Avant d'accueillir son club de cœur samedi en Coupe de France, l'ancien latéral stéphanois et actuel entraîneur adjoint de l'AS Cannes Philippe Cuervo a répondu aux questions des potonautes.


François Clerc étant suspendu, as-tu prévu de rechausser les crampons samedi pour retrouver ton poste de latéral droit de l'ASSE ? (José)

Ah j'aurais bien aimé mais je suis trop vieux ! (Rires) J'ai quand même 44 ans ! Et puis maintenant j'occupe un autre poste, et dans un autre club. Ce match sera un peu particulier pour moi. Saint-Etienne, le club où j'ai passé neuf ans, contre Cannes, le club où je travaille depuis cinq ans… Franchement, ce tirage est un super clin d'œil. 

Autre clin d'œil, c'est à Cannes que tu as évolué pour la première fois comme arrière droit en équipe première avec les Verts. Te souviens-tu de ce match ? (Aloisio)

Ah non ! Je me souviens que j'avais fait mes débuts en équipe première à la fin de la saison 1989-1990. Herbin m'avait alors fait jouer attaquant. J'avais fait mes débuts à Metz.

T'avais remplacé Etienne Mendy. Le Sphinx t'avait également fait entrer en jeu en attaque à GG contre Montpellier et contre Toulon. Te souviens-tu de ta seule titularisation en attaque ? (José)

Mmm… Matra Racing ?

Bien joué ! Enfin, façon de parler, on en avait pris trois. Devant, Herbin t'avait associé à Vincent Chicharo. Avoue que ce n'était pas la meilleure attaque stéphanoise de l'histoire ! (Aloisio)

On va dire qu'on avait une équipe expérimentale ! (rires) Je me souviens que ça ne s'était pas super bien passé mais, attends, y'avait quand même une grosse équipe en face. Mais bon, un premier match titulaire en pro, ça reste forcément marquant !

Marquant mais on n'a pas marqué ! Pour en revenir à ta première titularisation dans la défense verte à Cannes, pas le moindre souvenir ? (José)

Non mais tu vas me rafraichir la mémoire ! (rires)

On avait gagné 1-0, but de Corroyer. En face y'avait Jean-Luc Sassus, Jean-François Daniel, un obscur petit jeune nommé Zinédine Zidane mais aussi Luis Fernandez. (Aloisio)

Ça ne nous rajeunit pas…

Lors de ce match, Christian Sarramagna t'avait aligné aux côtés de Jean-Pierre Cyprien, Sylvain Kastendeuch et Thierry Gros. (José)

Tiens, mon Degui [ndp2 : Christophe Deguerville] ne devait pas être là ce jour-là… C'est peut-être pour ça qu'on m'a fait jouer latéral ! Merci Degui ! (rires)

Peux-tu nous raconter qui est à l'origine de ton repositionnement. T'étais bien attaquant à la base ? (Parasar)

Oui. Quand je suis arrivé à Sainté à 16 ans, j'étais attaquant. J'ai fait toute ma formation à ce poste. J'ai débuté en pro à ce poste. Mais pas mal de pros descendaient en réserve. Pierre Repellini, l'entraîneur de la réserve, voulait me faire jouer et il restait des places en défense. Il ma titularisé pour la première fois latéral droit contre l'AJA. J'avais au marquage Franco Vignola, qui était à l'époque un gros espoir du football à Auxerre. Je m'en étais très bien tiré, du coup je suis resté derrière, y compris en équipe première.

As-tu été tout de suite convaincu que ce poste te correspondait ? (Parasar)

J'ai été parachuté à ce poste mais je ne me suis pas posé de questions. Le fait de jouer en première division, c'était extraordinaire. Je préférais jouer latéral en D1 plutôt que de rester attaquant sans avoir ma chance. Le métier de latéral est rentré au fur et à mesure avec l'expérience acquise aux côtés des autres défenseurs. Au début, je prenais pas mal de cartons mais j'ai ensuite acquis plus de maîtrise. J'ai vite appris les ficelles de ce poste.

Que te manquait-il pour jouer devant ? (Parasar)

Pour être attaquant, il faut être assez costaud. Quand je suis arrivé à Sainté, je faisais un 1m79 et 57,5 kg. Bref, je n'étais pas très épais ! (rires) En une année, j'ai pris dix kilos. J'étais rapide mais il m'a sans doute manqué de la puissance. Et puis à cette époque il y avait pas mal de concurrence devant, y'avait des gros joueurs à Saint-Etienne. 

Des joueurs pesant plus de 57 kg, c'est ça ? (José) En latéral, tu as pu faire jouer ta vitesse finalement avec un profil de latéral moderne. Alors Philippe, ça fait quoi d'avoir été en avance sur son temps ? (Parasar)

Ça fait du bien, je te remercie ! (rires) C'est vrai que les latéraux modernes sont offensifs. De par ma formation, j'étais davantage un contre-attaquant qu'un pur défenseur. Mon registre était adapté à ce que je recherchais Christian Sarramagna dans son dispositif de jeu. Avec "Degui", on n'hésitait pas à prendre notre couloir, on aimait participer au jeu offensif. En jouant avec des gars comme Moravcik, on avait des supers ballons sur les côtés. 

Que retiens-tu de tes vertes années ? (Greenwood)

C'est la période la plus extraordinaire de ma vie. L'ASSE a été pour moi littéralement comme une deuxième famille. J'ai perdu mon père à 13 ans et ma mère à 16 ans, lors de ma première année au club. C'était une période assez dure pour moi, mais j'ai eu la chance d'avoir mes gars Christophe Deguerville et Etienne Mendy à mes côtés. C'était des potes et ce sont devenus des frères. On est resté très proches. Parfois je restais seul au centre pendant les vacances d'hiver. Mais je n'oublie pas que le club a toujours été là pour m'aider, me soutenir. A Sainté, j'ai connu des gens extraordinaires. Ce club m'a marqué à vie ! Avec Degui, Mendy et Jean-Pierre Cyprien, on s'est bien trouvé. On s'entraidait. J'ai vécu des années magnifiques. J'ai gardé plein de moments supers, que ce soit sur le terrain ou en dehors, avec les gens du club, les supporters. Sous le maillot vert, j'ai vécu des matches riches en émotions. De grandes joies comme notre victoire à Gerland, mais parfois des grandes déceptions, en particulier notre élimination en demi-finale de Coupe de France à domicile contre Nantes en 1993…

Avant de saisir ta chance chez les pros, tu as passé trois ans au centre de formation. Peux-tu nous remémorer les circonstances de ton arrivée à Sainté ? (José)

C'est Pierre Garonnaire qui est venu me chercher. A l'époque je jouais avec Viry-Châtillon. Pas mal d'autres clubs s'intéressaient à moi : Lille, Monaco, Valenciennes. Le premier essai que j'ai fait, c'était à Sainté. J'étais resté une semaine avec Degui et Cédric Daury qui venaient comme moi de Viry-Châtillon. Ça c'était bien passé mais à la fin on avait fait un match contre Mazargues et je m'étais blessé à la malléole et j'ai dû me faire opérer. Mais Monsieur Garonnaire est venu me voir à l'hôpital et il a convaincu ma mère. Elle m'a laissé tenter ma chance et je suis parti à Sainté.

Quelles images gardes-tu de tes années au centre de formation ? Te souviens-tu des bonbons de Dimitrov ? (bruno30mf)

Je me souviens bien de ce joueur, il passait beaucoup de temps avec nous à l'époque au centre de formation. Y'avait Slavkov aussi à l'époque. Mais à quels bonbons fais-tu allusion ? 

Lors d'un dîner avec les Fighters, tu nous avais raconté que Dimitrov laissait quelques (gros) billets aux jeunes du centre pour qu'ils aillent s'acheter des bonbons (bruno30mf)

Je ne m'en souviens plus mais si je l'ai dit à l'époque, forcément c'est que c'était vrai ! (rires) Mais je me souviens que Merry Krimau était lui aussi très sympa avec les jeunes du club.

Quels coéquipiers t'ont le plus marqué à Sainté ? (Barre transversale) 

Mes frères déjà, Degui et Etienne. Jean-Pierre Cyprien aussi. Moravick.

Lubo est-il le meilleur joueur avec lequel tu as évolué lors de ta carrière ? (Matrick)

Le meilleur avec Cyprien, oui. Il était énorme. Il avait un gros caractère mais c'était un super joueur. J'ai également eu la chance de côtoyer des joueurs de classe comme Laurent Blanc et Joseph-Antoine Bell.

Lors de ton retour à Sainté, en D2, t'as aussi assisté à l'émergence de jeunes joueurs très doués : Grégory Coupet et Willy Sagnol. (José)

Déjà quand il avait été intégré par Jacques Santini comme troisième gardien, Greg avait montré qu'il avait des capacités hors normes. Comme on voyait que c'était en plus un gros travailleur, on se doutait qu'il allait aller loin. Il n'y a pas de mystère dans le foot. Et que dire de Willy. Quand je suis revenu, le type jouait en patron en défense centrale. Il n'avait que 19 ans mais t'aurais dit qu'il avait déjà 30 ans. Y'avait d'autres jeunes de qualité comme Sébastien Pérez et Salem Harchèche.

Quel est ton plus beau souvenir avec le maillot vert ? (Tom)

Il y en eu tellement. Si je devais n'en retenir qu'un, je dirais notre victoire à Lyon en 1993. Quand on sait ce que représente ce derby pour le peuple vert… C'était vraiment une émotion énorme. Je me souviens que le match était très chaud. Gérald Passi avait ouvert le score et Etienne avait obtenu un pénalty transformé par Sylvain Kastendeuch. Je revois encore Pascal Despeyroux chanter dans les vestaires la porte ouverte debout sur la table. Un grand moment ! (rires) Les matches contre Marseille m'ont aussi beaucoup marqué. Dans une ambiance de feu, on les avait battus 1-0 sur un but de Didier Tholot mais le match avait été remis car Papin aurait pris une canette. On rejoue le match, et Degui égalise dans les dernières secondes des arrêts de jeu. Même si on n'avait pas gagné, ce nul avait un parfum de victoire, on avait porté Degui en triomphe. J'ai aussi un souvenir énorme de notre quart de finale de Coupe de France remporté contre l'OM après prolongation la saison suivante. Avec Degui, Etienne et Jean-Pierre, on était jeunes et on était insouciants. On jouait relâchés, on n'avait pas de pression et on se laissait porter par l'incroyable ambiance du Chaudron. On a vécu des trucs extraordinaires. 

Te remémores-tu les quatre buts que tu as marqués avec les pros lors de de tes 127 matches avec les pros ? (Poteau droit)

Quand je jouais avec les jeunes, j'avais l'habitude de marquer des buts. En Gambardella notamment, je mettais la majorité des buts. En pro, je me souviens de mon premier but, c'était à Rennes. Je me remémore également mon premier à Geoffroy-Guichard, c'était contre Nîmes où jouait Cantona. Par contre j'ai oublié les deux autres ! (rires)

C'était contre Metz, dans le Chaudron. T'as claqué ton dernier pion la même saison en coupe de France sur le terrain du Gazelec Ajaccio. (Aloisio)

Ah oui, ça me revient. Mais ce but à Ajaccio, ce n'est pas un super souvenir. J'ai ouvert le score mais on a perdu 2-1. C'était un peu la tempête.

Pourquoi t'as quitté Sainté en 1994 avant d'y revenir pour une ultime saison en 1996 ? (Parasar) Tu ne voulais pas te coltiner Elie Baup et t'as attendu qu'il se soit fait virer pour revenir, c'est ça ? (José)

Absolument pas ! (rires) Quand je suis parti, Jacques Santini n'avait pas encore été remplacé par Elie Baup. Avec Jacques on s'entendait bien mais j'étais surtout un contre-attaquant, je ne rentrais pas dans son rôle tout le temps. C'est ça qui explique un peu que je sois parti de Saint-Etienne. Mais c'est un truc que j'aurais jamais dû faire, c'est un truc que j'ai toujours regretté par la suite. Surtout que deux semaines après que j'ai signé à Sochaux, Jacques est parti aussi. Je me serais bien vu faire toute ma carrière à Sainté, malheureusement ça n'a pas été le cas. Après deux années à Sochaux, j'ai saisi l'occasion de revenir à Sainté mais c'était une époque assez difficile. Le club lançait beaucoup de jeunes comme Stéphane Santini et il y avait quand même de bons joueurs comme Jean-Luc Sassus, Claude Fichaux, Didier Thimothée, Christophe Lagrange, Samba N'Diaye. Avec Pierre Mankowski, ça ne s'est pas très bien passé. La deuxième partie de saison, il ne m'a pas trop fait jouer et je ne savais pas pourquoi. 

Je me souviens de ta sortie du terrain lors du match ASSE-Troyes de la saison 96-97, où tu as pleuré. Je pense que tu t'en souviens encore. Pourrais-tu revenir sur cet épisode ? (forézien)

Pendant quatre mois c'était vachement difficile pour moi, je ne comprenais pas pourquoi l'entraîneur ne faisait pas appel à moi. Paradoxalement, la dernière semaine avec en perspective ce match couperet contre Troyes, on m'a sollicité. Parce qu'il y avait pas mal de blessés, de malades, le président m'a appelé pour me dire de jouer ce dernier match. J'ai été voir le coach et le président, ils m'ont convaincu de jouer ce match et n'ont pas eu besoin de me forcer. J'appartenais encore à Sochaux mais Sainté représente tellement de choses pour moi… Même si j'avais été mis à l'écart pendant plusieurs mois et que je n'avais joué qu'avec la réserve, j'ai joué ce match contre Troyes avec tout mon cœur. On s'est battu comme des lions. J'ai le souvenir d'avoir fait un gros match. Au moment de céder ma place à quelques minutes de la fin, j'ai été submergé par l'émotion. Je me disais : "ce n'est pas possible de ne plus revenir jouer dans ce stade". C'était un truc vraiment fort. Je me rappelle avoir embrassé la pelouse en guise d'adieu. C'est un truc qui est venu instinctivement, qui n'était pas réfléchi… Après ce match, la donne avait un peu changé pour moi. Sainté voulait me proposer un contrat mais hélas on ne s'est pas entendu sur les termes de ce contrat. Ça a été une très grosse déception pour moi.

Tu pleuras, mais est-ce qu'aussi tu crias Cuervo ? (Greenpeace)

Crias Cuervo, pas mal le jeu de mots ! (rires) Je n'ai pas vu le film mais je connais le titre. J'ai pleuré mais je n'ai pas crié quand même, je ne suis pas fou ! Mais quand je suis sorti, il y avait un peu de tout, de la tristesse, de la joie. J'entendais le public scander mon nom. Y'a tout qui m'est revenu, toutes ces années passées dans ce club formidable. C'était une boule d'émotions que je n'ai pas pu canaliser. Mais je ne le regrette pas.

On a le sentiment qu'aujourd'hui tout le monde tire dans le même sens à l'ASSE (dirigeants, staff, joueurs). Etait-ce le cas à ton époque ? (Niklos Molnar)

Heu… Oui, c'était le cas ! Mais c'est vrai qu'à l'époque le club était un peu tenu par tous les anciens Verts. J'ai connu Herbin, Sarramagna, Repellini, Santini… C'était des gens qui connaissaient la boutique, qui connaissaient le club par cœur. Je n'ai pas senti que chacun voulait tirer la couverture à lui. Je crois que tout le monde travaillait ensemble. C'est vrai qu'à un moment donné, dans la politique du club, il y a eu une volonté de changer par rapport aux anciens. Il y a eu depuis plusieurs entraîneurs qui n'avaient pas évolué à Sainté ou qui ne sortaient pas du moule stéphanois. Ma foi, on voit que le club marche très, très bien avec Monsieur Galtier. 

As-tu gardé des contacts avec des anciens coéquipiers stéphanois ? (Sempre Sainté) Es-tu toujours en contact avec Christophe Deguerville ? (thomas99, bruno30mf)

Oui, j'ai des contacts réguliers avec Christophe Deguerville et Etienne Mendy. Ce sont mes frères. Degui est sur Perpignan, Etienne continue de gérer les intérêts de nombreux joueurs dans une grosse structure. J'ai plaisir à recroiser d'autres anciens coéquipiers sur les terrains. J'ai croisé par Loïc Lambert. J'ai revu Christophe Lagrange à Béziers. J'ai aussi eu du plaisir à revoir Grégory Coupet quand j'ai passé mon DEF à Clairefontaine. J'ai vu aussi Willy. C'est toujours sympa de se revoir.

Lors d'un dîner avec les Fighters à la Toscana, tu nous avais dit que tu rêvais de finir ta carrière au Real (bruno30mf) Tu l'as achevée à Montgeron. Qu'est qui s'est passé Philippe ? Aloisio)

Ah les salauds ! (Philippe éclate de rire) En fait, j'ai toujours été fan du Real Madrid. Mon père était espagnol. Quand j'étais petit, on partait en vacances là-bas. Tous les étés, il m'emmenait voir un tournoi à Madrid. J'étais fan du Real et je le suis resté. C'est vrai que je n'ai pas fini ma carrière là-bas mais à Montgeron. Ce n'est pas pareil, en effet ! (rires)

A défaut de connaître la Liga, t'as connu la D2 anglaise. Peux-tu nous parler de ton expérience à Swindon Town ? (Parasar)

Je me suis régalé en Angleterre. J'ai passé trois ans là-bas. C'était le fighting spirit dans toute sa splendeur, le football total. J'ai atterri là-bas car je ne tenais pas à rester à Sochaux. Je cherchais à partir et j'ai eu cette opportunité. J'ai su la saisir et je ne le regrette pas. J'ai fait une très belle première saison, des clubs de Premier League s'intéressaient à moi mais les contacts n'ont pas abouti car je me suis blessé lors de ma deuxième saison. Mais ça reste une super expérience de jouer dans un pays qui respire le football. J'ai beaucoup aimé l'ambiance dans les stades, ça m'a rappelé la ferveur de Saint-Etienne.

Quand je t'ai dit, Philippe, en 1991 à la sortie d'un entrainement que tu finirais en équipe de France, tu m'as cru ou tu m'as détesté de suite ? (gilles/43)

Ecoute, j'aurais bien aimé te croire ! (rires) Quand on joue au foot et qu'on atteint son premier objectif, c'est-à-dire jouer en Ligue 1, on rêve de jouer en équipe de France. Malheureusement, on n'atteint pas tous nos objectifs, on ne concrétise pas tous nos rêves. Je suis content de ma carrière. Bien sûr, j'aurais aimé plus. A une période, on était vraiment très bien avec Sainté, on jouait le haut de tableau. Quand en plus t'es jeune, tu de dis que cette dynamique peut te porter encore plus haut. Mais voilà, ça ne s'est pas passé comme ça. Je n'avais peut-être tout simplement pas les qualités requises pour atteindre un niveau encore supérieur.

Depuis que t'as quitté les Verts, es-tu resté fan de l'ASSE ? Reviens tu régulièrement voir des matchs dans le Chaudron ? (Sempre Sainté)

Je suis fan absolu ! Je suis supporter de Saint-Etienne, ça c'est sûr, depuis toutes ces années. D'ailleurs je me fais chambrer ici car tous les ans je leur dis que Sainté va être champion. Fan à mort, supporter à fond. J'ai eu l'occasion deux ou trois fois de revenir à Geoffroy-Guichard mais pas souvent et surtout pour le derby. Le dernier auquel j'ai assisté commence quand même à dater, c'est quand Benzema en fin de match. Le stade est magnifique, je n'ai pas eu l'occasion d'y revenir récemment. Je suis parfois remonté à Sainté car ma fille habite là-bas mais ce n'était pas des jours de match. Mais je suis le parcours des Verts. Tout le temps ! Tous les week-ends ! Dès que je peux je les regarde à la télé.

Quelle est la plus grosse ambiance que tu aies connue dans ce stade ? (Poteau gauche)

J'aurais du mal à en ressortir une seule. Il y a bien sûr le derby mais j'ai aussi le souvenir d'ambiances énormissimes quand on recevait Marseille. Surtout que l'OM avait une sacrée équipe, c'était la période des Papin, Waddle, Pelé.

Quand est-ce que tu repasses au local des Green Angels pour boire un coup ? Tu étais l'un des rares joueurs, toutes époques confondues, à faire un petit tour à l'improviste (Furania)

J'aimais bien les supporters, c'était naturel pour moi d'aller à leur rencontre. J'aimais bien à l'époque rester après les matches, parler avec eux. Ce sont des gens comme toi et moi, comme nous quoi ! (rires) On se doit de faire partager notre passion comme eux font partager leur passion pour le club en faisant vivre le stade. Aller reboire un coup avec les Green dans leur local à Sainté ? S'ils m'invitent, ce sera avec grand plaisir !

Dans quel état d'esprit sont les joueurs cannois avant ce match contre Sainté ? (er0s)

Pour eux, ce match contre Sainté est LE cadeau de la nouvelle année. C'est un tirage extraordinaire pour le club, ça va permettre de mettre l'AS Cannes en lumière. Ce coup de projecteur fait du bien car il faut reconnaître que les dernières années du club sont assez difficiles. On se bat pour remonter en National, c'est l'objectif numéro un. La coupe, c'est la cerise sur le gâteau pour les joueurs. Pour moi, le tirage reste un clin d'œil, même si devant ma télé j'ai crié comme un enfant quand Saint-Etienne est tombé du chapeau. 

Ah, tu vois, tu crias Cuervo ! (Aloisio)

Oui, là j'ai crié ! (rires) Pour les joueurs, c'est super. Ils vont pouvoir se confronter à une équipe de très haut niveau. Cette affiche va ramener une très belle ambiance à Coubertin. Nos joueurs sont dans la situation du petit poucet qui attend l'ogre avec impatience. Lors du tirage, il y avait deux équipes que les joueurs souhaitaient prendre : Saint-Etienne ou Marseille. Quand Marseille est sorti le premier du chapeau, on espérait tomber sur Sainté. Nos vœux ont été exaucés ! On sait pertinemment qu'on ne va pas gagner la Coupe de France, donc mieux vaut tirer un gros. C'est vraiment génial d'accueillir les Verts.

Cette affiche suscite-t-elle un engouement particulier dans l'environnement du club ? (Sempre Sainté)

Oui, on sent cet engouement, cette envie, que ce soit au sein du club ou chez les supporters. Le public était déjà venu en nombre le tour précédent quand on a sorti Troyes. Les joueurs se sont battus comme des lions pour obtenir cette qualification contre un club de L2. On sait pertinemment que Saint-Etienne est un adversaire encore bien plus redoutable. Le match paraît déséquilibré mais nos joueurs attendent les Verts de pied ferme, ils mettront toutes leurs forces dans la bataille. Il faut croire en l'exploit, c'est le charme de la Coupe de France.

Que penses-tu des arrêtés interdisant aux supporters stéphanois d'assister à ce 32ème de finale de Coupe de France ? (er0s) 

Je trouve que ça devient de plus en plus ridicule d'interdire aux supporters de se déplacer. Je ne dis pas ça que pour les supporters stéphanois d'ailleurs. C'est vraiment dommage qu'on ait interdit aux supporters de ne pas assister au derby Sainté-Lyon. Les supporters défendent leur club, leur identité. C'est vrai que parfois ça va un peu trop loin. Ici, les gens avaient un peu peur des débordements par rapport aux supporters niçois qui auraient pu venir au match. Nous, on est un club de CFA, on n'a pas les mêmes moyens qu'un club de L1 pour assurer la sécurité. C'est pour ça que je suis un petit peu partagé. Mais je trouve ça vraiment triste que les supporters stéphanois ne puissent pas afficher leurs couleurs samedi. Surtout que des supporters stéphanois, il y en a partout en France, ici autant qu'ailleurs ! Je pense qu'il y aura quand même pas mal de supporters des Verts à Coubertin, mais ils ne devront porter aucun signe distinctif. S'il faut passer par là pour assurer la sécurité des gens... C'est quand même triste d'en arriver là.

Sur notre forum, des potonautes déplorent que ton DG Xavier Nielsen ait prôné cette interdiction, contribuant de la sorte à ostraciser encore davantage un peuple vert déjà lourdement sanctionné. T'en penses quoi ? (Aloisio)

Ce n'est pas du tout ça, c'est quelqu'un de très sensé aussi. On a parlé d'inverser le match, de le jouer ailleurs. Mais pour nous, un club de CFA, c'est beau de le jouer chez nous ! Aux joueurs et au staff, on ne peut pas nous l'enlever de vouloir jouer à Coubertin. Après, c'est aux instances de faire en sorte qu'on puisse le jouer à Coubertin avec tous les supporters stéphanois. Pour moi, l'incompréhension elle est là. Inverser le match, c'est bien beau, mais à Saint-Etienne on se serait fait tuer, on n'avait pas la moindre chance ! (rires) Chez nous, même si on a 0,005 % de chances de passer, au moins on se donne cette possibilité. Et on donne la possibilité à nos supporters de venir. Semaine après semaine, ils doivent se contenter depuis des années de matches de National et de CFA. Pour une fois qu'il y a une cerise sur le gâteau pour tout le monde, le club mérite que ça se joue à Coubertin. C'est dommage que les supporters des Verts n'y soient pas.

A titre perso, t'aurais pas préféré que le match soit inversé ? T'aurais eu l'occasion de faire ton retour dans le Chaudron ! (Poteau droit)

Bien sûr que j'aurais adoré ! Pour les joueurs aussi, jouer à Geoffroy aurait été quelque chose d'exceptionnel. Mais n'oublions pas que c'est la Coupe. La règle veut que le petit reçoive le gros. Si on veut avoir une chance minime de réaliser un exploit, je pense qu'il n'y a que chez nous qu'on peut le faire.

La priorité de Cannes, c'est la montée. Du coup, vous aller faire l'impasse sur le match de samedi, c'est ça ! (José)

Jamais ! J'ai vu chez vous une interview de Lilian Compan qui a dit qu'on allait se faire manger. Ça ne tient qu'à lui ! Moi je suis supporter stéphanois toute l'année, tous les week-ends. Mais pour ce match du 4 janvier, désolé, je ne peux pas ! Là je serai Cannois à 200%. C'est le club qui m'emploie, ça fait cinq ans que je suis là, c'est mes joueurs. On va essayer de se donner la peine de faire un beau spectacle et d'être à la hauteur de l'évènement même si on sait bien que ça va être archi compliqué.

Tu ne veux pas jouer un mauvais tour aux Verts, c'est pas vrai ! (Tom) Tu veux gagner contre Sainté ? Je croyais qu'à Coubertin, l'essentiel c'était de participer ? (Aloisio)

(Rires) C'est que disait le baron Pierre de Coubertin, c'est vrai. On va essayer de participer au mieux à ce match en le gagnant ! Mais objectivement, nos chances de passer sont infimes. C'est très rare qu'un club de CFA élimine un club de L1, y'a quand même trois niveaux d'écart. 

Pour avoir perdu contre Pau et Aurillac quand tu jouais à Sainté, t'es bien placé pour savoir qu'il y a quand même souvent des surprises dans cette compétition... (José)

Oui mais l'ASSE n'est pas un banal club de L1. Depuis les trois dernières années, c'est l'un des plus gros clubs français. J'ai vu encore récemment les Verts contre Nantes. C'était du très haut niveau. C'était génial de voir ces joueurs à l'œuvre, de voir le pressing qu'ils exercent. Les Verts savent mettre beaucoup d''intensité et ils ont encore démontré sur un terrain pourtant difficile toutes leurs qualités techniques. En seulement trois passes, ils ont débordé les Nantais sur l'ouverture du score de Corgnet. C'est vraiment hallucinant le niveau que l'équipe de Saint-Etienne a atteint. Et en même temps ce n'est pas surprenant. Il y a un groupe très compétitif à Sainté, beaucoup de concurrence, des joueurs géniaux et très pros. Avec le coach Jean-Marc Pilorget, on sait très bien qu'ils ne vont pas venir chez nous la fleur au fusil. Il y a à Sainté des joueurs revanchards qui savent ce qu'est la difficulté. Je pense à des garçons comme Clerc, Bayal Sall, Clément. Avec un entraîneur comme Galtier, les Verts ne laisseront rien au hasard. On sait pertinemment qu'on va avoir affaire à une grosse machine mais on va essayer de résister au mieux. On a essayé de trouver une ou deux failles qu'on pourrait tenter d'exploiter.

Vous avez détecté quoi au juste comme failles ? (Aloisio)

Aucune, je ne vais pas te les dire ! (Philippe éclate de rire) On sait que Sainté n'a vaiment pas peur de venir à Coubertin, que les Verts ont repris l'entraînement le 31. Nous a repris le 28 pour essayer de préparer au mieux cet évènement. On va déjà essayer de produire la meilleure prestation possible. Sainté, c'est un adversaire énorme que ce soit défensivement, offensivement et en termes de cohésion d'équipe. On va essayer de tenir le maximum, peut-être qu'on y arrivera pas. En tout cas on veut que ce soit une belle fête.

De quels atouts disposez-vous pour tenter de créer l'exploit samedi ? (cedric26, Sempre Sainté) 

Il faudra déjà s'efforcer d'être solide défensivement. On sait qu'à Sainté le danger peut venir de partout, y compris des montées de Faouzi Ghoulam. Il faudra résister au pressing incessant que les Stéphanois sont capables de mettre. Techniquement, on n'a pas les arguments d'une équipe de Ligue 1 mais on a des joueurs offensifs rapides, on a une bonne ligne d'attaque. On est assez performant dans ce secteur. Mais on a perdu notre meneur de jeu, Mounir Hamzaoui. Ill s'est fait les croisés lors du dernier match de championnat. Son absence risque de nous être un peu préjudiciable dans la conservation du ballon. Mais je suis persuadé que nos joueurs vont s'efforcer de jouer avec le cœur et se donneront à 2000%. Techniquement et physiquement, ça risque d'être difficile de rivaliser mais le cœur et le mental nous permettront peut-être de tenir le plus longtemps possible. 

Quel joueur cannois a selon toi le potentiel pour évoluer dans l'élite, pourquoi pas à Sainté ? (cedric26)

Je ne sais pas. Certains ont déjà un certain âge donc ça risque d'être difficile pour eux de jouer en L1, à fortiori à Sainté. On a un excentré droit qui va très vite, Stéphane Chmielinski. Pourra-t-il évoluer aussi haut, je l'ignore. On a quelques bons joueurs. Mounir Hamzaoui, le petit Malek Chergui qui nous a mis de jolis buts. On a des éléments qui ont évolué en National, certains ont fait quelques apparitions en L2 mais aucun n'a évolué en L1. Samedi, ils vont pouvoir mesurer le fossé qui existe entre une équipe de L1 et une équipe de CFA. C'est bien beau de les voir à la télé mais quand ils vont les avoir en face sur le terrain, ça va être autre chose. Mais c'est bien, ça permet de se jauger. Maintenant quand on parle des joueurs, pas forcément à Cannes mais un peu partout, on entend : "t'as vu le match hier ? Lui, il est pas bon, lui il est moyen, etc." Là, ils vont voir ! (rires) Ils vont voir l'exigence. Surtout les défenseurs. Quand tu te coltines des mecs comme Hamouma, Erding, Gradel, Tabanou, Mollo… C'est quand même la crème ! Donc il va falloir s'accrocher. 

Que penses-tu du travail fait par Christophe Galtier à l'ASSE ? (Platoche)

C'est tout simplement extraordinaire. C'est l'entraîneur qui a permis aux Verts de gagner un titre que tout le club et les supporters attendaient depuis plus de trente ans. Au-delà de cette coupe de la Ligue, il a su dès le départ créer une osmose remarquable entre les joueurs. Ils ne font pas que jouer au foot ensemble, ils partagent pas mal d'activités extrasportives. On sent que le groupe vit bien. J'aime bien par exemple quand Kurt Zouma lance son chant, j'observe d'ailleurs que pas mal de clubs de Ligue 1 l'ont repris. On voit qu'il y a une flamme, qu'il y a quelque chose entre ces gars-là. Même si je le connais pas personnellement, je sais que Christophe Galtier y est pour beaucoup. Je connaissais le joueur, c'était un compétiteur, un gagnant. C'est un mec qui va toujours de l'avant qui a su inculquer à l'ASSE une philosophie qui colle parfaitement avec le club et ses supporters.

Son parcours d'ancien adjoint ayant réussi à s'imposer comme entraîneur principal est peut-être une source d'inspiration pour toi. Espères-tu être promu entraîneur de l'équipe à Cannes ? On sait jamais, Jean-Marc Pilorget n'est pas à l'abri d'une alainperrinite aiguë... (Poteau gauche)

Non, pas du tout. Je m'entends très bien avec Jean-Marc, je le respecte beaucoup en ne brigue pas sa place. Moi, j'apprends le métier, ça ne fait que quatre ans que j'exerce mes fonctions d'entraîneur adjoint. Chaque chose en son temps, dans la vie chacun doit savoir rester à sa place. Moi je me sens bien dans ce rôle d'adjoint, je n'ai pas cette envie d'être numéro un pour le moment. Bien sûr qu'un jour ou l'autre j'aurai cette envie de devenir numéro un quelque part mais ce n'est pas du tout d'actualité. Je suis bien comme je suis.

En tant que supporter des Verts, ça ne te dérange pas d'être l'adjoint d'un mec dont le tir au but victorieux un maudit soir de mai 1982 nous a empêcher de choper notre 7ème Coupe de France ? (Poteau droit)

Non ! (Rires) Si tu raisonnes comme ça, il faudrait se passer à Sainté des mecs qui sont passés par Lyon. Même Dominique Rocheteau si on va au bout de la logique, car il avait marqué contre les Verts lors de cette fameuse finale. Cette Coupe de France est un moment fort de la carrière de Jean-Marc, ça a été un moment fabuleux pour lui. Nos ancêtres stéphanois auraient pu gagner ce match bien avant. Mais bon, faut dire qu'ils gagné tellement d'autres titres aussi, on ne va pas les blâmer, hein !

Il ne nous reste plus qu'à te présenter nos meilleurs vœux pour 2014 : une montée en National pour Cannes et une Coupe de France pour Sainté, ça te va ? (José)

Je signe direct ! Donne-moi le stylo ! Maintenant, si les Verts sont un peu fatigués après les fêtes et veulent se reposer samedi pour être prêts contre Evian le mercredi, y'a pas de souci, hein ! (rires)