difficile de répondre à la question, personne et tout le monde, on baigne dedans, que ce soit à l'école ou en famille, avec mon frangin, mon papa ou ma grand-mère. L'asse, on était dedans avant de comprendre ce que c'était.

Pour ce qui est de mes premiers pas dans le chaudron, ils sont décrits plus haut, c'est la découverte en tant que spectateur. Je suis longtemps resté cantonné à cette approche, quelques matchs à la télévision (notamment la demi-finale perdue contre Montpellier qui m'a vraiment marqué), plus rarement au stade (des affiches modestes du genre ASSE-Caen, et un effrayant pourcentage de matchs nuls). Pas violent en fait, mon père et mon frère étaient déjà plus intéressés.

Tout a vraiment commencé quand j'ai rencontré mon vieil ami François à la Fac, pour ceux qui se souviennent il avait un pseudo à coucher dehors sur online, Ardagh ou quelque chose comme ça.

J'ai commencé à l'accompagner aux matchs, il a ses habitudes en kop nord, et à l'époque, c'était carrément dans les premiers rangs, juste devant les capos qui étaient perchés sur des caisses en bois au milieu de la foule. Ce qu'on ne pouvais pas savoir, c'est que cette année fut celle de la remontée, sous les ordres de Nouzaret, et que Geoffroy-Guichard allait redevenir cette année là le chaudron dont on parlait tant.

Ce fut une année magique, un stade plein, du beau jeu, des files d'attentes qui se formaient à 4h de l'après midi, et en chantant s'il vous plaît! La saison d'après j'étais abonné en kop nord, et depuis, je rate très peu de matchs.

 

 

Joueurs Verts préférés (toutes époques confondues) :

Je vais pas en mettre trop quand même :

Guel, Kastendeuch, Moravcik, Primard, Potillon, Ceccarelli, Janot, Compan, F.Mendy

 

 

Autres clubs ou joueurs favoris :

En clubs, pas grand chose, j'ai des souvenirs d'enfance du grand Bordeaux, mais j'ai du mal à m'occuper d'autre chose que des verts. C'est d'ailleurs de pire en pire parce que fondamentalement, je n'aime plus le football, parce qu'il change, parce que je change aussi, ce qui me rend incapable de regarder un match d'une autre équipe. Je m'ennuie en perdant la dimension identitaire.

Saint-Etienne c'est ma ville. C'est quelque chose que je réalise un peu plus chaque année que je passe ailleurs, je ne viens pas vraiment supporter une équipe de football, fut-elle prestigieuse, je viens supporter Saint-Etienne, affirmer son existence, ses valeurs ou l'idée que je m'en fais, ses habitants, pas forcément au détriment du reste du monde, mais avec dans l'idée que personne ne le fera à notre place. Ça n'empêche pas d'apprécier le beau jeu ou de s'attacher à des joueurs, mais du coup on préfère ceux qui semblent se fondre dans la ville, qui ont l'air de faire partie de la famille et la soutiennent balle au pied. Et puis ça permet de passer les mauvaises années.

 

En joueurs, Cantona remporte la palme haut la main!

 

 

Ton plus grand souvenir avec l'ASSE :

Je risque de ne pas être très original en citant le pastis 5à1 qu'on a passé à Marseille. Ce soir là, nous avons ri. C'était sûr, nos ennuis étaient définitivement derrière nous, et ce petit brésilien faisant la panthère en était la preuve...

 

 

Ton match des Verts le plus marquant ?

Un certain 14 avril 2001, quand le jeune Idaho, fêtant le jour même ses 23 printemps, accompagné de son ami François cité plus haut, montait dans un car de supporters soutenir l'ASSE à Monaco pour ce qui était le match de la dernière chance, après l'épisode des faux passeports et l'effondrement général de l'équipe.

Déjà en arrivant, premier choc : des hordes de Stéphanois avaient envahi le Rocher, à tel point que la population crut à une seconde invasion de Taxifolia, en version terrestre. C'est une étrange impression que de se promener dans une ville inconnue, côtière et disons-le, minuscule, et d'y voir exactement la même population qu'à Geoffroy-Guichard : des Verts partout et quelques enfants en maillot monégasque perdus dans la foule.

Le match commence, le soleil brille, les enjeux sont clairs : si Marseille perd et l'asse gagne, on a le droit d'y croire encore, sinon on descend. En face, Simone, Giuly et Gallardo nous attendent de pied ferme. 7000 stéphanois se lancent dans la bataille, soutenus par les 11 joueurs sur le terrain... enfin je crois.

Le match est fou, l'équipe est Nouzaresque, Aloisio est enfin de retour après sa grave blessure au genou, Alex revit, Pédron redevient humain, Guel est comme toujours partout sur le terrain. Impossible de ne pas y croire à nouveau, impossible de ne pas sentir la roue tourner, non contents d'avancer, les verts marquent! A la mi-temps, ils mènent deux zéro, et la rumeur circule que Marseille est mené. A la reprise, Monaco réduit la marque mais Aloisio réplique immédiatement, tout semble sous contrôle. Et puis Guel rate un but immanquable, seul devant un but vide, pire que tout, Guel est remplacé...

nous laissant seuls face au démon, à notre némésis, face au terrible Giuly. Lequel profite immédiatement de l'absence de son double stéphanois pour semer la désolation dans nos rangs. Il réduit le score après un raid meurtrier, et peu à peu l'équipe se décompose sous ses coups de boutoir,  Aloisio est remplacé, Alex s'éteint, Pédron redevient amibe, Guel regarde tout ça du banc.

La suite semble écrite d'avance, le score final sera 5-3 pour l'ASM, Marseille avait également gagné son match, comme pour mieux faire passer le message.

 

Monter si haut, et retomber si fort, c'était un peu toute notre saison, voire notre histoire qui s'était écrite ce soir là. C'était une défaite, certes, mais c'était aussi la journée la plus riche que j'ai vécue avec les Verts.

 

 

Enfiles-tu un maillot de Saint-Etienne quand tu vas au stade ou quand tu regardes le match à la télé ? Si oui, quel maillot ?

Non, j'ai jamais été très fan des maillots, ni du merchandising en général. Deux concessions cependant, ma vieille écharpe qui me suit depuis mes débuts en kop nord, et une casquette pour protéger ma délicate chevelure.

 

 

Connais-tu par coeur les paroles de la chanson mythique ?

Oui, en tout cas dans le feu de l'action. Je passe mes matchs à chanter, mal, certes, mais j'aime bien ça, c'est finalement la seule influence qu'on peut avoir. Chanter me semble être la meilleure chose à faire pour un supporter. Ami supporter, si tu chantais plus, tu fumerais moins, tu serais donc en meilleure santé. Tu parlerais moins également, et aurais donc l'air beaucoup plus intelligent.

 

 

Carte blanche (quelque chose qui te tient à coeur ? une anecdote ? un coup de gueule ?....).

Je taperais bien sur Caiazzo, mais ça va être difficile de renouveler le genre.

 

Je vais donc à la place dédier un gros coup de coeur à poteaux carres.

D'abord à la communauté, dans laquelle se trouvent pas mal de gens qui j'ai rencontré il y a un bout de temps (ça remonte à 2001 dans certains cas, sur l'off puis online), puis d'autres au fil du temps. Je suis tout ça de loin maintenant vu le peu de temps que je passe sur le forum, mais je n'oublie rien des bons moment passés et garde bon espoir d'en vivre d'autres.

Ensuite à l'équipe elle-même, que j'apprécie beaucoup et ça date pas d'hier non plus. Vous avez créé une espèce d'ovni éditorial, à la fois pro, décalé et communautaire, et plus impressionnant encore vous le faites vivre sur la durée. J'espère que vous vous éclatez autant à le faire que moi à le lire et surtout que ça durera.

Puisqu'on est dans la réclame (!), venez à la BAA, vous ne le regretterez pas :)