Le Nouz n'a pas la langue dans la poche et ce n'est pas à l'approche du Derby qu'il compte l'y mettre...


Que pensez-vous du jeu développé par l’ASSE cette saison ?

Je vais vous dire sincèrement, je pense que c’est une équipe qui se rapproche énormément de celle que j’avais à l’époque. Dans le jeu et dans l’esprit. Il y a eu un recrutement de joueurs pas très connus mais que je trouve très complémentaires. Il y a eu une période un peu difficile mais quand je vois le dernier match à Paris… Il y a une puissance offensive extraordinaire, une volonté de jeu vers l’avant. On sent une solidarité et une complémentarité dans ce groupe.

 

Julien Sablé et Jérémie Janot font un peu le lien avec votre époque.

Oui. Jérémie est impressionnant. Je suis content pour lui. A l’époque il ne m’avait pas vraiment donné la possibilité de lui donner sa chance. C’est pour cela qu’on souhaitait le prêter pour qu’il montre ailleurs ce qu’il était capable de faire. Lui a toujours préféré être doublure ou numéro 3 à Saint-Etienne, c’est tout à son honneur. Il a ensuite eu la chance d’avoir un entraîneur qui lui fasse confiance et à partir de là, il a explosé. C’est tant mieux pour lui. Mais je pense qu’il a dû énormément, dans son approche de la vie… Je pense qu’il s’est marié, qu’il a eu des enfants, cela a dû changer beaucoup de choses dans ses attitudes et que cela fait qu’il a atteint un très haut niveau.

 

Avant d’aborder le derby sportivement parlant, j’aimerais que vous nous parliez du contexte autour de ce match, des relations entre les deux clubs, à commencer par le cas Piquionne.

Je pense sincèrement que c’est dommage pour l’AS Saint-Etienne mais qu’necore une fois cela a été provoqué par l’intérêt que pouvait lui porter un club comme Lyon. Lorsqu’un club comme Lyon s’intéresse à un joueur quel qu’il soit, le gars est ébranlé. S’il n’a pas bien la tête sur les épaules, cela déclenche des polémiques. Ajouté à ce qu’il s’était passé l’année dernière avec les supporters, ajouté à ses déclarations, ce n’était pas la meilleure façon de faire. Il aurait dû avoir l’intelligence de se dire qu’à partir du moment où il ne pouvait pas partir à Lyon, ce n’était pas grave, qu’il était dans un bon club à Saint-Etienne, qu’il allait marquer des buts et qu’il serait toujours temps de faire un transfert plus tard.

 

Mais êtes-vous certain que Lyon était vraiment intéressé par la venue de Piquionne ? Lorsqu’on voit le décalage entre la somme proposée pour le transfert, à hauteur de cinq millions et demi d’euros, et la très importante revalorisation salariale proposée au joueur, nous sommes nombreux parmi les supporters stéphanois à penser que c’est plus de l’ordre de la déstabilisation…

Je crois qu’à Lyon certains voulaient l’avoir, et d’autres moins… A partir de là, il y a peut être une certaine politique de propositions qui s’intalle.

 

Que pensez-vous des échanges de communiqués entre les deux clubs à l’approche du match ?

Les déclarations ont toujours existé. Je me souviens lorsque j’étais joueur que Roger Rocher avait déclaré que Lyon jouait la carotte. C’est quelque chose qui a toujours existé entre Lyon et Saint-Etienne. La seule chose c’est qu’aujourd’hui la puissance financière et les résultats ont changé de camps. Et puis les choses sont plus médiatisées aujourd’hui. Il y a tellement de media différents, même d’émissions people qui parlent football. Et puis la facilité avec laquelle on donne la parole en France aux présidents de clubs, en l’occurrence ici à Jean-Michel Aulas. Alors que dans les autres pays européens la parole est plus facilement donnée aux techniciens.

 

Sportivement maintenant, comment voyez-vous ce derby ?

Je pense que les Verts peuvent s’imposer. Au départ, sur une saison, l’équipe de Lyon est plus forte. On n’obtient pas cinq titres d’affilée par hasard. Mais il y a un fait parlant, c’est ce qu’il se passe depuis le mois de janvier à Lyon. Ils ont une période dans laquelle ils ne sont plus tout à fait dominateurs comme ils ont pu l’être avant. Saint-Etienne vient de reprendre confiance en gagnant de belle manière à Paris donc ils ont tous les éléments en main pour gagner face à Lyon qui aura en plus en tête le match face à Rome. Ce match face à Rome, les Lyonnais pensent peut être le gagner facilement mais moi je crois que ce sera une autre chanson.

 

Ce match face à Rome va peut-être effectivement trotter dans les têtes…

(il coupe) Ils commencent à dire qu’ils vont venir à Saint-Etienne avec une équipe diminuée. Quand Lyon joue avec son équipe B, ce n’est pas une équipe diminuée. Quand vous avez Fred ou Baros avant-centre, l’équipe diminuée… ce sont des paroles à la Jean-Michel Aulas ! Dans ce domaine là les dirigeants stéphanois n’ont pas à se laisser faire. Il ne faut pas se laisser impressionner par ce genre de déclarations. Toute la puissance de l’olympique lyonnais ne doit pas lui permettre de faire tout et n’importe quoi.

 

Pour conclure, une question un peu plus polémique. Le fait que ce soit Jean-Michel Aulas qui, en direct et seul, négocie une revalorisation de la rémunération des arbitres à hauteur de 35%, le fait que cette négociation ait lieu avec un arbitre en exercice, cela vous inspire quoi ?

Cela m’inspire que dans le football il y a des choses surprenantes et anormales. Je pense que ce genre de discussions doivent être faites par des personnes faisant partie de groupes indépendants, qui ne sont pas juge et partie.

 

 Un grand merci à Robert Nouzaret pour le temps qu’il a bien voulu nous accorder. Il a tenu à ajouter quelques mots à la fin de cet entretien :

Je garde un souvenir frémissant de mon passage chez les Verts et cela sera un des plus beaux souvenirs de ma vie.