Pour ce déplacement en Turquie, l'EECN "spécial UEFA" prend une tournure différente avec des morceaux d'histoire, de géographie et de vieilles connaissances dedans.
L'Europa League oblige à se confronter à des clubs méconnus. Pour ce tour préliminaire, le tirage nous a offert le Kardemir Karabükspor. Mais de quoi est-il le nom ?
1- Un p'tit club qui monte
Les années 1930 virent la naissance de l’ASSE comme club professionnel. Elles virent également celle de Karabük. Oui, de la ville de Karabük : pas du club. Jusqu’à l’industrialisation de la Turquie, Karabük n’existe pas, pour ainsi dire. Le hasard d’une gare, la présence de mines de charbon à proximité, à Zonguldak : le site est choisi pour accueillir une aciérie. C’est le coup d’envoi d’un développement rapide autour de la métallurgie, qui va conduire cette ville à devenir au fil des décennies une capitale locale.
Bien sûr, le club est jeune (il est né lors d’une année érotique), n’a accédé à la première fois à la D1 qu’en 1993, et ne s’y est stabilisé qu’en 2010. Clin d’œil : Karabükspor, dont l’identité ouvrière est telle qu’il appartient aux actionnaires de l’usine métallurgique, entretient une petite rivalité avec le club de Zonguldak (les mineurs d’à côté, rappelons-le), qui a toujours été une ville plus grosse, mais systématiquement moins bonne en foot. Deuxième clin d’œil : Karabükspor est réputé pour sa gestion financière saine et prudente. Ca ne vous rappelle rien ?
Pour autant, la présence de Karabükspor en Europa League est une réelle surprise. De ce côté-là de la mer Noire, on est plus habitué à squatter la deuxième partie de tableau, voire à lutter pour le maintien – en 2013, l’équipe termine même première non-relégable. La saison passée est cependant la meilleure depuis la remontée : avec une belle septième place, Karabükspor n’échoue qu’à trois points de la cinquième place, synonyme de second tour de qualification à l’Europa League.
Un échec, vraiment ? Non ! Les mises à l’écart, pour diverses raisons, de Fenerbahce, Sivasspor et Kasimpasa offrent aux (ex?) coéquipiers de Kayaci une première qualification en Europe, et directement au troisième tour – comme l’ASSE l’année passée.
2- Pas très significatif, ce parcours…
Il est difficile d’évaluer la forme de nos adversaires, puisque le championnat n’a pas encore repris. Les résultats des amicaux de préparation donnent un bilan à première vue pas très glorieux : deux victoires contre des clubs de D2 (Altinordu et Sanliurfaspor) et deux défaites contre des clubs de D1 (Konyaspor et Eskisehirspor), pour seulement trois buts marqués et deux encaissés.
Matches serrés débouchant sur peu de buts : ce serait un bon résumé du précédent tour de qualification. Car, à défaut de Süper Lig, Karabükspor a commencé la première campagne européenne de son histoire par une qualification… sans victoire. Un dépucelage douloureux mais réussi, donc, face à Rosenborg. Le club norvégien n’est certes plus l’habitué de la C1 qu’il a pu être, mais la performance reste d’autant plus notable qu’après avoir concédé le 0-0 à domicile à l’aller, les Turcs ont été menés au score en Norvège avant de marquer l’égalisation qualificatrice. On notera au passage que sur ses deux matches, Karabükspor a cadré quasiment les deux-tiers de ses frappes (10/16) ; par comparaison, Sainté est nettement moins efficace (10/26)…
Quoi qu’il en soit, l’élimination des Verts est un objectif affiché par le coach, l’ancien international Tolunay Kafkas : « Nous n’avons pas d’expérience européenne, et c’est un handicap, mais nous avons faim de victoires. Pour nous, atteindre la phase de poules est plus important que le championnat, car nous nous sommes préparés pour cette compétition. C’est une chance qui ne se présente pas tous les jours. » A bon entendeur…
3- Un effectif chamboulé par le mercato :
Il est bien difficile de dessiner une équipe type pour ce match aller, en raison des maigres informations à disposition. Néanmoins, Karabükspor, entraîné par Tolunay Kafkas, a disputé quelques matches amicaux et deux autres dans le cadre du premier tour préliminaires de l'Europa League. Du coup, si l'on se fie à ces rencontres, il est possible de tirer quelques conclusions.
Dans les bois, Boy Waterman (30 ans) est le titulaire incontesté. Le Néerlandais, ancien d'Eindhoven, est en Turquie depuis la saison dernière. Son remplaçant a, en revanche, pris part à certains matches amicaux, il s'agit d'Aykut Ozer (21 ans).
Devant, la charnière défensive centrale est composée d'Emre Güngor (30 ans) et Larrys Mabiala (26 ans). Ce dernier a été formé au PSG et a évolué sous les couleurs de l'OGC Nice durant quelques saisons. Il est même devenu capitaine de Karabükspor. Sur les côtés de ce duo défensif, on retrouve à droite Erdem Ozgenc (29 ans) et à gauche Tanju Kayhan (25 ans), arrivé cette saison au club et qui est plutôt latéral droit de formation. En soutien, le club turque dispose de Ceyhun Yazar (22 ans), nouveau également, à droite et d'Emre Ozkan (25 ans) à gauche. A noter que Sébastien Puygrenier - lui-même, oui ! - a porté leurs couleurs la saison dernière, avant de rejoindre Auxerre cet été.
Plus haut, la paire de récupérateurs est formée de l'ancien lensois Samba Sow, arrivé la saison dernière, et de Ygit Incedemir (29 ans), international (deux sélections). En soutien, l'entraîneur turc peut compter sur Aykut Akgün (26 ans), qui vient de Trabzonspor et Musa Cagiran (21 ans), qui a régulièrement joué l'année dernière en championnat.
Sur les côtés, Ahmet Ozek (26 ans), international également (6 sélections) est toujours aligné à droite. A gauche, suivant le dispositif tactique, Abdou Traoré (25 ans) qui vient d'arriver de Gaziantepspor, où il a réalisé une belle saison (8 buts et 6 passes décisives), ou Erkan Kas (22 ans) sont alignés. Mais Traoré, dans le cadre d'un 442, évolue en soutien de l'attaquant, un cran plus haut.
A l'extérieur, les Turcs ont, apparemment, évolué en 4231. Le meneur de jeu, dans ce schéma, était Hakan Ozmert (29 ans).
Devant, la pointe de l'attaque est le royaume de Domi Kumbela (30 ans) mais Joseph Akpala (27 ans), bourreau des surfaces en Belgique et qui est venu se relancer après un passage raté à Wolfsburg, peut lui disputer la place. Murat Akca et Onur Ayik peuvent aussi rentrer en cours de matches, suivant l'évolution du score, sur l'un des trois postes du front de l'attaque.
Equipe possible : Waterman, Kayhan-Mabiala-Güngor-Ozgenc, Kas-Sow-Incedemir-Ozek, Traoré-Kumbela.
Olaf & Naar