Après un automne faste, les Girondins sont peut-être en train de retomber dans leurs travers de l'été.


A la trêve, Bordeaux était devant Saint-Etienne. Un mois plus tard, les Verts ont l'occasion de mettre un concurrent direct à 9 points dans le rétro.


1- Le parcours

Mettons d'emblée de côté la coupe d'Europe : Bordeaux l'a bradée, inutile de commenter plus avant.

Pour le reste, le parcours aquitain est extrêmement contrasté. Alors que Sainté se distingue par son absence de série, positive comme négative, Bordeaux semble ambitionner de devenir la capitale du clair-obscur. Le noir, d'abord : 7 points pour une seule victoire lors des 8 premières journées, un vrai parcours de relégable. Puis, le réveil de la belle endormie est violent : 24 points pris sur les 11 journées suivantes ! Seuls Lille et Paris font mieux, pour deux petits points seulement. On passe donc Noël au chaud en Gironde, et devant les Verts - à la faveur du report du match ASSE-Evian.

Peut-être la bûche était-elle trop lourde, ou le foie-gras empoisonné - mais l'obscurité allonge à nouveau ses tentacules poisseux au dessus des résultats bordelais. Si la rentrée se passe bien avec une victoire à Raon l'Etape, c'est depuis la débandade : deux défaites en championnat, et deux éliminations en coupe, dont celle de mercredi face à un club de CFA2. Janvier est noir, en Gironde.


2- L’effectif

Lors des 7 derniers matches (5 de championnat, 2 de Coupe de la Ligue) joués face à des équipes pro avec une équipe non-bis depuis le 8 décembre, Francis Gillot a utilisé 22 joueurs de champ, dont 19 ont connu les joies de la titularisation. Après l'immuable Lille, les Verts enchaînent avec donc l'instable Bordeaux. Instable non pas à cause d'un turn-over pleinement assumé, mais à cause de blessures, de suspensions, et peut-être même d'un sortilège vaudou. Ainsi, nous analyserons l'effectif bordelais non pas en fonction du poste des joueurs, mais selon la régularité de leur présence depuis 1 mois et demi.


Les fidèles au poste : Carrasso, bien sûr, est absolument inamovible. Dans l'assise défensive, Henrique (défenseur central), Mariano (arrière droit) et Sané (défenseur central ou milieu récupérateur selon les absences des uns et des autres) échappent pour le moment à la malédiction. Au milieu, NGuémo tient son rang ; tout comme, dans la ligne offensive, Obraniak, Maurice-Belay et Saivet.
Précisons qu'il ne s'agit pas forcément de titulaires systématiques - même si faute de combattants, ces huit-là passent peu de temps sur le banc ces dernière semaines.

Autour de cette colonne vertébrale à peu près stable, on trouve une myriade de statuts dans l'effectif bordelais :


Les profiteurs : Ces deux-là n'espéraient sans doute pas jouer autant cette saison. Faubert (spécialiste du côté droit) et Sertic (milieu) profitent de leur disponibilité pour afficher un temps de jeu déjà quasiment égal à celui de la saison passée.


Les intermittents : C'est le groupe le plus nombreux, celui des titulaires régulièrement blessés et des seconds choix pas toujours disponibles quand il le faudrait. Orban le latéral gauche, Poko le milieu, et les attaquants Rolan, Diabaté et Jussiê alternent avec constance entre terrain, banc et infirmerie. On peut ajouter à ce groupe le nouveau venu Hoarau, déjà blessé après une seule titularisation, et l'autre latéral gauche, Maxime Poundjé, qui enchaîne les expulsions comme d'autre des perles.


Les bouche-trous : Joueurs de complément ou jeune débutant, Pellenard (latéral gauche), Savic (défense ou milieu) et Abdou Traoré (milieu) ne devraient pas apparaître sur les feuilles de match dans un monde parfait.


La guest star : L'international français Marc Planus est généreux avec son public, et apparaît au moins une fois par mois depuis le début de saison. D'ailleurs, il ferait bien de quitter les infirmières : on ne l'a pas encore vu en janvier, et il n'y a plus que deux matches avant février.


Les fantômes : Ils ont connu leur heure de gloire, mais ils errent dorénavant dans le domaine du Haillan comme des âmes abandonnées par les Dieux du Football. Quatrièmes choix à leur poste (au mieux...), Francis Gillot ne se décide à les sortir de leur pré-retraite que lorsque la cascade d'absence devient hécatombe. Vous aurez reconnus Bellion, Ben Khalfallah, Bréchet et Chalmé.


L'équipe possible : Gillot doit en passer, des nuits d'insomnie. On notera qu'en milieu de semaine seuls Planus, Diabaté, Hoarau et Jussiê étaient blessés. Trois intermittents et la guest star, en somme. Auxquels s'est ajouté, à l'échauffement du match de coupe, Ludovic Obraniak. Si même les fidèles au poste commencent à fatiguer...


3– Souviens-toi la dernière fois

Rétrospectivement, on peut dire que le match aller a été décisif dans la saison stéphanoise. Rappelons le contexte : le club vient de subir une désillusion très lourde - les Verts ne joueront pas les poules de la coupe d'Europe. Le jour du match est marqué par un coup de théâtre : l'attachant Josuha Guilavogui ne jouera plus dans le Forez. Les recrues engagées grâce à sa vente, Mollo et Erding, sont en tribune. Pour des raisons diverses, le club n'a plus de latéral gauche valide. Le porte-bonheur Brandao est KO.

Le onze aligné par Christophe Galtier semble aujourd'hui inconcevable : un côté gauche Zouma/Cohade, Nicolita (qui joue son dernier match avec l'ASSE) milieu droit, Hamouma avant-centre, le bricolage est inquiétant. Mignot entrera même en jeu comme milieu gauche pour le dernier quart d'heure ! Surtout, un an après sa disparition, le 4-2-3-1 fait son retour. C'est le coup de maître de Galette : Corgnet, pour la première fois en Vert, va jouer dans son rôle préféré de 9 et demi. Il fera merveille, réussissant notamment une passe décisive (sa seule pour le moment !). A l'image de l'équipe, les Verts emballent le match et ont de la réussite au début de chaque période (les buts sont inscrits à la 7' et à la 50').

Mais comme souvent dans cette configuration, après la folie initiale, les fins de période sont difficiles et le moindre duel perdu met le feu dans la défense. Les Verts tiennent jusqu'à la 90è minute, mais finissent tout de même par encaisser un but. Peu importe : la victoire était primordiale pour que le doute ne s'installe pas ; et on a enfin vu quel pourrait être le véritable apport de la recrue Corgnet à l'équipe.