Alors que l'ASSE semblait maîtriser son sujet durant une bonne demi-heure Vendredi soir, elle s'est effondrée en seconde mi-temps et a concédé une défaite qui la prive de la tête du classement. Une défaite difficile à digérer, d'autant que les foréziens n'avaient plus perdu depuis 9 mois à domicile en championnat. Pourtant, pas le temps pour Christophe Galtier et ses hommes de se lamenter : l'ASSE se déplace au Vélodrome...


L'égalisation à la loupe

Une fois n’est pas coutume, commençons cette rubrique en détaillant le premier but encaissé par les Stéphanois. 

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Les Toulousains ont le ballon à un peu plus de 30 mètres des buts stéphanois. Clément Chantôme le transmet à Etienne Didot. Celui-ci arrive lancé du milieu de terrain et a pris Jérémy Clément, qui semble usé, de vitesse. Quelles possibilités à ce moment-là ? A l'instant où il reçoit le ballon, Didot a devant lui un no man's land de 10 bons mètres où il est facile de s'engouffrer. Les solutions de passes ne sont pas évidentes, même si Ghoulam semble un peu trop loin de son marquage, en bas à droite de l'image. On a vu beaucoup de supporters reprocher à Zouma et/ou Bayal de ne pas être sorti sur le tireur : un tel geste aurait mis en danger l'équipe puisqu'il aurait laissé un attaquant toulousain libre de tout marquage.

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Etienne Didot rentre donc dans l’espace libre et lève la tête. Il voit l’espace hachuré en rouge où il est possible d’ajuster Stéphane Ruffier et se prépare à armer. L’erreur est faite ici par une grande partie de la ligne de défense : d’abord Zouma, fautif. En regardant le ballon, il est inutile pour la frappe puisqu’il ne se trouve pas sur l’angle de tir du milieu toulousain mais laisse surtout partir dans son dos Martin Braithwaite qui en véritable renard des surfaces sent le coup et prend une longueur d’avance que Kurt ne pourra rattraper. Dans l’histoire, Ruffier est cerné. Sur sa gauche, Ghoulam qui est attiré par l’action ne voit absolument pas qu’un joueur se trouve dans son dos et va lui aussi rentrer dans la surface. A sa droite, Bayal Sall est en train de commettre à peu près la même erreur, puisque Ben Yedder est en train de le prendre dans le dos : c’est une situation mal embarquée.

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Etienne Didot frappe, Stéphane Ruffier ne peut que repousser ce ballon qui arrive fort de l’entrée de la surface. Deux toulousains peuvent ensuite tranquillement pousser la balle au fond, même si Braithwaite le fera en taclant. Kurt Zouma commet une erreur manifeste : regardez la distance qui le sépare de l’attaquant toulousain qu’il marquait au début de l’action ! Faouzi Ghoulam arrive aussi trop tardivement. La sanction est immédiate. L’ASSE a donc payé un milieu fatigué et une défense dont les erreurs indignes de ce niveau se sont enchainées sur cette action.

Comment vaincre la malédiction du Vélodrome ?

Déjà dans toutes les têtes, parlons du match de Mardi contre l’Olympique de Marseille. L’ASSE n’a plus gagné au Vélodrome depuis 1979 et en plus d’être une énorme performance 3 points sur la cité phocéenne permettraient aussi d’effacer en partie le traumatisme Koke. L’Olympique de Marseille a perdu ses deux derniers matchs à domicile, contre Arsenal et Monaco sur le score de 2-1. Pire, ils ne se sont plus imposés depuis une victoire contre le faible Valenciennes (0-1) sur un but en fin de match il y a un mois jour pour jour.

L'exemple du 4-2-3-1 monégasque

Monaco avait frappé très fort en allant s’imposer au Vélodrome en prenant au passage la 1ère place du championnat, qu’ils détiennent toujours. Première chose, Claudio Ranieri a assumé ses ambitions sur la Canebière : il n’a pas changé d’un pouce son système de jeu. Un 4-2-3-1 (presque un 4-1-1-2-2) avec des joueurs évoluant haut sur le terrain. Au coup d’envoi, devant Subasic (1) qui gardait la cage, se trouvait une charnière Carvalho-Abidal (6-22) et deux latéraux offensifs : Fabinho et Kurzawa (2-3). Mounir Obbadi (19) se trouvait devant la défense mais pas sur la même ligne que Jessy Pi (25 mais représenté par le 28 puisque Toulalan est rentré à sa place) qui évoluait un peu plus haut en relayeur. Ocampos et Carrasco (11-17) se trouvent sur le côté et permutent en réalité assez peu. Joao Moutinho (8) évolue en trequartista, juste derrière Falcao (9).

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Dès le début du match, Monaco évolue comme un véritable « bloc-équipe » (terme très répandu en Ligue 1) : si la défense évolue très haute puisque toute la ligne se trouve au-delà de 30 mètres de ses buts (avec un Fabinho carrément au milieu de terrain dans sa position moyenne), le milieu et l’attaque se situent très proche de celle-ci, puisque Falcao se trouvait en général juste après le rond central ! Les Monégasques, dès le début du match favorisent certes les passes courtes et jouent peu en passes longues devant l’excellent jeu de tête de la charnière N’Koulou-Diawara mais tentent surtout pas moins de 7 passes en profondeur dans cette défense marseillaise. 

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Le deuxième but monégasque vient d’ailleurs de ce schéma, Joao Moutinho trouve Emmanuel Rivière dans la profondeur (notons que celui-ci joue effectivement assez bas en cherchant les appels dans le dos). Le reste de l’action est superbe puisque Rivière efface brillamment N’Koulou avant de conclure. Il ne faut pas se leurrer : pour battre Marseille de cette façon très offensive, il faudra réaliser un match très propre. 

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Ce tableau représente les ballons perdus par l’ASSE lors de sa victoire facile à Valenciennes et les ballons perdus par l’esquisse de 4-2-3-1 de la Principauté. Face à un adversaire d’une faiblesse frappante, les Verts ont pu se permettre de perdre des ballons au milieu de terrain, avec le chiffre trop élevé de 21 pour Corgnet. Au Vélodrome, la sanction risque d’être immédiate. Face aux grandes qualités de vitesse de l’attaque marseillaise, il sera compliqué pour Clerc de jouer aussi haut que Fabinho. De plus, le facteur talent individuel n’est pas à négliger : et dans ce domaine Monaco est très fort.

Débat tactique : La clé Corgnet ?

Prenons un risque : et si Benjamin Corgnet était la clé de ce match côté stéphanois ? Et si la bonne idée était bien de laisser en place ce 4-2-3-1 ? L’idée n’est pas folle. Evian s’est inclinée au Vélodrome, oui mais Evian a tiré deux fois plus que l’OM et s’est procuré des situations très intéressantes.

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Sur cette image toute bête, on peut avoir une des clés du match : Kévin Bérigaud repositionné dans le rôle occupé par Benjamin Corgnet en fin de match est fréquemment arrivé à s’insérer entre les lignes. Souvenez-vous de la palette sur une comparaison avec l’OM : Elie Baup évolue avec une ligne de deux très solidaires, qui avance et recule ensemble (certainement Romao-Imbula demain). Si Corgnet parvenait à s’insérer entre cette ligne et la défense, vu la hauteur de jeu des latéraux, alors l’ASSE prendrait automatiquement le dessus. 

Cela dit, Christophe Galtier pourrait revenir à ses classiques et tenter d’exploiter une autre faille de l’OM : les latéraux. En densifiant son milieu de terrain, avec un trio Clément-Lemoine-Cohade, l’ASSE récupérerait plus de ballons et alors, Franck Tabanou (ou Yohan Mollo) et Romain Hamouma auront le loisir de partir dans le dos de Rod Fanni et Benjamin Mendy, qui évolueront comme à l’accoutumée très haut. Par exemple, lors du match OM-ETGFC, les savoyards récupèrent un ballon haut dans les pieds d’un milieu phocéen. Les latéraux sont alors complètement dépassés.

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Après avoir récupéré ce ballon, le joueur d’Evian le transmet devant. Les deux failles de l’OM sont représentées ici : d’abord les deux joueurs de couloir d’Evian qui sont absolument libres dans le dos de la ligne marseillaise représenté par le trait rouge mais aussi Bertoglio qui en trequartista est bien passé entre les lignes pour se retrouver absolument seul à 30 mètres du but marseillais. Les défenseurs sont paniqués et Bérigaud s’infiltre au milieu de la charnière. Oui, la défense marseillaise a de larges failles si l’ASSE récupère haut et joue dans la profondeur. 

Quel sera le rôle de Mevlüt Erdinç ? On le voit mal partir en vitesse défier Nicolas N’Koulou tel un Emmanuel Rivière. L’an dernier, il avait un match très pénible lors de la défaite 3-1 de son équipe contre la formation d’Elie Baup… un match très pénible oui mais récompensé d’une passe décisive sur un atout sur lequel il faudra s’appuyer : son jeu de tête. Le turc n’avait touché que 27 ballons et en avait perdu 8 mais avait su défier de belle manière le ballon sur un centre de Théophile Catherine. 

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Sur l’image il dévie le ballon et Féret exploite la faille des latéraux en se plaçant dans le dos de Fanni et conclut en force sous la barre de Mandanda. Le but de Théo Walcott la semaine dernière est aussi venu du second poteau sur une erreur de Morel tandis que Ramsey a récupéré le ballon entre les lignes sur le second.

Si l’OM a des faiblesses, l’ASSE a des forces. Les hommes de Christophe Galtier vont devoir s’appuyer sur leur jeu et tenter leur chance au Vélodrome. Avec une ligne de défense compacte, des latéraux pas trop haut pour éviter la percée de Ayew ou Payet/Valbuena, une ligne Clément-Lemoine qui joue à côté, deux ailiers qui vont devoir jouer la profondeur mais aussi défendre, un Corgnet entre les lignes et un Erdinç qui va pouvoir faire étalage de son jeu de tête, les Verts ont toutes les chances de renouer avec un succès qui les ferait changer de dimension…
 
 
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