Tout cela ne ressemble vraiment plus à rien.


L’excitation qui escortait nos étés d’avant s’est évaporée. Pas totalement disparue non, car le plaisir parfois se repointe subrepticement. C’est très furtif : une heureuse surprise avec un Neyou qu’on n’imaginait pas à ce niveau, un deal efficacement mené avec un Aouchiche qu’on espère au niveau annoncé, un clasico, LE seul et unique clasico programmé en ouverture de saison…

Epicétout. Tout le reste n’est que claque sur claque assénée à notre passion verte.

D’abord cette finale, privée déjà de suspense au vu de l’adversaire, puis d’adrénaline au vu des conditions. Pas de montée à Paname, pas d’invasion, pas d’effusion, pas de démonstration de force en tribune pour rappeler à la France du foot ce qu’est Sainté.
Au fond du cœur, on y rentre aussi dans cette prépa avec ce voile de tristesse né du départ du Sphinx, qu’on n’aura pas pu célébrer comme il se doit. Passion amputée. Roby, toujours visionnaire a préféré s’effacer plutôt que d’assister à ce pitoyable et déprimant spectacle de son héritier, Dieu en personne, crucifié par quelques media si prompts à dénoncer les pseudo crimes de lèse-mbappé.
Dieu nous quitte aussi, sa petite mort à lui n’est peut-être que symbolique, mais c’est un quadruple crève-cœur de le voir tirer sa révérence sur une expulsion, dans un stade vide, sur une défaite, et loin du Chaudron.
On le devine déjà, il va laisser un vide immense dans le groupe et plus encore dans nos vies de supporters. Nous osons à peine, tant ça fout le vertige et le bourdon, nous dire qu’on a eu le privilège unique de voir un homme et un joueur d’une telle valeur porter ce magnifique maillot pendant dix-sept ans, et qu’il est plus que probable que cela ne se reproduira jamais.

Le Sphinx, la finale, la retraite de Dieu. Tout cela aurait tellement mérité un autre décorum que cet immense n’importe qu’est devenu notre foot national.
Un vrai crash test pour notre passion. Mais il s’avère -for ever- qu’on est atteint, sérieusement et éternellement atteint. Alors on n’a pas trop à se forcer pour trouver un début d’intérêt, un zeste d’excitation pour ce projet que Puel semble construire avec cohérence.
Pis on n’a pas les moyens de cracher sur une ligne directrice claire, au vu des atermoiements post Galette, alors on veut y croire à nos jeunes, et à l’élan né d’une bluffante prestation dans ce désert dyonisien de fin juillet.
On veut y croire, mais on a bien du mérite, car dans l’eau du bain que Puel jette, papy Gasset avait laissé tremper de sacrés beaux bébés. Adieu Stéphane, adieu Wahbi, adieu Yann...
C’est pas une page qu’on tourne cet été, mais tout un chapitre de l’ASSE, celui des années 2010. C’est douloureux pour nos petits cœurs d’artichaut qui espèrent au moins que tous les oeufs qu’on casse nous donneront à terme une savoureuse omelette.
On imaginait même en respirer le fumet à l’occasion de la virée au Vélodrome. Mettre fin à 41 ans de disette aurait aidé à chasser le spleen tenace, à se tourner plus franchement sur la nouvelle décennie sans trop regretter la précédente. Mais puisque rien ne doit décidément nous être épargné, puisque rien ne ressemble plus à rien, en guise de hors d’œuvre, on s’offre un pétard mouillé.

Tu comptes les cas de covid et tu as une idée approximative du nombre de jours qui te séparent du premier match. Tu te retrouves là, connement, avec la promesse d’une saison sans Chaudron, donc sans passion.
Et sans passion, pas d’intérêt, ou si peu. Il en faudrait pourtant, des fumis pour rallumer la flamme. Tu vas tout te fader à la télé ? Mouais, encore faudrait-il pour cela comprendre qui a le droit de diffuser, et donc qui pourra s’abonner.
Pas grave. Ils payent. Et cher en plus. Pour des matchs reportés, dans des stades vides.

A rien, vraiment à rien…