Deuxième défaite en trois jours pour les Verts, qui paient cash leurs erreurs sans être capables de complètement revenir dans le match ensuite.
Grâce à cette victoire, Lens prend la cinquième place au classement - ce n'était pas donc une équipe faible qui s'opposait aux Stéphanois. Pourtant, les protégés de Claude Puel peuvent sortir frustrés de ce match, ils pouvaient obtenir un meilleur résultat s'ils ne se mettaient pas tous seuls en difficulté : "on manque d'efficacité et on fait des cadeaux à l'adversaire (...) Mais on est bien revenus dans la partie. Sur la fin, on s'est ouverts et on a concédé des contres qui auraient pu faire mal. Mais on était obligés de prendre des risques, d'attaquer" (conférence de presse).
Quand on a très peu de marge, non seulement les erreurs coûtent cher, mais elles rendent le scénario de match encore plus compliqué... Voici quelques exemples.
1MT - on avait bien démarré...
C'est le 4e match consécutif que les Verts démarrent dans un 4-1-4-1, mais il y a eu quelques changements dans le 11 de départ habituel :
Kolo a pris la place de Trauco en latéral gauche, Aouchiche a été aligné en milieu relayeur, Abi a été l'avant-centre et KMP et Nordin les ailiers.
Le début de match a été stéphanois, avec de la possession dans le camp adverse et une forte pression sur les adversaires. Comme par exemple à la 9e minute :
Après une touche de Trauco dans la moitié adverse, KMP donne le ballon à sa défense pour démarrer une attaque placée - c'est donc lui qui se trouve en milieu axial et Aouchiche dans le trio offensif. Le 3-5-2 lensois est visible sur cette image, avec 3 défenseurs pour les 3 attaquants stéphanois et 2 attaquants pour empêcher la relance. Qui prend la forme...
... d'une passe verticale de Cissé à destination d'Aouchiche, qui dévie vers Abi. KMP s'était projeté entre les lignes et prend part à la combinaison avec son avant-centre. Un défenseur central était sorti sur Aouchiche, c'est du 3-contre-2 pour les stéphanois, aucun adversaire n'avait suivi KMP. Malheureusement, un défenseur s'interpose et le ballon est dégagé avant de finalement être mis en touche par un Lensois. Kolo joue la remise en jeu...
... et après s'être appuyé sur Abi, il centre à destination de Nordin. Ballon dégagé par la défense en touche, mais cette remise en jeu est envoyée vers la défense :
L'idée est d'aspirer un peu les Lensois pour créer des espaces. Ce qui arrive assez rapidement, leur lignes s'écartent...
... et Aouchiche est de nouveau trouvé par une passe verticale de Cissé. Même si les rôles de KMP et Aouchiche sont inversés par rapport à une minute plus tôt, la configuration est similaire : les défenseurs adverses ont toujours un offensif stéphanois chacun, un milieu relayeur Vert est trouvé entre les lignes avant de lancer Abi dans le dos de la défense. Cette fois-ci, l'attaquant stéphanois a le ballon dans la surface...
... et son centre en retrait trouve l'autre milieu relayeur, qui avait suivi, mais qui voit son tir bloqué par un adversaire.
Ce bon début de match a été complètement anéanti par une erreur d'appréciation peu avant la 20e minute et une perte de ballon dans ses propres 30m cinq minutes plus tard. Ce qui a permis à Lens de mener 2-0 très tôt dans la partie et a obligé les Verts d'être dans la réaction.
Ils l'ont plutôt bien fait, en confisquant le ballon (75% pour le reste de la 1MT après le 2e but), avec des nombreux tirs (6 dans ces 20 minutes) et corners. Et sur un des 13 corners stéphanois du match, Moukoudi réduit l'écart au score avant la pause.
2MT - on n'a pas su reprendre le dessus
Les Verts étant revenus dans le match, ils avait toute la 2e période pour revenir au score. Sauf que le staff adverse a changé un peu son approche, remontant le bloc et imposant un pressing sur la ligne médiane ou la moitié stéphanoise : "le plus important était d’avoir une 2e mi-temps différente (...) nous avons un bloc médian mais actif, prêt à sortir à chaque fois" (coach adverse en conférence de presse). Ce qui a complètement tué l'animation offensive des Verts, comme dans cet exemple à la 58e :
Moulin relance à la main pour Debuchy, qui échange le ballon avec Camara. Le 4 défenseurs et le triangle pointe basse stéphanois sont en place dans leur propre moitié, prêts à construire une attaque. Ils sont génés par des Lensois, leurs attaquants et milieux sont restés hauts, pendant que les pistons montent ou descendent en fonction de quel latéral des Verts a le ballon :
Le ballon circule de la droite (Debuchy) à la gauche (Kolo) via Gourna-Douath (reculé entre ses centraux). Sous la pression du piston adverse, Kolo joue en arrière avec Cissé...
... et le ballon est renvoyé latéralement jusqu'à Debuchy, c'est donc le piston opposé qui monte et le ballon donné à Moukoudi en arrière. Les Verts ne peuvent pas passer par leur latéraux, la solution vers l'avant doit passer par les milieux :
Moukoudi trouve Camara, qui ose la passe verticale à destination d'Abi, qui s'est excentré à droite, pendant que Nordin était plus axial. Enfin un offensif trouvé, mais l'avant-centre n'a pas d'autre option que de jouer en arrière avec Debuchy...
... et le ballon arrive dans les pieds de Jessy Moulin. Les Verts ont beaucoup reculé, mais ça permet d'aspirer le bloc adverse. Par contre, le problème est que les Lensois montent en nombre :
Il n'y a aucune solution, Moulin, Cissé et Moukoudi doivent se passer le ballon dans leur propre surface. Chaque joueur stéphanois a un adversaire à côté de lui à l'exception de Kolo, le piston droit lensois il est encore loin...
... mais il arrive pour bloquer la passe au moment où Kolo reçoit le ballon. Même KMP et Abi ont un adversaire à côté (seulement Debuchy devient libre, le piston opposé reculant), le pressing Lensois est très serré. Kolo perd donc le ballon, qui arrive dans les pieds d'un attaquant à l'entrée de la surface.
Une situation très similaire avec l'action du 2e but lensois, mais cette fois Cissé intercepte la passe en profondeur et trouve Camara plus haut. Le milieu stéphanois a beaucoup de champ devant lui...
... et remonte balle au pied avant de lancer Nordin dans le couloir droit. Malheureusement, ils ne se comprennent pas pour la suite de l'action, qui ne donne rien. Une longue action pour l'ASSE, avec une possession stérile dans sa propre moitié, une perte de ballon face au pressing adverse et enfin des espaces en contre, mais des espaces mal exploités. Le parfait résumé de la 2MT.
Autour de la 60e et 70e, le staff stéphanois a changé 4 joueurs, préservant le système de jeu en 4-1-4-1, avec toujours Gourna-Douath en sentinelle :
Du poste pour poste, Trauco a remplacé Kolo, Bouanga - KMP et Neyou - Aouchiche en milieu relayeur. Modeste est entré en avant-centre et Abi a reculé en ailier droit à la place de Nordin. Les entrants ont apporté du jus et il y a eu un peu plus de jeu vertical de la part des Verts, comme par exemple à la 74e :
Gourna-Douath reçoit le ballon de Cissé et monte un peu avant de jouer avec Bouanga, qui décroche suivi par un défenseur central. Qui intercepte, mais le ballon redevient stéphanois, arrivant dans les pieds de Cissé.
Qui change de côté pour contourner le bloc adverse, le ballon arrivant donc à Debuchy après avoir été relayé par Camara...
... qui après avoir reculé à hauteur de ses centraux, se projette entre les lignes adverses. Il est trouvé par Debuchy et cette combinaison déséquilibre le bloc lensois. Le piston sort sur Debuchy, un défenseur central suit Abi qui décroche...
... et un autre sort pour bloquer Camara. Modeste fait donc un appel dans l'espace ainsi créé, il reçoit la passe en profondeur et tire de l'entrée de la surface, mais sans cadrer.
Du mieux dans le jeu des Verts, mais pas assez de précision pour égaliser. Les contres adverses ont été tranchants et le 3e but est logiquement arrivé, peu avant que Bouanga réduise de nouveau le score, sur penalty à la fin du temps additionnel.
Conclusions
Après une belle période, les Verts marquent le pas, avec 1 point pris sur les 3 derniers matches, ce qui les approche peu à peu de la zone rouge. Le staff en est conscient : "il y a eu du gâchis lors des trois derniers matches. On était dans une bonne série et on n'a pas su concrétiser quand on pouvait le faire. Quand on ne prend pas de points, on se fait automatiquement rattraper (...) Le signal d'alarme est déjà tiré". Mais cette urgence ne se fait pas toujours ressentir dans les ingrédients que les joueurs mettent dans leurs prestations. Le jeu pas huilé n'arrive pas à déstabiliser les adversaires, qui se trouvent dans des scénarios favorables où ils n'ont pas besoin de grande chose pour provoquer les erreurs stéphanoises. Qui arrivent inexorablement et qui poussent l'ASSE à flirter de plus en plus avec une relégation qui serait un désastre pour le club, surtout compte tenu de sa situation financière...