Ancien joueur et entraîneur des vilains et ex-coach des Verts, Robert Nouzaret s'est confié à Poteaux Carrés avant le derby qui opposera en banlieue ses deux anciens clubs ce dimanche soir en match de clôture de la 10e journée.


Que deviens-tu Robert ?

J’ai eu un AVC, je suis en train de le soigner. Ça m’est arrivé mi-septembre dans la région d’Annecy. J’ai été à l’hôpital d’Annecy, ensuite à Édouard Herriot puis au Médipôle de Villeurbanne. J’ai terminé à Castelnau-le-Lez pour me rapprocher de chez moi. Je suis rentré à la maison depuis une semaine. Je continue à me soigner. Je crois que j’ai eu de la chance, ça aurait pu être pire. Je n’ai aucune séquelle importante. Je rééduque ma jambe gauche mais je peux marcher.

Pour qui battra ton cœur ce dimanche lors du derby ?

Pas facile ta question ! J’ai beaucoup aimé les deux clubs. J’ai joué à l’OL de l’école de foot jusqu’en équipe première, j’ai joué les cinq premières années de ma carrière professionnelle là-bas, ce n’est pas rien. J’ai également été l’entraîneur de ce club un peu plus de deux ans, comme je l’ai été plus tard à l’ASSE d’ailleurs.

C’est à Saint-Étienne que j’aurai vécu les moments les plus forts et les plus intenses mais présentement je pencherais un petit peu plus pour Lyon car c’est Rudi qui entraîne cette équipe. Rudi est un ami. Je l’ai eu comme joueur, puis comme adjoint. On est resté proche donc je souhaite toujours qu’il réussisse dans les clubs où il exerce.

Que gardes-tu de ton expérience de joueur chez les vilains ?

Qu'on n’était pas si vilains ! (rires) Je retiens la fierté d’avoir joué pro dans mon club formateur. Ce n’était pas gagné car je n’avais pas de qualités exceptionnelles. J’étais plus un porteur d’eau qu’un joueur décisif. Mais ma volonté, mon enthousiasme, mon courage, mon abnégation et mon travail m’ont permis de pouvoir jouer des matches de haut niveau. Je n’étais pas très doué mais accrocheur, au final j’aurai réussi une carrière honnête, j’ai ensuite joué à Bordeaux, Montpellier, Gueugnon et Orléans.

C’est avec l’OL que j’ai remporté le seul titre de ma carrière de joueur, en 1967. On avait battu Sochaux en finale de Coupe de France. On a eu de la chance en demi-finale contre Angoulême car on s’est qualifié au tirage au sort. Ça s’est joué à pile ou face dans le vestiaire de l’arbitre. Notre capitaine Fleury Dallo avait une bonne étoile ! À l’époque il n’y avait pas de tirs au but et comme on n’avait pas réussi à se départager sur le terrain en trois matches, le règlement prévoyait que ça se jouait à la pièce. Avoue que c’est pas banal ! (rires)

Votre deuxième match contre Angoulême s’était joué à Geoffroy-Guichard et ça avait été chaud !

Cette saison-là, vous aviez éliminé Sainté en 16e de finale mais le match avait eu lieu à Annecy.



Ah oui je m’en souviens ! Je crois que Fleury Di Nallo avait encore frappé. C’était un sacré joueur ! C’est vrai que j’ai eu la chance de jouer plusieurs derbys. C’est loin tout ça maintenant mais j’ai le souvenir de matches plutôt serrés et équilibrés. Je crois d'ailleurs que j’ai connu autant de victoires que de défaites quand j’ai joué contre les Verts.

Effectivement Robert ! Sur les 8 derbys que tu as joués, t’en gagné 3, perdu 3 et t’as fait 2 matches nuls. Ton premier derby, à Gerland, Sainté avait gagné 1-0 grâce à Robert Herbin, qui a également été buteur et vainqueur un an plus tard à Geoffroy-Guichard.



C’était un joueur intelligent, redoutable, un des meilleurs Stéphanois de l’époque. C’était un joueur qu’on redoutait, très respectable. C’était un grand joueur, il est devenu ensuite un immense entraîneur. Bien évidemment l’ASSE lui doit énormément. Il avait une sérénité très imposante. Son décès a été une grande perte, c'est l'une des figures les plus marquantes du football français.

Ça représentait quoi pour toi le derby ?

C’était une histoire de suprématie régionale. Tu sentais que c’était un match particulier et tout l’environnement te le faisait comprendre. Le comportement, l’enthousiasme et la passion des spectateurs avant et pendant le match, c’est assez exceptionnel à vivre. Le derby était très attendu par les supporters des deux camps.

Ce match avait un parfum particulier du fait de la forte rivalité entre les deux clubs. Mais à l’époque cette rivalité ne dépassait pas certaines limites ou alors je ne les ai pas connues même s’il y a toujours des imbéciles dans ces affaires-là. Les matches étaient engagés mais je n’ai pas souvenir d’avoir disputé un derby qui ait dégénéré.

Sentant que l’OL allait prendre deux mémorables roustes (7-1 à Gerland et 6-0 à GG), tu as décidé de quitter la banlieue pour Bordeaux en 1969. C’est sous le maillot au scapulaire que tu as joué ton dernier match contre les Verts, qui l’avaient emporté 2-0 à Geoffroy-Guichard (buts de Salif Keita et Aimé Jacquet).

Je ne me souviens pas trop de ce match mais je me rappelle que les Verts avaient une équipe impressionnante cette saison-là, ils ont d’ailleurs fini champions comme les trois années précédentes. Ma saison à Bordeaux a été très décevante. Je suis arrivé là-bas blessé et je n’ai pas eu le temps de montrer ce que je savais faire. J’étais plus un joueur de devoir qu’un joueur spectaculaire ou efficace, je n’ai pas réussi à m’imposer là-bas. C’est dommage car Bordeaux était à l’époque un club très classe, bien organisé. J’étais fier d’avoir signé là-bas.

Tu as recroisé les Verts en tant qu’entraîneur de Montpellier la saison 1984-1985. D’abord à GG, où Sainté avait gagné 2-0 grâce à un doublé de Roger Milla. Tu avais fait jouer ce soir-là trois futurs Stéphanois : Laurent Blanc, Gérald Passi… et Jean-Louis Gasset !

Jean-Louis était un peu un joueur de mon style. Un joueur de devoir, un joueur de club. Son père était dans le club. Je me souviens que Jean-Louis avait déjà cette fibre d’entraîneur, quand il était pro le mercredi après-midi il entraînait les jeunes talents à l’école de foot. Dans sa carrière d’entraîneur, il a par la suite été amené à former un excellent duo avec son ancien coéquipier Laurent Blanc. Il a aussi eu des résultats en tant qu'entraîneur numéro un, vous êtes bien placé pour le savoir à Saint-Etienne !

Laurent c’était la classe, sur le terrain comme en dehors. Je ne suis pas du tout surpris par la trajectoire qu’il a eue après ses années montpelliéraines, il a fait une grande carrière internationale, a remporté de grands titres.

J’ai bien aimé aussi entraîner les frères Passi : Gérald, qui a effectivement joué plus tard à Saint-Étienne mais aussi Franck. Ils avaient des styles complètement opposés mais très complémentaires. J’aimais aligner les deux. Gérald était un technicien intelligent, décisif, très technique. Il a fait une belle carrière.

Tu peux me rappeler ce qu’on avait fait au match retour contre Saint-Étienne cette saison-là ?

Vous aviez gagné 1-0, but de Valadier.

Ah, Jean-Marc ! Un bon attaquant et un joueur attachant. On l’avait recruté dans un petit club montpelliérain. Je l’ai entraîné en pro au début de sa carrière, en attaque on avait aussi Fleury Di Nallo dont on discutait tout à l’heure. Jean-Marc est ensuite parti OL puis à Monaco avant de revenir à Montpellier où j’ai encore eu le plaisir de l’entraîner. J’ai été amené à le revoir, il travaille dans le groupe Nicollin.

Un groupe évidemment fortement implanté à Montpellier mais dont le siège social reste à Saint-Fons, dans la banlieue de la banlieue. C’est lors de ton retour chez les vilains que tu as de nouveau affronté les Verts lors de la saison 1985-1986. Tu avais succédé sur le banc lyonnais à Robert Herbin, qui en avait pris 5 la saison précédente face au Verts à Gerland. Mais sous ta houlette les Verts se sont inclinés dans le même stade, malgré le but de Jean-François Daniel. Ton équipe a gagné grâce à des pions d’un futur Vert, Laurent Fournier, et de Franck Durix.



Deux milieux de terrain que j’ai appréciés tant sportivement qu’humainement. Ils faisaient partie des meilleurs jeunes du club. Ils étaient talentueux et ont fait une belle carrière, surtout Laurent qui a joué par la suite dans les plus grands clubs français. Mais on a perdu le match retour à Geoffroy-Guichard, non ?

Si, Sainté a gagné 1-0, but de Tony Kurbos. Tu as affronté les Verts les deux années suivantes en tant qu’entraîneur de Caen et là encore ton bilan est équilibré.

Là je veux bien que tu me rafraichisses la mémoire car je ne me souviens plus trop de ces matches !

Ta première saison normande, tu es venu prendre un point à Geoffroy grâce à Fabrice Divert.

Au retour les Verts ont gagné 3-2 grâce à un triplé de Fabrice Tibeuf. Mais la saison suivante t’as gagné sur le même score à D’Ornano avant de faire un match nul et vierge à Geoffroy-Guichard. T’avais fait rentrer un certain Rudi Garcia lors de ce match. Que penses-tu de l’Olympique Lyonnais qu’il entraîne aujourd’hui ?

Après leu joli parcours en Ligue des Champions, les Lyonnais ont connu un début de saison difficile. Moi ce qui me gêne c’est qu’on a mis très tôt mon ami Rudi sur un siège éjectable. Le moindre faux pas risque de lui être fatal. C’est le mauvais côté du football, on ne laisse pas travailler les gens suffisamment pour qu’ils aient le temps de montrer leurs qualités et valider leurs plans.

La saison passée, Rudi est arrivé à l’OL dans un contexte tendu. Il n’a pas eu un accueil bienveillant de la part des supporters. C’est très mauvais pour lui et pour les joueurs, ils peuvent ne pas toujours faire ce qu’il faut pour que l’équipe tourne bien. Et malheureusement si ça tourne mal c’est ‘entraîneur qui paiera. Ça m’emmerderait pour Rudi car c’est un garçon bien.

C’est un bon entraîneur, il dispose d’un effectif qui tient la route et est actuellement sur une bien meilleure dynamique que les Verts. Si on l’aide à retrouver la confiance, il va être capable de les faire monter aux arbres et de faire la saison que tout le monde attend. C’est ce qu’il faut souhaiter.

Souhaiter le succès des vilains, et puis quoi encore ! On se réjouit plutôt de leurs défaites... Schadenfreude !

(Rires) Ce n’est pas l’ancien Vert qui te parle, c’est l’ami de Rudi. À mon sens il mériterait de s’inscrire dans la durée à l’OL mais il est actuellement en fin de contrat et son président lui a un peu mis la pression. Moi je ne garde pas un bon souvenir d’Aulas. Il a pris la présidence de l’OL à un moment où le travail était déjà bien avancé. Il a compris qu’il ne pouvait pas me manipuler. Il ne pouvait pas me demander de faire jouer un joueur si je n’avais pas envie de le faire jouer. Une fois il m'a demandé de sortir un joueur. J'ai refusé, je lui ai dit qu'il n'y avait pas marqué "pigeon" sur mon front. Le lendemain j'étais viré.

Ça ne pouvait pas marcher entre Aulas et moi donc notre « collaboration » a été très brève… Il s’est débarrassé de moi car il voulait Domenech et Lacombe. Je n’ai pas aimé sa façon de faire mais je dois reconnaître qu’il a fait de l’OL, à l’époque un club avec peu de moyens, un grand club. Mais résultat des courses, il n’a pas gagné tout ce qu’il espérait gagner. Il y a peut-être une raison et ce n’est pas toujours la faute des joueurs ou de l’entraîneur.

Moi j’ai eu la chance de connaître beaucoup d’endroits où il y avait une ambiance extraordinaire, familiale. Celui qui m’a donné la chance de connaître ça, c’est Louis Nicollin. Il est toujours resté sur des bases comme ça. J’aime quand un président fait passer l’humain avant beaucoup de choses. Ça ne permet pas toujours de gagner mais ça permet de travailler dans la bonne humeur et la sérénité.

Que représente tes vertes années dans ta longue et riche carrière dans le football ?

Je n’en garde que de bons souvenirs. Quand j'ai débarqué à Saint-Étienne, tous les gens rigolaient. J’étais né à Marseille, j’avais joué à Lyon et entraîné l’OL. Quand t’arrives à Saint-Étienne avec cette étiquette-là, tu t’attends à ce qu’on t’accueille avec des peaux de banane mais au contraire ça a super bien marché. Les Verts, ça restera mes meilleurs souvenirs de toute ma carrière dans le foot. J’ai vécu là-bas une expérience extraordinaire, inoubliable. L’ASSE reste un grand club et j’espère qu’il le restera car il le mérite.

Ce que je garde de ces années-là, c’est déjà la montée avec un super groupe, probablement le meilleur que j’ai eu dans ma carrière en termes de complémentarité et d’état d’esprit. On ne s’est pas trompé sur les joueurs qu’on a recrutés et il y a eu une vraie alchimie entre les jeunes et les anciens. On a fait venir des joueurs confirmés comme Kader Ferhaoui, Nestor Subiat, Gilles Leclerc, Patrick Revelles mais aussi des jeunes amateurs comme Bertrand Fayolle et Adrien Ponsard. Et on s’est aussi appuyé sur de bons jeunes formés au club comme Lionel Potillon, Lucien Mettomo, Julien Sablé, Pape Sarr ou encore Fabien Boudarène.

On a démarré la saison par quatre matches nul et ensuite on a enchaîné les succès. La chance qu’on a eue, c’est ce qui se passait dans les tribunes. L’ambiance qu’il y avait à Geoffroy-Guichard, c’était exceptionnel. Les supporters étaient heureux et on était heureux de les rendre heureux. C’est ce que je retiens aussi de ces années-là, le rapport que j’avais ce public fantastique. Je crois que les supporters avaient compris qui j’étais, quel était mon tempérament.

Il y a eu une bonne dynamique, des bons résultats. On avait un groupe très sain, travailleur et proche des supporters. Moi aussi j’appréciais les échanges avec les supporters. Tous les jours on discutait en marge des entraînements, ils ont vu que je n’étais pas un sauvage. C’est quelque chose que j’ai alimenté, je voulais que ça dure car on voulait faire monter grimper tout le monde aux rideaux.

C’était un club qui était sain et on a fait vivre également de belles émotions à nos supporters en Ligue 1. Là encore, on ne s’est pas trompé sur le recrutement en faisant venir Aloisio et Alex mais aussi des joueurs comme Kvarme, Pédron et Guel. On a fait des matches spectaculaires, je crois que c’est pour ça aussi que les supporters stéphanois gardent de bons souvenirs de cette époque. À chaque fois que j’en recroise, ils m’en parlent avec émotion. Et je me dis que j’aurais pu leur faire vivre encore longtemps de telles émotions si on ne m’avait pas poussé dehors…

Vingt ans après, tu l’as encore en travers de la gorge ?

L’histoire s’est mal finie, il y a un sentiment de gâchis. Avec Bompard et Soler, on formait un trio qui fonctionnait à merveille la première saison. Mais Gérard Soler, qui était un super pote, en avait peut-être un peu marre de la pression que lui mettait Alain Bompard, qui lui ne comprenait pas que le club ait fonctionné sans lui. Résultat des courses, Gérard a craqué et Nouz a payé.

Ça, je le regretterai toujours car dans le football, il y a aussi des valeurs. Là, elles n’ont pas existé et j’en ai payé le prix, voilà ! C’est couillon car on aurait pu vivre encore vingt ans ensemble. Mais tu sais, le pouvoir, les batailles d’ego transforment énormément l’être humain.

Tu as eu sous tes ordres deux milieux de terrain qui sont revenus depuis dans la maison verte et travaillent dans le staff de Claude Puel.

J’ai surtout connu Julien Sablé car je l’ai eu dès ma première année à Sainté. C’est un garçon qui avait tout pour réussir. Il a réussi, peut-être pas jusqu’où il aurait pu aller mais c’était vraiment quelqu’un de bien. Je n’ai eu Laurent hélas que quelques mois mais c’était aussi un bon gars que j’ai fait jouer plusieurs matches avant d’être évincé de mon poste d’entraîneur.

Quel regard portes-tu sur l’ASSE de Claude Puel ?

Je suis un peu surpris de voir que les Verts restent une série de cinq défaites car j’estime que Claude Puel est un entraîneur très compétent. Mais en ce moment la mayonnaise ne prend pas, il y a un problème quelque part. Dans la lignée de leur finale de Coupe de France prometteuse, les Verts avaient pourtant très bien démarré leur saison. Mais ça s’est gâté depuis. Il y a eu des blessures, des suspensions, des joueurs qui sont partis ou ont été mis de côté.

Mais ce n’est pas parce que le club traverse une mauvaise passe qu’il faut jeter à la poubelle la philosophie de Claude Puel. Il y a un nouveau cycle qui s’est mis en place à l’ASSE, c’est un entraîneur qui fait jouer beaucoup de jeunes joueurs. Ce n’est pas parce que ça fonctionne pas en ce moment que ça ne marchera pas demain. Il faut rester serein et patient.

Après 9 journées, l’ASSE compte actuellement 10 points. C’était pile-poil ton bilan quand tu t’es fait virer il y a 20 ans.

Cette fois l’entraîneur ne s’est pas fait virer par ses dirigeants. Encore heureux ! Même si les Verts perdent ce dimanche, ce serait une connerie de se séparer de Puel. Ou on fait confiance à un homme, ou on n’a pas confiance, point barre. Parfois on fait payer l’entraîneur quand il y a une série de mauvais résultats. Moi je trouve ça regrettable. Il faut garder la tête froide même quand les résultats ne sont pas aussi bons qu’on l’espérait.

Le club enchaîne les mauvais résultats depuis quelques matches mais la compétence de Claude Puel ne peut pas être mise en doute. Il faut comprendre qu’avoir un entraîneur compétent n’est pas un gage de sécurité, ça ne garantit pas d’obtenir des résultats. Il y a tellement de choses qui peuvent faire perdre une équipe… Ce n’est pas toujours la faute de l’entraîneur !

Manifestement Roland Romeyer et Bernard Caïazzo gardent confiance en Claude Puel. Quel bilan fais-tu de leur présidence ?

Cela fait 17 ans maintenant qu’ils sont en poste, non ? On va dire que leur bilan est moyen. Correct car leur chance, c’est d’avoir eu Christophe Galtier pendant de longues années. Il a sauvé le club lors de sa première saison. C’est avec lui que le club a gagné le seul titre de leur présidence et qu’il a joué plusieurs saisons de suite l’Europa League. Je pense qu’à la fin il était arrivé à saturation, on se reposait beaucoup sur lui.
Pour le reste, on se rend compte que ça a beaucoup tourné sur le banc stéphanois. Quand on fait le compte, il y a eu une dizaine d’autres entraîneurs. Aucun n’a fait plus de deux ans. Certains n’ont fait que des brefs passages Même un gars comme Jean-Louis a préféré partir après 18 mois. Il faut dire qu’avoir deux présidents qui ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde, ça n’aide pas.

Claude Puel a plusieurs fois rappelé que le bilan de Gasset avait été bon sportivement mais pas viable économiquement.

Quand il y a un problème économique, c’est plus un problème de dirigeants qu’un problème de technicien. Quand un entraîneur demande un joueur qui coûte cher, le président peut lui dire « on ne peut pas parce qu’il est trop cher ». Point barre. S’il le prend, il prend ses responsabilités, c’est tout ! Le choix du joueur est du domaine de l’entraîneur, le choix financier est du domaine du président.
L’entraîneur doit comprendre que le club ne peut pas prendre des joueurs trop chers qui risqueraient de mettre en péril le club. Mais quand on fait confiance à un entraîneur, on doit l’aider à prendre les joueurs qu’il souhaite. Il est quand même compétent et formé pour prendre les joueurs à même d’obtenir les résultats que les dirigeants souhaitent. Pour en revenir à Jean-Louis, il a pris un club qui était à la ramasse, l’a redressé et en fait un club européen en faisant des choix de joueurs validés financièrement par ses dirigeants.

Jean-Louis Gasset n’a pris hélas qu’un point en trois matches face aux vilains quand il officiait sur le banc stéphanois. Toi tu es invaincu face à eux !

Oui mais on n’a pas battu les Lyonnais, avec moi on a fait trois matches nuls. J’avais eu la chance d’être joueur et entraîneur à Lyon donc je savais ce que représentait un derby. Ça m’a aidé dans ma façon d’appréhender ce match en tant qu’entraîneur. Ce n’est pas un match banal comme les autres. Ce n’est pas un Bordeaux-Valenciennes par exemple ! Tu sens la pression qui monte toute la semaine, il y a plus de monde aux entraînements, il y a des articles qui font monter la sauce… Un derby, c’est un match à part ! Dans la gestion de l’évènement, il y a le risque de dépasser les limites ou le fait de ne pas jouer de la même façon. Je n’ai plus en tête le détail de ces trois derbys mais j’ai le souvenir de bons matches nuls, de matches ouverts où chaque équipe avait eu des occasions. Je me souviens juste que Stéphane Pédron et Sonny Anderson avaient marqué lors des deux derbys à Geoffroy.

Popote aussi avait marqué lors de ton derby. Et il avait été signalé hors-jeu à tort sur le but refusé à Alex à Gerland. On te laisse revoir tout ça grâce à nos amis de ASSE Memories !



Comment vois-tu le derby de ce dimanche ?

Il y a une motivation individuelle de chaque joueur qui change leur comportement, une atmosphère toujours particulière pour le derby. À partir de là, c’est très difficile de faire un pronostic. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas dire que Saint-Étienne soit favori. La dynamique du moment est plutôt favorable à Lyon et quand tu regardes chaque ligne, du gardien à l’attaque, il y a sur le papier plus de talent individuel à l’OL qu’à l’ASSE. La logique voudrait que ce soit un match pour Lyon. Mais tu ne sais jamais ce qui peut se passer dans un derby !

Peut-être que ce jour-là, le mauvais comportement des Stéphanois va complètement changer. Ils vont tout faire pour enrayer cette spirale négative, surtout contre Lyon. Et peut-être que l’OL pense que ce sera facile de battre ces Verts qui sont fébriles et fragiles depuis plusieurs matches mais la réalité du terrain pourrait être toute autre. Ce derby se déroulera dans un climat très particulier car il sera pour la première fois de l’histoire à huis clos. Un derby sans public, ça ne vaut rien du tout. L'absence de public dans les stades cette saison à cause du Covid, c'est pénalisant. Surtout à Saint-Etienne car je n’ai jamais trouvé mieux comme ambiance. Le Chaudron c’est exceptionnel !

 

Merci à Robert pour sa disponibilité et prompt rétablissement à lui !