Obligé de déclarer forfait vendredi à cause d'une légère blessure à la cuisse, Hérita Ilunga a accepté de répondre aux nombreuses questions des potonautes. Merci à lui !
Selon une info diffusée par la BBC en 2004, “ le mot le plus difficile à traduire au monde est le mot ‘ ilunga ’ qui appartient à la langue « tshiluba », parlée en République démocratique du Congo. Ce vocable est arrivé en tête d’une liste dressée par environ mille linguistes. Ilunga désigne “ une personne prête à pardonner un affront une fois, à le tolérer une deuxième fois, mais jamais une troisième ”. Tu te reconnais dans cette définition ? (José)
Complètement ! C’est marrant parce que j’en parlais récemment avec un collègue qui me disait qu’il avait lu un truc qui justement traduisait le mot « ilunga ». Moi je le sais depuis tout le temps par mon père. Et oui, moi je me reconnais complètement. On ne choisit pas notre caractère mais moi je suis quelqu’un de tolérant mais il ne faut pas abuser. Il y a des limites mais je fais vachement confiance aux personnes qui me sont chères. Mais par contre quand je suis déçu, je suis déçu.
Où as-tu hérité ce prénom de Hérita ? T'en connais d'autres ? (Aloisio)
(Rires) C’est juste un prénom fabriqué par mon père. C’est simplement le mot héritage, il a enlevé le « ge » à la fin et voilà ça donne Hérita. Mais bon comme je dis depuis toujours, je n’ai rien hérité, rien du tout. Peut-être la chance d’avoir pu devenir footballeur, de faire ce que j’aime le plus au monde.
Hérita, tu as le goût des choses simples ? Attention hein, je ne te prends pas pour une saucisse ! (michon)
(Rires)Je me fais plaisir comme tout le monde. C’est clair qu’on a la chance d’avoir des facilités avec ce qu’on gagne, ce que je gagne, ce que j’ai pu gagner tout au long de ma carrière. Mais je me suis contrôlé. Moi, ce qui me fait le plus plaisir c’est des choses simples, en effet : des repas entre amis, en famille. Des voyages, encore une fois, en famille, entre amis. Toutes ces choses que je peux partager avec les gens que j’aime. Des choses qui puissent rester, des choses vraies pour faire plaisir aux gens qui m’entourent.
Qui t’a repéré lorsque tu végétais en Espagne ? Antonetti, Villanova ? (Vordox)
C’est par le biais de Christian Villanova qui m’avait déjà vu avec la réserve de Rennes avant que je parte en Espagne. Ils ont vu la situation dans laquelle j’étais en Espagne et ils ont décidé de me faire venir une semaine, dix jours en stage à Vichy. Et ça s’est bien passé…
L'ASSE a été un bon tremplin pour la suite de ta carrière. Avant la signature, est-ce que tu étais en plein doute ou tu croyais mordicus que tu allais réussir? (Vordox)
Moi je suis quelqu’un de … attention ce n’est pas de la prétention, quelqu’un d’assez sûr de mes forces. Mais par contre, tant que tu n’as jamais joué en pro, tu ne peux pas savoir. Je savais ce que j’étais capable de faire. Quand j’arrive en stage, j’essaie de faire du mieux possible. Mais je ne savais pas que ça allait se passer aussi bien. Je me suis tout de suite senti comme chez moi. C’est clair que dans le groupe il y avait des personnes comme Citony, Diawara ou Carmignani que je connaissais déjà, ce qui facilite un peu la tâche. Vraiment, ça c’est super bien passé !
Quelle image avais-tu de l'ASSE avant d'y signer en 2003 ? (bauhausfc01)
Sainté, c’est Sainté ! Tu peux avoir Saint-Etienne en 4ème, 5ème ou 6ème division, ça sera toujours Sainté ! C’est une histoire. Les personnes qui sont passées à Saint-Etienne pourront vous raconter. Sainté même en difficulté restera toujours Saint-Etienne. Moi quand j’ai entendu parler de Sainté, j’étais en sélection, j’ai voulu arrêter la sélection tout de suite et venir à pied ! Même si l’année d’avant ils venaient de se sauver difficilement, c’était un peu laborieux mais ça reste Sainté. C’était une chance inouïe pour moi, c’était vraiment une opportunité en or !
As-tu réalisé que tu es l'un des piliers de la renaissance des Verts, et que si cette saison confirme ses promesses, ce sera aussi en partie grâce à cette superbe génération de la remontée ? (Olaf)
Et bien merci ! On a chacun notre part de responsabilité là-dedans. Mais la réussite d’un club, l’histoire d’un club … Quand ça se passe bien, t’es bien content de ce qui s’y passe, de ce que ça pourrait engendrer pour après. Moi je suis content de l'évolution du club aujourd’hui. Je suis content parce que le club est dans mon cœur. A chaque fois que l’on parle des Verts, j’ai l’impression que l’on parle de moi alors que je n’y suis plus, c’est comme ça. Moi je suis supporter du club, forcément des joueurs mais d’abord de Saint-Etienne, c’est surtout ça. Les joueurs ils vont partir mais je reste supporter de l’ASSE.
Est-ce qu'en signant, tu t'es dit que vous alliez monter cette année-là ? (Olaf)
L'objectif du coach c’était ça. C’est là que tu vois qu’Antonetti c’est quelqu’un d’extraordinaire, qui est sûr de lui. En commençant le championnat, je me rappelle, le premier match se joue à Châteauroux, et je m’étais cassé les côtes. D’ailleurs premier match en pro, je me casse les côtes, bienvenu en professionnel… Alors on perd et l’on fait un gros match. On savait que pendant les matchs de préparation, le club de Châteauroux avait affiché ses intentions de montée. Donc à la fin du match, le coach il dit : « Si eux se permettent de dire qu’ils jouent la montée avec ce qu’ils ont montré cet après-midi,, et bien nous on est champion. » Et voilà, il n’avait pas tort !
Bridonneau, il avait déjà mis des buts comme ça à l'entraînement, ou c'est vraiment un coup de bol ? (Olaf)
Si, si ! Que ce soit Damien ou Cartoche c’était extraordinaire. Ça ne se voyait pas trop par rapport à leur positionnement mais c’était des mecs qui étaient quand même adroits !
Comment le groupe a célébré la montée de 2004 ? (guigui43)
On se voyait tout au long de l’année, on avait vraiment un groupe super, on se voyait énormément, c’était organisé par Julien, Patrice ou d’autres. Et ça se voyait sur le terrain. Et même avant d’avoir le ticket pour la L1 ou le titre, on se retrouvait régulièrement. Et le jour du titre c’est l’image sur la place de l’hôtel de ville avec tous les supporters. C’était juste incroyable !
C'est ton meilleur souvenir, en tant que joueur, à l'ASSE ? (Verbath)
Ah oui, complètement !
De mémoire tu as inscrit deux buts pour l'ASSE, tu t'en souviens ? Que ressent-on à ce moment-là ? (guigui43)
Oui je me rappelle bien, il n’y en a eu que deux. Heureusement que je m'en souviens ! (Rires) Je me souviens, les deux c’est de la tête contre Auxerre et Bordeaux. Je me rappelle bien d’Auxerre parce que je ne devais pas jouer ce match-là, j’avais une grosse béquille et le matin du match on ne savait pas trop si je jouais ou pas. Et finalement j’ai bien fait.
Hérita, est-ce que tu as été étonné par la ferveur des supporters stéphanois ? Par ces mecs qui sont prêts à faire des centaines de kilomètres tous les week-ends pour suivre l’équipe ? Est-ce que ça te transcende ? (Bauhausfc01)
J’ai été averti et bien évidemment j’ai été étonné, tous les jours ! Que ce soit à l’entrainement, que ce soit à Geoffroy, que ce soit à l’extérieur… Et je ne me rappelle pas que nos supporters aient été dominés dans un stade. Que ce soit en Ligue 2 ou Ligue 1, c’était juste incroyable ! Partout, toujours.
Quels liens entretenaits-tu avec les supporters et est-ce que ça t’es arrivé de rencontrer les groupes, notamment les Magic Fans, les Green Angels, d’autres groupes ? (Sempre Sainté)
Oui. C’est à eux de vous le dire mais moi je me suis déplacé à plusieurs reprises et j’ai toujours été bien accueilli, ça se passait super bien avec eux. De toute façon on est dans notre maison ! Après il y a eu des périodes où c’était un peu plus difficile mais il y a toujours eu le dialogue. Je sais qu’avant que j’arrive c’était beaucoup plus compliqué mais je pense que c’était avant tout un gros problème de communication, il y avait de gros soucis à ce niveau-là. Mais de mon côté ça c’est toujours bien passé.
Ça représente quoi pour toi Geoffroy-Guichard, le Chaudron ? (Sempre Sainté)
Beaucoup de choses et pas que pour moi ! Ça je le vois aussi à travers les autres joueurs du club. Bien sûr que quand t’es sur le terrain, c’est le summum, tu ne peux pas t’empêcher d’avoir des frissons. Quand tu changes de club, quand tu rencontres d’autres joueurs et qu’ils te parlent de Geoffroy, là tu t’en rends compte, encore plus qu’avant ! Tu te dis « Mais oui ! » Tu t'assois, tu bois et tu avales tout ce qu’on te dit sur ton ancien stade.
Hérita, on sait que t’as connu d’autres clubs après Sainté : Toulouse et puis surtout l’Angleterre. Est-ce à Geoffroy-Guichard que tu as connu l’ambiance la plus chaude ? As-tu connu des ambiances comparables en Angleterre ? (Bauhausfc01)
Je mentirais si je disais que je n’ai pas connu d’autres grosses ambiances mais Geoffroy ça restera Geoffroy, c’est particulier. Il y a quand même un rapport atypique entre Saint-Etienne et ses supporters. Après, j’ai quand même connu de grosses ambiances à Upton Park, le stade de West Ham avec un peu la même idée des supporters dévoués à leur équipe. Ce sont de vrais supporters, ils sont là que ça se passe bien ou pas. Ils sont présents tout le match et c’est ce qui peut faire basculer une rencontre. Dès qu’il y a un coup de mou, tout de suite ça repart. Moi j’ai eu la chance d’appartenir à des clubs comme Saint-Etienne et West Ham, ce sont des clubs qui se ressemblent.
Est–ce que t’es plutôt un supporter « tifos –fumis – ultras » ? Plutôt « je suis assis et je chante un peu « ? Ou est-ce que t’es plutôt « fais pas chier, je mate mon match et je bois ma bière devant la TV » ? (Sempre Sainté)
Ah moi c’est sûr que je n’aurais pas leur énergie ! Moi je vais juste applaudir (rires). Par contre en tant qu’acteur bien sûr que t’as envie que le stade s’enflamme, nous c’est du show qu’on veut, que ce soit sur le terrain ou dans les tribunes. C’est ce qu’on demande, tout le monde le demande. Ce qu’on veut ce n’est pas l’opéra, on a besoin que ça parte dans tous les sens. Tout en gardant bien évidemment la notion de respect.
Quand tu rentres dans un stade, est-ce que tu regardes les tifos ou est-ce que t’es complètement dans ton match et tu n’y fais pas attention ? (cedric 26)
On ne peut pas dire qu’on ne les regarde pas, c’est juste impossible. Ceux qui disent ça sont de gros menteurs. Tout le monde apprécie ce qui se passe en tribune et on s’y attend donc forcément on regarde ! Voilà, c’est comme ça ! (rires)
Qu’est-ce que tu penses des amendes de 50 000€ infligées par la Ligue à la fois à Sainté et au Stade Rennais pour les envahissements de terrain festifs qui ont suivis la qualif en coupe de la ligue ? (José)
C’est scandaleux, vraiment scandaleux ! Je ne sais pas, peut-être qu’ils ont besoin de renflouer un peu les caisses. Peut-être aussi pour emmerder les clubs. J’ai entendu parler de certains problèmes qu’il y a eu avec la police.
Tu parles sûrement des déplacements comme à Reims. Mais les envahissements de terrain, ça s’est fait dans un esprit festif, il n’y a eu aucun débordement. (Aloisio)
Mais bien sûr ! Ça a été maîtrisé par la sécurité du stade, aucun souci, c’était festif et je pense qu’il y a eu une communion entre les supporters et ses joueurs. Ça se voit partout, je ne sais pas. J’espère juste qu’ils vont arrêter avec ce genre de sanctions et que tout va rentrer dans l’ordre. C’est juste ridicule !
Et concernant les fumigènes, tu penses que c’est une bonne chose qu’ils soient interdis ou tu penses que ça contribue au côté festif des stades ? Est-ce qu’il faudrait les autoriser, quitte à les encadrer ? (Poteau droit)
Voilà c’est ça ! Je sais que les organisations de supporters sont quand même très réglementées, c’est assez carré. Il y a des personnes devant qui peuvent gérer ça, qui peuvent le maîtriser, assurer leur bonne utilisation. Ouais moi je suis pour. Après faut quand même que ce soit maîtrisé.
Quel est l’entraineur qui t’as le plus marqué, qui t’as le plus fait progresser ? (Verbath)
Antonetti. Sans hésitation ! (Rire)
Est-ce que que le Fred Antonetti que tu retrouves au Stade Rennais a changé par rapport à celui que t’as connu à Sainté ? (cedric26)
Sur le fond non pas tellement ! (Rires) Il est toujours aussi passionné ! Bon il est quand même un peu plus calme qu’avant. Après, bien évidemment, parfois il se révolte, sinon ce ne serait pas Fred Antonetti !
Qu'est-ce que tu kiffes chez Anto ? (dragonvert43)
Sa droiture. Il est juste, il est droit. Quoi qu’il se passe, avec n’importe quel joueur. T’as beau avoir mis deux ou trois buts au match précédent, quand tu le fais chier, que tu ne respectes pas le jeu, que tu ne respectes pas le groupe, il te le dit. Il se comporte de la même manière avec un titulaire expérimenté qu’avec un mec qui n’aura joué que quelques minutes et ça c’est juste formidable, c’est un bonheur pour le groupe !
Quel est le joueur le plus talentueux avec lequel tu aies joué à l’ASSE ? (bauhausfc01)
Le plus talentueux ? Ah c’est dur. Sincèrement moi je dirais David Hellebuyck.
C’est étonnant. On aurait pu s'attendre à ce que tu nous dises Pascal Feindouno.
Oui mais moi quand je parle de talent je regroupe tout, le professionnalisme notamment. David Hellebuyck c’était un investissement au quotidien. David c'était du 24 H et du 7 J ! C’était tous les jours pareils, que ce soit à l’entraînement ou dans le reste. En termes d’investissement, c’était un modèle. Quand je parle de talent ça correspond à ce que je vois, à tout. Je ne peux pas dissocier le talent du reste, je suis obligé de tout mettre ensemble.
Est-ce que tu as encore des contacts avec certains joueurs de Sainté ? Et si oui lesquels ? (cedric26)
Oui, avec certains plus que d’autres. Donc en général oui mais moi j’ai quand même pas mal bougé, je n'ai plus le numéro de tout le monde. Mais à chaque fois qu’on se voit par contre c’est toujours pareil, on se redonne nos numéros et on s’appelle de nouveau. Je ne vais pas citer de noms en particulier, c’est vraiment tous les joueurs, à chaque fois qu’on a l’occasion de se voir on échange nos numéros puis après on s’appelle. Tous. Il n’y en a pas un qui en échappe même s'il y a quand même certains qui m’ont fait chier !(Rires)
Quels sont les vraies raisons de ton départ vers Toulouse ? Est-ce que c’était parce que tu étais en désaccord avec Laurent Roussey ? Ça s’est passé comment ? ? (bauhausfc01)
Ce n’était pas du tout à cause de Laurent Roussey. Merci de me poser cette question puisqu’on ne me l’a jamais posée. Ça faisait quelques mois que j’étais en négociations avec le club et c’était pour des clopinettes. Après je suis parti, peut-être pas par fierté mal placée mais parce que j’avais l’impression qu’on ne me respectait pas par rapport à ce que j’avais apporté au club. Et j’entendais que d’autres qui sont arrivés après moi ont obtenu des sommes conséquentes… Je n’attendais pas de grosses sommes mais je pensais que ce que je demandais c’était quand même raisonnable. Bien sûr, ce qu’ils m’avaient proposé c’était un très bon contrat mais… Il suffisait juste de se revoir une dernière fois et c’était possible de le faire. En face de moi je n’ai pas vraiment senti qu’on ait envie que je reste. Je note que c’est que Vincent Tuong-Cong qui était là et on a vu que par la suite ça c’était mal passé pour lui. Je pense que les choses n’arrivent pas par hasard. Mais bon, c’est comme ça. Après, concernant Laurent Roussey, ça se passait vraiment très bien. C’était l’adjoint du coach Ivan Hasek et je m’entendais plutôt bien avec lui. Il m’a dit qu’il voulait me conserver. Après j’ai entendu certaines choses concernant deux/trois joueurs, je ne me rappelle plus du terme exact mais ce sont des joueurs qu’il voulait faire partir.
On avait parlé de "parasites" à l'époque.
Oui, voilà. Moi je n’ai jamais été parasite dans un groupe ! Dans quel sens ? Non mais ça m’a fait rire. Je parle pour moi puisque je sais que je n’en ai pas été un. Mais les autres non plus n’en étaient pas. Je n’en ai pas vu moi des parasites dans le groupe.
Tu n'as passé qu'une grosse année à Toulouse , pourquoi ? Quel souvenir gardes-tu de cette expérience ? (Poteau droit)
C'était une grande déception pour nous tous, on avait d'énormes ambitions. Le club venait de finir à la 3ème place et était qualifié pour le tour préliminaire de la Ligue des champions. On a joué contre Liverpool, on a été éliminés, mais on s'est qualifiés pour la Ligue Europa. On a eu des difficultés au sein du groupe, en interne et ça s'est reporté sur le terrain et on s'est sauvés à la dernière journée. C'est dommage, on s'est un peu reposés sur l'année précédente, les joueurs qui l'avaient faite et moi aussi. Ce n'était pas ça, il fallait mettre le bleu de chauffe et on n'a pas su le faire.
Ensuite, tu es parti en Angleterre et tu as joué trois ans à West Ham. Quels souvenirs gardes-tu de ce club ? Tu rêvais d'aller là-bas (José)
Oui, complètement. Déjà, à l'époque de Saint-Etienne, le stade Geoffroy Guichard, c'était mon Angleterre à moi. Je voulais connaître justement ces stades, cette ambiance et j'ai pu découvrir cela grâce à West Ham.
As-tu la nostalgie de la Premier League ? (Aloisio)
J'en ai bien profité, j'ai fait ce que j'avais à faire, parfois bien, d'autres fois moins bien, mais je suis vraiment heureux d'avoir découvert ce championnat, ses joueurs, ses équipes, ses stades, ses ambiances. Je ne regrette rien, mais le football, c'est ça, ce sont des opportunités. Ces xix derniers mois ont été difficiles pour moi, mais j'ai tourné la page et pour l'instant je suis rennais.
Si on devait comparer le niveau des championnats français et anglais, tu dirais quoi ? (José)
Ça ne se compare pas, puisque nos meilleurs joueurs vont là-bas. Le championnat de France perd chaque année ses meilleurs joueurs, chose qui n'est pas vraie en Premier League. Ce n'est pas comparable au niveau économique. D'un point de vue sportif, en Premier League, le jeu est plus ouvert, c'est plus orienté vers le spectacle, vers l'offensive, vers l'avant. Nous c'est plus sérieux, tactiquement, on est au-dessus de l'Angleterre, on est plus en place. On a aussi de meilleurs gardiens (rires). C'est une histoire de culture.
Peux-tu nous raconter ta brève expérience aux Doncaster Rovers ? C'était du délire ces prêts à court terme et l'agent spécialisé dans la relance qui inondait l'équipe, non ? Comment fait l'entraîneur pour garder de l'autorité dans ces cas-là ? (osvaldopiazzolla)
Moi, je n'avais rien à voir avec cela. On était descendus en 2ème division, j'avais joué tous les premiers matches. J'ai eu un désaccord avec l'entraîneur et il m'a demandé de quitter le club. Deux jours après, c'était la fin du mercato. Je n'avais aucune solution, j'avais besoin de jouer. L'année d'avant j'avais été blessé et j'étais resté un moment sans jouer et je ne pouvais pas me le permettre de nouveau. A Doncaster, j'ai joué tous les matches jusqu'à la fin de mon prêt et c'était le plus important pour moi. J'étais le premier des joueurs à avoir tout joué. Ensuite, je n'ai pas vu partir les joueurs, je ne savais rien, ça s'est fait au fur et à mesure.
N'as-tu pas eu le sentiment de te perdre professionnellement en Angleterre ? (la dodo lé la)
Pour moi, c'était un prêt, je devais jouer et en janvier, si j'avais eu des opportunités je les aurais étudiées, mais ce n'était pas si simple que ça puisque j'étais sous contrat avec West Ham, il me restait un an et demi, je voulais me libérer de ce contrat avec West Ham pour pouvoir rebondir. C'est ce que j'ai fait, ce n'a pas été facile, mais, ensuite, au mois de février, j'étais libre et ça a duré jusqu'en janvier de cette année, soit presque un an.
Tu as donc eu une longue période d'inactivité avec des essais infructueux à Guingamp et à Brest (avec quelques revirements de situations défavorables). Tu as fini par retourner à ton club formateur. Cela a été un soulagement pour toi de retrouver un club et pas n'importe lequel, un club qui marche bien et où tu as des attaches ? (José)
Oui, ça c'est fait au mois d'octobre, j'ai contacté Nicolas Dyon, qui était préparateur physique à l'époque de Saint-Etienne en lui demandant si c'était possible de s'entraîner avec la réserve. Ils ont accepté tout de suite, ils n'étaient pas obligés, mais ils l'ont fait. J'ai commencé avec la réserve pendant 10 jours. Pendant tout ce temps-là, j'étais avec les pros, c'était une réelle chance pour moi de côtoyer ce groupe de qualité.
Pas trop dur de retrouver le rythme de la compétition au mercato hivernal ? (dragonvert43)
Oui, c'est sûr, mais pendant deux mois je me suis entraîné avec eux, je connaissais un peu le système, le style, ce que le coach demandait, mais rien n'était fait. Ensuite, les choses se sont enchaînées, je suis allé faire des tests, je n'avais toujours pas signé et une opportunité s'est présentée à Rennes. Je l'ai saisie et ensuite, bien évidemment, le rythme, tu ne le retrouves qu'en match, mais j'étais content car il y avait presque un an que je n'avais pas joué : j'ai énormément été aidé par le préparateur physique, Nicolas Dyon, par les partenaires, par la confiance que le coach m'a aussi apportée et, ça, c'est primordial. Je continue encore à travailler, je sais que tout n'est pas parfait, la preuve, je me suis encore fait une petite alerte contre Montpellier. C'est un combat de tous les jours.
Justement, cette blessure contre Montpellier : combien de temps va durer ton indisponibilité ? (José)
Jusqu'à lundi. Lundi, je reprends la course. Il me faut trouver les limites, réapprendre à mon corps à travailler tous les jours, je suis dans une période un peu délicate parce qu'on n'est pas en période de préparation, mais de compétition, en fin de championnat et Rennes est sur plusieurs tableaux, mais je m'accroche.
Quid de ton avenir de footballeur ? Tu as maintenant 31 ans et ton contrat à Rennes se termine en fin de saison, le staff a-t-il parlé de la possibilité de prolonger ton contrat en fin de saison si les performances suivent ou était-il juste question de dépanner pour 6 mois ? (Dodeo)
L'objectif, évidemment, c'est toujours de continuer mais mon objectif personnel s'inscrit dans le collectif. Il faut que le Stade Rennais fasse une très bonne fin de saison, et à partir de là, c'est clair que j'aurai des possibilités qui s'ouvriront à moi. Je vais vraiment me concentrer sur l'objectif du club. Les gens s'imaginaient que j'allais venir et regarder pendant six mois. Ça fait un mois et demi que je suis là et j'ai déjà quatre participations. Ce sont les circonstances, mais il faut être présent.
A 31 ans, penses-tu à ta reconversion et as-tu un projet bien précis ? Un internaute te demande si tu t'impliques dans le club de Sarcelles, dont tu es issu, et d'autre part, on avait parlé sur notre site de ton projet Bana Football Institut que tu avais lancé à Kinshasa, au Congo, en septembre 2010 : où en es-tu par rapport à ces deux projets ? (bauhausfc01, José)
A Sarcelles, ce sont des amis d'enfance qui tiennent le club donc je me tiens informé de tout ce qui s'y passe, même si je suis beaucoup moins présent qu'avant car ce n'était pas facile d'être à Sarcelles et en Angleterre. Donc, là, je reviens, Sarcelles, ce sera toujours la ville où j'ai débuté et j'ai un œil sur le club. Quant à Bana Football, il y a eu un souci, ce n'est pas que j'ai mis cela de côté, mais c'est encore en stand-by. Avec les autorités, il y a eu pas mal de choses qui se sont déroulées, on ne s'est pas mis d'accord sur tout : des promesses ont été faites mais n'ont pas été respectées. On est en train de trouver d'autres solutions indépendantes pour mener à bien notre projet.
Tu nous as dit que tu ne pourras pas jouer ce vendredi soir contre les Verts. C’est une déception de ne pas pouvoir affronter l’ASSE et d’essayer de faire tomber la seule équipe invaincue en 2013 ? (Sempre Sainté)
Bien sûr, c'est une déception, un frein dans mon évolution. A la Mosson j'a dû m’arrêter au bout de 38 minutes. J’avais l’impression d’avoir tout fait physiquement. Mais voilà , c’est comme ça…
Est-ce que tu as l’impression de payer physiquement ton inactivité (José)
Tu es obligé de penser à ça. Tu ne peux pas être six mois sans jouer, arriver sur le terrain et vouloir faire ce que tu veux. Tu attends toujours la période où ca va aller moins bien physiquement. On essaye de la repousser la plus longtemps possible.
Continues-tu de suivre l'ASSE ? (Sempre Sainté)
Complètement. Tu restes supporter quand tu passes par ce club. Que ça se passe bien ou pas. Tu applaudis, tu es supporter. Tu espères le meilleur pour le club et les supporters.
Que t'inspire les performances des Verts cette saison ? (José)
Beaucoup d’admiration, de respect. Ils marchent sur l’eau. On espère que ça va durer…mais pas trop ce vendredi, parce que c’est route de Lorient. On va faire l’impasse. J’ai entendu captaine Lolo dire que ça allait s’arrêter un jour. Ca peut s’arrêter là et reprendre après, ce n’est pas un souci ! (rires)
La défense stéphanoise est cette année très performante. A ton avis à quoi est-ce dû ? (Verbath)
On parle de la défense, du gardien mais c’est une attitude de tout le groupe, des mecs devant, des milieux de terrain. Le milieu de terrain est très bosseur. J'en profite d'ailleurs pour souhaiter un bon rétablissement à Clément. On a vu les images comme tout le monde.
Que t'inspire le tacle d'Eysseric sur Clément ? Qu'elles sanctions devraient être appliquées selon toi ? (Sempre Sainté)
Je suis sûr qu’il s’en veut énormément. Ce n’est pas quelqu’un de méchant. C’est vraiment un geste malheureux. Je ne sais pas ce qu’ils vont décider. C’est horrible. Déjà, pour Clément mais je n’imagine même pas dans quel état était le joueur de Nice.
Tu penses que Jérémy Clément peut revenir à son meilleur niveau avec une blessure comme ça ? (Sempre Sainté)
J’espère. Des collègues qui le connaissent m’ont dit que c’est quelqu’un de très costaud. Nous, on l’espère de tout cœur. Parce que Saint-Etienne et le football français a besoin de joueurs comme ça.
Tu as connu les débuts de Loïc Perrin que penses-tu de son adaptation impressionnante au poste de DC ? (Verbath)
Il jouait partout déjà à mon époque : latéral, milieu droit. Je ne suis pas surpris de le voir s'imposer en défense centrale. Ça étonne les gens qui ne le connaissent pas. Moi, ça ne me surprend pas du tout. Malgré toutes les complications qu’il a eu durant sa carrière, moi, ça ne m’étonne pas. Son destin, c’était ça, être important dans ce club.
Peux-tu nous dire quelques mots de Bayal Sall, que tu as côtoyé lors de ta dernière saison à l'ASSE ? Il t'impressionne cette saison ? (Verbath)
Oui, bien sûr. Lui aussi a vécu des moments difficiles, mais pour d’autres raisons. Pour tout footballeur, dès que tu n'es plus sur le terrain, c’est horrible. Il a eu des moments compliqués, il a été prêté, il s’est accroché. Il est revenu au club. Les circonstances ont fait qu’il a eu sa chance, il l’a saisie. C’est quand même un très bon joueur, hein ? Il a un sacré physique. Parfois, il essaye de faire le méchant mais ce n’est pas quelqu’un de méchant.
Tes pronostics pour la fin de saison : qui seront les 4 premiers ? A quelles places finiront l'ASSE et le Stade Rennais ? (Sempre Sainté)
Aaaahh , et c’est parti ! Ho la la la la…(Rires). Ça dépend, vu qu’on va gagner la Coupe de la ligue et que Saint-Etienne va gagner la coupe de France… Les 4 premiers ? Paris champion… je suis aussi supporter de Paris, hein ! Après, c’est ouvert, je ne peux pas. Rennes en Coupe de la ligue, Saint-Etienne en Coupe de France : je serai deux fois au Stade de France (Rires)
Comment analyses tu que Rennes se vautre chaque année à 10-12 journées de la fin ? (Bauhausfc01)
Rennes se vautre ? C'est super bien de dire ça, ça prouve qu'on n'est plus considéré de la même manière dans le championnat de France. Quand vous commencez le championnat, je ne sais pas si vous mettez le Stade Rennais dans les premières places. On voit que le Stade Rennais est constant et en progression. Aujourd’hui, Rennes est en finale de la Coupe de la Ligue et en course pour des places européennes, c’est quand même pas mal ! Attendons de voir. En ce moment, on stagne un peu. Il faut qu’on retrouve notre jeu, notre niveau, notre envie qu’on avait perdus les matches précédents.
T'as hâte d'être au 20 avril ? T'y penses déjà ? (José)
Non, non, chaque chose en son temps. Le prochain match, c’est vendredi et il est très très important pour nous pour tenir nos objectifs. Gagner, ça serait un bon film. C’est la meilleure équipe qu’on peut rencontrer : c’est Saint-etienne, une équipe qui marche sur l’eau. C’est un bon moment pour les rencontrer et donner un signal aux autres équipes du championnat.
Jouer au Stade de France tu en rêves ? Tu avais failli le faire dès 2004, on a tous en mémoire la demi-finale contre Sochaux. Ça serait un moment très fort pour toi de jouer dans ce stade ?
Bien sûr ! Je n’ai jamais joué au Stade de France. J'ai grandi juste à côté. Je l’ai vu se construire car je n’habite pas loin, à un quart d'heure. Je suis conscient que la finale s’est décrochée sans moi mais aujourd’hui, je fais partie du club, je suis à 100% dans cet effectif.
Deux marins pour le coup d'envoi de la Coupe de la Ligue, tu penses pas qu'il faudrait inviter Alessandrini et Clément plutôt ? (cedric26)
Les organisateurs ont prévu depuis longtemps de faire donner le coup d'envoi par les premiers du Vendée Globe. Bien évidemment, ça pourrait être un beau geste d’associer les deux grands absents de cette finale. Ils seront de toute façon présents, quoi qu’il arrive. On n’a pas besoin de tout ça pour penser à eux. Ils seront associés à cette fête, c’est sûr et certain.
Hérita, t'es pas chiche de marquer un csc lors de la finale de la Coupe de la Ligue? Allez j'te paierai une pinte et ce serait une façon de rester dans l'histoire de l'ASSE (Brice2b38) !
(Rires) Pour cette fois, je n'ai envie d’être dans le camp des malheureux. J'aimerais marquer l’histoire de Saint-Etienne mais de la manière que les supporters le voudraient.
Si Rennes gagne la Coupe de France et Saint-Etienne la Coupe de France, tout le monde y trouverait son compte (José)
C’est sûr, elle est belle la Coupe de France. Elle n’est pas belle la Coupe de France ?
Oui mais on est gourmand, on voudrait les deux coupes. A Sainté, c’est l’emballement ! (Aloisio)
(Rires) Si on vous tape en Coupe de la Ligue et que vous allez en finale de la Coupe de France, je serai là ! Bonne chance aux supporters et à Saint-Etienne.
Merci aux potonautes Guigui43, Dodeo, Stéphanois et Batard77 pour la retranscription de cet entretien.