« De toute cette obscurité si épaisse qu’il vous semblait qu’on ne reverrait plus son bras dès qu’on l’étendait un peu plus loin que l’épaule, je ne savais qu’une chose, mais cela alors tout à fait certainement, c’est qu’elle contenait des volontés homicides énormes et sans nombre. »


Etre supporter des Verts a aussi (si si) ses avantages. Ca paraît fou, et pourtant… Prenez le cas du supporter vert en vadrouille, ou pire, en exil. Loin de la terre Sainté, il trouvera partout, toujours une âme verte pour l’accueillir, un écran noir pour ses nuits blanches post défaite (ou pas).

Mon bien nommé voyage au bout de la nuit m’a conduit à Meudon chez un éminent membre de ce non moins éminent site. En ces temps misérables, il nous reste ça, la solidarité en exil, la fraternité verte, un beau collectif, comme on aimerait en voir plus souvent sur le terrain.

Le serrage (et accessoirement levage) de coudes par gros temps, c’est vital. Car même à mon pire ennemi, fusse-t-il lyonnais, je ne souhaite pas de finir sa soirée seul face à une bière et au triste spectacle de son club favori sombrant corps zé âme dans les profondeurs de la Ligue 2.

On rigole, mais hier, sur les coups de 20h on se serait cru un lundi soir sur Eurosport. Notre frêle embarcation verte tanguait dangereusement avant, on n’en doutait plus d’aller accoster sur une rive hostile. Capitaine, capitaine, Francis le Basser à Babord, Gaston Gérard à Tribord, La Rabine droit devant !!

Et puis le spectre passe. Qu’est-ce qui fait basculer un enterrement en 2ème classe en résurrection ? Qu’est-ce qui fait d’une honteuse défaite une salvatrice victoire ? A quoi tout cela tient ? Un carton de pizza diront certains…la maladresse havraise diront les autres…le talent qui se réveille (un peu) tel le volcan si longtemps en sommeil. Une roue qui tourne sous la poussée d’un peu tout cela peut être.

La peur, la colère, puis l’hystérie et la ferveur retrouvée. La patrie verte était en danger, un frère à Oslo m’appelle pour s’enquérir du résultat qui fera sa nuit soyeuse ou froide. Un autre à Belgrade a le SMS lyrique. La Divette parisienne est en fête.

Le Peuple Vert se mobilise aussi fiévreusement dans les graves que dans les grandes occasions. Geoffroy Guichard sera samedi pour la troisième fois consécutive plus rempli que jamais cette saison. Cet éternel et exceptionnel élan c’est ce qu’il reste de notre fierté quand tant de défaites l’ont écornée.

On allait droit au Casse Pipe avec cette bande de guignols mais la mort nous a fait crédit. Le Voyage au bout de la nuit n’est certes pas achevé -loin de là- mais on est autorisé à penser que la grande faucheuse aura le bon goût de ne pas s’habiller en violet. Sa macabre féérie sera pour une autre fois.