Au début il n'était qu'un simple parent emmenant sa fille de neuf ans àses entraînements et ses matchs. Puis de fil en aiguille, ce bénévole va s'investir de plus en plus dans la vie du RC Saint-Étienne. Son implication lui permet aujourd'hui d'être, à41 ans, le coordinateur général du club. Il s'occupe aussi de la mise en conformité au niveau de l'administratif. Cette tâche concerne les modalités que le RC doit remplir s'il veut devenir le 1er juillet prochain la section féminine de l'ASSE...
Que représente pour vous la création de cette section féminine de l'ASSE normalement prévu le 1er juillet 2009 ?
C'est énorme, surtout que tout est en bonne voie pour que le projet aboutisse. C'est aussi la seule solution pour pérenniser le RC, il faut qu'il soit rattaché à un club professionnel masculin (NDLR: aujourd'hui, seuls l'OL, le PSG, Montpellier et Toulouse ont une section féminine.) On a aujourd'hui le plus gros budget d'un club indépendant (200.000 euros) mais les clubs professionnels masculins ayant leur section féminine ont un budget supérieur au notre; l'OL possède par exemple un budget de deux millions d'euros. C'est pour cette raison que si on continue d'être indépendant, on peut vite passer du statut d'un bon club de D1 à plus rien !
Vous pensez donc que le foot féminin français va vite évoluer ?
En Angleterre, ils vont bientôt ouvrir un championnat professionnel. En France, le statut de joueuses professionnelles n'existe pas. Cependant avec l'influence de Jean-Michel Aulas auprès de la fédé, qui est train de mettre tout en œuvre pour que les contrats fédéraux professionnels arrivent vite, on a bon espoir que notre statut change rapidement.
Quelle est la situation de vos joueuses au RCSE ?
Elles ont un statut fédéral (ndlr : permet en France la rémunération de footballeurs non professionnels. En 2007-2008,le salaire minimum brut est fixé à 1.139 euros brut par mois, hors prime, sans plafond.) Mais au RC, nous avons aussi un projet social. Nous aidons les filles dans leurs démarches (beaucoup sont issues du centre Tézenas du Montcel à Saint-Etienne qui permet entre autres de faire un sport études.), mais on ne veut pas en faire des assistées.
La période comprise entre le 1er Janvier et le 30 juin est là pour permettre au RCSE de se mettre en conformité avec les modalités de fonctionnement d’un club tel que l’ASSE. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les mesures que vous allez prendre pour répondre à ces exigences ?
L'ASSE est un club professionnel qui a des obligations financières différentes d'une association. Ils sont prêts à nous absorber à condition que l'on change certaines choses sur le plan administratif, social et fiscal. Nous aurons un statut différent et un personnel différent (arrivée obligatoire d'un expert comptable...). La deuxième condition sine qua non est le maintien de l'équipe en Division 1.
Qu'est-ce que ce rattachement à l'ASSE peut-il vous apporter sur le plan économique ?
L'ASSE va déjà nous offrir notre équipement, ce qui n'est pas négligeable pour nous. (NDLR: le maillot a été présenté le jeudi 15 janvier lors de la conférence de presse.) L'ASSE va aussi nous apporter une notoriété que l'on avait pas. Maintenant quand on ira démarcher un sponsor, on n'aura pas le même impact.
Au niveau des infrastructures? Pourrait-on envisager de vous voir jouer à Geoffroy-Guichard un jour ?
D'abord nous allons conserver les infrastructures actuelles car l'Etrat (NDLR: centre d'entraînement de l'ASSE) n'a pas la place d'accueillir une autre équipe. De plus à l'Etivallière (parc des sports de Saint-Étienne), la mairie nous laisse les terrains pour nous entraîner et jouer. En ce qui concerne Geoffroy-Guichard, ça se fera ! Même si ce sont des choses qui doivent se travailler, sur le long terme c'est envisageable.
Au niveau sportif, qu'est-ce que cette affiliation peut changer ?
Au début cela ne va pas beaucoup bouger. La saison prochaine (2009-2010) si l'on se maintient servira à assainir le club pour monter en puissance ensuite. C'est la première fois que l'on ne monte pas (le RCSE a connu six montées en huit ans sous l'impulsion de son ex-président : Stéphane Tessier.), on peut donc reprendre le travail de la saison précédente et s'en servir pour progresser. C'est surtout sur le moyen terme, que l'on a des objectifs. D'ici deux ou trois ans, on a l'ambition d'être dans le top 3 en France et de disputer une coupe d'Europe. C'est certes un projet concret mais nous avons très peu de temps pour le réaliser.
Au niveau médiatique?
Depuis octobre, on commence à être bien suivi par une partie de la presse. On l'a aussi vu à la conférence de presse : parler ASSE, c'est mieux que de parler RC.
Le RC est classé septième sur douze équipes. Est-ce que cette "bonne" nouvelle peut redonner un second souffle pour la deuxième partie de saison?
Bien sur, c'est un véritable ouf de soulagement ! Les filles savent que cela ne tient désormais plus qu'à nous. Le rapprochement se fera. On espère finir dans les quatre ou cinq équipes de tête cette année (l'année dernière le RC avait terminé quatrième). On a pris un mauvais départ à cause de nombreux blessées, certaines recrues n'ont même pas encore joué. Mais aussi à cause des sélections en équipe de France de nos jeunes qui ont joué beaucoup de tournois internationaux (le RC est le plus gros fournisseur de jeunes internationales.) Hervé Didier (entraîneur du RC) n'a jamais eu son équipe au complet pendant la première partie de saison. Mais aujourd'hui il peut compter sur 99% de son effectif !