Ancien coéquipier forgeron de Pascal Dupraz et ex-entraîneur troyen de Paul Bernardoni, le fan des Verts Claude Robin commente l'arrivée du second chez le premier.
Claude, peux-tu nous rappeler dans quel contexte tu as connu Paul Bernadoni ?
J’ai eu Paul Bernardoni au centre de formation de l’Estac, je l’ai recruté en région parisienne grâce à mon recruteur de l’époque, Philippe Vaugeois. C’est lui qui l’a repéré en région parisienne. Il jouait à Linas-Montlhéry, le club de N3 qui vient de faire un beau parcours en Coupe de France. On avait permis à Paul de rester jouer dans son club mais par contre il venait s’entraîner avec nous. On a été précurseur car c’est ce que la Fédé voulait faire faire aux clubs après. On a mis ça en place car la compétition ne nous intéressait pas, en tout cas ça n’était pas fondamental. Ce qui nous importait c’est qu’il s’entraîne bien. Ce qu’on voulait au centre, c’était surtout former les pros.
Paul devait être tout jeune quand tu l’as recruté !
Effectivement je crois que Paul avait 14 ans à l’époque. Ses parents venaient le récupérer en fin de semaine comme en internat, il retournait dans sa famille le week-end et il jouait avec son petit club. J’ai donc assisté à toute son évolution à Troyes. Je l’ai entraîné en équipe réserve. Âgé à peine de 17 ans, je l’ai aligné les cinq ou six derniers matches de la saison de N3 et on est monté. La saison suivante, il a joué quasiment tous les matches avec moi en N2 et Jean-Marc Furlan lui a fait faire ses débuts en pro, en L2. J’ai retrouvé Paul la saison d’après en Ligue 1 quand j’ai repris l’équipe une suite au départ de Jean-Marc. Mais Paul est parti à Bordeaux le dernier jour du mercato hivernal.
Paul a l’air d’être un chic type, tu confirmes ?
Paul, c’est pour moi le garçon parfait par excellence dans le milieu de la formation. C’est un garçon super avec une mentalité extra, qui s’occupait de sa petite sœur handicapée. Paul était bien entouré et accompagné par ses parents. C’était le garçon parfait. Paul, c’est vraiment quelqu’un de très, très bien. Il avait une mentalité de travailleur, c’était un gros bosseur. C’est quelqu’un qui est toujours positif. Il dégageait déjà beaucoup d’assurance. Malgré son jeune âge, il avait beaucoup de maturité. C’était un garçon mature bien avant les autres. D’ailleurs il s’est fait chambrer quand il a rejoint les pros car il faisait beaucoup plus vieux que son âge ! (rires)
T’es surpris de le voir quitter Angers pour Sainté ?
Je suis très étonné qu’il signe à Saint-Etienne dans le sens où je ne m’attendais pas à ce qu’il perde son statut de titulaire à Angers. Le SCO a déboursé près de 8 millions d’euros pour l’acheter, je crois que c’est le transfert le plus élevé de l’histoire de ce club. Je suis très surpris qu’il se retrouve chez les Verts mais ma foi, pourquoi pas ? En y réfléchissant, ça ne m’étonne pas de lui car il a dû sentir le doute après sa blessure à Angers. Peut-être qu’il n’avait plus les faveurs du nouvel entraîneur. Ce que veut Paul, c’est jouer. Ça ne m’étonne pas qu’il ait choisi ce challenge d’être prêté. Ça colle tout à fait à ses valeurs. C’est un garçon qui est avant tout là pour jouer. Il n’avait pas hésité à baisser son salaire quand il a été prêté par Bordeaux à Clermont.
À Angers, il avait le statut de numéro un mais ce statut a un peu changé quand il est revenu de blessure. Paul veut jouer, il ne se voyait pas sur le banc à Angers. Je suis étonné qu’il ait perdu son statut à Angers même si on sait que ça peut arriver dans une carrière. Il rejoint Saint-Etienne, tant mieux pour les Verts. Paul va bien les aider car c’est un bon garçon et surtout un bon gardien. C’est quelqu’un de très sobre dans son jeu. Il ne va pas plonger pour plonger, il ne va pas plonger pour la photo. C’est un garçon très simple, qui n’en rajoute pas. Paul fait le geste juste au bon moment avec efficacité. C’est comme ça que je le définirais.
Paul a-t-il des lacunes ?
Paul avait un petit manque dans son jeu au pied mais pour avoir suivi avec attention son parcours à Bordeaux, à Clermont, à Nîmes et à Angers mais aussi en équipe de Frances Espoirs, je trouve qu’il a bien progressé dans ce domaine. Pour avoir regardé ses matches, je trouve qu’il s’est perfectionné dans ce domaine. Il a eu ce petit coup de moins bien à Angers suite à sa blessure mais je suis convaincu que ça reste un excellent gardien, qui rappelons-le, n’a que 24 ans mais bénéficie déjà d’une expérience et d’un temps de jeu très conséquents pour un portier de cet âge. Quand il était blessé, sa doublure en a profité pour se mettre en avant. Paul, sentant le doute, a préféré partir pour jouer.
Paul quitte un club n’ayant a priori pas grand-chose à craindre où à espérer pour un club qui occupe la dernière place de L1.
Paul est un garçon qui va certainement amener plein de choses positives à ce groupe stéphanois en grandes difficultés. Il va apporter sa sérénité. Il a toujours dégagé sérénité et maturité, même jeune. J’ai entièrement confiance en lui. Je suis sûr qu’il va apporter beaucoup à l’ASSE. C’est un gardien complet, très fort sur sa ligne. Il a des grosses qualités de réflexe. Il a des grands membres, il dégage une présence dans le but. Il dégage quelque chose, c’est important. C’est un garçon qui n’hésite pas à sortir dans le domaine aérien. Il prend des risques, ça lui réussit pas mal. Il a bien comblé sa petite lacune dans le jeu au pied.
Des supporters se demandent s’il était pertinent de recruter à ce poste.
Etienne Green s’étant blessé, je peux comprendre que Sainté se soit positionné sur un gardien du calibre de Paul. J’espère qu’il aidera les Verts à se maintenir car c’est vraiment un club qui compte pour moi.
Tu y as d’ailleurs passé deux ans.
J’ai passé deux belles saisons à l’ASSE de 2005 à 2007 en tant qu’entraîneur de la réserve. Je serais bien resté plus longtemps au club s’ils n’avaient pas fait partir le directeur du centre Luc Bruder. C’est lui qui m’avait fait venir, je me voyais mal continuer sans lui. Il souhaitait me conserver, c’était l’époque où Laurent Roussey avait repris l’équipe première. Comme Luc s’est retrouvé en difficulté, j’ai préféré partir moi aussi par solidarité. Mais Saint-Etienne, ça reste à jamais gravé en moi. J’étais très heureux là-bas, j’aimais beaucoup ce club.
Je suis de la région Rhône-Alpes. Étant né en 1960, Saint-Etienne a bercé toute ma jeunesse, toute mon adolescence. J’ai même eu l’honneur de jouer dans le Chaudron en lever de rideau en Interligues avec les cadets de Rhône-Alpes. On avait joué en lever de rideau du match contre Liverpool. J’ai évidemment suivi avec passion toute l’épopée des Verts. Je suis un gros fan de Saint-Etienne. Avoir entraîné à l’ASSE, c’était quelque part un aboutissement. Je sortais d’une expérience d’entraîneur de 12 ans dans un club amateur, à Vesoul. Quand Monsieur Bruder a fait appel à moi pour coacher la réserve, j’étais particulièrement heureux.
Tu es né dans le même arrondissement de la Haute-Savoie qu’un certain Pascal Dupraz, de deux ans ton cadet. Que peux-tu nous dire sur lui ?
Je connais bien Pascal. On est tous les deux Hauts-Savoyards, et effectivement nos lieux de naissance, Saint-Julien-en-Genevois et Annemasse, sont assez proches. Avec Pascal on a joué ensemble à Gueugnon. On se connaît parfaitement. On s’est aussi rencontré comme entraîneurs, ce n’était pas si simple ! (rires) On sait que Pascal est un gros compétiteur. Saint-Etienne a sûrement fait le bon choix pour essayer de se maintenir. Pascal véhicule quelque chose de fort au niveau du groupe. C’est un mec qui est un vrai meneur d’hommes. C’est dans ses gènes. Ça me ferait quelque chose de voir Saint-Etienne descendre, Pascal est la personne idoine pour essayer de se maintenir. Lui, il va galvaniser le groupe. J’espère qu’il va réussir sa mission et que les Verts vont se sauver.
Merci à Claude pour sa disponibilité