Soirée blanche dans le Chaudron, 3 points de plus dans le baluchon.
Les équipes
L’équipe proposée par Christophe Galtier n’a absolument rien de surprenant. Brison garde sa place malgré le retour de Ghoulam ; Lemoine, malgré sa maladie de début de semaine, est sur la pelouse avec Cohade. Devant, Gradel reprend sur le banc. C’est donc le 4-1-4-1 / 4-3-3 traditionnel et dorénavant bien connu qui débute le match.
En face, si Montpellier respecte son 4-2-3-1 habituel, Girard a quand même réservé une surprise : la titularisation du jeune Jonas Martin dans l’entrejeu, alors qu’on attendait plus Bryan Dabo, voire Pitau (de retour de blessure). Ce joueur, de la génération dorée de la formation héraultaise (avec Belhanda, Cabella, Stambouli, El Kaoutari…) et qui a marqué son seul but en L1 contre l’ASSE en 2011, est plutôt classé milieu offensif ; globalement, il respectera pourtant sa position plus reculée. Les 10 autres titulaires sont ceux attendus, avec Congré décalé en latéral droit.
Le déroulement
Le match commence par la répétition d’un même mouvement d’environ 15 minutes.
Saint-Etienne, très gêné par le pressing haut des Montpelliérains et le marquage individuel sur Clément pour empêcher la relance, est à la peine. Bedimo, latéral gauche très offensif, est survolté ; bien qu’il fasse de réels efforts de repli, Aubame ne peut le contenir et c’est le côté droit de la défense stéphanoise qui souffre le plus. Les Verts jouent direct ; Brandao et Mollo sont actifs, mais ne gagnent pas beaucoup de duels. Pourtant, Montpellier n’est guère dangereux en dehors des coups de pied arrêtés, et s’en remet aux dribbles de sa ligne offensive Utaka/Belhanda/Cabella. Sans succès. Après dix minutes, les Héraultais s’essoufflent, les Verts sortent, et quelques minutes plus tard plantent une banderille par Brandao.
Voilà pour le premier quart d’heure. Pour le second, relisez le premier paragraphe, ajoutez-y une dose d’agressivité des deux côtés, et modifiez légèrement la fin : la première occasion verte est sauvée par Jourdren, qui prive Brandao d’un doublé. Le but viendra sur la deuxième, copie conforme, si ce n’est qu’Aubame trouve les filets. Le rythme est quasiment parfait.
T’as du style, Coco
Ce deuxième quart d’heure est l’occasion d’observer la rotation du triangle du milieu. La pointe se tourne vers l’avant : Lemoine et Clément se retrouvent sur la même ligne, alors que Cohade devient n°10. Cela a deux conséquences : l’individuelle de Belhanda sur Clément devient inutile, et la relance en est facilitée ; la symétrie des milieux est rompue, et chaque équipe se retrouve avec un 10 qui flotte entre les lignes arrières. C’est un risque, certes, mais un risque calculé. Car là où Montpellier doit faire le jeu, Sainté peut se contenter de contrer. En d’autres termes, avec deux lignes de 4 resserrées et basses sur le terrain, les Verts peuvent bien laisser un mec sans défenseur attitré. Et quand le contre devient possible, il n’y a qu’à faire une passe directe à son propre numéro 10, qui lui aura de l’espace. Les deux offensives consécutives des 35’ et 36’ sont des modèles du genre, mais Jourdren est solide face à Aubame puis Mollo.
La fin de la première période est à l’avenant : Montpellier cale devant la solidité du bloc Vert, ne se créant une vraie occasion que sur CPA (sauvetage sur la ligne de Clément, 41’) ; Cohade rayonne, et orchestre les contres stéphanois. Bref, on est plus proches du 3-0 que du 2-1… Et pourtant, il s’en fallut de peu que Clément ne donnât un but à Herrera à la 45’ : Perrin réussit heureusement un retour salvateur.
Bacri sur la touche
Si le terrain n’était pas très bon en première mi-temps, il est tout blanc au retour des vestiaires. Surtout, la tempête de neige a pris des proportions inquiétantes : ca tombe dru et resserré ; on n’y voit guère. Le ballon ne semble pourtant pas avoir trop de mal à rouler sur le tapis blanc. Un premier retard est pris pour dégager les lignes et les repeindre en rouge. Les Verts reprennent tambour battant, et Mollo marque ; mais Cabella réplique dans la foulée – maudite concentration.
Le banc montpelliérain commence à demander l’arrêt de la rencontre ; Girard, le Jean-Pierre Bacri des bancs de touche, parlera entre autres de chausser des skis – sa pantomime lui vaudra un jet de boule de neige de la part de Christophe Galtier. Pourtant, Montpellier domine largement les débats : les appuis sont difficiles, et le pressing stéphanois est beaucoup moins efficace. Heureusement, les Poubelle Boyz n’arrivent pas à se mettre en position favorable. A la 55’, Mounier remplace Martin : 4 milieux offensifs + 1 attaquant, la bande à Loulou tente le tout pour le tout. Ruffier veille sur une frappe de Mounier (58’), tandis que les souffleuses dégagent les lignes en direct. A l’heure de jeu, Guilavogui remplace un Lemoine exténué. Trois minutes plus tard, Gradel remplace Mollo. L’afflux de sang neuf ne fait pas effet immédiatement : les Verts concèdent des fautes, perdent de plus en plus de duels ; même Ruffier rate une sortie…
Lemoine : « Je suis avec ma pelle, tranquille ! »
64’ : c’est alors que Philippe Kalt (le bien nommé) arrête le match. Longtemps. Très longtemps. On assiste alors à une scène qui restera dans les annales : les remplaçants stéphanois, puis les titulaires eux-mêmes, prennent des pelles pour déneiger le terrain ! Dans les tribunes, l’ambiance est à son comble : les supporters chantent ; on passe la musique des Bronzés font du ski. Tout le Chaudron veut bouillir pour ne pas perdre les trois points qui se profilent. La météo se calme un peu. L’arbitre décide de reprendre juste avant la limite règlementaire de 45 minutes maximum d’arrêt, mais il est clair : s’il arrête une nouvelle fois la rencontre, il faudra rejouer, à 0-0 !
Montpellier repart fort, mais les entrés en jeu font du bien côté stéphanois. Brandao, qui a disparu de la circulation, s’amuse avec Hilton à se mettre de la neige dans le maillot. Galtier décide de le sortir, et lance Bodmer en Vert (70’) : il prend la place de Cohade, qui se décale à gauche, tandis que Gradel passe à droite et Aubame en pointe. Une minute après son entrée en jeu, Bodmer n’est pas loin de reprendre victorieusement un premier centre venant de la droite ; ce n’est pas grave, le deuxième sera le bon (73’). Au delà de ce but, Bodmer réalisera une entrée remarquée à ce poste de maître à jouer.
A 4-1, Montpellier n’y croit plus. Girard fait même entrer un milieu défensif (Pitau) à la place de Cabella. Sainté pousse pour mettre le cinquième but : on voit Clément aux abords de la surface adverse ! La neige a repris. Les arrêts de jeu ne seront pas joués dans leur intégralité. La météo n'aura finalement rien gâché.
Les buts
1-0 Brandao 13’
Les ralentis vont montrer, au mieux, la magnifique transversale de Cohade pour Aubame côté droit, le crochet du gabonais, son centre et la finition parfaite de Brandao, bref : les duels gagnés individuellement par nos attaquants sur leurs défenseurs, Bedimo et Congré. Ces ralentis auront raté l’essentiel : les mouvements sans ballon qui ont permis à Cohade de se retrouver tout seul, plein axe, à 40 mètres du but adverse.
Reprenons depuis le départ : après avoir subi 10 minutes, les Verts mettent le pied sur le ballon et veulent repartir posément ; mais aucun espace ne se créé. A un moment donné, Cohade fait un appel sur l’aile gauche : intelligemment, Mollo vient permuter dans l’axe. La balle ne leur parvient pas ; alors Cohade se replace tranquillement dans l’axe, sans que le latéral montpelliérain (Congré) ne le suive. Pendant ce temps-là , Mollo décroche pour appeler le ballon : il emmène avec lui Jonas Martin et libère l’espace dans lequel trottine Cohade. Perrin, intelligent, appuie sa passe directement pour Cohade, qui a tout le temps pour contrôler et lancer Aubame. Quelques secondes plus tard, c’est au fond.
2-0 Aubame 28’
Celui-là , les Montpelliérains peuvent le regretter. Au départ, Belhanda tente un corner à ras de terre, facilement intercepté. Le contre est stoppé aux abords de la surface ; mais Congré fait une passe catastrophique. Cet horrible ballon est transmis en une touche à Cohade, dont le centre, réplique exacte d’une action menée deux minutes plus tôt, est repris spectaculairement par Aubame. Baptisera-t-on ce geste la « Madjer volante » ?
3-0 Mollo 48’
Une-deux sur une touche, et Brison peut centrer : le ballon est (mal) repoussé sur Mollo qui joue en une touche pour Cohade. Dos au but, l’ancien valenciennois se fait déposséder du ballon ; mais la gonfle arrive directement sur Mollo qui crucifie Jourdren. On croit le match fini.
3-1 Cabella 41’
Il a suffit de trente secondes de déconcentration pour que Montpellier marque. Surtout, il s’agit de la seule action où les attaquants montpelliérains vont tous gagner leurs duels.
4-1 Bodmer 74’
Les stéphanois travaillent côté droit, et insistent ; mais ça ne passe pas. D’ailleurs, Gradel vient de perdre le ballon quand Bedimo lui assène une sorte de baffe/cravate. Carton jaune pour le latéral, coup franc. Cohade tire, Bodmer saute plus haut qu’Hilton, but. Limpide.